Ministère de la Culture (France)
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Le ministère de la Culture a été créé en France en 1959 par le général de Gaulle, à l'instigation d'André Malraux, sous le nom de ministère des Affaires culturelles. Depuis, de nombreux pays se sont également dotés d'un ministère de la Culture.
Le ministère est situé rue de Valois, à Paris (1er arrondissement), dans une partie du Palais-Royal. Une partie des ses services, jusque-là dispersés dans la capitale, ont été regroupés à proximité en 2004, dans l'immeuble dit « des Bons-Enfants », restructuré par les architectes Francis Soler et Frédéric Druot, rue Saint-Honoré.
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[modifier] Historique
L'intervention de l'État dans le domaine des arts et des lettres a toujours été forte en France. Elle s'est développée durant l'Ancien Régime, avec le mécénat royal, la création du dépôt légal par François Ier, la création des manufactures royales de tapisseries, de la Comédie Française et des Académies sous Louis XIV.
Avec la Révolution, apparaît le souci de sauvegarde du patrimoine, avec le musée des monuments français d'Alexandre Lenoir, et les premiers musées d'arts, avec notamment la création du musée du Louvre. Ludovic Vitet et Prosper Mérimée recensent et protègent le patrimoine bâti avec l'apparition de la notion de monument historique. La Troisième République favorise l'éducation et la diffusion, avec les bibliothèques et les musées et crée la Direction générale des Beaux-Arts du ministère de l'Instruction publique. Le Front populaire introduit l'éducation culturelle et artistique. Jeanne Laurent, sous-directrice du théâtre et de la musique au ministère de l'éducation nationale pendant la Quatrième République favorise la décentralisation théâtrale, avec le Théâtre national populaire, le Festival d'Avignon et les centres dramatiques nationaux.
[modifier] La création du ministère des Affaires culturelles en 1959
En janvier 1947, est créé le Ministère de la Jeunesse, des Arts et Lettres, dirigé par Pierre Bourdan. Mais cette première tentative d'autonomie d'un ministère lié à l'action culturelle ne survit pas au remaniement ministériel du gouvernement Paul Ramadier en octobre de la même année, la direction générale des Arts et Lettres réintégrant le ministère de l'Éducation nationale.
Le Ministère des Affaires culturelles est né en France avec la Cinquième République. André Malraux, soutenu par le général De Gaulle, voulait un nouveau ministère pour l'Art et la Culture. La création, actée le 3 février 1959, d'un ministère dédié permet à De Gaulle, de signifier que le rayonnement mondial de la France devait se faire aussi par la culture.
Le nouveau ministère incluait les services qui dépendaient jusqu'alors de divers ministères : l'Education nationale (Direction Générale des Arts et Lettres, Direction de l'Architecture, Direction des Archives de France), l'Industrie et du Commerce (Centre national de la cinématographie), et les activités culturelles du Haut-Commissariat à la Jeunesse et aux Sports. Plus tard, en 1975, la Direction du livre rassembla également divers services gouvernementaux.
La politique culturelle du Ministère est définie comme un désir de démocratisation de la culture, même si André Malraux n’a jamais employé ce mot. Le décret du 24 juillet 1959 créant le ministère, lui donnait la « mission de rendre accessibles les œuvres capitales de l’humanité, et d’abord de la France, au plus grand nombre possible de Français ». Il s’agissait moins de faire venir tout le monde à la culture, que de permettre à tous ceux qui le désirent, d’y accéder. Les Maisons de la Culture, qui ouvrirent dans plusieurs capitales régionales (Grenoble, Amiens, Bourges...), ainsi que les comités régionaux des affaires culturelles (ancêtres des DRAC) illustrent l'effort de diffusion régionale, axé sur les arts nobles.
L’autre grande caractéristique de la politique malrucienne est son refus des dispositifs pédagogiques. Pour lui, l’action culturelle doit être fondée sur le « choc artistique », qui consiste à croire aux qualités intrinsèques de l’œuvre pour procurer une émotion au public, sans qu’il y ait besoin de médiation. L’éducation populaire est écartée du giron de la culture, alors que l’excellence artistique prime, d’où la mise en place d’un système fort de soutien à la professionnalisation des artistes. Malraux développe peu à peu son ministère, créant en 1961 la Direction du Théâtre, de la musique et des spectacles. En accentuant l'action culturelle de l'État gaulliste, le but était également d'affaiblir l'influence du Parti communiste auprès des artistes.
