Matthieu Messagier
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Matthieu Messagier est un poète français, né le 19 juillet 1949 à Colombier-Fontaine, dans le département du Doubs.
[modifier] Biographie
Il est le fils du peintre Jean Messagier, éminent représentant de l'École abstraite de Paris, et de l'artiste céramiste Marcelle Baumann-Messagier. Entre 1954 et 1967, Matthieu Messagier partage son enfance entre le quartier Latin de Paris et le Moulin de ses parents, en Franche-Comté. Il y écrit ses premiers poèmes qui seront rassemblés en 1969 dans sa première anthologie: Œuvres 1954-1969 (Jean-Jacques Pauvert éditeur, 1969). Il y rencontre et fréquente aussi de nombreux artistes amis de son père, comme Hundertwasser. Encouragé par ses parents qui lui procurent liberté matérielle et soutien sans condition, il s'installe en 1966 à Paris dans leur appartement de la rue Pierre et Marie Curie, et se consacre totalement à la poésie. Il entreprend notamment une longue série de "poèmes sans passé" intitulée Les Laines penchées, qui ne sera publié qu'en 1974 aux éditions Seghers. En 1967, il rencontre Michel Bulteau. L'écho rare qu'ils se découvrent l'un l'autre se transforme en une amitié profonde et poétique. Ils commencent à écrire ensemble et tourne la même année un premier film en 8mm, Une Voyelle B, dont la projection en mars 1968, dans un cinéma de la rue Cassette, se fera sous les insultes. L'avènement de Mai 68 le laisse indifférent. Il n'y prendra pas part. Il réalise un autre film avec quelques-uns des futurs poètes électriques: La Direction de l'odeur. En 1970, l'écrivain et éditeur Dominique de Roux, fondateur des Cahiers de l'Herne et cofondateur des éditions Christian Bourgois, lui fait signer son premier contrat pour un "livre à venir". Il paraîtra en 1974 sous le titre de Sanctifié. Dominique de Roux sollicitera souvent Matthieu Messagier, "poète de l'immédiat" selon lui, au sein des publications de l'Herne, et surtout lors de la création de la revue Exil. Toujours en 1970, il fonde avec Michel Bulteau, Electric Press, organe destiné à publier leurs propres livres et ceux de leurs amis, de manière à sceller par le papier leur aventure commune et singulière. Une trentaine de titre seront publiés entre 1970 et le début des années 2000. En compagnie de Michel Bulteau et de seize autres jeunes poètes, dont Jean-Jacques Faussot, Jacques Ferry, Patrick Geoffrois et Thierry Lamarre, il écrit Manifeste Electrique aux paupières de jupes, publié en 1971 aux Editions du Soleil Noir. L'écrivain Alain Jouffroy est un des rares à en souligner l'incandescence originelle dans un articles de cinq pages à la Une de l'hebdomadaire des Lettres Françaises, dirigé par Louis Aragon. Le poète et traducteur Claude Pélieu, ami intime d'Allen Ginsberg et de William S. Burroughs, s'occupe quant à lui de les faire connaître dans les milieux underground américains, notamment à New York. Au fil des années, le Manifeste Electrique aux paupières de jupes ne cesse de rencontrer un écho de plus en plus large auprès de nouvelles générations, tant sur le plan de la radicalité de l'écriture que de l'expérience vécue de la poésie. Il fait ainsi le lien entre certaines pratiques héritées du Surréalisme et la nouveauté formelle apportée par les poètes de la Beat Generation. En 1972, une partie des signataires du Manifeste Electrique se retrouvent aux côtés de Brion Gysin, William S. Burroughs, Carl Weissner, Bob Kaufman... le temps d'un livre-album mêlant poésie, photographies, cut-ups, et inventions graphiques: Parvis à l'écho des Cils (Jean-Jacques Pauvert éditeur). Entre 1972 et 1979, Matthieu Messagier voyage en hobo en Europe. Il se détache de la poésie. Les livres écrits entre 1966 et 1972 paraissent les uns après les autres. Rattrapé par une maladie neuro-musculaire, Matthieu Messagier s'installe définitivement dans son "pays de Trêlles" des contreforts du Doubs. Il en arpente la démesure dans un long poème en prose: Orant (Christian Bourgois, 1990). Ensuite, cet "ermite de l'ardent" voyage en légèreté, écrivant ses poèmes sur du papier à en-tête d'hôtels du monde entier que ses amis lui procurent. De nombreux livres paraissent durant ces années 1980-1990, comme Une Rêverie Objective, Les Chants tenses, Le Dernier des immobiles, dont l'écriture se révèle plus rapide, plus souple, par un rythme jouant de phrases courtes et longues, de discordances de temps, d'adjectifs devenues verbes, verbes devenus sujets... et le sens de plus en plus lumineux, notamment sur le plan de la sonorité des compositions, qui ne sont pas sans rappeler l'effet recherché par certains musiciens de jazz que Messagier affectionne, comme Eric Dolphy par exemple. En 1985, il rencontre le philosophe Louis Ucciani, spécialiste de l'utopiste Charles Fourier, qui lui consacre un premier film: La Question oubliée (Centre international de Création vidéo, 1995). En 1996, il publie XXIII poèmes, tous écrits avec Michel Bulteau. C'est la seconde fois depuis l'époque du Manifeste Electrique. Les deux amis récidivent une troisième fois en 2000 avec une plaquette publiée à l'enseigne Electric Press: Proses bien déprosées. L'émission Metropolis d'Arte lui consacre un court film en 1997 réalisé par Nicola Sornaga. Ce dernier entreprend en 1999 un long métrage sur la poésie, à partir de la vie et l'œuvre de Matthieu Messagier: Le Dernier des Immobiles (MAIA Films/Production Gilles Sandoz, 2002). Ce film, mêlant l'intime au burlesque, soutenu par un montage tout à fait à l'opposé des productions du cinéma contemporain, et loin de toute dramaturgie sur la question de la place du poète dans la société, est accueilli avec enthousiasme par la critique, y compris par certains réalisateurs comme Jean-Paul Fargier ou Jean-Luc Godard, révélant ainsi l'œuvre de Messagier à un plus large public. Les éditions Flammarion réédite en 2000 un ensemble de poèmes devenus introuvables sous le titre de: La Compil. Tandis que l'écrivain Lucas Hees publie en 2005 une vaste anthologie regroupant la plupart des auteurs du Manifeste Electrique: Précis de dynamitage - anthologie électrique 1966-2001 (La Différence, 2005). Forte de plus d'une cinquantaine de livres, dont certains réalisés en collaboration avec des peintres tels que Henri Cueco, Enrico Baj, ou Ramon Alejandro, l'œuvre de Matthieu Messagier s'impose aujourd'hui comme l'une des plus fécondes et des plus importantes de la seconde moitié du XXe siècle. Au printemps 2002, elle a fait l'objet d'une étude significative par l'écrivain Renaud Ego: L'arpent du poème dépasse l'année-lumière (éditions Jean-Michel Place, 2002).