Science-fiction de langue allemande
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Catégorie:science-fiction |
Cet article traite de la science-fiction de langue allemande. Il regroupe des créations littéraires ou cinématographiques de langue originale allemande appartenant au genre de la science-fiction.
[modifier] Considérations linguistiques
La langue allemande contemporaine reprend directement le terme anglo-saxon Science Fiction - en lui ajoutant simplement les majuscules qui caractérisent les substantifs allemands -, et conserve sa prononciation d'origine : [ˌsaɪənsˈfɪkʃn̩]. Le mot Science Fiction est abrégé de différentes manières : SF, Sci-Fi ou SciFi. Ces différentes abréviations peuvent cependant être connotées : tandis que SF semble renvoyer au genre général de la science-fiction, Sci-Fi appraît davantage dépréciatif, caractérisant une littérature commerciale de piètre qualité.
Le terme contemporain de Science Fiction s'est imposé à partir des années 1950 avec l'arrivée de la littérature anglo-saxonne éponyme sur le territoire allemand. Auparavant, on parlait de Zukunftsroman (roman d'anticipation), de utopischer Roman(roman utopique), de utopisch-technischer Roman (roman technique utopique) ou de wissenschaftlich-phantastischer Roman (roman fantastique scientifique).[1] Si le terme de Zukunftsliteratur marque historiquement les débuts de la science-fiction moderne, il encore utilisé aujourd'hui pour décrire la part de la science-fiction qui s'oriente directement vers l'anticipation sociale ou scientifique.
Entre 1949 et 1990, en République démocratique allemande, le terme en vigueur pour décrire ce genre littéraire était wissenschaftliche Phantastik (« fantastique scientifique »), un vocable directement traduit de l'expression russe Научная фантастика.
[modifier] Présentation de la science-fiction germanophone
L'écrivain et anthologiste Daniel Walther, spécialiste de la littérature d'anticipation allemande, présente ainsi les deux caractéristiques de la science-fiction germanophone en 1977[2] :
- la littérature de science-fiction allemande a donné à la littérature européenne quelques-unes de ses œuvres les plus remarquables dans sa première période (1870-1933), mais son apport dans sa forme moderne est médiocre ;
- la science-fiction allemande vaut plus pour ses romans que pour ses nouvelles, faute de revues professionnelles spécialisées ;
- il n'y a jamais eu d'école de science-fiction allemande.
[modifier] Histoire du genre
[modifier] Littérature
[modifier] Proto-science-fiction
En 1634 paraît de manière posthume Somnium, un ouvrage étonnant écrit par l'astronome allemand Johannes Kepler. Le récit prend le prétexte d'un voyage imaginaire de la Terre à la Lune pour vulgariser les nouvelles idées du savant sur la cosmologie. Si le récit est sans doute le premier texte apparenté à de la science-fiction écrit par un Allemand, il fut cependant rédigé en latin. Sa première paraphrase allemande, Traum von Mond (Rêve de Lune) est écrite par Ludwig Gunther en 1870, une époque où l'Europe voit naître ses premiers grands récits d'anticipation scientifique.
Au XVIIIe siècle, en 1744, Eberhard Christian Kindermann imagine un voyage sur Mars dans Die geschwinde Reise auf dem Lufft-Schiff nach der Oberen Welt, welche jüngsthin fünf Personen angestellet [...] (Le Voyage rapide dans le monde supérieur effectué tout récemment par cinq personnes à bord d'un aérostat) dans ce qui peut être considéré comme le premier véritable texte de science-fiction de langue allemande, avec une attention toute particulière portée aux aspects techniques et scientifiques du récit.