[modifier] La politique culturelle entre 1969 et 1981
Durant les années post-gaullienne, est apparue peu à peu l’idée d’une politique culturelle qui dépasserait son secteur de prédilection pour une vision plus large, devant conduire la société à se transformer. Les années 1970 voient apparaître un autre concept, celui du « développement culturel », illustré par Jacques Duhamel.
En 1971, Jacques Duhamel, dans la ligne d'une recommandation du VIe plan, crée le « Fonds d'intervention culturelle » (FIC) pour soutenir des initiatives et des expériences originales susceptibles de répondre à des « besoins nouveaux » et dépasser les cloisonnements des administrations de l'État intervenant dans le champ culturel.
Parallèlement, de nouveaux équipements culturels sont lancés. Ils sont plus modestes que les maisons de la culture de Malraux :
- centres d'action culturelle (CAC), lancés en 1967 mais qui se développent réellement à partir de 1969, structures légères axées sur l'animation plutôt que sur la création ;
- centres culturels communaux, qui visent à favoriser la constitution d'un réseau culturel ;
- établissements culturels intégrés (ECI) regroupant divers équipements collectifs dans les domaines social, culturel, scolaire, sportif et socio-éducatif.
Surtout, Georges Pompidou, devenu Président de la République en 1969, lance le projet du Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou, qui sera inauguré en 1977, équipement culturel novateur alliant un musée d'art moderne, un centre de création contemporaine, un institut de recherche musicale et une grande bibliothèque de lecture publique. Il est également à l'origine d'une grande exposition de la scène artistique contemporaine française, organisée par François Mathey au Grand Palais en 1972, et qui suscite la polémique lorsque certains artistes refusent d'y participer en déclarant refuser toute récupération par l'État.
[modifier] L'élargissement du champ culturel
Avec l’arrivée de la gauche aux affaires en 1981, et de Jack Lang rue de Valois, le champ culturel s’est élargi. Les arts majeurs et mineurs ont disparu, les pratiques amateurs sont autant mises en avant que la création et l’économie via l’industrie culturelle est prise davantage en compte. Jack Lang introduit une dimension festive, et des événements nationaux qui existaient peu (Fête de la Musique, Journées nationales du patrimoine...).
Ainsi le décret du 10 mai 1982, relatif à l’organisation du ministère précise : « Le ministère chargé de la culture a pour mission : de permettre à tous les Français de cultiver leur capacité d’inventer et de créer, d’exprimer librement leurs talents et de recevoir la formation artistique de leur choix ; de préserver le patrimoine culturel national, régional ou des divers groupes sociaux pour le profit commun de la collectivité tout entière ; de favoriser la création des œuvres de l’art et de l’esprit et de leur donner la plus vaste audience ; de contribuer au rayonnement de la culture et de l’art français dans le libre dialogue des cultures du monde ».
Jack Lang associe également art et apprentissage, en opposition à l'esprit malrucien. Outre un ministère l'Éducation nationale et de la Culture, qu'il a mené pendant moins d’un an, sous le gouvernement Pierre Bérégovoy, c'est aussi l'époque du développement de l'enseignement du théâtre et du projet Collège au cinéma. Catherine Trautmann ensuite travailla sur l'éducation à l’art et la médiation culturelle.
Depuis 1986, et à l'exception de la période 1993-1995, le ministère de la Culture a toujours été également en charge de la Communication, c'est-à-dire de la politique du gouvernement en direction des médias (presse, audiovisuel et, pour partie, internet). Pour l'exercice de ces attributions, le ministre dispose d'un service du Premier ministre, la direction du développement des médias (DDM – anciennement Service juridique et technique de l'information et de la communication, SJTIC).
