Roland Toutain
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Roland Albert Toutain, cascadeur, acteur et auteur de chansons, né le 18 octobre 1905 à Paris, décédé d'un cancer le 16 octobre 1977 à Argenteuil (Val-d'Oise). Archétype de l'acteur bondissant et casse-cou, il incarna notamment Rouletabille dans "Le Mystère de la chambre jaune" et "Le parfum de la dame en noir", de Marcel L'Herbier, et l'aviateur André Jurieux dans La Règle du jeu, de Jean Renoir.
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[modifier] L'as des as
Roland Toutain est le fils d'un normand, éleveur de chevaux, et d’une artiste corse, réputée intrépide. Alors qu'il n'a que deux ans, son père ne trouve rien de mieux que de le jeter dans le lac du Vésinet, pensant qu'il va se mettre à nager naturellement... En pension à l'école des Pères de Notre-Dame, à Boulogne, il en sort plus souvent en sautant le mur que par la porte.
Son père meurt lors qu'il a douze ans. Voué dès son plus jeune âge aux acrobaties et cabrioles, l'adolescent se distingue en escaladant la Tour Eiffel, en faisant le funambule dans les carrières d’Argenteuil, en grimpant sur le toit des voitures et des trains. Il passe une bonne partie de sa jeunesse sur les terrains d'aviation. En 1925, sa notoriété de cascadeur aérien n'est plus à faire.
Le cinéma l'attire : Roland Toutain, qui admire l'acteur Douglas Fairbanks, rencontre Marcel L'Herbier, qui lui faire des figurations dans quelques films sans grand intérêt pour lui. En 1930, après une audition très disputée, Roland Toutain emporte le rôle qui va le rendre célèbre, avec le personnage de Rouletabille dans "Le Mystère de la chambre jaune", et sa suite "Le Parfum de la dame en noir", adaptation des romans de Gaston Leroux réalisée par Marcel L'Herbier. Le succès est au rendez-vous : il reprendra à plusieurs reprises le rôle du célèbre journaliste, s'inscrivant durablement dans les mémoires des spectateurs.
Il est alors l'ami d'écrivains et d'aventuriers célèbres (Joseph Kessel, Jean Mermoz, etc.). Juste retour des choses, il campe l'aviateur André Jurieux dans "La Règle du jeu", de Jean Renoir (1939). Il incarne ensuite Scapin dans "Le capitaine Fracasse", d'Abel Gance (1942). En 1943, il tient le rôle d'un garagiste dans le succès de l'année, "L'Éternel Retour", de Jean Delannoy, puis celui de Cabrion, dans "Les mystères de Paris” de Jacques de Baroncelli.
Séducteur, sportif, charmeur, Roland Toutain joue ses rôles avec un certain dilettantisme, ce qui le rend encore plus attachant. On le voit pourtant sauter d'un train en marche dans une rivière, exécuter des exercices périlleux au trapèze sous un avion... Il initie également Jean Marais à la cascade.
[modifier] Nature généreuse
En 1949, il fonde le "club des Casse-cou", réunissant les spécialistes du moment, dont Gil Delamare, autre cascadeur célèbre, qui se tuera en 1966 lors du tournage du film "Le Saint Prend l'Affût". En 1951, suite à un enième accident, Roland Toutain est amputé d'une jambe. Il se retire alors des plateaux, signant toutefois son départ avec deux dernières cascades : dans son dernier film, "L'inspecteur aime la bagarre", il passe d'une vedette à un hélicoptère par une échelle de corde, puis se retrouve suspendu par les mains à une jetée, à 60 m au-dessus de la mer...
Ce "risque-tout" inguérissable consacre alors son temps libre et son nature généreuse aux activités de "La roue tourne", association dédiée aux comédiens nécessiteux. Il habite avec sa mère à Argenteuil, au 40 avenue d’Orgemont, continue à rouler en Cadillac, reçoit les gamins du quartier...
Il aura vécu sa vie intensément, sans jamais s'arrêter : marié et divorcé trois fois, accidenté des dizaines de fois, ruiné à la fin de sa vie. A sa mort, Jean Marais, resté son fidèle ami, organise ses obsèques. Roland Toutain est inhumé au cimetière d'Argenteuil.
[modifier] Anecdotes
- En septembre 1928, lors d'un meeting aérien au "Champ-Roland", à Hirson, Roland Toutain et Maryse Hilsz, suspendus par les pieds sous la carlingue d'un avion, décrochent des fanions tendus par terre.
- Habitué des meetings aériens de Vincennes, il apparaît suspendu par les pieds à un trapèze sous un avion en vol.
- En 1950, près de Rouen, lors d'un meeting aérien au lieu-dit "La Madrillet", le "clown de l'air" est perché sur un Storch, équipé d'une grosse cloche sur chaque aile. Il réussit à les faire sonner, pour le plus grand bonheur des spectateurs.
- Le champion de boxe Al Brown, vainqueur de Young Perez pour la couronne mondiale, catégorie poids coq, en 1934, était son inséparable ami. Avec lui, Roland Toutain était un habitué des boîtes de nuit de Montmartre, dont "La Cabane Cubaine", qu'ils quittaient seulement au petit matin.