[modifier] Romantisme allemand et fantastique
Si le roman gothique anglais inspire au romantisme allemand son orientation sombre et mystérieuse, avec un mélange de spiritualité, d'angoisse et de merveilleux - c'est le courant qui donnera naissance au célèbre Frankenstein (1818) de Mary Shelley -, le romantisme allemand ancre ses thématiques dans un univers philosophique où la pensée scientifique naissante n'occupe pas encore la place centrale qu'exige le genre de la science-fiction. Rejetant le rationalisme cartésien et kantien, les auteurs romantiques privilégient une approche magique et spirituelle du monde et de la réalité. Ils délaissent la lumière de la raison prônée par les philosophes rationalistes pour se tourner vers le clair-obscur où la raison entre en concurrence directe avec l'intuition. L'espace littéraire qui s'ouvre alors s'apparente davantage au fantastique qu'à la science-fiction, même si certais thèmes abordés sont proches d'un genre encore à venir. Certains des Nachtstücke (Contes noctures) (1817-1820) de l'écrivain allemand E.T.A. Hoffmann (1776-1822), par exemple, évoquent des thèmes propes à la science-fiction, mais les traitent de manière plutôt fantastique, rejetant toute explication purement rationnelle aux phénomènes décrits.[3]
[modifier] Révolution industrielle et République de Weimar 1878-1933
La science-fiction ne pouvait connaître sa forme moderne qu'avec une revalorisation de la pensée rationnelle et technique comme levier direct du progrès des sociétés humaines. Ce sont les révolutions industrielles de la seconde moitié du XIXe qui apportent ce changement notable. Corollaire inévitable du progrès technique érigé en garant du progrès social, l'apparition d'un nouvel archétype romanesque prend toute sa place aux côtés des autres grandes figures littéraires classiques : l'ingénieur.
C'est en 1878, alors qu'en France Jules Verne arrive au sommet de sa production littéraire, que naît la science-fiction allemande moderne avec les premières nouvelles de Kurd Laßwitz (1848-1910), un auteur de formation classique, doublé d'un enseignant et d'un savant. Ses romans se distinguent par leur didactisme et leur engagement politique, avec des portraits précis et souvent critiques de la société allemande de l'époque.[4] La production littéraire relativement limitée de Kurd Laßwitz culmine avec un roman-fleuve publié en 1897 : Die zwei Planeten (Les Deux Planètes), un roman exactement contemporain de L'Homme invisible de l'auteur britannique Herbert George Wells. Ce roman est considéré par certains critiques allemands comme l'un des meilleurs romans de science-fiction de langue allemande. Entre sa date de parution et le IIIe Reich, période pendant laquelle il fut interdit, Auf zwei Planeten fut vendu à 70.000 exemplaires, un tirage impressionnant pour l'époque.[5] Considéré outre-Rhin comme le père-fondateur de la science-fiction allemande moderne, l'auteur donnera son nom au Prix Kurd-Laßwitz, un prix créé en 1980 pour récompenser les meilleures œuvres de science-fiction allemandes sur le modèle du Prix Nebula américain. Kurd Laßwitz publie son dernier roman en 1909.
Contemporain de Kurd Laßwitz, mais beaucoup moins célèbre, Paul Scheerbart (1863-1915), un utopiste fantasque et anarchiste, antimilitariste fantaisiste qui publie des romans d'anticipation où la part littéraire de l'écriture l'emporte sur l'aspect technique propre au genre moderne. On peut citer de sa plume, le roman Lesabèndio. Ein Asteroïden Roman (Lesabendio. Un roman d'astéroïdes), paru en 1913. Quelques années plus tard, Bernhard Kellermann (1879-1952) connaît un énorme succès éditorial avec son roman d'anticipation intitulé Le Tunnel (Der Tunnel), paru également en 1913. Au cours de son récit, il imagine les conséquences historiques et sociales d'un tunnel qui traverserait l'Atlantique et relierait l'Europe et l'Amérique. Les années 1920 et 1930 sont également marquées en Allemagne par les premiers essais de fusée et la création d'un club aérospatial à Berlin-Tegel, le Verein für Raumschiffahrt. Cet engoûment pour les fusées donne naissance à un courant littéraire dénommé Weltraumbewegung (Le mouvement pour l'espace), illustré par un auteur comme Otto Willi Gail (1896-1956) qui focalise son œuvre sur la thématique du voyage spatial et de l'utopie à des fins éducatives.
[modifier] Science-fiction et nazisme 1933-1945
Héritier et successeur direct de Kurd Laßwitz, second fondateur légendaire de la science-fiction moderne allemande, Hans Dominik (1872-1945) est considéré outre-Rhin comme le « Jules Vernes » allemand. Hans Dominik fut un élève de Kurd Laßwitz pendant ses études secondaires et se tourne rapidement vers l'ingénierie et le journalisme scientifique, faisant profiter ses lecteurs de ses talents de vulgarisateur. Il fait deux séjours aux États-Unis qui nourriront toute son œuvre. Fidèle aux archétypes littéraires de son époque, il met généralement en scène un ingénieur allemand qui doit protéger sa dernière invention de la convoitise de puissances étrangères. Son premier roman, Die Macht der drei (La Puissance des trois) paraît pendant la République de Weimar en 1921 et sa production littéraire se poursuivra jusqu'en 1940, alternant entre ouvrages de vulgarisation technique et romans d'anticipation. Hans Dominik fait également écho dans ses romans aux courants de pensée populistes et nationalistes qui étaient en vogue à cette époque en Allemagne dans les années 1920, avec une tendance à opposer en bloc les individus de type nordique au reste du monde et à faire du Destin l'instrument privilégié de la suprématie occidentale. À la même époque, Paul Eugen Sieg (1899-1950) et Rudolf Heinrich Daumann (1896-1957) publient des romans d'anticipation qui reprennent les schémas narratifs établis par Hans Dominik.
