Jean de Grailly
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Johan III de Grailly, (né en ?? - mort le 7 septembre 1376), Captal de Buch de 1347 à 1376, est l'un des principaux capitaines de la guerre de Cent Ans. Son prénom est en gascon Johan (prononcer « Jouann ») et en français Jean.
Fils de Johan II de Grailly (+ v.1347), premier captal de Buch de la famille Grailly et de Blanche de Foix, il est célébré par Froissart comme un parangon de vertu chevaleresque.
À l’instar de ses ancêtres, il est fidèle aux rois d'Angleterre - ducs d'Aquitaine dans leur lutte contre les rois de France Valois.
Le titre de captal (« capdàu » en gascon) de Buch signifie « seigneur principal » de Buch (sur le bassin d'Arcachon. La localité principale où se situait le château était la Teste-de-Buch). Les captaux de Buch de la famille de Bordeaux - dont Johan III descend par sa grand-mère Assalhide de Bordeaux- possédaient aussi la seigneurie de Puy-Paulin en plein Bordeaux. Il succède à la mort de son grand-père Pey II de Grailly (+ 1357) aux vicomtés de Bénauges (région de Cadillac, Gironde) et de Castillon (Castillon-la-Bataille) devenant ainsi le seigneur le plus important de l'Aquitaine anglo-gasconne. Le fait que son grand-père soit mort bien après son père et après la bataille de Poitiers (1356) explique pour quelles raisons Johan III de Grailly fut connu sous le nom de captal de Buch, le seul titre d'importance qu'il avait jusqu'en 1357.
Il est considéré comme l'un des membres fondateurs de l'ordre de la Jarretière créé vers 1348 par le roi d'Angleterre Edouard III. Cependant la stalle du captal de Buch à la chapelle St-George de Windsor et les premiers statuts de l'ordre qui ont survécu (qui datent tous du début du XVe siècle) portent le nom de "Pierre, captal de Buch", ce qui fait parfois supposer que son grand-père, Pey II de Grailly, fut fait chevalier de l'ordre de la Jarretière avant Johan III. En fait, il s'agit d'une erreur et ce fut bien Johan III qui devint le premier chevalier de la Jarretière de sa famille.
Il entre dans l'histoire quand il vient en Angleterre à la tête d'une délégation de nobles gascons pour demander de l'aide contre les Français (1355) et que le prince de Galles Edouard (surnommé au XVIe siècle le Prince Noir) soit mis à la tête de l'expédition.
L'armée du Prince Noir arrive à Bordeaux en septembre 1355 et effectue avec le captal deux expéditions contre le royaume de France dont la seconde se termine par la victoire de la bataille de Poitiers (1356).
Tous les chroniqueurs souligne le rôle primordial du captal lors de cette bataille. Avec un détachement de cavaliers gascons, il effectua un mouvement tournant qui prit à revers l'armée du roi de France Jean II le Bon, ce qui permit la victoire des Anglo-Gascons. La célébrité du captal de Buch atteignit dès lors des sommets en Europe occidentale et on le plaçait alors sur le même plan que son compagnon John Chandos et que son "rival" du parti français, le Breton Bertrand du Guesclin. Il est l'un des héros chevaleresque des Chroniques de Froissart.
En 1357-1358, il participe aux côtés de son cousin germain Gaston Fébus (voir Gaston Phébus), comte de Foix et vicomte de Béarn (1343-1391), à la "croisade" annuelle des chevaliers teutoniques contre les païens baltes. À leur retour en Occident (1358), ils répriment une partie de la Jacquerie qui assiégeait la ville de Meaux, alors que, de l'autre côté de la Marne, dans le quartier du Marché, se trouvait la femme du dauphin (futur Charles V de France) avec 300 dames.
