Train de Montpellier à Palavas
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Le train de Montpellier à Palavas était le nom d'une des cinq lignes de la Compagnie de chemin de fer d'intérêt local du département de l'Hérault. Elle circula dans l'Hérault, entre Montpellier et la station balnéaire de Palavas-les-Flots, du 6 mai 1872 au 31 octobre 1968.
Localement, elle est souvent appelée le « Petit Train de Palavas » et a été rendue célèbre grâce aux caricatures d'Albert Dubout.
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[modifier] Histoire
[modifier] Prémices
Depuis le milieu du XIXe siècle, la mode des bains de mer fait du petit village de pêcheurs de Palavas une destination prisée des Montpelliérains. Or, jusqu'en 1872, l'accès à Palavas depuis Montpellier est possible uniquement par une route de terre, boueuse et inondable par temps de pluie, sans ombre en été (les premiers platanes sont plantés en 1875).
Dès 1856, l'ingénieur Baillard propose un projet de ligne empruntant uniquement la rive droite du Lez, peu peuplée, mais à Palavas, la ligne se terminait sur les terres de Frédéric Fabrèges.
Dans les années 1860, le conseil général de l'Hérault décide de densifier le réseau ferré départemental. En 1865, la direction de la Compagnie de chemin de fer d'intérêt local du département de l'Hérault propose un projet de cinq lignes, dont une reliant Montpellier au golfe du Lion.
En 1868, le projet retenu fait passer la ligne plus à l'est, et en grande partie sur la rive gauche du Lez. Plus longue d'un kilomètre environ, ce parcours permet de desservir le village de Lattes et la partie la plus peuplée (et populaire) de Palavas.
Les opposants au projet échouèrent. Ils opposaient le coût de la construction (dont celui du viaduc de la gare de l'Esplanade) pour un nombre de passagers à venir qu'ils estimèrent ridicules. Les concessionnaires des deux ponts à péage de Palavas et l'adjudicataire vivant de la circulation des bateaux sur le Lez craignaient évidemment cette concurrence.
Deux décrets impériaux confirme l'autorisation de construire ce réseau : celui de déclaration d'utilité publique du 14 août 1867 et celui confirmant l'octroi d'une subvention du 4 août 1869.
Le chantier de la ligne de Palavas s'étale de juin 1869 à mai 1872.
[modifier] L'exploitation de la ligne
La ligne est à voie unique sur son parcours de 11,5 kilomètres, avec des voies de garage à plusieurs emplacements pour permettre notamment la circulation de trains de marchandises. La distance est effectuée normalement en une demi-heure, arrêts compris.
Dès après son inauguration par les officiels le dimanche 5 mai 1872, elle connaît un succès immédiat : de début mai à fin juillet 1872, elle transporte 130 844 passagers. Le maximum a été de 2 millions de voyageurs par an. Malgré ce succès, les projets de 1913 et de 1945 d'extension vers la station melgorienne de Carnon ne furent jamais réalisés.
Quatre classes de tarifs ont existé :
- la classe A équivalente à la première classe,
- la classe B équivalente à la deuxième classe,
- la classe C était une voiture du matin et du soir où les chasseurs étaient autorisés à embarquer avec leurs chiens,
- la classe D était un wagon matinal qui servait au transport de marchandises.
La ligne connut plusieurs accidents qui tuèrent une vingtaine de personnes (suicides, chutes, et finalement croisement du train avec une moto). La gare de l'Esplanade fut percutée trois fois par les voitures du train qui étaient poussées au retour ; un journaliste s'amusant d'un de ces incidents qui ne fit pas de victime a écrit que le chef de gare aurait dû se méfier de voir le train arriver, pour une fois prétend-t-il, en avance.
[modifier] La fin
Mais, à partir des années 1950, la ligne de Palavas, comme les quatre autres de la Compagnie d'intérêt local, est concurrencée par l'automobile : la route de Palavas à Montpellier est refaite avec un pont permettant de passer le canal du Rhône à Sète.
Néanmoins, elle est la dernière des lignes de la compagnie héraultaise à être fermée sur un vote du Conseil général. Le « petit train » effectue son dernier voyage le 31 octobre 1968.
D'après l'historien ferroviaire Paul Génelot ([1]), le Train de Palavas a transporté environ 60 millions de voyageurs en 96 ans d'exploitation.
[modifier] Matériel
[à compléter]
Les locomotives furent parfois équipées à l'avant d'une main courante pour permettre aux voyageurs téméraires de vivre le voyage à l'avant.
Le record de distance tenu par une des locomotives à vapeur de la ligne est tenue par la n°63 (en service de 1896 à 1956) avec 1 677 003 km.
[modifier] Ligne, gares et arrêts
[modifier] Le dépôt
Construit dans le quartier montpelliérain du Port Juvénal, il se situait à l'emplacement de l'actuel square Jean Monnet.
[modifier] La gare de l'Esplanade
Pour une question de prestige, le terminus est installé au cœur de Montpellier, dans un coin de la place de la Comédie et de l'Esplanade (actuellement esplanade Charles-de-Gaulle). À l'époque, la gare et le viaduc qui lui permet d'atteindre la plaine de Lattes est la limite de la partie urbanisée ; au-delà, vers l'est et le Lez se trouve le champ d'exercice militaire du Polygone.
Elle est le point le plus haut de la ligne à 35 mètres d'altitude.
Achevée en 1870, elle est détruite en 1974, un an après le viaduc. Le square municipal aménagé en 1881 pour l'embellir a disparu avec le creusement du tunnel sous la Comédie, dont une entrée fut située sur la place de la Comédie.
