Auguste Marie Henri Picot de Dampierre
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Auguste Marie Henri Picot, marquis de Dampierre, est un général de la Révolution française né à Paris, le 19 août 1756, mort le 9 mai 1793, à Valenciennes.
Il est né d'une famille déjà connue par ses services militaires. Nommé, jeune encore, officier dans le régiment des gardes françaises, il donna bientôt sa démission à propos d'une punition. Il alla d'abord en Angleterre, puis à Berlin , où il étudia la tactique prussienne. De retour en France, il servit dans les régiments de Chartres et des chasseurs de Normandie. Admirateur de Frédéric II de Prusse, il l'imitait jusque dans ses ridicules. Il parut un jour à la cour avec une longue queue; Louis XVI, qui le vit, dit à M. de Gontaut-Biron : « Avez-vous vu ce fou avec ses manières prussiennes ? » Dampierre sentit que ce mot connu des ministres nuirait à son avancement. Il avait une fortune considérable ; il se retira dans ses terres où la Révolution française le trouva.
Partisan des doctrines nouvelles, il reprit bientôt la carrière des armes. Après avoir été aide-de-camp de Rochambeau, il était en avril 1792, colonel du 5e dragons, sous les ordres de Biron, à la rencontre de Quiévrain, où des cris d'alarme occasionnèrent une déroute. En cherchant à rallier les fuyards, Dampierre fut renversé et foulé aux pieds des chevaux. Il commandait une division de l'armée de Dumouriez à la bataille de Valmy; mais ce fut la bataille de Jemmapes qui commença sa célébrité. Cette victoire est due en partie à l'audace avec laquelle, marchant à la tête du seul régiment de Flandre et du 1er bataillon des volontaires de Paris, il attaqua les six bataillons étrangers qui débordaient le corps du général Beurnonville. Dampierre culbute ces bataillons, enlève les deux redoutes qu'ils gardaient, en tourne les canons contre les Autrichiens et rend ainsi à Beurnonville assez de liberté pour pouvoir prendre l'offensive.
Peu de mois après, Dampierre commit une grande faute. Lorsque Dumouriez entra en Hollande avec l'élite de l'armée, Dampierre, chargé de tenir tête à 30 000 Autrichiens avec 15 000 hommes seulement, ne concentra point ce faible corps, ne lui indiqua pas de point de ralliement et alla placer son quartier général loin des avant-postes, à Aix-la-Chapelle, où il apprit seulement après l'événement que sa ligne avait été forcée. Il se hâta de se replier sur Liège; le prince de Cobourg fit lever le siège de Maestricht, et l'armée rétrograda jusqu'à Louvain, où se rendit enfin Dumouriez.
Ce général voulut reprendre l'offensive et livra plusieurs combats où la valeur de Dampierre se fit encore remarquer et rendit assez de confiance au soldat pour qu'on pût risquer à Nerwinde un engagement général. Dampierre y commandait le centre de l'armée; il sut conserver ses positions et seconda avec succès les efforts de l'aile droite; mais, la retraite de l'aile gauche le laissant à découvert, il fut obligé de quitter le champ de bataille.
Dampierre rendait des services réels, mais on lui reprochait une ardeur inconsidérée et peu d'exactitude à exécuter les ordres du général en chef.
Après la défection de Dumouriez, il fut chargé du commandement en chef. Il n'avait que 30 000 hommes découragés contre des ennemis bien supérieurs; il réussit cependant à s'emparer du camp de Famars; mais il éprouva des pertes considérables en cherchant à dégager Condé-sur-l'Escaut.
Le 6 mai, il hasarda une attaque générale, deux ailes de son armée trop faible, mais pleines d'ardeur, s'avancèrent, l'une du côté de Valenciennes, l'autre jusqu'à Quiévrain, en renversant tout ce qui leur était opposé ; mais le centre ne put soutenir le feu des batteries autrichiennes, et après des efforts opiniâtres, Dampierre fut réduit à se retirer pour n'être pas enveloppé. Le lendemain, Dampierre attaqua la réserve autrichienne retranchée à l'affaire meurtrière de Reymes dans le bois de Vicoigne, près de Valenciennes, eut pendant le jour des succès contestés, se mit, vers le soir à la tête d'une de ses colonnes, et eut la cuisse emportée par un boulet. La retraite se fit en bon ordre, mais Dampierre mourut le lendemain.
Quelques mois après il reçoit les honneurs du Panthéon, mais le député Couthon dit à la tribune de la Convention qu'il n'avait manqué à Dampierre que quelques jours pour trahir son pays. Il n'est cependant pas enterré au Panthéon, mais à Valenciennes. D'abord inhumé sur le lieu même de la bataille, il fut déplacé sous une colonne, appelée "Pyramide Dampierre", déplacé pour des questions de circulation, puis replacé récemment sous l'édifice au centre de la place qui porte son nom. Lors de la première exhumation on put constater que son corps était intact dans son uniforme.
Son nom est inscrit sur la 3e colonne de l’Arc de triomphe de l'Étoile.
[modifier] Source partielle
« Auguste Marie Henri Picot de Dampierre », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 [détail édition](Wikisource)