Superstition
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La superstition est la croyance qu'un événement aléatoire ou un objet quelconque d'origine naturelle ou artificielle a une signification anthropocentrique et est capable d'influencer l'avenir. Autrement dit, il s'agit de perceptions d'intentions dans les choses (voir pensée magique). Lorsque nous croyons que ces intentions ne nous concernent pas personnellement, nous disons alors que l'événement se produit par hasard, laissant ainsi sous-entendre que chaque événement a sa raison d'être. Or dans cette perspective, l'opposition entre la superstition et la science apparaît comme ceci : pour la science, les choses sont déterminées et l'enchaînement de causes à effets des événements est complètement dépourvue d'intention.
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[modifier] La superstition en tant que psychopathologie
Lorsqu'un individu tombe dans un état de superstition excédant démesurément la superstition commune dans sa culture, il s'agit d'une pathologie mentale. Celle-ci fait perdre toute objectivité, prêtant à des faits, des évènements ou des objets visiblement inoffensifs et non-signifiants (pour le commun) des pouvoirs surnaturels, une force cachée ou au minimum un contenu symbolique signifiant. De ce point de vue, la superstition est à rapprocher de la paranoïa et même de la psychose.
Par ailleurs, le superstitieux pathologique considère l'existence d'un ordre supérieur, invisible, qu'il est rarement capable de décrire, mais qui est là, présent, et impose ses lois. À la différence de la superstition populaire, qui est souvent anodine, la superstition pathologique est fortement individualisée. Le superstitieux se sent en défi perpétuel avec le monde qui l'entoure et il passe son temps à « vérifier » que les augures lui sont favorables. Ainsi, par exemple, va-t-il compter les carreaux d'un parquet, pariant avec lui-même qu'il doit y en avoir un nombre pair (ou impair), se créant ainsi des frayeurs, des angoisses, si le résultat obtenu ne correspond pas à son souhait. De tels comportements entrent dans la catégorie des troubles obsessionnels compulsifs. Les autistes et les maniaco-dépressifs sont particulièrement enclins à de nombreuses superstitions souvent imbriquées les unes dans les autres.
[modifier] La superstition en tant que cause et / ou conséquence de la religiosité et de la religion
La religion est fréquemment qualifiée de superstition par les athées. L'un des philosophes les plus percutants à l'avoir fait est le baron d'Holbach, notamment dans son ouvrage "La Contagion sacrée, ou Histoire naturelle de la superstition". Le point commun est en effet la croyance en une certaine réactivité des occupants d'un supposé au-delà face à certains comportements humains. Néanmoins, les religions sont structurées sur une idéologie, ce qui n'est pas le cas pour les superstitions populaires. Il convient néanmoins de souligner que la magie, non plus que la croyance dans les « pouvoirs magiques », entretient des liens étroits avec les religions et se fonde sur une idéologie clairement documentée qui puise généralement sa logique dans les doctrines religieuses (en particulier la croyance dans les anges et les démons, les pouvoirs qu'on leur confère, la manière de les "commander").
Il existe un grand nombre d'objets de protection qui sont la matérialisation de toutes les superstitions de l'humanité. On pense volontiers aux grigris et aux fétiches africains, censés protéger contre les envoûtements, donner la chance, mais il ne faut pas oublier le trèfle à quatre feuilles de nos contrées, la magie des talismans, des amulettes, les rituels autour de la mort, etc.
[modifier] Superstitions primitives
La pensée primitive fonde la superstition sur la coïncidence fortuite : quand deux évènements se produisent en même temps, la pensée primitive croit que l'un des évènements est la cause de l'autre. Il en va ainsi de superstitions qui nous paraissent insensées mais que l'on peut observer encore aujourd'hui chez des peuplades dites primitives, notamment en Afrique, en Amazonie et en Australie, et aussi dans le monde paysan, sous nos latitudes.
- Pour que la blessure ne s'aggrave pas lorsque l'on se blesse avec un couteau, il faut laver immédiatement le couteau avec de l'eau claire (Afrique).
- Pour que la blessure ne s'aggrave pas lorsque l'on se blesse avec un clou, il faut aller planter celui-ci dans le tronc d'un chêne (Europe).
- L'enfant qui naît après les jumeaux ne doit pas se baigner dans la mer car une sirène peut l'emporter (peuples côtiers du sud-Congo).