[modifier] Arrêt de la Céreirède
Situé sur la commune de Lattes et la rive droite du Lez, la Céreirède est un espace agricole qui obtient un arrêt desservi de 1908 à 1968.
[modifier] Gare de Lattes
Mise en service dès 1872, la gare se situe près de la mairie, de l'église et de l'école d'une commune dont la population est alors dispersée dans un grand espace encore agricole.
Le pont entre la Céreirède et Lattes n'existe plus.
[modifier] Halte des Premières Cabanes
Ouverte en 1884, cette halte fut demandée par les habitants de ce lieu-dit coincé entre deux étangs et le canal du Lez. La direction accepta à la condition que l'heure d'arrivée et l'heure de départ soient identiques (moins d'une minute d'arrêt).
Elle permit aux habitants d'expédier en ville des gerbes de roseaux qui servit à couvrir les toits des maisons, à la fabrication de cannisses ou simplement à l'ornement.
Cette halte était le plus souvent utilisée par les chasseurs et leurs chiens (la classe C) allant chercher le gibier sur le bord des étangs.
Après les Premières Cabanes, la ligne passait au-dessus du canal du Rhône à Sète par un pont étroit.
[modifier] Halte de la Rive droite ou « garette »
200 mètres avant le terminus, le train effectue une halte à la hauteur de ce qui est alors le seul pont reliant les deux rives de Palavas. Il permet d'éviter aux voyageurs d'avoir à payer un bac pour rejoindre la rive droite.
Sans éclairage, cette halte fut souvent critiquée :
- les trains étaient pleins dès leur départ de la gare de Palavas,
- les resquilleurs profitaient de cette halte rapide pour monter sans billet.
La direction supprima plusieurs fois cet arrêt, mais dut le maintenir à la demande des clients.
[modifier] Gare de Palavas
Le train arrivait sur la rive gauche, au plus près de la plage. Les terrains nécessaire à l'emprise furent donnés au Conseil général par le marquis de Saint-Maurice à la condition expresse qu'ils servent uniquement au transport ferroviaire. Lors de la destruction de la gare en 1974, la mairie de Palavas-les-Flots fut donc obligée de reconvertir les terrains en parkings pour voitures et en une gare routière.
Les premiers passagers du train dès 6 heures du matin étaient les poissonnières du port qui allaient vendre en ville les prises de leurs époux. En ville, elles se rendaient aux Halles castellanes, sur le sommet de la colline de Montpellier ; et elles étaient reconnues aux paniers en osier qu'elles transportaient sur leur tête.
Un autre passager quotidien était attendu au début du XXe siècle à Palavas : le docteur montpelliérain qui effectuait ses consultations à domicile entre deux trains.
[modifier] Vestiges actuels
[modifier] Sur le trajet
Les rails sont encore en place sur deux petites portions entre les vieilles maisons de la Céreirède et leurs jardins, ainsi qu'au bord des étangs.
Le trajet de la ligne reste visible dans la topographie (voir cartes au 1/25 000 de l'Institut géographique national n°2743 et 2743 OT) et le tracé des rues et autres éléments paysagers :
- à Montpellier, l'avenue des États du Languedoc et les avenues Albert Dubout et du Petit Train, puis un fossé envahi de végétation dans le quartier de la Rauze,
- dans la ville de Lattes, l'emprise ferroviaire a été reconvertie en place au cœur du centre commercial et en esplanade accueillant le monument aux morts et un boulodrome.
- dans Palavas-les-Flots, une promenade piétonne en bord de quai, un parking entre le centre-ville et le bureau de poste, et enfin la gare routière ont conservé la forme de l'emprise de la ligne.
Une partie de la ligne, associée avec quelques chemins ruraux de Lattes, est actuellement une des voies (en terre) possibles pour les cyclistes et randonneurs souhaitant se rendre de Lattes à Palavas, qui ont été doublés par les pistes cyclables asphaltées parallèles à la route départementale 986. On peut encore y distinguer des ballasts et des portions de rails coulées dans le goudron. Un pont ferroviaire permettant de traverser une rivière est encore en place.
[modifier] Vestiges du matériel roulant
Les locomotives du Petit Train ont servi par la suite en Alsace dans la vallée de la Doller, sur la ligne des Sabres et à l'écomusée de Marquèze dans le Parc naturel régional des Landes.
Deux locomotives et une voiture sont exposées dans l'Hérault :
- à Palavas, la locomotive n°70 au sein du musée du Petit Train, depuis 1996,
- à l'entrée de Montpellier, au rond-point des Prés d'Arènes point de départ de la route de Palavas, est exposée la locomotive n°81. Classée avec sa voiture monument historique, elle a été mise en place en juillet 1995.
[modifier] Vestiges culturels
La ligne a été croquée par le dessinateur Albert Dubout dès 1922. Il a représenté un « petit train » carnavalesque et déformé, et en a profité pour moquer les passagers estivants. Deux musées sont consacrés à Albert Dubout et au Petit Train à Palavas-les-Flots.
Après la fin du service, deux chansons ont évoqué le Petit Train de Palavas :
- une qui servit pour le film de Roger Bessière sur ce train [2], paroles de André Pierre et musique de Claude Estienne.
- la seconde avec des paroles de Pierre Nicot et une musique de Jack Starling.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Bibliographie
- Pierre Gaches, Il y a 100 ans naissait le Petit Train de Montpellier à Palavas, Toulouse, 1972.
- Odile Jacques, Le Petit Train de Palavas, édité par le Centre de formation pédagogique de Montpellier.
- Roland Jolivet, Un petit train de folie..., 1999, ISBN 2951398425.
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