Globalement, la période nazie est marquée par une forte censure qui frappe aussi bien la science-fiction allemande (censure de Kurd Laßwitz, trop pacifiste) que la science-fiction étrangère. Cette censure provoque une forme d'isolement littéraire qui touche également le genre de la science-fiction. Cette période de censure et de terrorisme intellectuel provoque également une vague d'émigration qui touche le monde naissant de la science-fiction allemande avec, par exemple, la fuite aux États-Unis de l'écrivain Curt Siodmak - qui deviendra scénariste pour les studios d'Hollywood - et du cinéaste Fritz Lang qui s'était distingué par son célèbre film d'anticipation dystopique Metropolis.
[modifier] Science-fiction ouest-allemande 1949-1990
Après la séparation de l'Allemagne en deux territoires distincts (RFA et RDA) en 1949, la science-fiction germanophone peine à trouver son identité propre face au déferlement des auteurs anglo-saxons qui sont pourtant traduits de manière parfois très approximative, tandis que les grands classiques comme Kurd Laßwitz, Hans Dominik ou Paul Eugen Sieg sont réédités avec certains aménagements (suppression de paragraphes litigieux ou réduction de la longueur des ouvrages). C'est à cette époque que le terme allemand de Zukunftsroman (« roman d'anticipation ») laisse peu à peu la place au terme anglo-saxon de science-fiction. En 1949, les frères Weiss fondent une nouvelle collection intitulée Die Welt von Morgen (Le Monde de demain) et publient les tout premiers romans de Robert Heinlein et Arthur C. Clarke en traduction allemande. L'époque est également marquée par une large diffusion des Heftromane (romans vendus en fascicules), des publications à moindre coût qui voient naître des séries populaires comme Fox, der Weltraumpirat (Fox, le pirate de l'espace) à partir de 1952.[6]
Lorsque Walter Ernsting, traducteur pour les éditions Pabel Verlag, envoie ses manuscrits, il choisit un pseudonyme à consonnance anglo-saxonne, Clark Darlton et se place ainsi directement dans la lignée de la production américaine de l'époque, rompant avec une tradition allemande du roman d'anticipation d'avant-guerre. En 1955 en littérature, alors qu'aux États-Unis Philip K. Dick publie son premier roman, Walter Ernstig publie UFO am Nachthimmel (Un OVNI dans le ciel de la nuit) et crée à Francfort-sur-le-Main le Club allemand de science-fiction, une association destinée à encourager les jeunes auteurs allemands.
Mais le coup de génie de Walter Ernsting se produit en 1961, lorsqu'il crée avec Karl-Herbert Scheer une série de romans en fascicules bon marché qui connaîtra un énorme succès populaire, la série des Perry Rhodan. Le tirage de cette série atteindra les 200 000 exemplaires par semaine au milieu des années 1970.[7] La même année, Herbert W. Franke, d'origine autrichienne, débute sa carrière littéraire dans le genre de la science-fiction avec son premier roman, Das Gedankennetz (Le Réseau de pensées, 1961). Herbert W. Franke dominera la production littéraire germanophone des années 1970 et 1980, bientôt rejoint par des auteurs de premier ordre comme Carl Amery (à partir de 1974) ou Wolfgang Jeschke (à partir de 1983).
