Seconde Guerre mondiale
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La Seconde Guerre mondiale est un conflit armé à l'échelle planétaire qui dura de septembre 1939 à août 1945. Provoquée par le règlement insatisfaisant de la Grande Guerre de 1914-1918 et par les ambitions expansionnistes et hégémoniques des trois États de l’Axe (Allemagne nazie, Italie fasciste et Empire du Japon), elle consista en la convergence, à partir du 3 septembre 1939, d’un ensemble de conflits régionaux respectivement amorcés le 18 juillet 1936 en Espagne (la guerre d'Espagne), le 7 juillet 1937 en Chine (la guerre sino-japonaise), et le 1er septembre 1939 en Pologne (campagne de Pologne). Le conflit planétaire ainsi généré opposa schématiquement deux camps — les Alliés et l’Axe. Il prit fin en Europe le 8 mai 1945 par la capitulation sans condition du IIIe Reich, puis s’acheva en Asie et dans le monde le 2 septembre 1945 par la capitulation sans condition du Japon, dernier État de l’Axe à connaître la défaite.
La Seconde Guerre mondiale promeut les États-Unis et l’URSS, principaux vainqueurs, comme les deux superpuissances appelées à dominer le monde pour près de 40 ans. Elle accélère l’affaissement de l’Europe et le processus de décolonisation en Asie, dans le monde arabe puis en Afrique, achevé au début des années 1960. Paradoxalement, la Seconde Guerre mondiale est le dernier grave conflit en Europe, désormais à la recherche de son unification, et la difficile reconstruction est vite suivie d’une période de prospérité sans précédent.
N’opposant pas seulement des nations, la Seconde Guerre mondiale fut la première grande guerre idéologique de l’histoire, ce qui explique que les forces de collaboration en Europe et en Asie occupées aient pu être solidaires de pays envahisseurs ou ennemis, ou qu’une résistance ait pu exister jusqu’en plein cœur de l’Allemagne nazie en guerre.
La Seconde Guerre mondiale constitue le conflit armé le plus vaste que l’humanité ait connu, mobilisant plus de 100 millions de combattants de 61 nations, déployant les hostilités sur quelque 22 millions de km2, et tuant environ 62 millions de personnes, dont une majorité de civils. Guerre totale, elle escamota largement la distinction entre civils et militaires et vit la mobilisation complète des ressources économiques, humaines et scientifiques des deux camps, y compris des vassaux de l’Axe, mis en coupe réglée.
La somme des dégâts matériels n’a jamais pu être chiffrée de façon sûre, mais il est certain qu’elle dépasse les destructions cumulées de l’ensemble des conflits connus par le genre humain depuis son apparition. Le traumatisme moral ne fut pas moins considérable, la guerre ayant reculé les limites de la civilisation et de la violence dans des proportions inédites. Elle fut aussi le théâtre de multiples crimes de guerre, dont l’Axe n’eut jamais le monopole.
Parmi ces crimes figurent la déportation en camps de concentration et camps de travail à des fins d’extermination de populations entières (Juifs, Slaves, Tziganes), ou de catégories particulières d’individus (homosexuels, Témoins de Jéhovah, handicapés, etc.) commandées par le régime nazi. Le régime Shōwa ne fut nullement en reste en Asie avec, à son actif, 10 millions de civils chinois enrôlés de force par la Kôa-in au Manzhouguo, environ 200 000 « femmes de réconfort » enrôlées en Corée et dans tout l'Extrême-orient, ainsi que l'annihilation systématique de populations civiles, principalement en Chine et notamment lors du massacre de Nankin.
Il faut ajouter les meurtres systématiques de partisans communistes et de résistants, ainsi que les représailles contre les civils, par les nazis ; les expérimentations sur des êtres humains auxquelles se livrèrent des médecins nazis tels le SS Josef Mengele et l'unité japonaise 731 ; les bombardements aériens massifs de civils d’abord par l’Axe en Europe (Coventry en Angleterre, Rotterdam aux Pays-Bas) et en Asie (Shanghai, Chongqing : la ville la plus bombardée de la guerre), puis par les Alliés avec du napalm : Tōkyō au Japon, Dresde (35 000 morts) et Hambourg en Allemagne. Et, pour la première et unique fois en plus de soixante ans, la bombe atomique fut utilisée contre un pays : deux bombes A larguées par les États-Unis ont explosé à trois jours d'intervalle, à Hiroshima et Nagasaki au Japon.
La marche vers la guerre
Origines du conflit en Europe
Les traités de Versailles, de Saint Germain, de Trianon et de Neuilly avaient suscité rancœurs et frustrations et désirs de reconquête chez les peuples allemands, autrichiens, hongrois et bulgares.
La crise de 1929 conduit les différents États à adopter des mesures protectionnistes et à se placer en position de rivalité les uns par rapport aux autres. Alors que l'agressivité des démocraties se situe sur le plan économique, les dictatures fascistes vont adopter une stricte autarcie et, naturellement, penser leur défense et leur expansion en termes militaires. Mais partout, les politiques d'armement sont mises en place efficacement pour sortir du marasme économique [1].
Ces explications auraient pu servir à expliquer une guerre dans un contexte où la politique de l'Allemagne aurait été inspirée par les classes dominantes traditionnelles. La guerre en Europe est toutefois directement issue des ambitions expansionnistes du parti nazi, au pouvoir en Allemagne, et exprimées dés 1924 par Adolf Hitler dans Mein Kampf. À ces ambitions visant à reconstituer un espace vital pour le peuple germanique se sont greffées les velléités expansionistes du régime faciste italien qui tenta tant bien que mal de se constituer un empire colonial en Éthiopie et en Europe du Sud.
Origines du conflit en Asie
Articles détaillés : Expansionnisme du Japon Showa, Ère Showa
Ulcérés par le traitement accordé à leur nation par les puissances occidentales lors du Traité de Versailles de nombreux politiciens et militaires japonais, comme Fumimaro Konoe et Sadao Araki réactualisent la doctrine du hakko ichi'u, (les 8 coins du monde sous un seul toit) et mettent en place une idéologie fondé sur la suprématie de la race japonaise et son droit à dominer l'Asie. Cette idéologie raciste présente le Japon comme le centre du monde et prend assise sur l'institution impériale et l'empereur, être divin et descendant de la déesse Amaterasu Omikami. Elle donne lieu à une tentative de restauration shôwa.
Porté par l'influence des factions militaires, le Japon envahit ainsi la Mandchourie en 1931 puis le reste de la Chine en 1937 (guerre sino-japonaise (1937-1945). Le refus du Japon de se retirer de l'Indochine, envahie en 1941, et de la Chine, à l'exclusion du Manchukuo, mène à l'été de la même année à l'imposition par les États-unis d'un embargo sur le pétrole. En réaction, Hirohito lance alors la guerre de la Grande Asie orientale (Dai Tô-A sensô) et autorise l'attaque de Pearl Harbor et l'invasion de l'Asie du Sud-Est.
Les belligérants
Il est d'usage d'appeler les signataires de l'alliance tri-partite « Forces de l'Axe » et leurs adversaires « Alliés ». Il n'est pas forcément possible de classer sans ambigüité un pays belligérant dans l'un ou l'autre camp, car les alliances se sont modifiées tout au long du conflit.
Les membre de l'Axe
La marche à la guerre en Europe a été rythmée de façon constante par les initiatives allemandes. Selon les mots d'Yves Durand, "La responsabilité du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale incombe indubitablement à l'Allemagne hitlérienne"[2]. Lorsque l'Allemagne envahit la Pologne, le Japon est déjà en guerre contre la Chine depuis 1937 et même 1931, mais, en dépit du pacte anti-Komintern signé par l'Allemagne et le Japon en 1936, les relations entre les deux pays restent distantes, et l'Allemagne ne soutient pas le Japon contre la Chine. D'autre part, jusqu'en 1941, aucun des deux belligérants de la guerre sino-japonaise n'ose déclarer formellement la guerre à l'autre, le premier à le faire risquant d'être désigné comme agresseur et de perdre la possibilité d'acheter des armes à l'étranger. Ce n'est qu'après l'attaque japonaise sur Pearl Harbour que Jiang Jeshi peut déclarer officiellement la guerre à l'envahisseur nippon et à ses partenaires de l'Axe, le 8 décembre 1941.
Le Japon, enlisé dans une guerre prévue au départ pour trois mois, est confronté à la difficulté d'occuper un territoire trop vaste et s'est livré à de nombreuse exactions contre les populations civiles (massacre de Nankin), en plus de recourir à maintes reprises aux armes chimiques.
Le 27 septembre 1940 a lieu à Berlin la signature du pacte tripartite par lequel le Japon reconnait la prédominance de l'Allemagne et de l'Italie en Europe et ces deux derniers états, la suprématie du Japon en Asie. Les trois pays signent un pacte d'assistance mutuelle. Quant à l'Italie, théoriquement alliée de l'Allemagne depuis 1936, elle n'a déclaré la guerre à la France et à la Grande-Bretagne que le 10 juin 1940, et attaque la Grèce sans consulter les Allemands le 28 octobre 1940.
L'alliance de la Hongrie avec l'Allemagne à partir de 1938 lui vaut de réaliser des agrandissements territoriaux aux dépens de la Tchécoslovaquie et de la Roumanie. Cependant, lorsqu'elle adhère au pacte en novembre 1940, elle n'est pas encore belligérante. Ce n'est que le 27 juin 1941 que les armées hongroises s'engagent aux côtés de la Wehrmacht, contre l'URSS.
Lorsque la Roumanie adhère au pacte en novembre 1940, les troupes allemandes sont déjà présentes sur son territoire. Quelques mois plus tard, le Roumanie s'engagera de façon très déterminée aux côtés de l'Allemagne lors de l'invasion de l'URSS en juin 1941. L'armée roumaine n'hésite pas dès lors à participer non seulement aux opérations militaires, mais aussi aux exactions nazies en URSS : extermination massive des Juifs en Transistrie, ou de la population civile d'Odessa.
La Hongrie et la Roumanie ont envoyé plusieurs centaines de milliers d'hommes combattre aux côtés de l'Allemagne en URSS, ainsi d'ailleurs que l'Espagne de Franco, État théoriquement non-belligérant, mais qui fournit l'Axe en matières premières stratégiques et envoya les "volontaires" de la division Azul sur le front russe.
Le Régent de Yougoslavie signe une alliance avec l'Allemagne en mars 1941. Il s'ensuivit aussitôt un coup d'État militaire antiallemand : lorsque le nouveau roi imposé par le putsch dénonce l'alliance, l'Allemagne et l'Italie envahissent et démantèlent la Yougoslavie. L'État indépendant de Croatie devient un satellite de l'Allemagne nazie. Autre satellite de l'Allemagne, la Slovaquie, qui a adhéré au pacte tripartite en novembre 1940, déclare la guerre à l'URSS le 23 juin 1941.