- Une fille ne doit jamais voir son père nu car elle ne pourrait plus avoir d'enfants (Afrique noire).
- Voir aussi l'article sur la pensée magique.
[modifier] Superstitions chrétiennes
- Le signe de croix : se signer pour conjurer le mauvais sort, lorsqu'on passe devant un cimetière, une église, un cortège funèbre, etc.
- La croix chrétienne est largement utilisée comme objet de protection, fétiche, outil de répulsion contre les démons.
- L'eau bénite utilisée à des fin de « guérison », conjuration, désenvoûtement, etc.
- « L'ange gardien » que chacun aurait et qui veillerait sur lui. Il s'agit en fait d'une superstition très ancienne, antérieure au christianisme, que l'on rencontre dans l'antique Égypte : les fées marraines nommées Hathors.
- La bible en tant qu'objet de protection : elle protègerait du diable. La bibliomancie est un art divinatoire utilisant la bible pour faire de la voyance, prédire l'avenir, deviner les pensées d'autrui, favoriser les rêves prémonitoires.
[modifier] Superstitions juives
- La peur des mots sacrés "mal écrits". Si une demeure a connu un malheur, de quelque nature que ce soit (incendie, cambriolage, épidémie, meurtre), une cause possible serait que la prière enfermée dans la mezouzah serait mal écrite ou altérée. Une vieille superstition consiste donc à vérifier régulièrement que le texte enfermé dans la mezouzah est intact.
- L'œil du diable (en hébreu ayin hara) est une croyance juive ancienne selon laquelle certaines personnes possèderaient dans le regard le pouvoir de nuire, de faire le mal, voire de tuer. Pour se protéger de l'œil du diable, on porte un bracelet de fils rouges au poignet gauche. Pour éloigner le mauvais œil on dit qu'il faut cracher trois fois.
- Le pouvoir du nom. Héritage des superstitions de l'antique Égypte (le pouvoir du ren), le juif ashkénaze en particulier croit dans le pouvoir du nom que l'on porte et ne donne jamais à un nouveau né un prénom déjà porté par un membre vivant de la famille, de peur que "l'ange de la mort" se trompe en venant prendre l'un des leurs, confondant le plus jeune avec le plus vieux.
- Éternuer tout en racontant une histoire signifierait que cette histoire est la vérité.
- Lien externe en anglais (A Brief Look at Some Popular Jewish Superstitions.).
- Autre lien en anglais (The World of Jewish Superstition)
[modifier] Superstitions dans certaines contrées musulmanes
- Visite des marabouts.
- Les chiens empêchent les anges d'entrer dans les maisons.
- Des Djinns vivent dans les toilettes. Il faut les éviter et ne pas leur faire du mal (en versant de l'eau brulante dans les égouts par exemple).
- Les deux anges, à gauche et à droite de tout homme, s'arrêtent devant la porte quand l'on va aux toilettes. Il ne faut pas parler depuis cette pièce, de peur qu'ils ne soient obligés d'entrer
- Satan urinerait dans les fosses nasales la nuit c'est pourquoi il faut se laver le nez et la bouche pour purifier.
- Il ne faut pas siffler dans une maison, cela attire les démons.
- Quand un serpent mord quelqu'un, le retrouver et le tuer guérit les blessures.
[modifier] Superstitions des religions orientales
- Jaïnisme : Le moine jaïn balaie d'un plumeau le sol qu'il doit fouler afin d'écarter tous les insectes et éviter ainsi de les tuer, et il porte un voile devant la bouche afin d'éviter d'avaler accidentellement un insecte.
- Shintoïsme : les femmes menstruées n'ont pas le droit d'entrer dans un temple shinto.
[modifier] Superstitions diverses
- Le nombre treize (13). Il est dit qu'il porte malheur en référence au nombre de convives de la Cène et aux conséquences néfastes de ce repas. Raison pour laquelle on ne trouve pas de 13e salle dans un cinéma, de 13e rangée dans les avions ni de 13e étage dans les hôtels et encore moins de chambre numéro 13. En Italie, c'est plutôt le nombre 17 (qui s'écrit en chiffres romains XVII, ce qui est l'anagramme de VIXI, signifiant « j'ai vécu » — partant, « je suis mort » — en latin), le 13 étant plutôt associé à la chance. En Asie de l'Est (Japon, Corée), c'est le nombre 4, homophone en chinois du mot mort, qui est généralement omis (numéro de chambre, étage).