Du côté de l'édition, les collections spécialisées sont peu à peu dirigées par des écrivains de science-fiction rénommés qui font paraître en traduction le meilleur de la production anglo-saxonne et s'efforcent de promouvoir des œuvres originales de langue allemande. Ainsi, Herbert W. Franke est directeur de collection chez Goldmann, Wolfgang Jeschke dirige jusqu'en 2002 les SF-Reihen des éditions Heyne et Hans Joachim Alpers effectue un travail similaire aux éditions Droener-Knaur et Moewig. En 1980, le Club allemand de science-fiction crée le Prix allemand de science-fiction, un prix littéraire doté, exclusivement réservé aux productions allemandes relevant du genre de la science-fiction, destiné à dynamiser la création littéraire du pays et encourager les jeunes auteurs. Les années 1980 sont également marquées par l'apparition d'une pléthore de collections spécialisées dans le domaine de la science-fiction qui font de l'Allemagne de cette époque le pays où paraissent le plus de roman de SF en Europe.[8], mais cette politique commerciale excessive entraînera un épuisement du marché dans les années 1990.
Comme dans toute l'Europe, le ton des romans d'anticipation d'Allemagne de l'Ouest laisse lentement la place à une certaine désillusion. Le progrès scientifique et technique est désormais considéré avec une méfiance certaine et les auteurs allemands se tournent peu à peu vers le genre de la dystopie, assimilant les progrès techniques à une forme avancée de limitation des libertés individuelles. Le thème de l'uchronie prend également une teinte toute particulière dans un pays qui, par deux fois, a déclenché des guerres désastreuses pour l'Europe du XXe siècle. Du point de vue du rayonnement international - la série Perry Rhodan exceptée - , la science-fiction allemande a bien du mal à sortir de ses frontières et le Prix allemand de science-fiction ne réussit pas à jouer le rôle moteur que peuvent avoir les prix équivalents aux États-Unis.
[modifier] Science-fiction et communisme 1949-1990
Après la création de la République démocratique allemande en 1949, la littérature de science-fiction d'inspiration socialiste, appelée wissenschaftlich-phantastische Literatur (« littérature fantastique scientifique ») ou bien utopische Literatur (« littérature utopique »), se développe de manière autonome, même si ses grands modèles restent les œuvres de Kurd Laßwitz et de Hans Dominik. Pour l'État socialiste, la Science Fiction est un mot à proscrire, car il renvoie immanquablement à un épiphénomène de la littérature américaine, anti-humaniste et impérialiste. Du point de vue socialiste, la seule légitimation possible de la littérature d'anticipation est l'utopie, ce concept socio-historique qui est à la fois le fondement et l'aboutissement du travail de transformation sociale qui s'opère politiquement dans les pays communistes de l'Est.
Pour cette raison, les années 1950 et 1960 voient naître une littérature utopique socialiste de langue allemande assez uniforme quant à ses thèmes, présentant souvent un communisme victorieux qui a définitivement aboli la faim et la maladie, l'argent et le crime. Dans ces visions idéologiques du futur, les citoyens travaillent à la mode socialiste : « Chacun selon ses capacités, chacun selon ses besoins. »[9] Le ton optimiste et le monde harmonieux de cette littérature est-allemande tranche alors sévèrement avec le ton plus sombre et dissonnant de l'anticipation ouest-allemande. L'optimisme des auteurs de l'époque est bien sûr encouragé par un système de censure étatique et une forme d'auto-censure idéologique.[10]
Certains observateurs est-allemands de science-fiction découpent l'ère socialiste en quatre périodes. Dans les années 1950, la littérature de science-fiction de l'Est est marquée par le roman ouvrier et la guerre froide. Après la réussite du lancement du Spoutnik et la première sortie dans l'espace de Youri Gagarine, la mode des années 1960 est aux aventures spatiales. Dans les années 1970, la littérature de science-fiction est-allemande gagne en profondeur philosophique et commence à exprimer un point de vue plus critique sur la société. Enfin, les années 1980 marquent la fin du rêve utopique socialiste.
Les auteurs est-allemands les plus célèbres de cette époque furent Rainer Fuhrmann (1940-1991), Gert Prokop (1932-1994), Michael Szameit (1950), Karl-Heinz Tuschel (1928-2005) ou Angela (1941) et Karlheinz Steinmüller (1950), dont le roman utopique Andymon (1982) compte parmi les romans les plus populaires de RDA à cette époque. Du point de vue éditorial, l'un des personnages-clés du monde de l'édition en RDA fut sans doute Erik Simon (1950) qui fut à la fois un écrivain, un traducteur, un théoricien et un important éditeur de science-fiction. Il traduisit de nombreux textes de science-fiction d'URSS, de Bulgarie ou des pays anglo-saxons et contribua aux recherches théoriques faites sur le genre en RDA.
