Politique monétaire
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
La politique monétaire est l'action par laquelle l'autorité monétaire, en général la banque centrale, agit sur l'offre de monnaie dans le but de remplir les objectifs de la politique économique : la croissance, le plein emploi, la stabilité des prix, et l'équilibre extérieur. La politique monétaire se distingue de la politique budgétaire.
Sommaire |
[modifier] Les objectifs de la politique monétaire
Les conséquences de la politique monétaire sont très larges : elles portent sur le niveau des prix ainsi que sur le niveau d'activité. L'objectif de la politique monétaire est de contribuer à la sauvegarde de la valeur interne et externe de la monnaie nationale, condition nécessaire pour une stabilité des prix. Le contrôle de la société sur l'autorité monétaire s'exprime au travers des objectifs qui sont assignés à sa politique, ainsi que sur le contrôle a posteriori dont elle est l'objet.
[modifier] Les différents types de politique monétaire
[modifier] Fixité des taux de change
La politique monétaire peut avoir pour objectif de maintenir le taux de change de la monnaie nationale avec une monnaie ou un panier de monnaies. La fixité des taux de change peut être obtenu par la banque centrale en vendant ou en achetant des devises au jour le jour pour atteindre le taux objectif. D'une certaine manière, la banque centrale renonce à l'indépendance de sa politique monétaire : elle est soumise au triangle des incompatibilités. La Chine, par exemple, a adopté une politique de maintien de la fixité des changes avec un panier de monnaies.
Le «gold standard», qui consiste à maintenir la parité de la monnaie avec l'or constante, peut être considéré comme un cas particulier de fixité des taux de change. Il n'est plus utilisé par aucun pays depuis 1971.
Le «currency board» est un autre cas particulier de la fixité des taux de change. Dans ce cas extrême, la banque centrale adosse totalement sa monnaie sur une autre monnaie, généralement le dollar ou une autre monnaie considérée comme stable. La banque centrale conserve une unité de la monnaie d'ancrage pour chaque unité de monnaie nationale en circulation : elle ne dispose plus d'aucune latitude pour mener une politique adaptée aux besoins de l'économie nationale. Cette solution permet d'«importer» la crédibilité de la monnaie étrangère : les currency board sont souvent mis en place à la suite d'épisodes d'hyper-inflation. Actuellement, Hong-Kong et la Bulgarie fonctionnent sous ce régime. L'Argentine a abandonné cette politique à la suite d'une crise monétaire en 2002.
[modifier] Ciblage de la croissance des agrégats monétaires
A la suite du développement du monétarisme dans les années 1970, certains pays ont adopté une politique monétaire basée sur un ciblage de la croissance des agrégats monétaires. La masse monétaire, dans une optique monétariste, doit croître au même rythme que le produit national. Si la masse monétaire est sous contrôle, alors l'inflation est stable.
Cette politique a été adoptée par Volker aux États-Unis au début de son mandat, puis a été rapidement abandonnée. Elle est aujourd'hui rarement mise en œuvre : en effet, elle implique mécaniquement une très grande volatilité des taux d'intérêts.
[modifier] Ciblage de l'inflation
Le ciblage de l'inflation est une politique visant à maintenir l'inflation proche d'un objectif. Des bandes explicites de fluctuation de l'inflation peuvent être mises en place par la banque centrale.
Depuis la fin des années 1980, un consensus s'est progressivement mis en place en faveur du ciblage de l'inflation, afin de limiter la croissance alors excessive des prix. Cette politique a été couronnée de succès. A l'heure actuelle, le ciblage de l'inflation est pratiqué plus ou moins explicitement dans la zone Euro, aux États-Unis, en Nouvelle Zélande, en Suède, en Afrique du Sud et en Grande-Bretagne.
L'utilisation du ciblage de l'inflation repose sur deux principaux arguments :
- Selon la nouvelle macroéconomie classique, les bénéfices retirés d'une politique monétaire expansionniste ne sont que transitoires, alors que les conséquences en terme d'inflation sont durables. Par conséquent, il est approprié de mener des politiques monétaires non inflationnistes. Dans la mesure où un engagement du gouvernement en ce sens n'est pas crédible (puisque non irréversible), il est nécessaire que la banque centrale soit indépendante pour contrer les anticipations inflationnistes. Barro et Gordon ont montré dans un article de 1982 l'intérêt de l'indépendance pour l'efficacité des politiques monétaires.
- Dans la mesure où les anticipations jouent un rôle fondamental dans la fixation des prix, il est important que la banque centrale soit crédible dans sa volonté de limiter l'inflation. L'utilisation d'une cible d'inflation permet au public de juger simplement l'efficacité des autorités monétaires. La banque centrale, plus crédible, voit l'efficacité de sa politique renforcée. Ce raisonnement liant règles et crédibilité a été développé par Kydland et Prescott dans un article de 1977.
[modifier] Les outils de la politiques monétaire
On a l'habitude de distinguer quatre niveaux au sein des dispositifs mis en place par les politiques monétaires : les objectifs finals, les objectifs intermédiaires, les indicateurs et les instruments:
- Les objectifs finals (et pas finaux) sont les buts ultimes poursuivis par la politique monétaire (stabilité des prix ou PIB nominal par exemple). La politique monétaire ne peut viser directement ces objectifs car les banques centrales n'ont qu'un contrôle très indirect de ces grandeurs économiques, qui réagissent avec des décalages assez longs et variables aux impulsions de la politique monétaire, et ne sont observées qu'avec un retard important et une périodicité assez espacée.
- Les objectifs intermédiaires, comme les agrégats de la monnaie ou les taux de change, sont donc mis en place. Ces cibles intermédiaires n'ont pas de valeur en elles-mêmes, si ce n'est leur corrélation avec les buts finals avec lesquels elles entretiennent une relation causale. Elles sont mieux contrôlables et plus rapidement observées que les objectifs ultimes.
- Les indicateurs avancés sont des variables économiques qui fournissent à la banque centrale de l'information sur l'état de l'économie (typiquement : les pressions ou les anticipations inflationnistes ou bien l'orientation effective de la politique monétaire, le degré de son caractère expansif ou restrictif).
- Les instruments, parfois appelés «objectifs opérationnels», sont des variables qui sont directement sous le contrôle de la banque centrale. Le choix des instruments et les règles définies pour les manipuler déterminent la politique monétaire au jour le jour. Il existe deux principaux moyens d'action pour la banque centrale :
- L'action par la liquidité bancaire, par laquelle la banque centrale agit sur les banques de second rang en les rendant plus ou moins liquides. La banque centrale joue sur la liquidité en alimentant plus ou moins les banques de second rang en monnaie, et en modifiant le taux des réserves obligatoires.
- L'action par les taux, où la banque centrale joue sur les trois taux directeurs qu'elle contrôle (taux de facilité de prêt marginal, taux de facilité de dépôt, taux des opérations d'open market). Les variations de ces taux modifient le comportement des banques de second rang.
La plupart des banques centrales choisissent le taux d'intérêt à court terme comme instrument. C'est le seul taux qu'une banque centrale peut effectivement contrôler de manière précise. En effet, les actifs de très court terme sont très proches de la monnaie (liquidité), et la banque centrale a un monopole pour l'émission de monnaie. En contrôlant les taux d'intérêt à court terme, la banque centrale a une forte influence sur l'offre de liquidité. En revanche, au fur et à mesure que la maturité augmente, les taux incorporent les anticipations du marché et échappent ainsi au contrôle de la banque centrale.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Liens internes
[modifier] Liens externes
![]() |
Portail de l'économie – Accédez aux articles de Wikipédia concernant l'économie. |