[modifier] Dénominations successives
- 1959 Ministère des affaires culturelles
- Janvier 1974 ministère des Affaires culturelles et de l’Environnement
- Juin 1974 secrétariat d’État à la culture
- 1976 ministère de la Culture et de l’Environnement
- 1978 ministère de la Culture et de la Communication
- 1981 ministère de la Culture
- 1986 ministère de la Culture et de la Communication
- 1988 ministère de la Culture, de la Communication, des Grands travaux et du Bicentenaire
- 1991 ministère de la Culture et de la Communication
- 1992 ministère de l’Education nationale et de la Culture
- 1993 Ministère de la Culture et de la Francophonie
- 1995 ministère de la Culture
- 1997 ministère de la Culture et de la Communication
[modifier] Organisation
[modifier] Administration centrale
L'administration centrale du ministère de la Culture et de la Communication est régie par le décret no 2004-822, modifié par le décret no 2006-1453 du 24 novembre 2006. Elle comprend plusieurs services directement rattachés au cabinet, un service d'inspection, l'Inspection générale de l'administration des affaires culturelles, le haut fonctionnaire de défense et le Département de l'information et de la communication.
Elle possède aussi un secrétariat général, six directions propres, trois délégations et le CNC (Centre national de la cinématographie), qui a un double statut. En outre, la direction du développement des médias (DDM), rattachée aux services du Premier ministre, est aussi mise à sa disposition au titre de la communication et des médias.
Le secrétariat général, créé en 2006, coordonne l'activité des différentes directions et délégations et a la charge de tout ce qui est commun aux différents services du ministère, comme la politique de ressources humaines ou le budget. Le secrétaire général a autorité sur la direction de l'administration générale, qui est dirigée par le secrétaire général adjoint. La délégation au développement et aux affaires internationales dépend également du secrétariat général.
Les six directions propres au ministère sont les suivantes :
- Direction de l'administration générale (DAG)
- Direction de l'architecture et du patrimoine (DAPA) en charge de l'architecture et des monuments historiques ; elle gère la Base Mérimée et assure la tutelle du Centre des monuments nationaux
- Direction des archives de France (DAF), qui comprend notamment les Archives nationales
- Direction du livre et de la lecture (DLL), chargée de suivre l'économie du livre et le développement des bibliothèques ;
- Direction de la musique, de la danse, du théâtre et des spectacles (DMDTS), pour tout ce qui concerne le spectacle vivant
- Direction des Musées de France (DMF), responsable de la politique en matière de musées.
Les trois délégations sont :
- Délégation aux arts plastiques (DAP)
- Délégation au développement et aux affaires internationales (DDAI)
- Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF)
Le Centre national de la cinématographie (CNC) présente l'originalité juridique est d'être à la fois une direction de ministère et un établissement public.
[modifier] Services déconcentrés
À l'échelon déconcentré, le ministère de la culture et de la communication dispose :
- dans les régions, des directions régionales des affaires culturelles (DRAC) ;
- dans les départements :
- des services départementaux de l'architecture et du patrimoine (SDAP) ;
- des Archives départementales, qui sont placées sous la double autorité des Conseils généraux et du ministère de la Culture.
[modifier] Liste des différents ministres de la culture
Ministre actuel en poste : Renaud Donnedieu de Vabres
- Article détaillé : Liste des ministres français de la culture
- La liste complète est également disponible sur http://www.culture.gouv.fr/culture/historique/rubriques/liste.htm
[modifier] Voir aussi
[modifier] Bibliographie
- Histoire administrative du Ministère de la culture (1959-2002). - Comité d'histoire du ministère de la Culture ; réd. par Bernard Beaulieu et Michèle Dardy. - Paris : la Documentation française, 2002. ISBN 2-11-005282-1.
- Philippe Poirrier, L'Etat et la culture en France au XXe siècle, Paris, Le Livre de Poche, 2006.
- Philippe Poirrier, Art et pouvoir de 1848 à nos jours, Cndp, 2006.
- Philippe Poirrier, Les politiques culturelles en France, Paris, La Documentation française, 2002.
- Serge Regourd, L'exception culturelle, Paris, Puf, 2004.