[modifier] Renouveau de la SF allemande après la réunification
Les années 1990 se distinguent à la fois par une nouvelle orientation de la politique éditoriale dans le domaine de la science-fiction et par le renouveau du genre grâce à l'apparition d'une jeune génération d'auteurs nés après la Seconde Guerre mondiale.
Dans le monde de l'édition, cette période est marquée par la republication des classiques du genre, tels ceux de Kurd Laßwitz et de Hans Dominik dans une version originale non expurgée. Ainsi, le roman-fleuve du premier, Auf zwei Planeten, est réédité pour la première fois en 1998 dans sa version intégrale[11], tandis que les romans du second sont publiés en version intégrale chez Heyne à partir de l'année 1997.
Parmi les jeunes auteurs allemands acclamés par la critique et bardés de prix spécialisés, on peut citer Andreas Eschbach, Michael Marrak, Marcus Hammerschmitt ou Frank Schätzing, même si ce dernier est plus éclectique. C'est le premier roman d'Andreas Eschbach, Des milliards de tapis de cheveux, paru outre-Rhin en 1996 (en 1999 en France), qui ouvre la voie à cette nouvelle génération d'écrivains. Il est bientôt rejoint par Michael Marrak, avec Lord Gamma (2000), un roman très remarqué par la critique, et par Frank Schätzing, avec Der Schwarm (2004), un thriller à l'américaine qui valut à son auteur une étonnante première place sur les listes officielles des meilleures ventes de l'année 2005, tous domaines confondus. Ces succès sont d'autant plus remarquables que les années 2000 sont également marquées par un net regain d'intérêt du public et des éditeurs pour la fantasy (un renouveau confirmé auprès du grand public par le succès mondial des Harry Potter de J. K. Rowling et de la dernière version filmée du Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien).
Après la réunification, les auteurs d'ex-RDA ont en revanche beaucoup plus de mal à vivre de leur plume à cause de l'effondrement du marché du livre de science-fiction est-allemande et de leur arrivée dans une conjoncture concurrentielle difficile. Michael Szameit publie par exemple Copyworld en 1999, un roman écrit à l'origine sous le régime socialiste en 1989, mais dont le manuscrit était, aux dires de l'auteur, resté caché dans un grenier pour le protéger des fouilles inopinées de la Stasi.[12] D'autres, comme Angela et Karlheinz Steinmüller, continuent de publier des romans d'anticipation et tentent de mieux faire comprendre ce qu'était la science-fiction est-allemande avec des ouvrages historiques et critiques sur la période socialiste.
[modifier] De la littérature générale à la science-fiction
S'ils n'ont pas toujours marqué l'histoire de la science-fiction, certains écrivains de littérature générale ont fait quelques incursions remarquables dans le domaine de la science-fiction par le biais de l'utopie, de la dystopie ou de l'uchronie. On peut citer notamment :
- Alfred Döblin, Berge, Meere und Giganten (Montagnes, mers et géants), 1924 ;
- Franz Werfel, Stern der Ungeborenen (L'Étoile de ceux qui ne sont pas nés), 1946 posthume ;
- Ernst Jünger, Gläserne Bienen (Abeilles de verre), 1947, Heliopolis, 1949 ;
- Walter Jens, Nein. Die Welt der Angeklagten, 1950 ;
- Otto Basil, Wenn das der Führer wüsste (Si le Führer le savait...), 1966 ;
- Gudrun Pausewang, Die Wolke (Le Nuage), 1987.
[modifier] Cinéma
[modifier] Films allemands (sélection)
- 1923 : Metropolis, film muet de Fritz Lang ;
- 1929 : Frau im Mond, film muet de Fritz Lang (Une femme sur la Lune) ;
- 1932 : F.P. 1 antwortet nicht, film de Karl Hartl sur un scénario de Curt Siodmak (F.P.1 ne répond plus) ;
- 1973 : Welt am Draht (Le Monde sur le fil), film en deux parties de Rainer Werner Fassbinder, d'après le roman The Thirteenth Floor de Daniel F. Galouye ;
- 1989 : Moon 44, film de Roland Emmerich ;
- 1990 : Der achte Tag, film de Reinhardt Münster (Le Huitième Jour) ;
- 2002 : Traumschiff Surprise, film de Michael Bully Herbig, parodie de la série américaine Star Trek (Star Shreck) ;
- 2002 : Das Jesus Video, téléfilm en deux parties de Sebastian Niemann, d'après le roman éponyme de Andreas Eschbach (Jésus video).
