Antoine Guérini
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Antoine Guérini est, avec son frère Mémé, le plus puissant des parrains marseillais des années 1940 au milieu des années 1960.
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[modifier] L'ascension d'un truand
Originaires du village de Calenzana, en Corse, aîné d'une famille pauvre de septs enfants (six garçons et une fille), Antoine Guérini voit pour la première fois le sol continental à l'âge de 15 ans. Il part pour Marseille et trouve une place de serveur dans un bar de voyous. Dans le début des années 1930, il fait venir ses frères Francois et Barthélémy Guérini dit Mémé. Puis rejoint par Pierre, Pascal, Lucien et Restitude qui a toujours pris une part active par la suite aux décisions du clan.
Dans les années qui suivirent, les Guérini commencèrent à s'implanter solidement dans le Marseille nocturne. On les connaît pour leur bonne mentalité et leur droiture, à une époque où l'entourloupe était de mise dans le Milieu. Antoine se démarque notamment par sa froideur, son mutisme et son impulsivité.
Jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, Mémé devenu le bras droit d'Antoine et ils ne vont cesser d'élargir leur empire, possédant des établissements dans le sud. En plus du proxénétisme, le clan Guérini touche aussi à la politique, du côté des socialistes.
[modifier] Des gangsters résistants
Pendant l'Occupation, les Guérini penchent plutôt pour la Résistance, Antoine cependant reste affairiste et combine parfois opportunément avec l'occupant. Mémé, lui, est on ne peut plus engagé : il organise des raids, prend part aux combats et noue beaucoup de liens avec de futurs hommes politiques, notamment Gaston Defferre. À la fin de la guerre, les Guérini ont le champs libre : les « parrains » marseillais, Paul Carbone et François Spirito, ont quitté le terrain (l'un mort et l'autre en fuite). De nombreux autres voyous sont aussi en fuite, par peur des représailles suite à leur collaboration (non-idéologique mais économique) avec les nazis. Les Guérini prennent alors beaucoup de terrain sans qu'on ne leur résiste, autant dans le sud que dans la capitale.
[modifier] L'empire marseillais
Les Guérini vont alors être littéralement propulsés au sommet : l'ex-commissaire de la DST Robert Blémant s'allie à eux en 1945 et leur permet d'agrandir encore leur empire, et en 1947 le candidat des Guérini, un certain Gaston Defferre, est élu maire de Marseille. Les Guérini sont puissants, à la tête d'un empire et chefs d'une véritable armée de gangsters, on les craint et les respecte à la fois. De part leurs relations, ils sont des intouchables. Dans tout le sud-est de la France, aucune affaire ne leur échappe, et les colonies ainsi que Paris ne leur sont pas inconnus.
Si Mémé Guérini s'écarte quelque peu du Milieu pour se rapprocher du grand monde, Antoine Guérini reste un pur bandit, continuant de fréquenter les établissements des truands. La CIA fait appel à ses services pour tenir le Vieux-Port, le clan se lance avec succès dans la contrebande de cigarettes à grande échelle, ainsi que dans le trafic internationnal de héroïne, en collaboration avec le plus puissant des parrains new-yorkais, Lucky Luciano, la French connection prenant le contrôle du marché américain pour plusieurs années. Certains évoquent même l'implication d'Antoine Guérini dans l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy.
[modifier] Les jeux et la chute
À la fin des années 50, Antoine Guérini se lance dans le secteur des jeux, à Paris, conseillé par Robert Blémant. Il y perd des sommes colossales, persuadé que Blémant y est pour quelque chose. En 1965, après de vifs débats au sein du clan, Robert Blémant est abattu par deux tueurs. Mauvais choix de la part du parrain de Marseille : Blémant était un pilier du Milieu hexagonal, et on le respectait autant qu'il était utile aux grands pontes. La quasi-totalité du Milieu désaprouve cette action, et les appuis politiques des Guérini se mettent à les lâcher petit à petit. Les deux assassins seront à leur tour abattus.
Et le 23 juin 1967, alors qu'il faisait le plein de sa Mercedes avec son fils, Antoine Guérini est abattu de onze balles tirées par un tueur casqué accompagné d'un motard. Des hommes envoyés pour venger Blémant ? Plus ou moins. La rumeur désigne ouvertement le jeune mais prometteur Tany Zampa et son acolyte Jacky le Mat, deux futurs stars du milieu, d'être les auteurs du crime. Les deux hommes avaient d'ailleurs travaillé avec Robert Blémant. Mais c'est probablement l'obstacle à leur ascension que représentait Antoine Guérini qui les a poussés à agir.
La même année, Barthélemy Guérini (Mémé), François Guérini et Pascal Guérini sont arrêtés pour meurtre. Pascal meurt en prison et Mémé est condamné à vingt ans de prison. Il mourra d'un cancer en 1982, dans une clinique de Montpellier.