Byzance
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Byzance (en grec ancien Βυζάντιον / Byzántion, en latin Byzantium) est une ancienne cité grecque, capitale de la Thrace, située à l’entrée du Bosphore sur une partie de l’actuelle Istanbul. La cité sera reconstruite par Constantin et, renommée Constantinople en 330 ap. J.-C., elle deviendra la capitale de l’empire romain, puis de l’empire romain d'Orient. Le nom « Byzance » continuera à être utilisé tout au long de l’existence de l’empire byzantin et même au-delà.
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[modifier] Fondation de la ville
L’origine de Byzance se perd dans la nuit des temps, et l’on ne trouve rien de précis dans les auteurs sur l’époque de sa fondation ; la plupart l’attribuent à Byzas qui, selon Étienne de Byzance, était fils de Croessa, fille d’Io et de Poséidon. Quoique l’existence de Byzas soit attestée sur des médailles, on ne sait rien de certain sur l’époque à laquelle il vivait. On pense que la ville était une colonie mégarienne. Eusèbe de Césarée donne pour date à la fondation de la ville « la troisième année de la trentième olympiade », ce qui donnerait 667 av. J.-C. Diodore mentionne la ville dans sa Bibliothèque historique (IV, 69) :
« Arrivés au détroit de la mer du Pont, les Argonautes mirent pied à terre dans un pays dont Byzas était alors roi, et qui a laissé son nom à la ville de Byzance. »
Velleius Paterculus (II, 15) attribue la fondation de la ville aux Milésiens et Ammien Marcellin (XXI, 8) aux habitants de l’Attique. Ces deux dernières explications ne sont plus acceptées.
Il semblerait qu'il faille plutôt chercher l'origine du toponyme dans le verbe buzō signifiant : "resserrer", et faisant allusion à la physionomie du Bosphore qui est bien un "passage (poros) resserré (buzō)".
[modifier] Période archaïque, classique et hellénistique
Byzance produisait des grains et des fruits en quantité. Selon Polybe, la Grèce en retirait du cuir, des esclaves, du miel, de la cire et des salaisons, et lui donnait en échange de l’huile et du vin. Malgré cette prospérité, il fait un triste tableau des extrémités auxquelles la ville était souvent réduite. Entourée de peuplades ennemies de la Thrace, elle était sans cesse exposée à leurs incursions, et voyait son territoire ravagée et les produits de son sol détruits ou pillés par les barbares. Quoique située au milieu des barbares, Byzance était considérée comme ville grecque, d’après son origine et ses mœurs. C’était une des villes helléniques de l’Hellespont. Son heureuse situation à l’entrée du Bosphore, dont elle était la clé, faisait d’elle l’entrepôt général du monde connu, et un poste militaire important ; de sorte qu’Athènes et Sparte se disputaient sans cesse son alliance, et que les princes qui voulurent abattre ces puissances et exercer une influence sur la Grèce cherchèrent à s’assurer sa possession. C’est ce qui explique comment Byzance, dont l’histoire particulière est aussi peu connue que les autres petits États de la Grèce, a cependant joué un grand rôle politique dans les événements les plus signalés de l’histoire grecque.
Les Ioniens, vassaux du roi de Perse Darius, prennent la ville en 504. Elle est prise à nouveau par Otane, un des généraux de Darius. Pausanias s’empare de la ville après le siège de Sestos en 477. Dans la révolte de Samos en 439, Byzance suit le destin de cette ville, qui, révoltée contre les Athéniens, dont elle était tributaire, retombe en leur pouvoir après un siège opiniâtre de neuf mois.
Pendant la guerre du Péloponnèse, Byzance, en proie aux deux factions qui soutenaient les intérêts de Sparte et d’Athènes, soumise avec les autres villes de l’Hellespont, à l’influence de ces deux puissances tour à tour victorieuses. D’abord, elle est subjuguée par les succès de Sparte, puis prise par Alcibiade en 408. Enfin, après la bataille d’Aigos-Potamos et la prise d’Athènes, qui mirent fin à la guerre du Péloponnèse, elle est forcée par Lysandre de renvoyer la garnison athénienne, et de recevoir, comme toutes les villes de la Grèce, un commandant lacédémonien ou harmoste, investi à la fois de l’autorité civile et militaire.
Cléandre était harmoste à Byzance, lorsque les Dix Mille qui s’étaient engagés au service de Cyrus le Jeune contre son frère Artaxerxès, ayant traversé, après mille dangers, une partie de l’Asie sous la conduite de Xénophon, arrivèrent sur les côtes de la Bithynie en face de Byzance. Anaxibius, commandant de la flotte lacédémonienne, à la sollicitation d’Artaxerxès, avait engagé les Grecs à passer le détroit, leur promettant la paye qui leur était due et des vivres lorsqu’ils seraient à Byzance ; mais à leur approche, il fit fermer les portes de la ville. Irrités de cette perfidie, les Grecs brisèrent les portes et entrèrent dans la ville : seul Xénophon la sauva du pillage et il résista à ceux qui le pressaient de prendre possession de Byzance et de ses richesses.
Liguée avec Rhodes et Chio, Byzance s’était affranchie du joug despotique d’Athènes en 364. Après une période de la guerre sociale où Charès essaya de la faire rentrer dans le rang (357), Athènes est forcée de reconnaître son indépendance en 355. Peu de temps après éclata la troisième Guerre sacrée. Philippe, roi de Macédoine, voulant arriver au commandement suprême de tous les États de Grèce, essaya de s’emparer de Byzance en 340 ; mais après un long siège, il fut forcé par le général athénien Phocion à battre en retraite l’année suivante.