[modifier] Films est-allemands (sélection)
La République démocratique allemande disposait des studios de Potsdam-Babelsberg gérés par la Deutsche Film AG, abrégé en DEFA. La grande période de la science-fiction cinématographique est-allemande se situe entre les années 1960 et 1970. Après cette période, la DEFA ne produit plus de films notables. Les films de science-fiction les plus marquants de l'histoire du régime socialiste sont[13] :
- 1960 : Der schweigende Stern de Kurt Maetzig (L'Étoile du silence) ;
- 1970 : Signale. Ein Weltraumabenteuer de Gottfried Kolditz (Signaux. Une aventure dans l'espace) ;
- 1972 : Eolomea de Hermann Zschoche (Eolemea) ;
- 1976 : Im Staub der Sterne de Gottfried Kolditz (Dans la poussière des étoiles).
[modifier] Films américains réalisés par des Allemands (sélection)
Le réalisateur allemand de science-fiction qui a le mieux réussi à l'étranger est sans aucun doute Roland Emmerich, né à Stuttgart en 1955. C'est son film Moon 44 (1989), tourné dans le sud de l'Allemagne, qui lui permit d'entamer une nouvelle carrière aux États-Unis. Sa filmographie de science-fiction comprend :
- 1992 : Universal Soldier ;
- 1994 : Stargate, la porte des étoiles (Stargate) ;
- 1996 : Independence Day ;
- 1998 : Godzilla ;
- 2004 : Le Jour d'après (The Day After Tomorrow).
[modifier] Séries télévisées
- 1966 : Raumpatrouille - Die phantastischen Abenteuer des Raumschiffes Orion est la toute première série télévisée de science-fiction allemande. Réalisée aux studios Bavaria et diffusée pour la première fois en 1966 sur la première chaîne de télévision allemande ARD, cette série en noir et blanc compte sept épisodes de soixante minutes chacun et devint rapidement une série culte outre-Rhin. Elle fut rediffusée une vingtaine de fois jusqu'en 1999 sur toutes les chaînes germanophones publiques ou privées, nationales ou régionales. La série fut diffusée dès 1967 sur la chaîne ORTF avec pour titre Commando spatial - La fantastique aventure du vaisseau Orion. Il est à noter que la série fut co-produite à hauteur de 20% par l'ORTF. C'est la raison pour laquelle certaines scènes de l'épisode 5 furent tournées avec deux actrices différentes pour contenter les deux producteurs. Les sept épisodes de la série parurent ensuite en Allemagne sous forme de romans et plusieurs ouvrages critiques et historiques furent publiés au sujet de la série.
- 1974 : Das Blaue Palais est une série de science-fiction allemande en cinq épisodes de 90 minutes, écrite et réalisée par Rainer Erler. Cette série fut diffusée sur la chaîne allemande publique et nationale ZDF avec trois épisodes en 1974 et les deux derniers épisodes en 1976. Rainer Erler, qui met en scène un groupe international de scientifiques, mêle aux données techniques présentées dans la série une intrigue souvent policière. Cette série compte parmi les meilleures réalisations de la télévision publique allemande dans le domaine de la science-fiction.
- 1997 : Lexx est une série humoristique germano-canadienne en quatre épisodes de 90 minutes et 57 épisodes de 44 minutes, créée par Ingolf Hetscher, Alexander Knop, Nigel Scott et Frank Wielann. Elle fut diffusée entre le 18 avril 1997 et le 26 avril 2002 sur le réseau Space. Des renégats, à bord du vaisseau spatial Lexx, tentent d'échapper à sa Divine Nécrose.
[modifier] Bandes dessinées
- Martin Frei, Gregor Ka im 21. Jahrhundert, Comicplus+, 1997. Trois volumes parus : 1) Das Gutachten, 2) Der Plan, 3) Das Projekt.
- Michael Götze, Das Robot-Imperium, Carlsen, 1988-1992. Trois volumes parus : 1) Jäger ohne Gewissen, 2) Volt-Head, 3) Ein erster Sieg ?
[modifier] Prix et récompenses
Les prix les plus importants dans le domaine de la science-fiction germanophone sont allemands. Ils récompensent aussi bien des auteurs que des films, des traducteurs ou des éditeurs spécialisés. Les prix allemands n'ont pas le rayonnement international des prix américains et récompensent en premier lieu les auteurs de langue allemande.