La Bulgarie devient officiellement membre du pacte tripartie le 1er mars 1941 et laisse la Wehrmacht traverser son territoire pour envahir la Grèce. La Bulgarie profite de son alliance pour réaliser quelques agrandissements territoriaux. Elle ne participe pas à l'invasion de l'URSS, mais doit déclarer la guerre à l'Angleterre et aux États-Unis à la fin de 1941. Elle n'est en guerre contre l'URSS que pendant vingt-quatre heures, le 5-6 septembre 1944.
Après avoir été agressée par l'URSS en novembre 1939 avec la complicité passive de l'Allemagne, la Finlande se rapproche du Reich et déclare la guerre à l'URSS le 26 Juin 1941. Cependant, le Ml Mammerheim borne explicitement ses objectifs à la reprise des terres arrachées par les Soviétiques deux ans plus tôt.
En détruisant une partie de la flotte des États-Unis à Pearl-Harbour le 7 décembre 1941 et en envahissant le Malaisie, possession britannique, le Japon entre résolument dans la guerre contre les États-Unis et la Grande-Bretagne.
Le Japon et l'URSS se sont quant à eux affrontés en 1939 (bataille de Halhin Gol), mais ne rouvriront pas les hostilités avant le 8 août 1945. Le 21 décembre 1941, la Thaïlande signe un pacte défensif avec le Japon et déclare la guerre aux États-Unis et au Royaume-Uni. Le changement de gouvernement de juillet 1944 signifiera de fait l'abandon de l'alliance avec le Japon.
Le 8 septembre 1943, Badoglio, qui a remplacé Mussolini, rompt l'alliance avec l'Allemagne en signant un armistice avec les Alliés. Hitler envahit aussitôt la péninsule qu'il occupe jusqu'à Naples. En octobre, l'Italie déclare la guerre à son ancien partenaire.
A partir de la fin 1943, la Hongrie envisage un retournement d'alliance. Informé de ces préparatifs, Hitler ordonne l'occupation de la Hongrie le 19 mars 1944. Envahie par l'Armée Rouge, la Roumanie rompt l'alliance avec l'Allemagne le 23 août 1944. Dans la nuit du 8 au 9 septembre 1944, la Bulgarie change de camp et déclare la guerre à l'Allemagne. La Finlande signe un armistice avec l'URSS en septembre 1944 et retourne les armes contre l'Allemagne en décembre 1944.
Les adversaires de l'Axe
Comme l'armée Tchécoslovaque n'avait pas opposé de résistance lors de l'invasion de la Bohême-Moravie, le 15 mars 1939, on peut considérer que la Pologne est le premier adversaire de l'Allemagne belligérant à partir du 1er septembre 1939 lorsqu'elle résiste à son invasion par l'Allemagne. L'invasion de la Pologne provoque les déclarations de guerre de la Grande-Bretagne et de la France le 3 septembre 1939, respectivement à 13 h. et à 17 h. Avec la Grande-Bretagne, l'Australie et la Nouvelle-Zélande déclarent également la guerre à l'Allemagne. Au fil de la guerre, tous les dominions et toutes les colonies de l'Empire britannique deviennent tôt ou tard partie prenante du conflit, sauf l'Irlande du sud, qui reste officiellement neutre sous la direction de Eamon de Valera. En avril 1940, lorsque l'Allemagne envahit le Danemark et la Norvège, contrairement au Danemark, la Norvège oppose une résistance armée.
Lorsque L'Allemagne établit sa domination sur l'Europe continentale, la Grande-Bretagne et l'Empire britannique se retrouve seule dans le camp des adversaires de l'Allemagne, mais elle héberge un certain nombre de gouvernements en exil ou de gouvernements dissidents qui mettent des forces armées, notamment polonaises, tchèques et françaises, plus ou moins importantes aux côtés de la Grande-Bretagne. Les Indes orientales néerlandaises restent sous le contrôle du gouvernement néerlandais en exil à Londres.
Après l'attaque sur Pearl Harbor, le 7 décembre 1941, les États-Unis entrent en guerre contre le Japon, l'Allemagne et l'Italie. La République de Chine, adversaire du Japon se retrouve dans le camp des puissances alliées. De nombreux pays d'Amérique latine déclareront la guerre à l'Allemagne: Le Brésil en janvier 1942 et le Mexique en mai 1942
Après le débarquement américains en Afrique du Nord, en novembre 1942, la majeure partie de Empire colonial français se retrouve sous le contrôle de la France libre, du côté des Alliés.
En 1945, les Alliés avertissent tous les États que seuls ceux qui auront déclaré la guerre à l'Allemagne seront admis à la conférence fondatrice de l'Organisation des Nations Unies. Ce qui entraîne, au printemps 1945, une cascade de nouvelles déclarations de guerre au IIIe Reich, qui pour la plupart resteront fort platoniques : il s'agit de pays sud-américains tels que le Paraguay, l'Equateur, le Pérou, l'Argentine, ou d'États du monde arabo-musulman tels que l'Égypte, la Turquie, la Syrie, le Liban, etc. Le 8 mai 1945, à la capitulation allemande, les dernières délégations diplomatiques nazies sont expulsées des derniers États neutres : la Suisse, l'Irlande du Sud, l'Espagne, le Portugal, l'Afghanistan et le Chili. En tout, 52 États se sont trouvés en état de guerre avec l'Allemagne hitlérienne, auquel aucun traité de paix après 1945 n'est jamais venu mettre officiellement fin.
L'URSS
Lorsque l'URSS attaque la Pologne le 17 septembre 1939 conformément au protocole secret du pacte germano-soviétique, elle est objectivement du côté de l'Allemagne, mais n'est pas en état de guerre déclarée avec la France et le Grande-Bretagne. Lorsque l'URSS attaque la Finlande en novembre 1939, la Finlande se trouve plutôt du côté de la France et de l'Angleterre. Cette agression vaut par ailleurs à l'URSS de se voir expulsée de la SDN fin 1939. À partir du 22 juin 1941, l'URSS, attaquée par l'Allemagne, se retrouve dans le camp des Alliés.
Récapitulatif
Pays | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|
1940 | 1941 | 1942 | 1943 | 1944 | 1945 | |
Allemagne | 5 600 000 | 7 200 000 | 8 600 000 | 9 500 000 | 9 500 000 | |
Japon | 1 723 000 | 2 411 000 | 2 829 400 | 3 808 200 | 5 365 000 | 7 193 200 |
Grande-Bretagne | 2 212 000 | 3 278 000 | 3 784 000 | 4 300 000 | 4 500 000 | 4 653 000 |
USA | 458 000 | 1 795 000 | 3 844 000 | 8 918 000 | 11 240 000 | 11 858 000 |
URSS | 500 000 | 4 027 000 | 9 000 000 | 10 000 000 | 12 400 000 | 10 800 000 |
France | 5 000 000 |
Résumé Chronologique des opérations militaires
Les succés des Forces de l'Axe (1939-1941)
La majorité des historiens[4], situe le début de la Seconde Guerre mondiale le 3 septembre 1939, lorsqu'après l’invasion de la Pologne par l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l'Allemagne en vertu d'un traité les liant la Pologne depuis Février 1921. Les troupes allemandes avaient envahi la le 1er septembre 1939, à 4h45 du matin, suite à une provocation connue sous le nom d’incident de Gleiwitz, les troupes allemandes envahissent la Pologne sur tous les fronts .
L’Union soviétique récupère de son côté la partie est de la Pologne et les pays baltes, comme le prévoyait le Pacte germano-soviétique. Puis elle attaque la Finlande le 30 novembre 1939 pour annexer la Carélie, ce qu’elle obtient par le Traité de Moscou le 12 mars 1940, en dépit d’une résistance finlandaise inattendue.
Largement surclassée, l’armée polonaise est écrasée avant la fin septembre par l’Allemagne et l’URSS ; plus rien ne se passe sur le front ouest où passée la maigre démonstration de Gamelin dans la Sarre allemande (6-13 septembre 1939), les troupes franco-britanniques (sous commandement français) ne prennent aucune initiative militaire, nulle offensive n'intervenant pendant plusieurs mois.
Au printemps 1940, les alliés se préparent à couper l’approvisionnement en fer de l'Allemagne, qui transite de la Suède vers le Reich par la Norvège, mais l'opération tourne au fiasco, c’est l’incident de Narvik et l’Allemagne envahit le Danemark et la Norvège le 9 avril 1940. Une majorité du corps expéditionnaire du Royaume-Uni et de la France doit rembarquer précipitamment, ce qui entraîne la chute de Chamberlain et son remplacement par Churchill le 10 mai 1940, le jour même où la Belgique est envahie. Le 27 mai, les Français de Béthouard s'emparent bien de Narvik, mais doivent l'abandonner quelques jours plus tard car en France même, la victoire allemande est alors pratiquement acquise.
En effet, en mai-juin 1940, l'armée allemande mène à bien l’invasion foudroyante des Pays-Bas, du Luxembourg, de la Belgique et de la France. On parle de « Blitzkrieg », c'est-à-dire de « guerre éclair ». Le roi des Belges Léopold III fait capituler son armée le 28 mai 1940. La Grande-Bretagne est contrainte d'évacuer ses troupes encerclées à Dunkerque, réussissant du 27 mai au 3 juin à sauver 300 000 soldats au cours de la plus vaste opération de rembarquement de l'histoire militaire. Le 5 juin, Hitler reprend l'offensive en France et perce les lignes de défense du nouveau généralissime Weygand sur la Somme et l'Aisne. L’Italie se joint alors à l’Allemagne et déclare la guerre à la France le 10 juin. Puis, en France, le nouveau gouvernement Pétain demande l’armistice le 17 et en accepte les conditions, le 22. Après l'armistice franco-italien qui suit le 24, les combats cessent le 25 juin. À la surprise générale, l'armée française, réputée depuis 1918 la meilleure du monde, s'est effondrée en quelques semaines.
Contre l’attente des stratèges nazis et des généraux français battus, le Royaume-Uni fait front avec succès à l’aviation allemande car, malgré la faiblesse de son armée de terre, elle dispose d’une flotte puissante, et d’une aviation bien organisée. En outre, le premier ministre Churchill qui a remplacé Chamberlain, parvient à galvaniser le pays. Soumise d'abord à des attaques aériennes sur des cibles stratégiques, la Grande-Bretagne fait face de septembre 1940 à mai 1941 à des bombardements terroristes sur ses métropoles : ce "Blitz" qui détruit notamment la City de Londres ou la ville de Coventry ne parvient ni à entamer la résolution britannique, ni à compenser les pertes de la Luftwaffe de Göring, vaincue par les pilotes la Royal Air Force.
Pour tenir seul face à Hitler, le Royaume-Uni dispose de l’aide d’abord économique des États-Unis, puisque ceux-ci, bien qu’officiellement neutres, l'approvisionnent en armes et en ravitaillement. Roosevelt obtient du Congrès en mars 1941, le vote de la loi «Prêt-Bail», qui lui permet d’apporter une aide matérielle illimitée au Royaume-Uni et à ses alliés.
