Gilles Joseph Martin Bruneteau
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Gilles Joseph Martin Bruneteau, vicomte de Sainte-Suzanne, comte de l’Empire, naquit au Mothé, près de Poivre (Aube), le 7 mars 1760.
Lieutenant en premier au régiment d'Anjou en 1779 ; lorsque la Révolution française éclata, il en adopta les principes, combattit avec distinction dans les rangs de ses défenseurs et se signala à la défense de Mayence.
Il parvint rapidement au grade de général de brigade, qu’il obtint en l’an III, et se fît remarquer à l’armée de Rhin-et-Moselle. Lorsque Desaix effectua le passage du Rhin, Sainte-Suzanne se porta à la rencontre des Autrichiens qui arrivaient du Haut-Rhin, marcha sur Simmern, Urlafen et Windschliegen, dont il s’empara, et fit une centaine de prisonniers à l’ennemi, qu’il contraignit de battre en retraite. Au combat qui eut lien sur le Renchen, il fut chargé de contenir les Autrichiens qui menaçaient l’aile gauche de l’armée française, mission qu’il exécuta avec autant de vigueur que de succès.
Le 16, il reçut l’ordre de Desaix de s’emparer des positions inexpugnables de l’ennemi, entre Rastadt et Gerpach. Désespérant de les enlever de front, il s’avança rapidement vers le village d’Oos, s’en rendit maître, malgré la résistance la plus opiniâtre, tourna les hauteurs, et força l’ennemi à se retirer avec précipitation.
À la bataille d'Ettlingen, livrée le 21 du même mois, c’est lui qui, à la tête de son infanterie et de quelques régiments de cavalerie, déboucha des bois de Sandwich ; mais le général Delmas, qui avait été chargé de le soutenir, prit une fausse direction, ce qui compromit pendant quelques instants les troupes du général Sainte-Suzanne.[1]
Il donna encore des preuves d’une rare intrépidité au combat d’Alen. En récompense de sa belle conduite, ou le nomma, le même jour, général de division.
En l’an V, on l’investit du commandement de la 5e division militaire (Strasbourg). Après avoir été chargé de défendre Kehl, il fut appelé au bureau topographique de la guerre, où il se fit remarquer par l’étendue de ses connaissances.
En l’an VII, le gouvernement lui ayant offert le commandement en chef, par intérim, de l’armée d’Italie, le général Sainte-Suzanne le refusa ; mais il commanda, l’année suivante, à l’armée du Danube, sous les ordres de Moreau, l’aile gauche, forte de 16.000 hommes.
Le 5 floréal an VIII, on le vit traverser le Rhin, vis-à -vis de Kehl, attaquer les Autrichiens avec impétuosité sur le Kintzig, leur tuer 1.200 hommes et les forcer à se replier sur Offenbourg. Il se dirigea ensuite sur Ulm pour se conformer aux ordres de Moreau, et, attaqué le 26 au matin, il comprit qu’il n’avait qu’un moyen d’empêcher l’ennemi de percer sa ligne, c’était de resserrer ses ailes qui étaient trop étendues et d’abandonner momentanément la rive gauche du Danube qui lui servait d’appui. [2]
Le général Sainte-Suzanne, chargé d’organiser le corps de réserve qui se formait à Mayence, reçut l’ordre de se mettre à la tête de ce corps, traversa la Nida, le Mein, près de Francfort, et battit de nouveau l’ennemi à New-Wissembourg et à Hanau. [3]
Il fut nommé grand officier de l’ordre de la Légion-d’Honneur, le 25 prairial an XII.
Le 1er floréal an X, Napoléon Ier le nomma Sénateur ; il était depuis longtemps conseiller d’État et attaché à la section de la guerre. Le 19 mai 1806, il lui donna la sénatorerie de Pau, et, en 1807, le commandement de la 2e légion de réserve. Nommé inspecteur des côtes de Boulogne, en 1809, il fit toutes les dispositions nécessaires pour les mettre dans un état de défense respectable. Ce fut lui qui annonça au ministre de la guerre l’arrivée d’une flotte anglaise devant Flessingue (Expédition de Walcheren), déclarant qu’il resterait à son poste malgré le mauvais état de sa santé. C’est en récompense de sa conduite dans ces circonstances difficiles qu’il fut créé comte de l’Empire.
En 1814, il adhéra aux actes du gouvernement provisoire, devint Pair de France, chevalier de Saint-Louis, commandant d’armes à Landau en 1815, et, le 31 août, il obtint de Louis XVIII des lettres patentes qui lui conféraient le titre de comte. Il donna, lors du procès du maréchal Ney, l’exemple d’une généreuse indépendance, et se refusa, avec quatre de ses collègues, à prendre part au jugement.
Dans tout le cours de sa carrière législative, il ne cessa de faire partie de l’opposition constitutionnelle. Ce fut en 1819, qu’il publia sur les places fortes un ouvrage qui a obtenu les suffrages du général Lamarque et du maréchal Saint-Cyr.
[modifier] Notes et références
- ↑ Sans perdre de temps, il ordonna de mettre son artillerie légère en batterie dans une position favorable, puis s’élançant sur l’ennemi avec la brigade du général Drouet, il culbuta les Autrichiens et leur fit éprouver des pertes considérables.
- ↑ Cette manœuvre exécutée avec autant de hardiesse que de promptitude, fut couronnée d’un plein succès ; elle permit au corps d’armée de Sainte-Suzanne, que les combinaisons du général eu chef Moreau avaient pendant quelque temps compromis, de reprendre tout le terrain qu’il avait perdu.
- ↑ Telle fut la dernière opération militaire du général Sainte-Suzanne, tacticien habile, doué d’un coup d’œil sûr et d’une valeur éprouvée.
[modifier] Source
« Gilles Joseph Martin Bruneteau », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 [détail édition](Wikisource)