Praxitèle

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Cet article est en réécriture ou restructuration importante. Une version de qualité supérieure est en préparation et sera disponible prochainement. Considérez-l'article actuel avec prudence. Discutez-en et participez !

Aphrodite Braschi, du type de l'Aphrodite de Cnide — l'un des plus sûrs attribués à Praxitèle, Glyptothèque de Munich (Inv. 258)

Praxitèle (en grec ancien Πραξιτέλης / Praxitélês), né vers 400 av. J.-C., mort avant 326 av. J.-C., est l'un des plus grands sculpteurs grecs du second classicisme. Sa période d'activité va de 375 à 335 avant J.-C. Il est le premier artiste à avoir représenté le nu féminin dans la grande sculpture grecque.

[modifier] Biographie

Peu de choses sont connues sur la vie de Praxitèle : on ne connaît même pas avec certitude l'année de sa naissance ni celle de sa mort. Pline l'Ancien situe son floruit (apogée) lors de la 104^e olympiade (c'est-à-dire en 364-361 av. J.-C.) et donne le sculpteur Euphranor comme son contemporain^[1]. Pausanias cite quant à lui « la troisième génération après Alcamène^[2] », élève de Phidias, pour le groupe des Létoïdes de Mantinée. On considère généralement que Praxitèle est né vers 400 av. J.-C.^[3].

Praxitèle lui-même se proclame citoyen athénien dans une inscription trouvée à Leuctres^[4]. Il est probablement le fils du sculpteur Céphisodote, connu pour sa statue de la Paix portant la Richesse, bien que la filiation ne puisse être établie avec certitude : Praxitèle ne cite pas le nom de son père dans ses signatures, et le floruit cité par Pline pour Céphisodote, la 102^e olympiade (c'est-à-dire 372-369 av. J.-C.)^[5], paraît bien proche de celui de son fils. Le fait que le fils de Praxitèle s'appelle également Céphisodote tend toutefois à corroborer la filiation : l'usage grec est que le fils aîné porte le nom de son grand-père paternel^[6].

À son tour, le lien entre Praxitèle et Céphisodote le Jeune se fonde sur des mentions de Plutarque^[7] et Pline^[8], ainsi que sur plusieurs inscriptions, qui mentionnent également un autre fils, Timarchos. Pline situe leur floruit lors de la 121^e olympiade (c'est-à-dire 296-293 av. J.-C.)^[9]. On estime généralement que Céphisodote II naît vers 360 av. J.-C.^[10]. Une inscription liée à ce dernier précise que la famille est issue du dème des Sybrides (dont on ignore la localisation), de la tribu Érechthéis^[11].

Base d'une statue de Kléiokratéia, fille de Polyeuctos et d'un autre membre de sa famille (?) portant la signature de Praxitèle, musée de l'Agora antique d'Athènes, n° I 4165

La littérature rapporte une multitude d'anecdotes liant Praxitèle à la courtisane Phryné. Elle aurait inspiré l’Aphrodite de Cnide^[12], l’Aphrodite de Thespies^[13], une courtisane riant^[14] et deux portraits. Le premier d'entre eux est situé à Thespies^[15], sa ville natale, aux côtés de l’Aphrodite. L'autre, en bronze doré, est consacré par Phryné elle-même à Delphes^[16] : il aurait figuré entre le roi de Sparte Archidamos II et Philippe II de Macédoine, excitant ainsi la colère du platonicien Cratès^[17]. Pausanias^[18] raconte également comme elle se fait offrir l’Éros de Thespies : Praxitèle lui promet « la plus belle de ses œuvre » mais refuse de préciser de laquelle il s'agit. Un esclave envoyé par elle vient prévenir le sculpteur que son atelier est en flammes ; celui-ci s'écrie que tout perdu si le Satyre et l'Éros disparaissent. Ainsi Phrynè choisit-elle l'Éros. Il est difficile de démêler dans toutes ces anecdotes la part de vérité et ce qui relève du roman.

Phryné étant renommée pour les prix astronomiques qu'elle pratique, on a voulu voir dans cette liaison une preuve de la fortune de la famille de Praxitèle. S'y ajoute le fait que Céphisodote le Jeune figure clairement parmi les Athéniens les plus fortunés : il paie six liturgies, sorte de mécénat imposé, dont deux seul. Sa première triérarchie principale (financement d'une trière complète et de son équipage) se situe en 326-325 av. J.-C., date après laquelle le nom de Praxitèle disparaît des documents officiels : on en a déduit que Praxitèle venait de mourir, léguant sa fortune à ses fils, ce qui aurait justifié cette imposition exceptionnelle^[19].

[modifier] Œuvre

Sauroctone Borghèse, l'un des types les plus sûrs attribués à Praxitèle, musée du Louvre (Ma 441)

Le corpus des statues attribuées à Praxitèle lui-même, rattachées à son école ou à son style recouvre plusieurs centaines d'œuvres. À la fin du XIX^e siècle, l'historien de l'art Adolf Furtwängler recense plus d'une vingtaine de types praxitéliens ; de nos jours, Brunilde S. Ridgway, partisane d'une approche « minimaliste et peut-être hypercritique^[20] », réduit cette liste à un type unique, l’Aphrodite de Cnide^[21].

On suit ici la typologie retenue par Alain Pasquier et Jean-Luc Martinez pour l'exposition Praxitèle organisée au musée du Louvre en mars-juin 2007.

[modifier] Des originaux ?

Plusieurs œuvres, généralement peu connues du grand public, ont été attribuées directement à la main du maître, mais aucune de ces conjectures ne fait consensus.