[modifier] Chansons
Roland Toutain a composé plusieurs chansons, dont celles du film "Capitaine Ardant", d'André Zwobada, mais aussi "Je suis fauché", "Allumez la lune", "La femme de mes rêves", etc.
[modifier] Famille
Roland Toutain a été marié et il a divorcé trois fois. Avec l'une de ses compagnes de jeunesse, Odette Calais, il a eu un fils, le comédien Jacques Maire, qu'il n'a jamais reconnu, malgré l'insistance et l'intermédiation de Jean Marais.
[modifier] Citations
- Dans la préface de l'autobiographie de Roland Toutain, Jean Cocteau évoque « l’être le plus désintéressé, le plus léger, le plus libre, le plus charmant de notre époque de disputes. [...] J'imagine mal une chose de toi qui n'aurait ni ailes, ni roues, ni rien de ce qui arrache l'homme à cette colle de la terre ».
- Joseph Kessel : « Je ne pense pas qu'un autre garçon -et nulle part au monde- ait distribué, dilapidé avec autant de cœur, de fraîcheur, de talent et de simplicité, tant d'amusement, de joie et de jeunesse pour ses contemporains. »
- Roland Toutain : « A l'écran, je ne joue pas, je m'amuse à jouer. C'est le secret de ma réussite. »
[modifier] Bibliographie
- "Les quatre cents coups", livre de souvenirs autobiographiques (1951). Editions Amiot Dumont, Le livre contemporain.
[modifier] Filmographie
- 1930 Amours viennoises, de (Jean Choux et Robert Land
- 1930 Dranem au dancing, ou "Bonsoir M'sieurs dames", de Jean Choux
- 1930 Le mystère de la chambre jaune, de Marcel L'Herbier
- 1930 Le parfum de la dame en noir, de Marcel L'Herbier
- 1931 Blanc comme neige, de Francis A. Elias, Camille Lemoine et Jean Choux
- 1931 La femme de mes rêves, de Jean Bertin
- 1931 Prisonnier de mon cœur, de Jean Tarride
- 1932 La bonne aventure, d'Henri Diamant-Berger
- 1932 Rouletabille aviateur, d'István Székely
- 1933 C'était un musicien, de Friedrich Zelnik et Maurice Gleize
- 1933 Liliom, de Fritz Lang
- 1933 Miquette et sa mère, d'Henri Diamant-Berger, D.B. Maurice et Henri Rollan
- 1934 Cessez le feu, de Jacques de Baroncelli
- 1935 Les beaux jours, de Marc Allégret
- 1935 L'équipage, d'Anatole Litvak
- 1935 Haut comme trois pommes de Ladislao Vajda et Pierre Ramelot
- 1935 Veille d'armes, de Marcel L'Herbier
- 1936 Jenny, de Marcel Carné
- 1936 La porte du large, de Marcel L'Herbier
- 1936 Trois, six, neuf, de Raymond Rouleau
- 1937 Le mensonge de Nina Petrovna, de Victor Tourjansky
- 1937 Prince de mon cœur, de Jacques Daniel-Norman
- 1937 Trois artilleurs au pensionnat, de René Pujol
- 1937 Un scandale aux Galeries, de René Sti
- 1937 Yoshiwara, de Max Ophüls
- 1938 Barnabé, d'Alexandre Esway
- 1938 Trois artilleurs à l'opéra, d'André Chotin
- 1938 Trois artilleurs en vadrouille, de René Pujol
- 1938 Trois de Saint-Cyr, de Jean-Paul Paulin
- 1939 Cas de conscience, de Walter Kapps
- 1939 Le chemin de l'honneur, de Jean-Paul Paulin
- 1939 Macao, l'enfer du jeu, de Jean Delannoy
- 1939 Le paradis des voleurs, de L. C. Marsoudet
- 1939 La Règle du jeu, de Jean Renoir
- 1940 Documents secrets, de Léo Joannon
- 1940 Faut ce qu'il faut, ou 'Monsieur Bibi', de René Pujol
- 1940 L'irrésistible rebelle, de Jean-Paul Le Chanois
- 1942 Le Capitaine Fracasse, d'Abel Gance
- 1942 Forte tête, de Léon Mathot
- 1942 La vie de bohème, de Marcel L'Herbier
- 1943 L'aventure est au coin de la rue, de Jacques Daniel-Norman
- 1943 L'Eternel Retour, de Jean Delannoy
- 1943 Les mystères de Paris, de Jacques de Baroncelli
- 1945 Nous ne sommes pas mariés, de Bernard-Roland
- 1947 Halte, Police !, de Jacques Séverac
- 1948 Hans le marin, de François Villiers
- 1949 Un certain monsieur, d'Yves Ciampi
- 1950 Dakota 308, de Jacques Daniel-Norman
- 1951 Capitaine Ardant, d'André Zwobada
- 1953 Sidi-Bel-Abbès, de Jean Alden-Delos
- 1953 Stock-car ("A tout casser !"), de Jacques Dupont
- 1956 L'inspecteur aime la bagarre, de Jean Devaivre
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