Hitler, désespérant de prendre le Royaume-Uni et de l’amener à faire la paix, érige une puissante chaîne de fortifications, surnommée « Mur de l'Atlantique », sur les côtes de l’Atlantique et de la Manche, et décide d’attaquer l'URSS. Mais l’Italie fasciste vient elle-même d’agresser, à partir de l’Albanie, la Grèce qu’elle croyait sans défense. Or ce sont les forces grecques du dictateur nationaliste Metaxas qui sont victorieuses : après avoir contenu l’attaque des troupes de Mussolini, l’armée grecque les repousse et envahit à son tour l’Albanie italienne.
C’est alors que, pour prêter main forte aux Italiens, Hitler repousse de plusieurs semaines son opération contre l'URSS, et envoie en avril 1941 ses troupes vers la Grèce, à travers la Hongrie sympathisante et après avoir envahi au passage la Yougoslavie. Les nazis battent les armées yougoslave et grecque, ce qui leur permet d’occuper tout le sud de l’Europe. Mais, du même coup, ils viennent de se créer un front supplémentaire en Yougoslavie, où les résistances « tchetniks » de Draža Mihailović et communistes de Tito, allaient lui immobiliser de 13 à 20 divisions jusqu’à la fin de la guerre. De plus, l'invasion de l'URSS est différée, du 15 mai au 22 juin.
Le 22 juin, la Wehrmacht envahit l'URSS, c'est l'opération Barbarossa à laquelle participe également la Roumanie. Malgré une avance foudroyante et la capture de plusieurs millions de Soviétiques, la Wehrmacht est stoppée en décembre 1941, à une trentaine de kilomètres de Moscou sous un froid glacial et sans équipement adéquat. C’est la deuxième fois depuis la campagne de Russie de 1812, que les Russes sont sauvés par la rigueur de leur hiver, mais aussi par le réveil d'un puissant patriotisme qui en fait consentir beaucoup à livrer des combats meurtriers. Les Allemands restent également bloqués devant Leningrad, délibérément soumise par Hitler à un blocus meurtrier qui fera périr de faim 700 000 habitants en plus de mille jours de siège.
Dés lors, la campagne de Russie va mobiliser l’essentiel des efforts militaires allemands. Malgré leurs pertes énormes, les Soviétiques ont pu replier leur potentiel industriel dans l'ordre, plus de 10 millions de travailleurs et des milliers d'usines démontées étant réinstallées à l'est de l'Oural. La réintégration de l'URSS dans le camp allié lui permet aussi de recevoir une forte aide américano-britannique en matériel de qualité et en ravitaillement. Staline proclame aussi l'union sacrée et galvanise les énergies, tout en maintenant intacte la terreur contre les soldats défaillants ou les officiers vaincus. Enfin, les Soviétiques ont encore des réserves. Au cours de l'hiver 1941, ils lancent leurs troupes sibériennes qui, oblige les envahisseurs à reculer.
En septembre 1940, les forces italiennes avaient attaqué l'Égypte, sous influence britannique. Mais dés le mois de décembre, les Anglais passent à la contre-attaque, et les Allemands doivent envoyer ce que l'on appellera l'Afrika Korps en renfort pour secourir leurs alliés italiens. En Juillet 1942, l'Afrika Korps de Rommel n'est plus qu'à quelques dizaines de kilomètres d'Alexandrie
Le 7 décembre 1941, les Japonais, alliés des Allemands depuis 1936, attaquent les États-Unis, restés jusque là en-dehors de la Guerre et détruisent l'essentiel de la flotte américaine du Pacifique à Pearl Harbor. Les Japonais envahissent ensuite les Philippines et les Indes orientales néerlandaises. Ils prennent Singapour en janvier 1942.
Le tournant de 1942
L'attaque de Pearl Harbor provoque l'entrée en guerre des États-Unis, bientôt suivie par le Mexique et par d'autres états latino-américains. Affaiblie par l'attaque japonaise, les États-Unis mettent toute leur puissance industrielle au service de la guerre et sont bientôt en état de porter des coups. Au début de juin 1942, la bataille aéronavale des îles Midway coûte quatre porte-avions aux Japonais, désormais placés sur la défensive dans le Pacifique. Les États-Unis commencent la reconquête, île par île.
En Europe, l’Union soviétique supporte presque seule l’effort de guerre contre l'Allemagne nazie. À partir de juin 1942, les Allemands ont relacé leur offensive vers l'est, en direction de la Volga et des pétroles du Caucase. Mais les troupes Allemandes restent bloquées devant Stalingrad.
En Afrique du Nord, les Anglais ont repris l'initiative à partir de septembre 1942. Ils remportent une victoire décisive à El-Alamein et commencent à repousser les Allemands vers l'ouest.
Staline presse ses alliés d'ouvrir un deuxième front à l'ouest. Après des hésitations, Churchill et Roosevelt se décident pour l’Afrique du Nord. C’est l’opération Torch, qui se traduit par le débarquement des Forces alliées au Maroc et en Algérie, le 8 novembre 1942. Les Allemands envahissent alors la zone sud-est de la France que l'armistice de juin 1940 avait prévué non occupée. L’armée française d’Afrique se joint aux armées alliées. En Afrique du nord, les Allemands sont alors pris en tenaille entre les Anglais à l'est et les Franco-américains à l'ouest.
Les victoires des Alliés (1943-1944)
Au début de l'année 1943, les Allemands subissent sur le front oriental une très lourde défaite à Stalingrad. Après les capitulations du 30 janvier et du 2 février 1943, les soviétiques font 91 000 prisonniers, dont le maréchal Paulus, premier Allemand de ce rang capturé depuis 1806. Auparavant, le nombre de victimes a été considérable: entre un et deux millions de morts de part et d'autre. Les Allemands sont désormais sur la défensive. Ils subissent à nouveau la domination soviétique lors de la gigantesque bataille de chars de Koursk, à ce jour la plus vaste confrontation de blindés de l'Histoire.
Avec la prise de Tunis le 7 mai 1943 et la reddition des troupes allemandes et italiennes, les Alliés sont maîtres de toute l'Afrique du Nord. Le 10 juillet, ils débarquent en Sicile et prennent pied sur la péninsule italienne en septembre, le jour même où Badoglio, le successeur de Mussolini, évincé du pouvoir, annonce un armistice qui préfigure un retournement d'alliance. Les Allemands envahissent le territoire de leur ancien partenaire et bloquent de longs mois les troupes alliées de toutes nationalités au Monte-Cassino. Rome ne sera libérée qu'en juin 1944, la Toscane en août 1944. La plaine du Pô ne sera atteinte qu'en avril 1945.
Pour la première fois depuis le début de la guerre, les trois dirigeants alliés, Churchill, Roosevelt et Staline se rencontrent à Téhéran à la fin du mois de novembre 1943 pour esquisser ce que sera le monde de l'après-guerre.
Sur le front oriental, l'Armée rouge ne cesse de progresser vers l'ouest. Elle entre à Kiev, en Ukraine, en novembre 1943, dégage Leningrad en janvier 1944, reprend la Biélorussie en juin 1944, et arrive aux portes de Varsovie. À bout de soufle, et ne souhaitant pas aider la Résistance polonaise non-communiste, l'Armée Rouge laisse écraser sans réagir l’insurrection de Varsovie (1er août - 2 octobre 1944). En août 1944, à l’approche des troupes soviétiques, la Roumanie et la Bulgarie changent de camp. Mais en s'emparant de la Hongrie le 19 mars 1944, Hitler empêche le dictateur Horty de virer de bord lui aussi, et les Soviétiques ne s'emparent de Budapest après un très long siège qu'en février 1945, s'ouvrant la route de Vienne. En Yougoslavie, les partisans de Tito libèrent une grande partie du pays et entrent dans Belgrade en septembre 1944 sans l'aide de l'Armée rouge.
Le 6 juin 1944, 4126 navires alliés réussissent le plus grand débarquement de l'Histoire sur les plages de Normandie, prenant les Allemands par surprise et ouvrant enfin le second front. Malgré l'exploit logistique, l'armée hitlérienne parvient à contenir les Anglo-Saxons en Normandie pendant plus de dix semaines, jusqu'à ce que la percée d'Avranches (31 juillet 1944) ouvre la voie de la Bretagne. Paris insurgée est libérée le 25 août 1944. Le 15 août, des troupes américaines et françaises ont débarqué en Provence, sur la côte méditerranéenne. Mi-septembre, presque toute la France et la Belgique sont libérées, mais les déconcenues des Britanniques aux Pays-Bas, en septembre 1944, la pénurie d'essence et la contre-attaque allemande dans les Ardennes (Noël 1944) retardent le passage du Rhin jusqu'à fin mars 1945.
La victoire finale
Ecrasée sous les bombes, assaillie de tous côtés, l’Allemagne nazie voit sa capitale Berlin investie le 30 avril par les Soviétiques. Hitler s'y donne la mort dans son bunker le même jour. Le 7 mai 1945 à Reims au QG du SHAEF, le Colonel Général Alfred Jodl signe l'acte de reddition inconditionnelle des forces armées allemandes. Le lendemain à Berlin, le Maréchal Wilhelm Keitel signera à son tour en présence des représentants des Alliés la capitulation du Troisième Reich. C’est officiellement le 8 mai 1945 qu’est proclamé l’armistice qui met fin à la guerre en Europe.
En Asie, la guerre ne s’achève que le 2 septembre 1945, lorsque le Japon reconnaît sa défaite et capitule sans condition après le largage, par les États-Unis, des deux premières bombes atomiques sur les villes de Hiroshima et de Nagasaki et la déclaration de guerre de l’URSS.
Différents théâtres d’opération
Théâtre européen
Après s’être assuré que l’URSS participerait au démembrement du pays en signant le pacte Molotov-Ribbentrop, Hitler lance ses armées sur la Pologne, le 1er septembre 1939, sans déclaration de guerre (voir : incident de Gleiwitz). En application de leur alliance, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l’Allemagne. En particulier, la France a garanti après 1918 par des traités d’assistance mutuelle l’existence de la plupart des pays nouvellement créés en Europe centrale (avec l’arrière-pensée de créer un cordon sanitaire autour de l’Allemagne ainsi que de la Russie bolchevique). Cependant, malgré la pression de Chamberlain, pas plus qu’elle n’a respecté ses engagements envers les précédentes victimes d’Hitler, la France ne respecte ses obligations envers la Pologne : celles-ci prévoyaient que la France attaquerait l’Allemagne 15 jours après le début de la mobilisation générale[5]. Mais mise à part une brève offensive limitée en Sarre du 6 au 13 septembre, les Français restent l’arme au pied, alors que la Pologne fait seule face à l’agression allemande puis soviétique. Les Allemands utilisent alors pour la première fois la tactique de la « guerre éclair » (Blitzkrieg), qui assure à la Wehrmacht une victoire rapide malgré la contre-offensive de la Bsura. L’URSS prend alors sa part de la Pologne en attendant, à l'été 1940, les États baltes et la Moldavie, et attaque la Finlande pour lui prendre la région frontalière de Carélie, près de Leningrad. Les Finlandais résisteront trois mois, puis finiront par céder.
