Camillo Cavour
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Camillo Benso, comte de Cavour (Turin, 10 août 1810 - Turin, 6 juin 1861) est un homme politique italien, important artisan de l'unité italienne.
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[modifier] La jeunesse
Deuxième fils de Michel de Cavour et d'Agnès Sellon, il naît à Turin, pendant l'occupation française, dans une famille de la noblesse piémontaise, d'ascendance savoisienne. Sa grand-mère est l'arrière petite nièce de François de Sales. Prénommé Camille, il est le filleul du prince et de la princesse Borghese.
Il passa l'essentiel de sa vie au Palais Cavour, à Turin et sa langue maternelle resta le français, Cavour n'utilisant l'italien que dans sa vie publique.
Il est d'abord éduqué par un précepteur, l'abbé Frezet, puis il entre à l'académie militaire de Turin.
Nommé à seize ans page du prince de Carignan grâce aux relations de son père, il vit ce qui est censé être un honneur comme une servitude.
En février 1827, il est nommé lieutenant du génie à Turin. En 1828, il participe à des travaux de fortification dans les Alpes (Vintimille, Exiles, l'Esseillon. En 1830, il espère que la révolution de Juillet, en France, va inciter à la libéralisation du royaume de Piémont-Sardaigne. Envoyé au fort de Bard, dans la Vallée d'Aoste, en raison de ses opinions politiques, il y démissionne de l'armée le 12 novembre 1831 et se consacre à la gestion du domaine de Grinzane, qui appartient à son père. Il est élu maire de la commune de Grinzane, aujourd'hui Grinzane Cavour.
Au premier semestre de 1835, il effectue un voyage de cinq mois pour visiter Paris, Londres, où il rencontre Alexis de Tocqueville, la Belgique, l'Allemagne et la Suisse. Il y conforte son intérêt pour la démocratie parlementaire et la modernité, notamment les premiers chemins de fer. À son retour, il devient régisseur du domaine de son père, à Leri.
En 1837, il effectue un nouveau voyage à Genève, Lyon et Paris, où il rencontre le roi Louis-Philippe, pour liquider la succession de son oncle Clermont-Tonnerre. Il retourne à Paris et à Londres en 1840, où il suit les progrès du parlementarisme et des chemins de fer.
En novembre 1846, il est le principal actionnaire de la société du premier chemin de fer piémontais, qui relie Turin à Gênes.
[modifier] L'homme politique
En 1847, il crée un parti patriote modéré, qui prône l'unité de l'Italie, sous la forme d'une monarchie constitutionnelle, soutenue par son journal, le Risorgimento. Le 8 février 1848, le roi Charles-Albert promulgue une constitution libérale, comparable à celle de la Monarchie de Juillet en France, et, le 15 mars, lance le Piémont dans la guerre contre l'Empire d'Autriche, pour libérer la Lombardie. Battu à Novare, le 23 mars 1849, il cède le trône à son fils Victor-Emmanuel II.
Le 26 juin 1848, Cavour est élu député de Turin au parlement. La chambre est dissoute le 20 novembre 1849, mais il est réélu le 9 décembre 1849.
Le 11 octobre 1851, Cavour devient ministre du commerce, de l'agriculture, et de la marine. Pendant l'été, il entreprend un voyage à Londres, où il rencontre Disraeli, puis à Paris, où il rencontre Louis-Napoléon Bonaparte.
Le 2 novembre 1852, il est nommé président du conseil (premier ministre) du royaume de Piémont-Sardaigne. En novembre 1853, il organise une rencontre à Paris entre Victor-Emmanuel et Napoléon III, puis à Londres, avec la reine Victoria. Au printemps 1854, il convainc le parlement d'envoyer des troupes soutenir la France et le Royaume-Uni dans la guerre de Crimée. La participation sarde à cette guerre lui permettra d'avoir voix au chapitre au congrès de Paris de 1856, pour d'aborder la « question italienne ». La même année, Cavour ajoute les affaires étrangères à ses autres portefeuilles ministériels. En 1857, il fait entreprendre les travaux du tunnel du Mont-Cenis, qui doit permettre au chemin de fer de relier Lyon à Turin.
[modifier] L'homme de l'unité italienne
Le 21 juillet 1858, Cavour rencontre Napoléon III, en cure à Plombières dans le département français des Vosges. Lors de cette entrevue secrète, Napoléon III accepte d'aider le Piémont-Sardaigne à unifier l'Italie (mouvement du Risorgimento), à condition que le pape reste maître de Rome et que le comté de Nice et la Savoie soient cédés à la France.
La guerre contre l'Autriche a lieu en 1859. L'armée franco-piémontaise est victorieuse à Magenta, le 4 juin et à Solferino, le 24 juin. Le 11 juillet, l'armistice de Villafranca, négociée entre Napoléon III et François-Joseph, permet la création d'un Royaume de Haute Italie, qui, outre le royaume de Piémont-Sardaigne, comprend la Lombardie. Déçu de l'arrêt porté à l'unification de l'Italie par une paix qu'il juge trop rapide, Cavour quitte le gouvernement, mais reviendra en 1860, en tant que président du conseil. Au printemps 1860, les parlements de Toscane, de Parme, de Bologne, de Modène et d'Emilie-Romagne demandent leur rattachement au nouveau royaume. Le 24 mars, Turin cède Nice et la Savoie à la France, sous réserve d'approbation des populations concernées. En mai 1861, Garibaldi conquiert le Royaume des Deux-Siciles et le remet au roi d'Italie en novembre.
Cavour meurt le 6 juin 1861, d'une crise de paludisme. À cette date, il ne manque à l'Italie que Venise et Rome pour être totalement unifiée.
[modifier] Portrait
Sa physionomie jette en dépit d'un aspect presque sénile, comme une lueur de jeunesse. Il semble que tous ses sens soient aux aguets derrière les lunettes aux verres étroits; les yeux sont attentifs et comme souriants; les mains semblent palpiter. Cette tête est couronnée d'un front carré comme une forteresse. Les traits sont réguliers, le visage est rasé, à part un léger collier de barbe. - D'après : Adolphe Panzani : Cavour et l'épopée du Risorgimento
[modifier] Vie sentimentale
Bon vivant et sensuel, Cavour eut de nombreuses liaisons brèves et discrètes. A vingt ans il rencontre la marquise Anna Giustiniani avec qui, il vivra une véritable passion, qui lui restera fidèle jusqu'à sa mort. Lors de ses déplacements sur Paris, Camillo aura quelques écarts et rencontrera en 1835 la belle romantique Mélanie Waldor, et vingt ans plus tard, toujours dans la capitale française, la belle veuve anglaise, la Marquise d'Ely. Quelques historiens lui accordent aussi une célèbre ballerine, La Ronzini et une certaine Bianca comme conquêtes.
[modifier] Bibliographie
- Camille Benso, comte de Cavour / Marie-Louise Jacotey. - Langres : D. Guéniot, 1993. - ISBN 2-87825-062-1
- Sa Vie a été publiée par Joseph Devey (1861), ses Discours traduits par Isacco Artom et Albert Blanc (1862).