L'autel d'Artémis à d'Éphèse et le mausolée d'Halicarnasse

Strabon^[22] attribue à Praxitèle la presque totalité de la décoration sculptée du autel d'Artémis à d'Éphèse. Vitruve^[23] quant à lui mentionne son travail au mausolée d'Halicarnasse aux côtés de Léocharès, Bryaxis et Scopas. Ces deux mentions sont généralement considérées comme douteuses^[24] : dans les deux cas, le peu qui reste des monuments ne permet pas de vérifier quoi que ce soit. En outre, le travail à Halicarnasse pose des problèmes de chronologie ; la lettre Π gravée sur quatre des lions du décor du mausolée^[25] est sans doute insuffisante pour conclure.

Les Danseuses de Delphes

Il s'agit d'une colonne provenant du nord-est du sanctuaire d'Apollon Pythien à Delphes, qui servait à supporter un trépied colossal en bronze. Elle porte la marque de l'entrepreneur Pantarkès d'Argos, dont l'activité se situe à la fin du IV^e siècle av. J.-C.. Le style des figures en haut-relief qui prolongent la colonne peut lui être daté de 335 à 325 av. J.-C. Deux archéologues ont cru y lire le nom de l'archonte éponyme, Hippodamas (datant ainsi la colonne de l'année 375 av. J.-C., et surtout la signature de Praxitèle^[26]. Cependant, aucun autre spécialiste n'a pu confirmer l'existence de cette inscription sur l'assise où elle est censée se situer^[27].

Le satyre de Mazara del Vallo

La base de trépier du Musée national archéologique d'Athènes

L'éphèbe de Marathon

Hermès portant Dionysos enfant

[modifier] Les types sûrs

(à compléter)

[modifier] Le corpus praxitélisant hellénistique et romain

(à compléter)

[modifier] Le style de Praxitèle

Détail du Satyre verseur de Torre del Greco, l'un des types plus sûrs attribués à Praxitèle, musée archéologique régional de Palerme

Le « style praxitélien » est un ensemble de caractéristiques issues principalement l’Hermès portant Dionysos enfant et de l’Apollon sauroctone :

• Les statues suivent une ligne très flexible les partageant de haut en bas, leur donnant une expression de prélassement qu'on appelle la « ligne praxitélienne en S ».
• Elles sont réalisées pour être vues de face ou de dos plutôt que sur les côtés.
• Les arbres, draperies et autres éléments servant habituellement de support aux statues de marbre sont inclus dans la conception au lieu d'y être étrangers et extérieurs.
• Les visages sont représentés de trois-quarts.

Les sujets choisis par Praxitèle étaient soit des êtres humains soit des déités plutôt populaires, n'appartenant pas au sommet du panthéon. Ainsi il préférait Apollon, Hermès et Aphrodite à Zeus, Poséidon et Athéna. Ses statues les représentaient sous un aspect très humain. Pour ses Aphrodites, Praxitèle s'est souvent servi de Phryné (une célèbre courtisane), sa maîtresse, comme modèle. Il faut noter, d'ailleurs, que Praxitèle est le premier à utiliser le nu féminin comme type sculptural. Les représentations précédentes de la femme dans la sculpture grecque étaient figées, masculinisées. Au contraire, Praxitèle offre une image érotique et féminine de la femme, tandis que ses représentations masculines sont alanguies et efféminées.

Praxitèle et son école utilisaient principalement le marbre comme matériau, contrairement à leurs prédécesseurs qui lui préféraient le bronze. Pline écrit ainsi dans son Histoire naturelle : « Praxitèle fut heureux dans le marbre et lui doit surtout sa célébrité. » Le meilleur marbre provenait alors de Paros. Certaines des statues de Praxitèle ont été colorées par le peintre Nicias et étaient alors aux yeux du sculpteur encore plus belles. Praxitèle était très apprécié et de nombreux sculpteurs romains, particulièrement de l'époque impériale, ont copié ses statues. Ce qui nous reste de Praxitèle sont souvent ces copies, symboles de la célébrité de ce sculpteur exceptionnel.

[modifier] Notes

Hermès portant Dionysos enfant, l'une des statues les plus problématiques attribuées à Praxitèle, musée archéologique d'Olympie

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

• Sculpture grecque
• Polyclète, Phidias

[modifier] Bibliographie

• John Boardman, La Sculpture grecque du second classicisme, Thames & Hudson, coll. « Histoire de l'art », Paris, 1998 (ISBN 2-87811-142-7).
• (it) Antonio Corso, Prassitele, Fonti Epigrafiche e Lettarie, Vita e Opere, trois volumes, De Lucca, Rome, 1988 et 1991.
• Marion Muller-Dufeu (éd.), La Sculpture grecque. Sources littéraires et épigraphiques, éditions de l'École nationale supérieure des Beaux-Arts, coll. « Beaux-Arts histoire », 2002 (ISBN 2-84056-087-9), p. 481-521.
• Alain Pasquier et Jean-Luc Martinez, Praxitèle, catalogue de l'exposition au musée du Louvre, 23 mars-18 juin 2007, éditions du Louvre & Somogy, 2007 (ISBN 978-2-35031-111-1).
• Jackie Pigeaud, Praxitèle, éd. Dilecta, 2007.

[modifier] Liens externes

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Praxitèle.

http://mini-site.louvre.fr/praxitele/index_flash_fr.html

Portail Hellenopedia – Accédez aux articles de Wikipédia concernant la Grèce antique.

Portail de l'histoire de l'art – Accédez aux articles de Wikipédia concernant l'histoire de l'art.