Après sa première campagne victorieuse, Hitler se tourne vers l’ouest, mais rien ne se passe sur ce front pendant plusieurs mois. Retranchés derrière la ligne Maginot, les Français attendent l’assaut allemand pour l’endiguer. C’est la drôle de guerre. Mais la stratégie française du général Gamelin est prise en défaut lorsque le 10 mai 1940, l’Allemagne lance l’opération Fall Gelb, une vaste offensive sur les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg, violant la neutralité de ces États, puis à travers les Ardennes – la percée de Sedan – afin de prendre à revers la ligne Maginot.
Les armées franco-britanniques se déploient vers le nord pour défendre la Belgique mais se trouvent prises à revers, puis finalement encerclées autour de Dunkerque. La Royal Navy et les bateaux de plaisance britanniques évacuent leurs troupes et une large partie des forces françaises à Dunkerque (Opération Dynamo) en abandonnant leur équipement lourd, tandis qu’un rideau de troupes françaises freine la réduction du réduit avant d’être fait prisonnier. Gamelin est remplacé dès le 19 mai par le général Maxime Weygand, qui ne réussit pas à mettre en place une ligne de défense le long de la Somme, jusqu’à la ligne Maginot. Il arrive trop tard, et son action, qui commence par retarder la riposte à la trouée allemande, ne peut empêcher la situation de s'agraver, la France n’ayant plus de réserves. Après quelques jours de combats acharnés, cette ligne est percée. Dès lors, plus rien ne peut enrayer l’avancée nazie. Le président du Conseil Paul Reynaud démissionne et le nouveau gouvernement du maréchal Philippe Pétain choisit de demander l’armistice le 17 juin. Il est signé le 22 juin (à Rethondes, dans l’ancien wagon de l'armistice de 1918), et laisse à l’Allemagne le contrôle de la partie nord et ouest de son territoire. Pétain instaure en France un régime autoritaire, le Régime de Vichy, et, quelques mois plus tard, le 30 octobre 1940, il préconise la collaboration avec les Allemands.
À Londres, le général français Charles de Gaulle décide dès l'Armistice de continuer la guerre et forme une légion de volontaires, qui se transforme en mouvement de la France libre, pour résister à l’Allemagne. Un certain nombre de Français le rejoignent et une partie des colonies françaises se rallient à lui. De Gaulle est le chef de ce mouvement, et ses Forces françaises libres (FFL) combattent aux côtés du Royaume-Uni sur tous les fronts, contre les forces allemandes et italiennes. Le BCRA ou Bureau de Renseignement et d’action de la France libre organise aussi des réseaux de sabotage et de renseignement en France, contre les forces d’occupation.
L’Allemagne ne parvient pas à vaincre la Royal Air Force dans la Bataille d'Angleterre. Ainsi, elle ne peut obtenir la supériorité aérienne nécessaire pour envahir les îles britanniques. Par conséquent, elle commence une campagne de bombardement (dite le Blitz, l’éclair), notamment sur des villes comme Coventry et un blocus (dit Bataille de l’Atlantique) par sous-marins pour affaiblir le Royaume-Uni. Mais c’est un échec, l’Allemagne ne parvient pas à briser la résistance britannique.
Voyant les succès de l’Allemagne, Mussolini veut aussi lancer son pays dans les conquêtes. Il a déjà occupé l’Albanie au début de 1939. Le 10 juin 1940, il a attaqué également la France, mais n'a progressé que de quelques kilomètres, stoppée par la forte résistance des rares unités françaises qui défendent la frontière en Provence et dans les Alpes - cependant, le gouvernement interdit à la Royal Air Force de riposter[6]. Le 28 octobre 1940, sans consulter les Allemands, le chef de l'Italie fasciste décide d’attaquer la Grèce. Mais la résistance grecque de l’armée du dictateur Metaxas est farouche et se transforme en offensive victorieuse : Les Grecs occupent alors le quart sud de l’Albanie italienne. Pour prêter main forte aux Italiens, Hitler repousse de plusieurs mois l’opération contre la Russie, et envoie en avril 1941 ses troupes vers la Grèce, à travers la Hongrie (qui est son alliée) et la Yougoslavie pro Alliés, où les nazis sont aidés par les croates nationalistes d’Ante Pavelić. Vainqueur en apparence, Hitler écrase les armées yougoslave et grecque, ce qui lui permet d’occuper tout le sud de l’Europe. Mais, du même coup, un front supplémentaire en Yougoslavie se créé, où les résistances nationaliste de Draža Mihailović (Tchetniks) et communiste marxiste de Tito (Partisans), vont lui immobiliser 20 divisions depuis la fin de 1942 jusqu’à la fin de la guerre ; et l'opération Barbarossa est retardé.
Celle-ci ne commence que le 22 juin 1941. L’Allemagne, en attaquant par surprise l’Union soviétique, s’empare de grandes portions de territoires, capturant de nombreux soldats.
Ils le font d’autant plus facilement que Staline, qui de toute sa vie n’a fait confiance à personne, a choisi de faire confiance à Hitler, alors qu’il reçoit depuis des mois des informations précises et concordantes de ses agents à l’étranger. Il a cependant refusé d’en tenir compte et de prémunir ses troupes contre ce risque d’agression. Il semble aussi s'être laissé paralyser par la peur d'une provocation, et s'être désespérément accroché à l'idée que l'année était trop avancée pour qu'Hitler puisse attaquer la Russie, de surcroît le même jour que Napoléon. De plus, aux premières heures de l’attaque, Staline, dans l’espoir d’arranger les choses avec Hitler, interdit même aux forces soviétiques de traverser la frontière en cas de contre-attaque victorieuse, et initialement celles-ci n'osent pas ouvrir le feu alors qu’elles sont martelées par les bombes allemandes.
Cependant, pour la première fois, une armée ne s'effondre pas devant la Wehrmacht : en dépit de ses lourdes défaites, l'Armée Rouge ne cesse dès le premier jour de multiplier les contre-attaues, à la surprise des officiers allemands. L'avance considérable des troupes hitlériennes se révèle en même temps plus lente que prévue. Les Soviétiques déplacent leur base industrielle dans l’Oural, reçoivent l'aide alliée par les ports articques toujours en leurs mains, et produisent dès 1942 plus d'armes que l'Allemagne, tandis que l’Armée Rouge oppose une défense héroïque qui, aidée par un hiver éprouvant, leur permet de défendre notamment Moscou et Leningrad.
Staline a par ailleurs su réveiller le nationalisme russe et organiser l'union sacrée face à l'agresseur : il reçoit le soutien des Eglises, met en veilleuse le collectivisme agraire et une partie du contrôle policier sur la société, et substitue les références patriotiques à celles au communisme, dès son discours du 3 juillet 1941 où il s'adresse habilement à ses "frères et soeurs" soviétiques. Il ne néglige pas non plus de maintenir une réelle terreur contre ses officiers et ses généraux, dont beaucoup sont fusillés pour "incompétence" dans les premiers mois de la guerre, tandis que les millions de prisonniers sont officiellement reniés et considérés comme des traitres (et leurs familles avec eux), et les soldats défaillants exposés à l'exécution ou à la déportation au Goulag : au front, des équipes spéciales du NKVD se chargent même, en 1941 comme à Stalingrad, de mitrailler les soldats qui refluent vers l'arrière.
Au printemps 1942, l’armée allemande reprend l’offensive en concentrant celle-ci vers les champs de pétrole du Caucase, au sud. À la fin de l’année, la VIe armée, avec plus de 300 000 hommes, est détruite à Stalingrad qui représente un verrou pour le contrôle du Caucase. En 1943, la Wehrmacht reprend l’initiative à la troisième bataille de Kharkov, mais est brisée à la grande bataille de Koursk.
En 1943, après un débarquement en Sicile, puis un autre dans la péninsule italienne, les Alliés entament la campagne d'Italie. Mussolini chassé, le pays capitule et se range du côté des Alliés. Néanmoins, l’Allemagne peut tenir une ligne de défense dans les montagnes qui freine cette progression dans la péninsule. Il faut attendre début 1945 pour que les nazis soient complètement repoussés d’Italie.
Les Alliés prennent pied en Normandie avec l’opération Overlord à partir du 6 juin 1944. Les soldats alliés qui débarquent sont principalement états-uniens, britanniques et canadiens. Un autre débarquement est organisé par les FFL en août (à partir du 15), en Provence avec l’opération Anvil Dragoon, pour libérer le sud de la France et ouvrir un deuxième front en France. L’Allemagne tente une contre-offensive désespérée dans la bataille des Ardennes en décembre, où elle perd ses dernières réserves militaires.
En 1945, les Alliés peuvent franchir le Rhin et occuper de vastes secteurs de l’ouest et du sud de l’Allemagne, tandis que, à l’est, les Soviétiques progressent de façon continue, libérant l’Europe centrale puis atteignant Berlin. Hitler se suicide le 30 avril d’une balle dans la tête dans son bunker de la Chancellerie. Le même jour, les Soviétiques plantent leur drapeau sur le toit du Palais du Reichstag, le siège du Parlement allemand, dans un Berlin en ruine. Toute résistance militaire nazie cesse alors. Mais la bataille de Berlin continue jusqu’au 2 mai, puisque quelques civils continuent à résister. L’Allemagne se rend sans condition le 8 mai 1945. Le Troisième Reich pour lequel Hitler prédisait une durée d’un millénaire aura finalement semé la destruction un peu plus de 12 ans.
Théâtres africain et du Moyen-Orient
L’armée italienne, partant de sa colonie de Libye, attaque les troupes britanniques et du Commonwealth en Égypte, mais est mise en déroute jusqu’à ce que l’Allemagne la renforce. Des combats se succèdent alors, dans le désert d’Afrique du Nord, entre les forces italiennes appuyées par l’Afrika-Korps d’Erwin Rommel et la 8e armée britannique. En mai 1942, Rommel lance une grande offensive vers l’est pour atteindre Suez, et bouscule les forces britanniques, mais il est arrêté 14 jours à Bir Hakeim par la 1re Brigade Française libre du général Koenig, ce qui donna le temps aux Britanniques en déroute de se regrouper sur la ligne fortifiée d’El Alamein, que Rommel ne parvient pas à franchir. Puis en octobre 1942, c’est la 8e Armée britannique, commandée par Montgomery, qui attaque à son tour les forces de l’Axe et remporte la seconde bataille d'El Alamein. Celle-ci met fin à la présence de l’Axe en Libye, quelques jours après le succès du débarquement allié en Afrique du Nord.
Le 8 novembre 1942, en effet, pour soulager l’Union soviétique qui résiste seule à l’assaut allemand, les forces américaines et britanniques ont débarquent au Maroc et en Algérie contrôlés par le gouvernement de Vichy: C'est l’opération Torch. Les troupes françaises de Vichy ripostent et s'opposent aux alliés débarqués jusqu'à ce qu'un accord négocié avec l'amiral Darlan mette fin aux combats[7].