- Prix allemand de science-fiction, prix doté de 1 000 € et décerné au meilleur roman allemand et à la meilleure nouvelle allemande de l'année précédente ;
- Prix Kurd-Laßwitz, non doté, décerné aux meilleurs romans allemands et étrangers de l'année précédente ;
- Prix Curt-Siodmak, non doté, décerné au meilleur film et à la meilleure série de science-fiction diffusés en Allemagne l'année précédente.
[modifier] Éditeurs spécialisés
[modifier] Éditeurs historiques
- Elischer Verlag, Leipzig : éditions des œuvres de Kurd Laßwitz dans les années 1910 et 1920 ;
- August Scherl Verlag, Berlin : éditeur des œuvres de Paul Eugen Sieg et Hans Dominik dans les années 1930 et 1940 ;
- Gebrüder Weiss verlag, Berlin : à l'origine de deux collections de science-fiction, Utopische Taschenbücher [Livres de poche utopiques] et Die Welt von morgen [Le Monde de demain] dans les années 1950, éditeur des œuvres de Paul Eugen Sieg et des premières traductions d'œuvres anglo-saxonnes.
[modifier] Groupe Bertelsmann
- Le groupement d'édition Randam House de Bertelsmann, avec des collections comme :
[modifier] Lübbe
- Le groupement d'édition Lübbe, avec des collections comme :
- Lübbe, éditeur entre autres d'auteurs récents comme Andreas Eschbach et Michael Marrak ;
- Bastei-Lübbe ;
[modifier] Autres
- Pabel-Moevig, éditeur historique de la série allemande Perry Rhodan ;
- Shayol, petit éditeur berlinois, spécialisé en science-fiction.
Parmi les éditeurs plus classiques, certains proposent quelques titres de science-fiction et publient les auteurs devenus de références dans le genre en Allemagne :
- Suhrkamp, quelques titres ;
- Dtv, pour des éditions de poche récentes d'auteurs allemands classiques comme Herbert W. Franke ;
- Piper, pour des auteurs allemands comme Hans Joachim Alpers ;
- Le groupe d'édition Droemer Knaur, plutôt spécialisé dans le littérature policière et dans le thriller, propose également quelques titres ;
[modifier] Bibliographie sélective
[modifier] Articles et ouvrages de réferences en allemand
Les titres qui suivent sont classés par ordre de parution (première édition allemande) :
- Martin Schwonke, Vom Staatsroman zur Science-Fiction, Ferdinand Enke Verlag, 1957 ;
- Manfred Nagl, Science Fiction in Deutschland, 1972 ;
- Hans Joachim Alpers et Ronald Hahn, S.F. aus Deutschland, anthologie, Fischer Taschenbuch, 1974 ;
- Hans-Peter Klein, Zukunft zwischen Trauma und Mythos: Science-fiction. Zur Warenästhetik, Sozialpsychologie und Didaktik eines literarischen Massenphänomens, 1976 ;
- Hans Joachim Alpers (éd.), Reclams Science-fiction-Führer, Reclam, 1982.
- Wolfgang Jeschke (éd.), Heyne Lexikon der SF-Literatur, Heyne, 1987 ;
- Reinhold Krämer, Die gekaufte Zukunft. Zur Produktion und Rezeption von Science Fiction in der BRD nach 1945, 1990 ;
- Karsten Kruschel, Spielwelten zwischen Wunschbild und Warnbild. Utopische und antiutopische Elemente in der Science Fiction der DDR, edfc, 1995 ;
- Torben Schröder, Science Fiction als Social Fiction. Das gesellschaftliche Potential eines Unterhaltungsgenres, 1998 ;
- Olaf R. Spittel, Science Fiction in der DDR. Bibliographie, Verlag 28 Eichen, 2000 ;
- Thomas Nöske, Clockwork Orwell. Über die kulturelle Wirklichkeit negativ-utopischer Science Fiction [Clockwork Orwell. Sur la réalité culturelle de la science-fiction dystopique], Unrast, 2002.
