Programme fort
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Le programme fort (Strong Programme) a été conçu dans les années 1970 à l’université d'Édimbourg par David Bloor et Barry Barnes. Cette approche de sociologie des sciences cherche à expliquer les origines de la connaissance scientifique par des facteurs exclusivement sociaux et culturels.
Le programme fort est une réaction contre les approches sociologiques antérieures qui restreignaient leur objet d'étude aux théories scientifiques fausses ou ayant échoué (par exemple, la phrénologie). Selon les approches antérieures, l'échec de ces théories s'expliquerait par des biais tels que les intérêts politiques ou économiques de leurs défenseurs. La sociologie ne serait applicable que de façon marginale dans le cas des théories qui ont rencontré le succès parce qu'elles ne feraient que révéler une vérité naturelle. Le programme fort propose de traiter de manière symétrique les théories scientifiques, qu'elles soient "vraies" ou "fausses". Les deux ont pour origine des facteurs sociaux comme le contexte culturel ou l'intérêt personnel. La formation de toute connaissance humaine est un processus qui doit contenir des éléments sociaux. La présence de facteurs sociaux à elle seule ne sauraient "falsifier" une théorie scientifique.
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[modifier] Principes
Dans Sociologie de la logique. Les limites de l'épistémologie, David Bloor formule les quatre principes du programme fort :
- Causalité : le programme fort étudie les conditions (psychologiques, sociales et culturelles) à l'origine de la connaissance scientifique.
- Impartialité : il étudie de la même manière échecs ou succès scientifiques, sans privilégier l'analyse de l'un au dépend de l'autre.
- Symétrie : il fait appel au même type d'explications pour analyser les échecs ou les succès au lieu d'invoquer des causes d'ordre social pour les premiers, naturel pour les seconds.
- Réflexivité : il doit être appliqué à lui-même.
[modifier] Histoire
Comme le programme fort est né dans la Sciences Studies Unit de l'université d'Édimbourg, il est parfois surnommé "école d'Édimbourg". Il existe également une "école de Bath", ou programme empirique du relativisme (en anglais, Empirical Program of Relativism ou EPOR), associée à Harry Collins dont les principes sont très proches. La première école met l'accent sur les études d'histoire des sciences tandis que la seconde étudie des laboratoires et des expériences contemporaines d'un point de vue microsociologique.
[modifier] Critiques
Afin d'étudier la connaissance scientifique d'un point de vue sociologique, le programme fort adhère à une forme de relativisme radical, critiqué notamment par Alan Sokal. Les tenants du programme fort se défendent en affirmant que cette adhésion au relativisme est strictement méthodologique.
[modifier] Références bibliographiques
David Bloor, Sociologie de la logique. Les limites de l'épistémologie, Pandore, 1983 (première édition anglaise : Knowledge and Social Imagery, 1976).
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