Même après le traité de Brétigny - Calais (1360)qui établit la paix entre le roi d'Angleterre Edouard III et le roi de France Jean II, le captal désire continuer à combattre. Il s'allie avec le roi de Navarre Charles II (dit depuis le XVIe siècle "le Mauvais") et il défend ses possessions normandes à la Bataille de Cocherel (6 mai 1364) où il est battu et fait prisonnier par les Français de Bertrand du Guesclin appuyés par quelques nobles Anglo-Gascons également sans emplois à cause de la paix.
Après avoir promis au roi de France Charles V de jouer les intermédiaires avec le roi d'Angleterre en vue d'appliquer correctement le traité de paix, ce roi lui rend la liberté et, pour se l’attacher, lui donne la seigneurie de Nemours et obtient ainsi son hommage. Mais le Prince Noir, Edouard, prince d'Aquitaine depuis 1362, lui reproche d'avoir accepté cette nouvelle allégeance et le captal redonne alors Nemours au roi de France.
Il participe évidemment à l'expédition en Castille du Prince Noir qui replace provisoirement Pierre le Cruel sur le trône castillan après la victoire de Najéra (3 avril 1367) contre Henri Trastamare et Bertrand du Guesclin.
Suite à l'appel du comte d'Armagnac Jean Ier contre le fouage (taxe levée par foyer) décidé par le Prince Noir en 1368, la guerre reprend avec la France. Bien sûr, le captal combat de toutes ses forces aux côtés du parti « anglais ». Le Prince Noir lui donne le comté de Bigorre (27 juin 1369) pour lutter efficacement contre le comte d'Armagnac qui s'est fait donner ce comté par le roi de France. Suite à la mort de John Chandos (2 janvier 1370), le captal lui succède en tant que connétable d’Aquitaine. Le 23 août 1372, à Soubise, il tombe de nouveau aux mains des Français qui, cette fois, le gardent en prison, au Temple de Paris, où il mourut le 7 septembre 1376.
On ne sait s'il fut enterré à Paris comme l'affirme Froissart ou à Bordeaux en l'église des Franciscains (quartier St-Michel), comme il l'avait demandé dans son testament (1369).
Il ne laissa aucun héritier de son mariage avec Rose d'Albret et il légua toutes ses possessions à son oncle Archambaud de Grailly qui lui succéda sans opposition.
Le captal eût un fils bâtard nommé comme lui Johan de Grailly. Ce dernier n'était probablement pas né à la date du seul testament de Johan III qui nous soit parvenu (16 mars 1369), puisqu'il n'est pas mentionné dedans. Comme le captal fut fait prisonnier en 1372, il ne put naître qu'entre 1369 et 1372. Il est mentionné en 1394 en tant que jeune capitaine de Bouteville (entre Cognac et Angoulême), une possession de son oncle Archambaut. Froissart le rencontra lors d'un voyage à Londres (1394) quand les Gascons s'opposèrent au don du duché d'Aquitaine à Jean de Gand, frère du Prince Noir et oncle du roi d'Angleterre Richard II dit « de Bordeaux ». Ce Johan de Grailly participa à la défense de Blaye lors de son siège (1406)par une armée française dirigée par Louis, duc d'Orléans. Il mourut à Blaye en 1407 et fut enterré en grande pompe à Bordeaux. Il ne semble pas avoir laissé d'enfants.
[modifier] Voir aussi
Bibliographie:
George Beltz, Memorials of the Most Noble Order of the Garter..., Londres, 1841, p 28-33.
Jean-Paul Casse, "Fortunes d’immigrés en Aquitaine : les Grailly-Foix (1255-1789)", Les Pyrénées dans une Aquitaine, terre d’accueil, terre d’exil, Actes du XLVIe congrés d’études régionales de la fédération historique du Sud-Ouest (Bordeaux, 1996), p 273-283.
Jean-Paul Casse, "Les Grailly-Foix-Candale et Cadillac (ca 1260-1594)", L'Entre-Deux-Mers et son identité. Actes du neuvième colloque tenu à Cadillac les 24, 25 et 26 octobre 2003, Bordeaux, 2005, p 95-125.