Les alliés chassent finalement l’Axe du continent africain, avec l’aide de l’armée d’Afrique retournée et des Forces françaises libres. Depuis l’Afrique du Nord, les Alliés peuvent alors organiser les débarquements en Sicile et en Italie en 1943, et en Provence en 1944.
Théâtre asiatique
À compter de 1937 en Chine, l’armée nationaliste du Kuomintang sous Tchang Kaï-chek et les communistes marxistes sous Mao Zedong font front commun contre les Japonais mais généralement sans coopérer.
Enlisée en Chine, l’armée japonaise a systématiquement recours, dès 1937, à l’utilisation d’armes chimiques. Selon les historiens Matsuno et Yoshimi, celles-ci furent notamment utilisées à 375 reprises pour assurer l’invasion de la ville de Wuhan à l’automne 1938. L'emploi d'armes bactériologiques est quant à lui autorisé par le quartier général impérial à compter de 1940 mais jamais contre des occidentaux.
Soumis à compter de 1941 à un embargo sur le pétrole après son occupation de l’Indochine, le Japon ne peut plus désormais réaliser sa politique expansionniste sans détruire la principale menace qui peut encore s’opposer à lui dans le Pacifique : la force navale des États-Unis basée à Hawaii. Employant à nouveau la stratégie qui lui a réussit contre la Russie, le Japon décide de bombarder Pearl Harbor le 7 décembre 1941 par surprise. La flotte est fortement endommagée mais les porte-avions sont en mer.
Simultanément, l'armée japonaise occupe les possessions britanniques, hollandaises et américaines d’Asie du Sud-Est comme Hong Kong, Singapour (massacre de 10 000 civils), l'Indonésie et les Philippines (marche de Bataan) et s'emparent des champs pétroliers de Malaisie menaçant même l'Australie. L'Indochine française est déjà passée sous son contrôle militaire avec l'accord du Régime de Vichy le 21 juillet 1941.
Le raid de Doolittle en avril 1942 marque le début de la riposte américaine. En mai 1942, la bataille entre porte-avions de la mer de Corail tourne à l’avantage des alliés. Un mois plus tard, celui ci est accentué par celle de Midway.
En mai 1942, l’armée showa tente de neutraliser la résistance communiste chinoise en lançant l’opération « tue tout, vole tout, brûle tout » (sankô sakusen) dans le nord de la Chine.
En dépit de la détermination de l’armée japonaise, les Alliés reprennent peu à peu les îles du Pacifique comme à Guadalcanal, les Salomon puis les Philippines après la bataille du golfe de Leyte.
La capture des îles proches du Japon comme Iwo Jima et Okinawa permet de lancer des attaques aériennes directes. Tōkyō subit un bombardement incendiaire tandis que Hiroshima et Nagasaki (ce devait être Kokura) subissent une attaque nucléaire.
La déclaration de guerre de l’URSS et l’invasion du Manzhouguo par les forces soviétiques provoquent finalement la reddition du Japon le 15 août 1945, confirmée par la signature des actes officiels le 2 septembre à bord de l’USS Missouri.
Moyens militaires des belligérants
Armes
"Guerre de mouvement sur de vastes espaces, la Deuxième Guerre mondiale a été une guerre du moteur" [8].
L'usage généralisé des chars est une première illustration de cette tendance à la motorisation. Alors que l'armée française fait le choix d'une dispersion des chars, mis au service des unités d'infanterie, les Allemands en adoptant une tactique basée sur l'utilisation des chars groupés sortent vainqueurs de la bataille de France. La conception du char lui-même oscille entre 2 tendances: La puissance et la maniabilité. L'expérience de la guerre d'Espagne a montré que le blindage est moins important que la silhouette basse, moins vulnérable, la tourelle mobile à 360° et la puissance du canon, mais au cours de la seconde guerre mondiale, on assiste à une croisance en poids, en blindage et en puissance de feu. Ainsi, le char allemand Tigre I fait 57 tonnes. L'américain Sherman M4 et le soviétique T34, utilisés jusqu'à la fin de la guerre restent dans la gamme des 30 tonnes. la concentration de chars dans des divisions blindées permettent de mener des guerres éclairs (Blitzkrieg), comme la Bataille de France en mai-juin 1940 remportée par mes Allemands. La plus grande concentration de chars a eu lieu lors de la bataille de Koursk, en Russie, en juillet 1943. Les progrès de chars vont de pair avec les progrès de l'armement antichar: L'usage de la charge creuse permet de percer des blindages de plus en plus épais. Des tubes lance-roquettes comme le bazooka permettent au fantassin de disposer contre les chars de la puissance d'un artilleur [9].
Parallèlement à l'utilisation de chars, on assiste tout au long de la guerre à un accroissement des transports motorisés des troupes, au détriment des chevaux, encore très présent tant du coté français que du côté allemand lors de la bataille de France ou encore sur le front de l'est. La division blindée américaine de 1944, sera, elle, entièrement motorisée.
Les immenses progrès de l'aviation réalisés entre les deux guerres vont donner aux différents avions de guerre une place de première importance. L'amélioration des structures de l'avion permet aux chasseurs-bombardiers comme le Stuka d'opérer des bombardements en piqué et de prendre ainsi toute leur part dans les combats terrestres. Les bombardiers lourds comme la forteresse volante américaine, dont le rayon d'action atteint, à la fin de la guerre, 5 000 kilomètres sont utilisés dans des raids massifs de mille avions et plus, mettant ainsi en œuvre le concept de Bombardement stratégique. Pour contrer les bombardiers, les belligérants font usage de leurs avions de chasse et de canon de défense antiaérienne (DCA). C'est l'efficacité de la DCA qui obligent à organiser les opérations de bombardement la nuit. On demande aux avions de chasse d'assurer la maitrise de l'espace aérien sur un champ de bataille ou sur un front donné [10].
La DCA doit son efficacité aux tout nouveaux radars qui l'assistent et permettent de surveiller le ciel. À partir de 1942, les bombardiers sont équipés de radars. D'une façon générale, les télécommunications font partie intégrante de l'arsenal militaire. Les blindés allemands sont reliés entre eux par radio dés 1939, alors que leurs adversaires français ne le sont que très partiellement. Les techniques de chiffrage et de déchiffrage suivent l'évolution des techniques. Les allemands utilisent la machine de codage Enigma, mais le déchiffrement d'Enigma par les alliés occidentaux est un facteur fondamental qui leur permet d'inverser le cours de la bataille de l'Atlantique et d'assurer finalement leur victoire finale.
Sur mer, avant la Seconde Guerre, on a assisté à un un renforcement incessant des blindages des cuirassés, mais ses superstructures et ses moyens de combat exposés sur de larges appontements restent très vulnérables aux dégats causés, par exemple, par les bombardements en piqué. Le cuirassé cesse d'être le roi des batailles navales, alors que le porte-avion qui peut embarquer de 50 à 60 appareils, prend un rôle de plus en plus crucial, surtout lorsque le théâtre des opérations est éloigné de la base terrestre, comme c'est le cas, pour les États-Unis ou le Japon dans les batailles du Pacifique. Le porte-avion devient la pièce centrale d'un dispositif où les autres navires deviennent ses auxiliaires [11].
Comme lors de la Première Guerre mondiale, les sous-marins sont largement employés pour bloquer l'approvisionnement ennemi, mais la lutte anti-sous-marine a fait des progrès grâce aux sonars dont les premiers développement datent de la première guerre mondiale mais qui deviennent pleinement opérationnels.
A la fin de la Seconde Guerre, de nouvelles armes font irruption sur le champ de bataille, comme l'avion-robot V1 lancé pour la première fois par les Allemands sur l'Angleterre dans la nuit du 13 au 14 juin 1944 ou le missile V2 lancé pour la première fois sur Londres le 8 septembre 1944 [12]. Contrairement aux craintes des alliés, les Allemands n'avaient pas de projet de bombe atomique [13]. Les Américains, au contraire, avaient mis à partir de décembre 1941 de gigantesques ressources dans le Projet Manhattan qui aboutit le 16 juillet 1945, après la reddition de l'Allemagne, à la première explosion nucléaire dans le désert du Nouveau-Mexique et aux Bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki les 6 et 9 août 1945.
Statistiques
Bâtiments | Alliés | Axe | ||||
---|---|---|---|---|---|---|
France | Royaume-Uni | Total | Allemagne | Italie | Total | |
Porte-aéronefs | 1 | 8 | 9 | |||
Cuirassés | 7 | 12 | 19 | 5 | 2 | 7 |
Croiseurs | 19 | 50 | 69 | 6 | 22 | 28 |
Destroyers | 70 | 94 | 164 | 17 | 59 | 76 |
Sous-marins | 77 | 38 | 115 | 57 | 115 | 172 |
Escorteurs | 87 | 87 |
Aspects politiques et sociaux
Tous les pays belligérants connaissent la guerre totale mobilisant l'ensemble de leurs ressources économiques et humaines, des millions de femmes entrant notamment dans les usines. Le Royaume-Uni, grâce au ministre Ernest Bevin, est le belligérant qui a consenti proprotionnellement le plus fort investissement financier et la plus vaste mobilisation de ses travailleurs. Les Etats-Unis ne furent pas en reste grâce aux Victory Programm, ni l'Union Soviétique qui démonta et réinstalla spectaculairement ses usines à l'est de l'Oural.
L'Allemagne nazie rechigne plus longtemps à entrer en guerre totale, proclamée par Goebbels le lendemain de Stalingrad seulement, puis à nouveau après le 20 juillet 1944 : ce qu'expliquent le refus idéologique du travail des femmes, la peur de revivre les troubles sociaux ayant mené à la révolution de novembre 1918, la volonté de faire peser sur les peuples conquis le poids de la guerre.
Alors que les régimes d'occupation n'avaient concerné en 1914-1918 que des petits pays (Belgique, Serbie) ou des régions précises à l'arrière de vastes fronts où se continuait la lutte, l'Occupation et son cortège de rationements, de pénuries et d'exactions sont cette fois une réalité massive pour la plupart des pays d'Europe et d'Asie, donnant au vécu de la Seconde Guerre mondiale son caractère particulier.
En Europe de l'Est : une guerre d'extermination
La domination allemande en Europe revêtit un caractère différent selon les projets nazis, et selon que les habitants des pays occupés étaient considérés comme de "race" plus ou moins inférieure par Hitler.
Ce dernier entendait remodeler radicalement la carte démographique de l'Europe de l'Est, réservoir essentiel de l'"espace vital" (Lebensraum) revenant à la "Race des Seigneurs". Dans cet espace immense, il s'agit à la fois d'implanter des colons allemands, de germaniser de force les populations qui peuvent l'être, de déplacer, de stériliser ou de faire mourir des millions de "sous-hommes" polonais et de Slaves soviétiques en utilisant les survivants comme esclaves, enfin d'anéantir les Juifs et les Tziganes.
Le conflit mondial à l'Est prend donc d'emblée l'aspect délibéré d'une guerre d'extermination (Vernichtungskrieg) dirigée contre les populations slaves, tziganes et bien sûr juives. Une commission d'experts mise en place par Göring pour planifier la future exploitation méthodique des ressources de l'URSS avait conclu dès mai 1941, soit avant l'invasion, que "nos projets devraient entraîner la mort d'environ 10 millions de personnes".
