Marie-Madeleine Guimard
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Marie-Madeleine Guimard ("la Guimard") est une danseuse française baptisée à Paris le 27 décembre 1743 et morte dans cette même ville le 4 mai 1816.
Fille naturelle d'un inspecteur des toiles de Voiron, qui ne la reconnaît que douze ans plus tard, élevée par une mère intéressée entendant monnayer les charmes de sa fille, Marie-Madeleine Guimard commence sa carrière de danseuse en 1758 à la Comédie-Française qui possédait alors un corps de ballet. Mais son ascension sociale date de son admission en 1761 à l'Académie royale de Musique.
L'Opéra, appelé le « tripot lyrique », servait de vivier de jeunes sujets pour la riche société capable de les entretenir sur un grand pied. Cette situation est admise et tolérée du fait de la franchise que confère aux intéressées l'engagement à l'opéra. Une fois « encataloguée », la jeune artiste échappe à la fois à la police et à la tutelle parentale.
« Bien faite et déjà en possession de la plus jolie gorge du monde, d'une figure assez bien, sans être jolie, l'oeil fripon et portée au plaisir », elle plaît aux hommes malgré une maigreur qui deviendra célèbre. En 1760, elle a une première liaison avec le danseur Léger dont elle a un enfant. Sans ressources, elle accouche dans un grenier au milieu de l'hiver, « sans feu et sans courtepointe de dentelle ».
Ensuite, les amants se succèdent sans qu'aucun ne lui assure la stabilité d'un entretien durable, jusqu'à sa rencontre avec Jean-Benjamin de Laborde, premier valet de chambre ordinaire du roi et compositeur de musique. Une fille, appelée également Marie-Madeleine, naît de cette liaison en avril 1763. Largement entretenue, Marie-Madeleine est en droit d'obtenir les signes extérieurs de l'aisance dont bénéficient ses collègues de l'opéra.
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[modifier] Le Théâtre de Pantin
Ces travaux ont été évidemment à la charge de Charles de Rohan, prince de Soubise, richissime amant de la Guimard qui pour autant conserve Laborde comme « amant honoraire ». Véritable sultan, il entretenait plusieurs maîtresses à la fois généralement recrutées dans le corps de ballet de l’opéra, et qu’il ne quitte jamais sans leur assurer de confortables pensions. Il était en mesure de faire vivre la Guimard dans un luxe qu’elle n’avait jamais connu et de lui permettre d’avoir un train de vie ostentatoire surpassant celui de ses rivales. Parmi ses exigences, elle voulait organiser des spectacles à Pantin capables d’attirer un public de choix. Dans ce but, un théâtre est mis en chantier au cours de l’année 1768 en vue de son ouverture en décembre. La maison, achetée deux ans plus tôt, le 7 septembre 1766, se composait de deux corps de bâtiment situés rue de Montreuil (actuelle rue Charles-Auray) à l’emplacement de l’école Paul-Langevin.
On ignore le nom de l’architecte du théâtre de Pantin. Est-ce Ledoux, qui construira son Hôtel de la Chaussée d’Antin ? Aucun document pour le moment ne permet de l’établir avec certitude.
Dès lors, pendant cinq années, Pantin va devenir un village très célèbre. « On parle d’aller à Pantin comme d’aller à Versailles » applaudir des spectacles « pour lesquels Charles Collé semble faire uniquement son théâtre de société, Carmontelle écrire ses proverbes, de La Borde composer sa musique ». Ces spectacles « où le tout-Paris aristocratique du temps, y compris les princes du sang, brigue l’honneur d’être admis », font scandales à cause de leur libertinage. Ils débutent le jeudi 7 décembre, jour de la Vierge, par La Partie de chasse de Henri IV, qui, en raison de son succès, est redonnée la veille et le jour de Noël. En juillet de l’année suivante, le bruit court d’une suspension des spectacles du fait de la défection de Soubise, mais ils reprennent peu après avec le triomphe de La tête à perruque.
Des représentations de plus en plus licencieuses se succèdent, à tel point qu’on craint leur interdiction par les autorités, notamment « la parade la plus épicée de Vadé », Madame Engueule, parade suivie d'une fricassée dansée par la Guimard et par Jean Dauberval devenu son greluchon. De même La vérité dans le vin de Charles Collé, qualifié de « chef-d’œuvre du théâtre grivois » obtient un franc succès. La Guimard y joue un rôle, de sa voix qualifiée de sépulcrale. Il est possible de se faire une idée de cette tonalité grivoise, par le discours de clôture de septembre 1770 reproduit par Goncourt dans sa biographie. Centré sur les notions « d’entrée et de sortie », il est d’une lourde vulgarité.
Bientôt l’argent de Soubise ne suffit plus pour satisfaire les exigences de la Guimard. Elle augmente ses revenus par le concours financier de monseigneur de Jarente de La Bruyère, évêque d’Orléans, devenu son amant.
[modifier] Le "Temple de Terpsichore" à Paris
Cédant à la mode, elle se fait construire par l'architecte Ledoux un magnifique hôtel dans le nouveau quartier de la chaussée d’Antin, comportant une salle de spectacle pouvant accueillir 500 personnes. L’ouverture attendue de ce « temple de Terpsichore » s’effectue le 8 décembre 1772, mettant fin aux spectacles de Pantin.
Un dîner prévu dans l’hôtel fut interdit par l’archevêque de Paris. Les victuailles de ce festin de cent couverts furent alors portées au curé pour en faire la distribution aux pauvres, et ce festin manqué s'appela le «Souper des Chevaliers de Saint-Louis», à cause des cinq louis, prix de la cotisation…
Mais l’argent manqua bientôt et la danseuse fut dans l’obligation de mettre son hôtel en loterie (hôtel qui sera détruit lors des travaux effectués par Haussmann).
Peu après sa retraite, elle se marie en 1789 avec Jean-Étienne Despréaux (1748-1820), danseur et chansonnier.
[modifier] Liens externes
[modifier] Bibliographie
Edmont de Goncourt, La Guimard, d'après les registres des Menus Plaisirs, de la bibliothèque de l'Opéra, Paris, 1893.
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