En 279, une expédition gauloise, ayant pénétré jusqu’en Thrace sous la conduite de Comontorius, vint s’établir dans les environs de Byzance et réduisit ses habitants aux dernières extrémités. Pour racheter leurs terres des ravages dont les menaçaient les barbares, ils durent leur payer près de dix mille pièces d’or ; puis enfin un tribut de 80 talents par an, jusqu’à l’époque où les Gaulois furent exterminés par les Thraces. Pour subvenir à ces charges, les Byzantins avaient imaginé de percevoir un droit sur la navigation du Bosphore, ce qui les mena à une guerre contre les Rhodiens consignée par Polybe.
[modifier] Période romaine
Byzance subit, comme toute la Grèce, la tutelle de Rome. La cité connaît alors un certain déclin, quand bien même le thème de la pauvreté des cités grecques d'Asie est un lieu commun concernant cette époque. La période antonine constitue un apogée économique, même si la cité ne renoue pas avec sa splendeur passée. Tout bascule à l'issue de la guerre civile qui avait suivi l'assassinat de Commode fin 192. À cette époque, les Byzantins ayant probablement pris le parti de soutenir Pescennius Niger contre Septime Sévère, ce dernier vint les assiéger. Après un long siège, mémorable par l’habileté et l’opiniâtreté de l’attaque, et surtout de la défense, les Byzantins se rendirent. Le vainqueur, irrité, fit massacrer la garnison et les magistrats, démantela la cité, la dépouilla de tous ses privilèges et la laissa à l’état de simple bourgade, la soumettant, avec tous ses territoires, à la cité voisine et rivale de Périnthe, sa métropole jusqu’à Constantin.
Sévère laissa Byzance dans un tel état de ruine et de désolation, que selon Dion Cassius, historien contemporain qui la visita à cette époque, on aurait pu penser qu’elle avait été prise non par les Romains, mais par les barbares. Cependant, peu de temps après, l’empereur, sur la demande de son fils Caracalla, adoucit la punition de Byzance : il en fit rebâtir une grande partie, l’embellit même de nouveaux monuments et la renomma Antoninia, du surnom d’Antoninus pris par Caracalla. Le nouveau nom n'eut guère de succès et à peine Caracalla était-il mort que la cité reprit son nom originel.
Le IIIème siècle est une période peu documentée de l'histoire de la cité, même si les sources habituelles telles que Dion Cassius, Hérodien et l'Histoire Auguste y font parfois référence. La cité se trouve souvent sur le chemin des diverses expéditions parthiques puis persiques des empereurs et conserve son privilège de frappe monétaire jusqu'au règne de Gallien qui le lui ôte ainsi qu'à nombre d'autres cités. Le rôle de la cité s'entoure de mystère durant l'épisode des raids gothiques (dès 238). Dépouillée de ses célèbres remparts depuis 196, Byzance semble sans défense contre les expéditions des barbares venus par la Thrace et par le Bosphore. Pourtant, elle est peu ou pas touchée par ces razzias, à l'inverse de beaucoup de cités de la Propontide. De ce fait, il n'est pas exclu que la cité conclut quelque arrangement avec les envahisseurs. Enjeu de pouvoir dans les luttes entre tétrarques, Byzance prend successivement le parti de Maximin Daia et celui de Licinius jusqu’à ce que Constantin reste unique auguste, en 324. Dès lors, Byzance ne s'appartient plus, elle est acquise au projet de recentrage géographique de l'Empire par Constantin. Entre 324 et 330, celui-ci donne carte blanche à ses équipes d'architectes et de décorateurs pour embellir la vieille cité grecque et lui donner rang de résidence impériale. Le 11 mai 330, la cérémonie de dédicace entérine la création de la Ville de Constantin : Constantinopolis/Constantinople.
[modifier] Byzance après Byzance
Qu'on parle d'« histoire de l'empire byzantin » et de « Byzantins » après 330, jamais les intéressés n'auraient songé à s'appeler ainsi eux-mêmes. C'est une invention de la Renaissance (1557). Elle nous vient de l'historien allemand Hieronymus Wolf, le fondateur de l'historiographie byzantine. Elle ne s'est imposée qu'au XVIIe siècle. Montesquieu, par exemple, l'employait.
Les « Byzantins » se seraient probablement désignés par le terme « Romaioi » (Ρωμαίοι), c'est-à-dire « Romains », car ils se considéraient comme les continuateurs de l'Empire romain. On retrouve le terme chez les Musulmans, qui parlent de « Roum » (Rûm) et de « Roumi ».
Quant à la capitale de l'empire, elle s'appelait officiellement Constantinople, mais ses habitants disaient simplement « polis » (= la ville), d'où vient le nom turc « Istanbul », déformation de « eis tên polin » (= vers la ville). Les russes, qui l'admiraient, l'appelaient « Tsargrad » (de tsar = César et de grad = la ville).
[modifier] Acceptions populaires
Le terme « Byzance » ou « byzantin » est passé dans la culture populaire moderne. Ansi l’expression « c’est Byzance ! » fait référence à la richesse de l’Empire et donne une idée de luxe et de superflu. On parle aussi de « complexité byzantine » pour désigner quelque chose de très complexe ou embrouillé en référence aux institutions de l'Empire byzantin qui empilaient les réformes et les lois que seule une bureaucratie pléthorique pouvait débrouiller.
[modifier] Source
- Ange de Saint-Priest, Encyclopédie du dix-neuvième siècle, 1844 lire en ligne.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Articles connexes
- Les noms successifs de la ville : Constantinople et Istanbul ;
- Empire byzantin
- Polis.
[modifier] Liens externes
- Byzance : colonie grecque et cité romaine par Stéphane Yerasimos, Professeur à l'université Paris VIII-Saint-Denis.
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