Jean Prouvé
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Jean Prouvé (Paris 8 avril 1901 - Nancy 23 mars 1984), fils de l'ébéniste art nouveau Victor Prouvé, est architecte et designer autodidacte.
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[modifier] De l'atelier à la planche à dessin
C'est en 1919 qu'il part apprendre la ferronnerie d’art dans les ateliers d’Émile Robert à Enghien. Puis il installera son premier atelier à Nancy, berceau de la famille, en 1924 ; c'est à ce moment qu'il commence à travailler les ferronneries de l'hôtel Thiers de Nancy et de devantures de magasins parisiens ou des grilles du Casino de Saint-Jean-de-Luz.
En 1954, Jean Prouvé participe avec Charlotte Perriand à l’appel qui est lancé pour l’ameublement de la Résidence universitaire Jean Zay à Antony. Il obtient la commande de mobilier pour les salles communes, les restaurants et une partie des chambres. Ses réalisations – bibliothèques, chaises, lits Antony, bureaux Compas – sont exemplaires et figurent aujourd’hui parmi les meubles les plus cotés du XXe siècle (une édition originale de la chaise Antony s’évalue autour de 40 000 € ; un fauteuil Kangourou s'est vendu 152 449 €, en mars 2001 à l'étude de maître Teitgen à Nancy ; une bibliothèque peut valoir jusqu’à 160 000 €).
Il crée en 1955 avec l'architecte-écrivain M. Bataille une petite société, les Ateliers Jean Prouvé, liée à une entreprise de charpente métallique, qui lui redonne l'espoir vite déçu d'atteindre la production de logements économiques en grande série.
Néanmoins, cette période trouble est marquée par la conception de bâtiments d'exception (Pavillon du Centenaire de l'aluminium, M. Hugonet ingénieur, 1955 ; Buvette Cachat à Evian, M. Novarina architecte, 1956) et des fabrications novatrices qui, faute d'obtention d'agrément officiel, restent des prototypes (maison de l'Abbé Pierre ou « des jours meilleurs », 1956 ; école-béquille à Villejuif, S. Ketoff ingénieur, 1957).
Devenu en 1957 responsable du département « bâtiment » d'une société industrielle (CIMT), Prouvé rejoint des lieux de production et met au point des systèmes de façades légères qui bénéficient de ses recherches antérieures et dont l'élément déterminant est le profil raidisseur. Le standard rigoureux est amélioré grâce aux techniques de fabrication de pointe (emboutissage, extrusion) et à une qualité d'exécution qui résout les problèmes de finition et d'isolation (aérogare d'Orly-Sud, Vicariot architecte, 1959) mais n'exclut pas les variantes et les adaptations (Hôtel de Ville de Grenoble, M. Novarina architecte, 1966 ; Faculté de médecine de Rotterdam, Choisy architecte, 1967).
À titre personnel, il participe à des recherches (maison saharienne avec Charlotte Perriand, 1958), des consultations (verrières à raidisseurs en acier plié du CNIT à Paris-La Défense, Zehrfuss architecte, 1957), des concours (avec J. Belmont et M. Silvy : écoles GEEP, 1960 ; lycées CCC, 1963).
Son statut d'ingénieur-consultant est officialisé en 1966 quand, quittant la CIMT, Prouvé ouvre un petit bureau d'études où s'élaborent des projets qui font date et démontrent la constante évolution et l'extraordinaire esprit d'adaptation de ce constructeur.
Il collabore avec les architectes les plus prestigieux pour des bâtiments qui portent la marque de son intervention (le CNIT, Tour-Nobel Paris-La Défense J.de Mailly architecte, 1967 ; aile V de l'Unesco Paris, B. Zehrfuss architecte, 1969 ; siège du PCF Paris, Oscar Niemeyer architecte, 1970).
Au début des années 1960, Prouvé conçoit en collaboration deux importants systèmes de construction : la « toiture réticulaire à surface variable » qui s'adapte à tous les types de construction (avec L. Pétroff ingénieur) et le Tabouret, procédé mettant en œuvre deux seuls éléments : un poteau et une poutre (Palais des expositions de Grenoble, Claude Prouvé architecte, 1968 ; Université libre de Berlin, Georges Candilis architecte, 1969).