En URSS, comme en Pologne et en Yougoslavie, les massacres de masse à grande échelle et l'affamement des populations furent de règle dès les premiers jours de l'invasion. Ce fut à tel point qu'Hitler se priva d'emblée, contre l'avis de Alfred Rosenberg et d'une partie de la Wehrmacht, de nombreux soutiens possibles dans la population soviétique. Beaucoup de mécontents du régime de Staline et des minorités nationales avaient en effet fait bon accueil aux Allemands à leur arrivée, avant de se retourner contre eux sous l'effet de la terreur de masse. A l'image du très brutal gauleiter Erich Koch en Ukraine, les nazis ne firent aucune concession aux nationalistes antirusses, et s'aliénèrent les paysans en ne remettant pas en cause les structures collectives imposées pendant la dékoulakisation. Au contraire, le système des kolkhozes et des sovkhozes leur permettait de contrôler plus facilement la production. Les livraisons obligatoires furent même augmentées par rapport à la période soviétique, et toute défaillance encore plus implacablement châtiée.
La germanisation forcée de territoires annexés au IIIe Reich pendant la guerre, ainsi l'Alsace-Moselle, le Luxembourg, une partie de la Pologne, se traduisit par l'incorporation forcée de dizaines de milliers de Malgré-Nous dans la Wehrmacht et la Waffen SS. Beaucoup périrent sur le front de l'Est, ou, pour les Alsaciens-Mosellans capturés, furent internés dans le très dur camp soviétique de Tambov.
Des centaines de milliers d'enfants européens "germanisables" furent arrachés à leurs familles et transférés dans les Lebensborn ouverts par Martin Bormann. Dans ces foyers, véritables "haras pour SS", il s'agissait aussi d'étudier l'amélioration de la "race aryenne". Parallèlement, le Reich nazi fit étudier sur des cobayes humains, à Ravensbrück et Auschwitz, un programme de stérilisation massive des femmes slaves.
Pillage financier, économique et humain par l'Axe
A l'Ouest, l'occupant allemand exerce une terreur moindre, mais n'en soumet pas moins les ressources des pays conquis au pillage systématique.
Celui-ci est radical : en 1942, 40 % de la Trésorerie du Reich est faîte de tributs financiers prélevés sur les vaincus. La France du Ml Pétain dut ainsi payer 400 millions de F. par jour de "frais d'occupation", de quoi en réalité entretenir une armée de plus de 10 millions d'hommes (J.P. Azéma). De même, les économies locales furent soumises aux prédations allemandes : en 1943 en France, 50 % du trafic ferroviaire, 80 % de la sidérurgie, 100 % de l'automobile et de l'aéronautique, l'essentiel du BTP était au service exclusif de l'effort de guerre hitlérien (J.F. Murraciole).
Les Allemands ne sont pas soumis au rationnement avant fin 1944 grâce aux prélèvements agricoles massifs dans les pays occupés, condamnés aux privations, à la disette voire à la famine (Grèce, URSS). Bien des Allemands et des collaborateurs locaux reçoivent aussi des dépouilles de l'aryanisation (spoliation des biens juifs) effectuée dans toute l'Europe.
De même, pour compenser la mobilisation de millions d'ouvriers sur le front de l'est, le gauleiter Fritz Sauckel transfère de force de 1942 à 1944 8 millions de travailleurs civils en Allemagne, sans compter les millions de prisonniers de guerre mis au travail : selon Ulrich Herbert (Hitler's foreign workers, Cambridge, 1997), la moitié de l'emploi agricole et le tiers de l'emploi industriel du IIIe Reich sont assumés par des travailleurs étrangers en 1944. La Gestapo surveillait étroitement ces derniers, soumis à de multiples disrciminations.
Si les ouvriers occidentaux, dont les Français du Service du travail obligatoire (STO), sont plutôt bien traités, par contre les ouvriers polonais et soviétiques (Ostarbeiter) doivent porter un insigne "P" ou "Ost" bien visible sur la poitrine ; ils touchient généralement un salaire misérable correspondant à peine au minimum physiologique indispensable ; ils n'ont pas le droit de prendre le tram ou de monter à bicyclette, ni d'entrer dans une église allemande; les relations sexuelles avec une Allemande sont punies de mort pour l'homme, et la femme humiliée en public puis déportée en camp. La police pratique régulièrement des rafles qui en mènent des dizaines de milliers en camp de concentration au moindre geste déviant. Dans les derniers jours du IIIe Reich, des milliers de travailleurs forcés soviétiques et polonais évadés de leurs lieux de travail et errants sur les routes furent massacrés par la Gestapo dans la Ruhr, ainsi à la clairière du Bittermark à Dortmund où 355 travailleurs civils de plusieurs nationalités furent assassinés le jour du Vendredi Saint 1945.
Après que Speer ait pris en main l'économie de guerre totale début 1942, les entreprises allemandes exploitent également de nombreux détenus fournis par les camps de concentration de Himmler : environ 1 500 000 déportés de toute l'Europe connurent ainsi, dans les camps ou dans les kommandos de travail, une exploitation particulièrement meurtrière dans l'état de sous-alimentation et d'humiliation où les avaient réduit SS et kapo.
En Asie également, l'empire japonais eut recours à grande échelle au pillage des matières premières et au travail forcé des prisonniers de guerre occidentaux, comme des populations locales qu'il prétendait libérer de la servitude coloniale.
Collaborations...
Dans la plus grande partie de l'Europe occupée, des mouvements collaborationnistes professant leur adhésion idéologique au national-socialisme ou à une de ses variantes locales se rangent sans réserves derrière le IIIe Reich, exigeant notamment un engagement militaire de leur pays à ses côtés, et participant jusqu'au bout à ses opérations de répression. Ainsi la Milice française de Darnand, qui employait régulièrement la torture et la délation, les hommes de Léon Degrelle en Belgique ou d'Anton Mussert en Hollande. En général, toutefois, les Allemands évitent de s'appuyer trop sur ces groupes très minoritaires dans la population, et souvent haïs comme des "traîtres" par leurs concitoyens.
De nombreux volontaires se battent aux côtés des forces nazies, notamment après juin 1941 lors de la "croisade contre le bolchevisme" : ainsi la LVF française, ou les prisonniers soviétiques du général Vlassov, lesquels ne furent finalement jamais engagés qu'à l'Ouest.
Dans plusieurs pays occupés par l'Allemagne, un gouvernement pratiquant la collaboration d'Etat se mit en place :
- France : Régime de Vichy
- Norvège : gouvernement de (en) Vidkun Quisling
- Slovaquie : gouvernement de Mgr Tiso
- Roumanie : gouvernement du général Antonesco et des Gardes de Fer
- Croatie : gouvernement d'Ante Pavelic et des Oustachis
- Serbie : gouvernement du général Neditch
- Guernesey : gouvernement du Bailli Victor Carey
- Après l'invasion de l'Italie du Nord en 1943, Mussolini, libéré par les Allemands, ne fut plus que le chef nominal d'un régime fantoche : la République de Salo, dont les miliciens participèrent aux côtés des nazis aux exactions violentes contre les Juifs et les résistants.
Certains de ses régimes relèvent du type fasciste, tels le gouvernement Quisling en Norvège, ou la Croatie oustachie, qui s'illustra par des massacres de masse particulièrement barbares contre les Juifs, les Tziganes et les Serbes orthodoxes, condamnés à la mort ou à la conversion forcée. D'autres relèvent d'un autoritarisme plus traditionnel et ne nourrissent pas de projet homicide, ainsi le régime de Vichy.
Ce dernier, qui a recherché dès 1940 une collaboration à laquelle le vainqueur ne croyait pas, a la singularité d'être le seul en Europe à avoir parallèlement profité de la défaite pour mettre en oeuvre un programme de réformes intérieures indépendant des Allemands (Révolution nationale) ; il est aussi le seul en Europe à avoir ambitionné de devenir le partenaire privilégié du IIIe Reich. Philippe Pétain et Pierre Laval croient que sa flotte, son Empire colonial intact et sa bonne volonté à aller au-devant des exigences diverses du vainqueur garantiraient à la France une place de choix dans la future Europe allemande. Ce calcul se révèle un échec, en l'absence de toute volonté de contrepartie allemande, et la France fut notamment le pays proportionnellement le plus pillé d'Europe (Robert Paxton).
L'Occupation du Danemark est aussi particulièrement spécifique, mais à l'opposé : le pays peut conserver ses institutions parlementaires, et même organiser des élections libres en pleine Occupation. L'Etat s'en tient à une collaboration strictement technique et administrative, refusant d'engager la police contre les résistants, de déporter ses ressortissants juifs ou d'envoyer de force sa main-d'oeuvre au travail en Allemagne.
La collaboration ne fut donc nullement inévitable, certains pays refusèrent par exemple d'obliger leurs citoyens juifs de porter l'étoile jaune :
- Moncef Bey, le souverain de Tunisie. Il décora par ailleurs une vingtaine de personnalités juives pendant la guerre.
- le bailli Coutanche de Jersey.
- Le roi du Danemark, Christian X, en menaçant de la faire porter par la famille royale. La population danoise, aidée de la police, fit fuir les juifs de Copenhague vers la Suède.
Dans le monde arabe, les Allemands exploitèrent le ressentiment contre la domination occidentale et se trouvèrent des alliés, ainsi le Grand Mufti de Jérusalem, ou encore Rachid Ali en Irak, dont les Britanniques durent écraser le putsh en avril-mai 1941. L'Afrika Korps ne se priva pas pendant son séjour africain de déployer une forte propagande à destination des autochtones, et de nombreux criminels nazis se réfugièrent après-guerre dans les pays arabes. Toutefois, de nombreux nationalistes locaux et beaucoup de futurs combattants des indépendances se battirent loyalement avec les Alliés, tels les futurs présidents de l'Algérie Ahmed Ben Bella et Mohammed Boudiaf, engagés volontaires et décorés.
Le Japon créa dans le nord de la Chine, en 1932 l'État du Manzhouguo, état vassal sur le trône duquel était installé l'empereur Puyi.
Ils y ajoutèrent en 1940, à Nankin, le gouvernement collaborateur de Wang Jingwei, ancien leader nationaliste, se réclamant lui-aussi de Sun Yat-sen. Pour se donner un profil patriotique, ce gouvernement mit fin au régime des concessions européenne à Shanghai.
Les Japonais bénéficiairent aussi de l'appui de nationalistes locaux, tels Shandra Böse en Inde, et qui furent parfois au pouvoir après la guerre, ainsi Ahmed Soekarno dans la future Indonésie.
... et résistances
On peut distinguer avec Jacques Sémelin la résistance civile, souvent inorganisée, et par laquelle les populations occupées tâchent de maintenir leurs valeurs et de manifester leur esprit de refus, de la résistance organisée, qu'elle revête ou non des formes non-violentes. Celle-ci passe par l'existence de mouvements, de réseaux et de maquis, regroupant une minorité de la population, mais qui ne sauraient subsister sans de nombreuses complicités populaires.
