Jean Bichelonne
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Jean Bichelonne (né à Bordeaux en 1904, décédé à la clinique SS de Hohenlychen le 5 décembre 1944) était un technocrate et homme politique français, ministre du gouvernement de Vichy (1942-1944) et partisan de la collaboration avec l'Allemagne nazie.
Issu d'un milieu modeste, reçu premier au concours d'entrée de l'École polytechnique et par la suite brillant haut-fonctionnaire qui passait pour la tête la mieux faite de son époque[1], Jean Bichelonne était en 1939 chef de cabinet du ministre de l'armement Raoul Dautry. A ce titre, il fait transporter en Grande-Bretagne le stock d'eau lourde afin qu'il ne tombe pas aux mains des Allemands [2]
Sous le gouvernement de Vichy, il est représentatif des jeunes et brillants technocrates dirigistes obsédés par la modernisation du pays parfois désignés par l'appellation générique de synarchie. D'abord Secrétaire général du Commerce et de l'Industrie dans le ministère de la Production Industrielle, Il est nommé le 18 avril 1942 Secrétaire d'État à la Production Industrielle, avec rang de ministre à partir de novembre. C'est à ce titre qu'il joue un rôle clé dans la collaboration industrielle avec le IIIe Reich, et reste étroitement associé à la mise en œuvre du Service du Travail Obligatoire (STO) qui en à peine un an envoya de force 640 000[3] jeunes gens travailler en Allemagne dans l'industrie de guerre de l'occupant. Il s'entendit ensuite avec son homologue Albert Speer, comme lui technocrate amoral et très efficace aux vastes rêves modernisateurs, pour effectuer en France même la production industrielle destinée au Reich [2]et intégrer ainsi l'économie française dans une vaste ère européenne sous domination nazie (accords Speer-Bichelonne, 15 septembre 1943). De lui, Speer a écrit : "Tous deux, nous étions jeunes, nous croyions avoir l'avenir devant nous et nous nous promettions d'éviter dans le futur les erreurs commises par la génération actuellement au pouvoir en cette période de guerre mondiale" [4]
Il assuma le ministère de la Production Industrielle à partir du 24 avril 1942 et le ministère du Travail à partir de novembre 1943 en remplacement d'Hubert Lagardelle. Il était également en charge des transports et des Communications. Rangé du côté des ultra-collaborationnistes, il s'enfuit à Sigmaringen à la Libération. Le genou complètement broyé, il profite de sa présence en Allemagne pour se rendre à l'hôpital SS de Hohenlychen, près de Berlin pour être soigné, mais y meurt en décembre 1944, probablement assassiné par d'anciens SS.
[modifier] Notes et Références
- Jacques Evrard, La déportation des travailleurs français dans le IIIe Reich, Ed. Fayard, 1971
- La main-d’œuvre française exploitée par le IIIe Reich, actes du colloque de Caen, Centre de Recherche d’Histoire quantitative, Caen, 2001, textes rassemblés par B. Garnier, J. Quellien et F. Passera, 704 p.
- Guy Sabin, Jean Bichelonne, Ed. France-Empire, 1990 [peu fiable et apologétique, par un ancien collaborateur et ami du sujet]