- Hans-Peter Neumann, Die große illustrierte Biographie der Science Fiction in der DDR, Shayol, 2002 ;
- Walter Ernsting, Clark Darltons Gästebuch. Die ersten Jahre der Science Fiction in Deutschland, Erster Deutscher Fantasy Club, 2003 ;
- Detlev Münch, Hans Jacob Christoffel von Grimmelshausen (1622-1676), der Erfinder der teutschen Science Fiction und des phantastischen Reiseromans in Deutschland, nebst ... der deutschen Science Fiction 1510 - 1788, Synergen, 2005 ;
- Detlev Münch, Analyse der klassischen Science Fiction Erzählungen und Kriegsutopien von Hans Dominik, Otto Willi Gail, Carl Grunert, Oskar Hoffmann, Friedrich Meister ... mit insgesamt 250 Texten von 124 Autoren, Synergen, 2005 ;
- Detlev Münch, Die utopischen, bellezistischen und populärwissenschaftlichen Texte von Hans Dominik, Otto Willi Gail, Friedrich Meister u.a. Science Fiction Autoren in ... Jahresbänden und Monatsheften 1880-1949, Synergen, 2006 ;
[modifier] Articles et ouvrages de référence en français
Les titres suivants sont présentés dans l'ordre de parution (première édition française) :
- Serge Langlois, préface à : Jörg Weigand (éd.), Demain l'Allemagne..., Éditions Opta, Coll. « Fiction Spécial », n° 29, 1978 ;
- Yvon Cayrel, préface à : Jörg Weigand (éd.), Demain l'Allemagne..., Tome 2, Éditions Opta, Coll. « Fiction Spécial », n° 31, 1980 ;
- Daniel Walther (éd.), préface à : Science-fiction allemande. Étrangers à Utopolis., Presses Pocket, 1980.
- Horst Heidtmann, La SF est-allemande, dans le fanzine Antares n°2, 1983.
- Roselyne Bady Tobian, La littérature d'anticipation scientifique entre les deux guerres. Hans Dominik et l'utopie nationaliste, thèse de doctorat dirigée par Jean-Baptiste Neveux, Université de Strasbourg 2, 1988.
- Irène Langlet, La science-fiction. Lecture et poétique d'un genre littéraire, Armand Colin, coll. « U Lettres », 2006.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Articles connexes
- Science-fiction
- Thèmes et genres de la science-fiction
- Auteurs de science-fiction
- Club allemand de science-fiction
- Prix allemand de science-fiction
- Prix Kurd-Laßwitz
- Prix Curt-Siodmak
- Littérature de langue allemande
[modifier] Liens externes
- (de) Deutsche SF
- (de) Epilog
- (de) SF-Literatur
[modifier] Notes et références
- ↑ Voir à ce propos Daniel Walther (éd.), La science-ficiton allemande. Étrangers à Utopolis, Presses Pocket, 1980, p. 11.
- ↑ Cf. Daniel Walther, op. cit., p. 8
- ↑ Voir à ce propos l'étude de Tzvetan Todorov sur le fantastique intitulé Introduction à la littérature fantastique.
- ↑ Voir par exemple le roman de Kurd Laßwitz intitulé Sternentau. Die Pflanze vom Neptunmond (Rosée d'étoile. La Plante venue de la Lune de Neptune), avec un portrait réaliste d'un grand industriel qui doit déposer un brevet pour une nouvelle invention, faire face à une concurrence acharnée, se défendre contre une forme d'espionnage industriel mondain, faire face à un accident de travail dû aux machines à vapeur et qui préfère interdire à ses filles de faire des études afin de les marier à des ingénieurs de son entreprise.
- ↑ Voir à ce propos Daniel Walther, op. cit., p. 13.
- ↑ Voir Daniel Walther, op. cit., p. 21-22.
- ↑ Voir à ce propos les études menées sur la sociologie de la littérature allemande dans : (de) Rolf Grimmiger (éd.), Hanser Sozilageschichte der deutschen Literatur vom 16. Gegenwart bis zur Gegenwart, Band 10, pp. 546-550.
- ↑ Voir à ce propos, Daniel Walther, op. cit., p. 27.
- ↑ Voir le livre de Angela et Karlheinz Steinmüller, Vorgriff auf das Lichte Morgen. Studien zur DDR-Science-Fiction, edfc, 1995.
- ↑ Angela et Karlheinz Steinmüller, op. cit.
- ↑ La nouvelle version du roman de Kurd Laßwitz atteint désormais le millier de pages, alors que la précédente version expurgée n'en comptait que trois cents.
- ↑ Voir à ce propos le commentaire de Michael Szameit sur la page de Amazon.de.
- ↑ La sélection des films de science-fiction est-allemands est proposée par l'auteur Karlheinz Steinmüller.
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