Résistance civile
Des manifestations diverses démontrent toute la guerre l’audience des mouvements de résistance et de la radio de Londres dans l’opinion européenne : célébration des anniversaires-symboles à travers l’Europe occupée (fêtes et grandes victoires nationales), manifestations symboliques en France, où elles ont été les plus nombreuses, du 11 novembre 1940, du 1er janvier 1941, du 31 octobre 1941 en réponse au massacre des otages de Châteaubriant, ou bien « campagne des V » orchestrée par la BBC, qui couvre les murs de Paris du signe de la victoire à l’irritation des Allemands. De même, une symbolique se développe : porter à sa boutonnière un signe de reconnaissance indiquant par exemple sa fidélité au monarque en exil. Autre exemple de résistance spontanée et massive, la population luxembourgeoise boycotta à 98 % le referendum organisé par les nazis pour ratifier l'annexion du grand-duché, et déclencha en août 1942 une grève générale durement réprimée contre l’incorporation forcée des jeunes dans la Wehrmacht.
Aux Pays-Bas, la première grève antiraciste de l'Histoire éclata le 3 février 1941 à Amsterdam pour protester contre la persécution des Juifs ; en 1943, le corps médical hollandais démissiona collectivement pour refuser l’exclusion sur ordre des médecins juifs et la subordination à un organe corporatiste collaborationniste. 500 000 Hollandais se mirent aussi en grève contre le STO en mars 1943, la plus vaste grève de l'Europe occupée, tandis que les départs forcés de main-d'oeuvre provoquèrent à Athènes des manifestations de masse quasi-insurrectionnelles et la chute de deux gouvernements fantôches en 8 mois.
De nombreux civils européens se dévouèrent pour offrir une protection opérante aux pourchassés et persécutés, résistants, aviateurs abattus, défaillants du STO, et bien sûr aux Juifs. Les manifestantes ‘‘aryennes’’ de la Rosenstrasse parvinrent en 1943, en plein Berlin, à faire libérer leurs maris juifs. En Bulgarie, un vaste mouvement d'opinion empêcha la déportation des Juifs nationaux au printemps 1943. De nombreux Justes parmi les Nations sauvèrent des Juifs de la mort.
Résistance organisée
Elle passe par l'organisation d'une presse clandestine (un millier de titres en France, plus de 1200 aux Pays-Bas), de réseaux de renseignements, de groupes de sabotages, de mouvements de lutte armée. La guerilla fut surtout prégnante en Europe de l'Est, où les partisans yougoslaves, grecs et soviétiques parviennent assez tôt à contrôler des régions entières. La Biélorussie compte ainsi la plus forte concentration de partisans d'Europe. L'Armia Krajowa polonaise mit quant à elle sur pied un véritable contre-Etat clandestin. Des guerillas importantes se battent aussi en Asie, avec le mouvement des Huks aux Philippines ou l'action des forces communistes de Mao Zedong en Chine. En Ethiopie, la guerilla locale aida les Britanniques à restaurer en 1941 l'indépendance détruite par l'Italie en 1936.
Les résistants proviennent de tous les milieux. Si leurs divisions politiques et stratégiques peuvent se conclure sur des affrontements sanglants en Yougoslavie, en Pologne et en Grèce, et que la guerre civile entre communistes et Guomindang reprend en Chine aussitôt le Japon vaincu, en revanche la Résistance intérieure française parvient à un haut degré d'unification, le Conseil National de la Résistance étant fondé le 27 mai 1943 sous l'autorité de la France Libre.
Les Alliés firent des résistants une source non négligeable de renseignements et trouvèrent en elle un appui précieux pour les sabotages stratégiques, ainsi à la veille du débarquement en Normandie en France ou de l'opération Bagration en Biélorussie (22 juin 1944), où d'innombrables destructions de voies ferrées et de moyens de communication aidèrent les offensives. Ils ne furent pas toutefois sans se méfier souvent de ces soldats sans uniforme, ou sans sous-estimer leur efficacité.
Conséquences historiques
La Seconde Guerre mondiale contribue, à travers son bilan plus ou moins préjudiciable aux participants, à l'émergence de deux superpuissances qui vont se partager le monde : les États-Unis d'Amérique (USA) et l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS).
La Société des Nations, à laquelle on impute d'avoir échoué à empêcher la guerre, est remplacée par l'Organisation des Nations unies. La Charte des Nations Unies est rédigée à San Francisco en juin 1945.
Les principaux dignitaires de la hiérarchie nazie sont jugés, et la plupart condamnés, pour crime contre l'humanité (une notion nouvelle, que les horreurs sans précédent des nazis ont obligé à définir) ou pour crime de guerre lors d'un procès international à Nuremberg.
L'opération Paperclip, l'organisation Gehlen et le réseau Gladio, initialisés et soutenus par les services secrets américains, OSS puis CIA, ont évité des procès pour crimes de guerre à des milliers d'ex-responsables nazis et les ont placés à des postes de responsabilités au moins aussi importants que ceux qu'ils avaient pendant la guerre. Ce faisant ils ont eu un rôle considérable dans le déclenchement et l'entretien de la guerre froide ainsi que dans l'instauration et le maintien de nombreuses dictatures en Amérique du Sud et Centrale, et ailleurs dans le monde.
La recherche scientifique et technique, dans l'ensemble, bénéficient d'une forte impulsion, en particulier pour la maîtrise de l'atome dans le projet Manhattan et la recherche sur les fusées qui permettra des programmes spatiaux.
Conséquences au Royaume-Uni
Les autres alliés en effet, et si l'on excepte le Royaume-Uni, ont un rôle mineur ou bien sont écartés des négociations qui aboutissent à la mise en place de deux zones d'influences, suivant les accords de Yalta et de Potsdam. Cette situation, qui porte en elle les germes de la Guerre froide, dure jusqu'en 1989.
Le Royaume-Uni sort considérablement affaibli de la guerre. Celui-ci, en effet, a consacré la fin des puissances coloniales. Par la suite, les îles britanniques connaissent une crise sans précédent, due à la reconstruction et à la restructuration de son économie.
Conséquences en France
Au cours de la bataille de Normandie, le général de Gaulle, accueilli en libérateur par les Français, parvient à obtenir des alliés la reconnaissance de la pleine autorité de son gouvernement, le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) (proclamé le 3 juin à Alger), sur la métropole. Il fait en sorte que la France soit reconnue par le camp allié comme un vainqueur. Cette reconnaissance lui permet d'occuper une partie de l’Allemagne, d'obtenir un siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, etc.
La Libération de la France s'accompagne de l'épuration d'une partie des personnes suspectées, à raison ou à tort, d'avoir collaboré. Les Allemands et leurs collaborateurs ont multiplié les atrocités sous l'occupation, puis dans leur retraite. Aussi dans les territoires libérés par les résistants, de nombreuses exécutions sont expéditives et pas toujours précédées de jugements. Des femmes sont tondues pour « collaboration horizontale ». De ce fait, des erreurs sont commises dans cette libération rapide, et des innocents injustement assassinés. Les historiens estiment qu'environ 11 000 exécutions sommaires ont lieu. L'épuration sauvage a pu être d'autant plus brutale que la population peut avoir envie de se venger des exactions de la milice et des Allemands dans leur déroute et que le gonflement des effectifs de la résistance a permis à certains résistants de la 24e heure de se dédouaner ainsi à peu de frais. On a observé le même phénomène lors de l'indépendance de l'Algérie.
À l'opposé, certains collaborateurs sont parfois acquittés ou condamnés à de faibles peines (malgré la gravité de leurs crimes) par les tribunaux réguliers dont la majorité des juges ont prêté serment à Pétain. D'autres furent jugés par la Haute Cour composée de résistants, mais l'importance des condamnations décrut avec le temps. C'est ainsi qu'en 1949,le dernier accusé jugé est acquitté: le secrétaire d'État à l'Intérieur de Pétain, René Bousquet (qui mit la police et la gendarmerie françaises à la disposition des occupants pour faire la chasse aux résistants et déporter près de 60 000 Juifs) est acquitté. À noter que les collaborateurs n'ont été poursuivis que pour trahison, et pas pour crime contre l'humanité.
De Gaulle empêche le développement d'une situation armée insurrectionnelle (voir Histoire de France), en amalgamant les mouvements ayant participé à la Résistance à l'armée régulière issue de l'armée d'armistice cantonnée en Afrique (dont nombre de cadres avaient été vichystes avant de se rallier en 1942). Non sans mal, les résistants des Forces françaises de l'intérieur (FFI) et des Francs-tireurs et partisans (FTP) sont intégrés dans l'armée régulière sans trop d'à-coups. L'intégration des milices patriotiques du PCF est négociée contre leur participation au gouvernement et l'amnistie de Maurice Thorez.
Au nom de la reconstruction du pays et afin de permettre à la France de tenir son rang nouvellement restauré aux côtés des alliés, l'épuration de l'administration est limitée. Certains hauts fonctionnaires invoquent la continuité de l'État comme acte de résistance. Les policiers dont une partie a poursuivi les résistants se dédouanent par une insurrection à Paris à la veille de la Libération. Certains collaborateurs se font oublier en intégrant des régiments de FFI ou en s'engageant dans le corps expéditionnaire d'Extrême-Orient (engagé en Indochine), ce qui est par la suite exploité par la propagande Việt Minh.
La France oublie qu'elle fut anglophobe et pétainiste après le bombardement de Mers el Kebir, que des gendarmes français gardèrent le camp de concentration de Drancy et convoyèrent les convois de déportés jusqu'à la frontière. Toutefois, la proportion de Juifs d'avant-guerre ayant survécu est la plus importante de tous les pays occupés, bien que les juifs dit apatrides fussent bien moins protégés que les juifs français. Pour un temps, la législation française considéra que seuls les Allemands peuvent être poursuivis pour crimes contre l'humanité. Le procès manqué de Bousquet ainsi que les procès tardifs de Paul Touvier et Maurice Papon sont emblématiques de cette politique.
Conséquences aux États-Unis d'Amérique
Les États-Unis d'Amérique prennent l'initiative d'avoir une attitude positive. Ils imposèrent la démocratie, particulièrement en Allemagne et au Japon, à travers une épuration et un contrôle des rouages de l'État et de l'éducation. Parallèlement, ils fournissent à partir de 1947 une aide économique à la reconstruction de l'Europe, connue sous le nom de plan Marshall. Celle-ci permet une reconstruction rapide des économies occidentales, achevée au début des années 1950, et évite aux populations la tentation de s'abandonner au communisme ou aux néo-fascismes.
À l'issue de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis sont avec l'URSS l'une des deux plus grandes puissances mondiales. Les États-Unis possèdent la première flotte de guerre, la première flotte de commerce, ils détiennent 75 % des stocks d'or du monde (d'où la devise « dollar as good as gold », le dollar est aussi sûr que l'or).