- La couleur verte, couleur des Fées, qui seraient furieuses de voir les hommes la porter, et spécialement le vendredi, jour de la mort du Christ sur la Croix et de la Rédemption, dont elles sont exclues.
- Une salière renversée.
- Répandre du sel pour chasser les mauvais esprits.
- Briser un miroir (7 ans de malheur).
- Croiser un chat noir. (Napoléon aurait vu un chat noir avant une défaite contre les Britanniques. Il porte bonheur au Royaume-Uni.)
- Parapluie ouvert dans une pièce (à l'intérieur donc).
- Passer sous une échelle.
- Présenter le pain à l'envers sur une table (attire le diable dans l'imaginaire breton. Viendrait du fait que le boulanger gardait le pain du bourreau à l'envers au Moyen Âge). Par ailleurs, une coutume populaire, encore très répandue dans l'Ouest de la France, et particulièrement en Bretagne, veut que l'on fasse de la pointe du couteau un signe de croix sur l'envers du pain (de très nombreux Bretons, même non-croyants, le font systématiquement).
[modifier] Portes-bonheur connus
- Patte de lapin
- Échelle à 13 barreaux
- Trèfle à 4 feuilles
- Fer à cheval
[modifier] Portes-malheur connus
- Voir un chat noir
- Casser un miroir
- Passer sous une échelle (Cela peut aussi être considéré comme quelque chose de dangeureux plutôt que de superstitieux ...)
- ouvrir un parapluie à l'intérieur d'une salle
- Etre 13 à table
- Renverser une salière
- Mettre le pain à l'envers
- Perdre ou briser son alliance
- Poser un chapeau sur son lit
- Allumer trois bougies avec la même allumette
[modifier] Superstitions des corps de métier
[modifier] Couture
- Se piquer un doigt avec l'aiguille (chaque doigt à une signification, et chaque main aussi)
- Faire tomber des ciseaux signifie prévoir une coupure
[modifier] Aviation
- Avant de prendre leur poste de pilotage les pilotes d'avion ne prononcent jamais des mots comme "accident", "chute", "crash", "tomber" et s'interdisent toute plaisanterie sur ces sujets.
[modifier] Marine
- Lapin est un des nombreux mots "interdits" sur un bateau. La légende raconte que ces rongeurs sont à l'origine de naufrages car une fois échappés de leurs cages, ils grignotent l'étoupe, rendant la coque non étanche. Le nom de cet animal a été banni du vocabulaire marin ceux-ci préfèreront dire "pollop", "l'animal aux longues oreilles" ou "le cousin du lièvre".
- Les fleurs coupées étant utilisées pour l'élaboration des couronnes funéraires et jetées à la mer lors du décès d'un marin , il est souvent déconseillé d'en amener sur un bateau au risque de "provoquer" la disparition du marin lors de son prochain voyage.
- Les femmes. On prétend que les femmes portent malheur sur un navire. Par conséquent, les femmes étaient interdites à bord dans le temps.
- Le Hollandais volant : si un bateau croise ce mythique vaisseau fantôme, alors il coulera.
[modifier] Théâtre
- La couleur verte est réputée maléfique en France, mais c'est le violet en Italie, le vert et le bleu au Royaume-Uni et le jaune en Espagne. Plusieurs hypothèses ont été émises au sujet du vert : le costume de Judas, celui de Molière lors de son décès ou la couleur de l'oxyde de cuivre, colorant toxique utilisé jadis.
- Certains mots sont proscrits :
- « corde » en France, car on l'associe à celle qui sert à tirer la cloche pour saluer les morts ;
- « Macbeth » au Royaume-Uni, dénommée la pièce écossaise.
- Les oeillets. Qu'un comédien reçoive ou voit des oeillets avant ou après sa venue sur scène porte malheur à sa carrière.
[modifier] Liens internes
[modifier] Liens externes
- Superstitions et croyances des marins
- Citations sur la superstition
- Superstitions au Japon
- Salomon Reinach, De l’origine et de l’essence des tabous, Cultes, mythes et religions, Tome II, Éd. Ernest Leroux, Paris, 1906, pp. 18-22.
[modifier] Bibliographie
- Éloise Mozzani, Le Livre des superstitions (sous-titre : Mythes, croyances et légendes), Robert Laffont, coll. « Bouquins », Paris, 1995, (ISBN 2-221-06830-0).