De 1957 à 1970, Prouvé est appelé pour occuper la chaire d'Arts appliqués du Conservatoire national des arts et métiers à Paris.
Intéressé depuis toujours par la pédagogie, il met en place un enseignement qui illustre son approche industrielle de la construction, en s'appuyant sur l'analyse d'« objets techniques » -de l'automobile à la construction-, souvent à partir de ses propres expériences.
C'est aussi pour lui l'occasion de formuler ses préoccupations concernant l'intégration du bâti à l'environnement.
La fin de la carrière de Prouvé est marquée par l'expérimentation de nouvelles matières (stations-services cylindriques Total) ou de composants (panneaux de façade de l'université de Lyon-Bron) ainsi que par plusieurs projets trop audacieux pour être réalisés, mais qui apportent à son œuvre une dimension urbanistique (siège du Ministère de l'Education Nationale, avec Belmont et Swetchine, 1970 ; station d'Arc 2 000, avec Hayama et Binotto, 1970).
C'est aussi le moment d'une reconnaissance internationale et de belles réussites : réussite technique pour la structure du Palais omnisports de Paris-Bercy (Andrault et Parat architectes, 1978) ou la tour-radar d'Ouessant qui transcende le principe du noyau central en béton ébauché à Maxéville (Jacquin architecte, 1981). Réussite « morale » lorsque Prouvé est plébiscité pour occuper la place difficile de président du Jury international pour le concours du Centre national d'art et de culture voulu par le Président Georges Pompidou (1971). Imposant le projet de Renzo Piano et Richard Rogers, c'est en quelque sorte une part de son « héritage culturel » que nous livre Prouvé puisque dans ce bâtiment sont reconnaissables ses apports essentiels à l'architecture technologique, déjà présents dans le marché de Clichy quelque 35 ans plus tôt : structure en acier plié, façade-rideau en panneaux modulaires, mise en évidence des principes constructifs, flexibilité des espaces intérieurs, ainsi qu'une certaine désuétude qui rejoint aussi l'empirisme artisanal de Prouvé.
Ce fut aussi un patron humaniste voire... utopiste. Innovant en tout cas. À Nancy, puis à Maxéville. Octroyant à ses salariés les congés payés avant 1936 et promoteur de l'intéressement. L'expérience prit fin lorsque l'Aluminium Français rentre en 1952 dans le capital de son entreprise[1].
[modifier] Principales réalisations
- 1935-1939 Maison du peuple à Clichy-la-Garenne 92 - photos et plans[1]
- 1935-1936 Club de volley de Roland Garros, Paris.
- 1950 Lotissement et maisons 83 route des Gardes à Meudon (92) André Sive (architecte), Jean Prouvé (constructeur) et Henri Prouvé (ingénieur)
- 1951 Palais des expositions de Lille.
- 1952-1963 École du parc Geisendorf à Genf (Suisse)
- 1954 Immeuble d'habitation, square Mozart à Paris, 16e avec des éléments préfabriqués en acier.
- 1954-1955 Maison Prouvé à Nancy plans, coupes et perspectives
- 1956-1958 CNIT (Centre National des Industries Techniques) dans le quartier de La Défense à Nanterre, en collaboration avec Robert Edouard Camelot et Bernard Louis Zehrfuss.
- 1966 Tour Nobel du quartier de La Défense, Nanterre.
- 1967 Edifice de la Foire de Grenoble.
- 1979-1987 Palais Omnisport de Paris-Bercy, Paris 12e.
[modifier] Bibliographie
- Christian Enjolras, Jean Prouvé. Les maisons de Meudon, Editions de la Villette, Paris, 2003 (ISBN 2903539693)
- Jean Prouvé, la poétique de l'objet technique, catalogue d'exposition sous la direction de Catherine Dumont d'Ayot et Bruno Reichlin, Vitra Design Museum, 2006
- François Moulin, Jean Prouvé. Le Maître du métal, La Nuée Bleue, Strasbourg, 2001.
[modifier] Articles connexes
[modifier] Liens externes
- Emission sur Jean Prouvé sur Arte
- Site sur Jean Prouvé
- L'abri de la méridienne de l'observatoire à Paris - par Jean Prouvé
- Une maison tropicale de Jean Prouvé installée au 5e étage du centre Pompidou
[modifier] Références
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