Conséquences en URSS
Staline n'est pas en reste et fut l'un des grands gagnants du conflit. L'Armée Rouge a mis hors de combat plus de 85 % des soldats allemands et apparaît à raison comme le principal vainqueur de Hitler. Le prestige et le rôle de l'Union soviétique sortent grandis bien au-delà des seuls cercles communistes. Réintégrée dans le concert des nations, l'URSS est membre permanent du Conseil de Sécurité.
Pour les Russes, cette grande guerre patriotique menée sur le front de l'Est invoqua la survie de la nation. En portant un toast au peuple russe lors du défilé de la victoire, le 24 juin 1945, Staline confirmait le retour de l'URSS à une forme plus accentuée de nationalisme grand-russe voire de chauvinisme, aux dépends des minorités nationales et, bien vite, des Juifs « cosmopolites ».
Les annexions de 1939-1940 sont confirmées, et d'autres sont venues s'y ajouter à la victoire. L'URSS a augmenté sa superficie de 475 000 km² et sa population de 24 millions d'habitants, aussitôt soumis à une très brutale soviétisation par la terreur. Par ailleurs, les nations de ce que l'on appellera l'Europe de l'Est tombent sous le contrôle de l'URSS. La ligne frontière séparant cet ensemble de pays de l'Europe occidentale, et dénommée par les occidentaux rideau de fer, fut par la suite le théâtre de la guerre froide. Derrière ce dernier, le système stalinien est progressivement imposé pour des décennies à un empire immense allant de Berlin-Est à la Corée du Nord, en attendant le basculement de la Chine et du Viet-Nam dans le camp communiste.
Cependant, l'URSS sort considérablement appauvrie de la guerre, qui lui a coûté plus de 25 millions de morts, ainsi que les pires destructions jamais subies par un belligérant dans l'histoire humaine. En 1945, une commission officielle estime que le coût des destructions équivaut au double des investissements consentis lors des deux premiers plans quinquennaux des années 1930. Enfin, technologiquement, l'Union Soviétique accuse un retard sur l'Amérique, dont elle ne brise le monopole nucléaire qu'en 1949.
Coûts humains en fonction des pays
- Article détaillé : Bilan de la Seconde Guerre mondiale.
En tout environ 11 millions de personnes furent assassinées par les criminels nazis et leurs relais : près de six millions de Polonais, dont trois millions de Juifs et trois millions de catholiques ; trois millions de Juifs des autres pays d'Europe ; et deux millions de Tziganes, handicapés, homosexuels, témoins de Jéhovah et autres.
En Asie, les historiens évaluent entre 10 et 30 millions le nombre de morts causées par les exactions du régime showa, dont 2,7 millions seulement pour l'opération tue tout, pille tout, brûle tout (sankô sakusen) menée dans le nord de la Chine par le général Yasuji Okamura.
Holocauste de masse (Shoah)
L'expression hébraïque Shoah (anéantissement) désigne l'extermination en masse, systématique et programmée, des civils juifs, femmes, enfants et vieillards compris. Environ 6 millions de juifs en furent les victimes, soit les trois quarts des Juifs de l'Europe occupée et les deux tiers de ceux du Vieux Continent, ou encore 40 % des Juifs du monde entier. Ce génocide fut perpétré par les nazis de 1942 à 1945 selon des méthodes industrielles qui restent aujourd'hui encore exceptionnelles dans l'Histoire du monde.
L'Holocauste fut pratiqué dans un premier temps par des exécutions de masse pratiquées par la Wehrmacht puis par les Einsatzgruppen dans les territoires polonais et soviétiques. En URSS et dans une partie de la Pologne, la « Shoah par balles » céda en 1942 le pas à l'emploi méthodique de camions à gaz.
Après la conférence de Wannsee (20 janvier 1942), la politique d'extermination (« la solution finale de la question juive » dans la terminologie nazie) vise les juifs de tous les pays occupés et prend un tour industriel. Les Juifs sont déportés dans des camps d'extermination dans lesquels les victimes sont gazées en masse, invalides, malades, vieillards et enfants d'abord. Les civils valides sont quant à eux rapidement épuisés par le travail forcé, la sous-alimentation complète et les traitements sauvages de maints kapo, avant d'être à leur tour gazés, et leurs corps réduits en cendres dans des fours crématoires.
Parmi les principales étapes du génocide planifié, il faut citer l'"Action Reinhardt", nom de code désignant l'anéantissement de deux à trois millions de Juifs de Pologne en 1942-1943 dans les camps d'extermination locaux créés dans ce but, ainsi qu'en 1944, la déportation en 56 jours de plus de 500 000 Juifs de Hongrie par Eichmann ; cette dernière porta à son maximum l'activité exterminatrice d'Auschwitz-Birkenau. De nombreuses grandes rafles scandèrent également la persécution en Europe, telle la rafle du Vélodrome d'Hiver à Paris le 16-17 juillet 1942, ou le même jour, la déportation des 1 135 premiers Juifs d'Amsterdam.
Les principaux camps d'extermination furent :
- Auschwitz-Birkenau (où périrent plus d'un million de personnes)
- Treblinka (750 000 morts)
- Belzec (650 000 gazages entre mars et décembre 1942, sur un terrain de huit ha seulement, un record inégalé de densité meurtrière)
- Majdanek (50 000 morts)
- Sobibor (400 000 morts)
- Chelmno (le premier par ordre chronologique, 130 000 morts)
Autres crimes contre l'humanité nazis
Aux côtés des juifs, d’autres populations furent victimes de la même volonté raciste d'extermination systématique des éléments considérés comme « nuisibles » ou simplement « inférieurs » par les nazis :
- les Tziganes ;
- les handicapés ;
- les Polonais ; Heinrich Himmler déclara : « Tout le peuple polonais disparaîtra du monde […]. Il est essentiel que le grand peuple allemand considère tâche majeure que celle de détruire tous les Polonais. »
- des prisonniers de guerre, français des colonies d'Afrique noire, polonais et russes (exécutions de masse ou par sous-alimentation) ; l'historien de la Wehrmacht Omer Bartov estime que celle-ci exécuta sur place 600 000 prisonniers soviétiques au second semestre de 1941 et en laissa mourir de faim 1.4 million d'autres, sans oublier que sur les 5,3 millions de prisonniers transférés en Allemagne, 3,3 millions périrent de malnutrition délibérée et de traitements sauvages.
- les homosexuels. Avec un taux de mortalité de 60 % dans les camps nazis, ils furent le second groupe le plus assassiné après les Juifs et avant les Tziganes, et durent en outre endurer fréquemment l'homophobie d'autres détenus.
Outre cette extermination systématique, des gens appartenant à d'autres catégories ont aussi été envoyés dans les camps d'extermination, mais avec moins de systématisme :
- les témoins de Jéhovah ;
- des civils polonais ;
- des opposants, résistants, militants (catholiques, communistes, etc.)
Ceci en sus des crimes de guerre (tortures, massacres etc.). Il convient de préciser toutefois que les conventions internationales (les « lois de la guerre ») ne protègent pas les partisans, « résistants » et autres combattants sans uniforme.
Il faut distinguer les camps d'extermination des camps de prisonniers de guerre pour occidentaux (Stalag) et des camps de concentration. Les premiers ont pour finalité l'extermination des juifs et autres personnes qualifiées de « sous-hommes » par le régime nazi. Les camps de concentration sont établis pour garder prisonnier les opposants réels ou présumés, les pilotes alliés, des droits communs, etc. (par exemple Buchenwald ou encore Neuengamme). Si le but premier des camps de concentration n'est pas l'extermination, les conditions particulièrement dures de détention et les mauvais traitements y entraînent une très forte mortalité (40 % des déportés français périrent en deux ou trois ans). Les camps de prisonniers pour occidentaux (Stalag) sont plus « doux ». Par contre, ceux destinés aux prisonniers russes sont particulièrement meurtriers au début de l'opération Barbarossa, jusqu'à ce que Speer s'inquiète du problème de main d'œuvre dans l'industrie de guerre.
Exactions et crimes de guerre
De nombreux massacres de civils ou crimes de guerre sont perpétrés au cours de ce conflit :
- Sur le théâtre d'opération européen
- génocide (déportation suivie de l'extermination) des juifs par les nazis
- expériences pseudo-médicales de nombreux médecins nazis dans les camps de concentration, notamment du docteur Mengele
- en France (massacres commis par les nazis, ayant touché plus de 30 000 personnes)
-
- exécutions d'otages par les Allemands à Châteaubriant, à Paris, à Lyon, à Limoges, etc. à partir de l'automne 1941. L'historien Serge Klarsfeld a établi la liste de 1007 otages et résistants fusillés au Mont-Valérien près de Paris, dont 117 étaient juifs.
- massacre d'Oradour-sur-Glane, le plus important avec 654 victimes dont des femmes et des enfants, exécuté par la division SS Das Reich. Il y eut 4 rescapés.
- massacres à Ascq, à Tulle, à Maille-en-Tourraine, à Etobon, etc. perpétrés par les SS.
- torture et massacre des civils et des combattants du maquis du Vercors, par des unités de la Wehrmacht (juillet 1944)
- En Italie occupée :
-
- massacre de 355 otages aux Fosses Ardéatines près de Rome en mars 1944
- massacre du village de Marzabotto près de Bologne en octobre 1944, qui fit plus de 900 morts
- en Pologne
- affamement et déportation du ghetto de Varsovie
- « nettoyage » du ghetto de Varsovie par les SS après l'insurrection des derniers survivants
- extermination de 50 000 membres des élites polonaises par les SS et la Gestapo (prêtres, aristocrates, professeurs, officiers). L'enseignement secondaire, les séminaires et les universités furent fermées, tout comme les théâtres par exemple, et ce n'est qu'à un système remarquable de cours clandestins - les komplety - que les Polonais parvinrent à instruire et à sauver cinq classes d'âge de bacheliers (Jacques Sémelin, Sans armes face à Hitler. La résistance civile en Europe, Payot, 1996)
- massacre de 5 000 officiers polonais à Katyń, par l'armée soviétique (l'URSS a reconnu sa responsabilité après plusieurs décennies, ayant longtemps accusé les nazis d'être responsables de ce massacre)
- massacre de 10 000 autres officiers polonais en d'autres lieux, soit 15 000 personnes tuées froidement d'une balle dans la nuque par le NKVD, ancêtre du KGB
- destruction à 90 % de Varsovie par l'armée allemande après le soulèvement de l'Armia Krajowa du 1er août au 2 octobre 1944. La répression de l'insurrection par Himmler fit de 150 000 à 200 000 morts. Manquant de moyens pour franchir la Vistule et immobilisée par ordre de Staline pour des raisons politiques, l'Armée rouge laissa les Allemands écraser la rébellion polonaise et ne lui apporta ni armes ni aide.
- en Union soviétique
- affamement et mise à mort prémédités de prisonniers de guerre russes (2 millions de morts)
- affamement délibéré des civils de la cité de Leningrad assiégée (700 000 victimes)
- 20 millions de citoyens de l'Union Soviétique sont tués, dont un très grand nombre de prisonniers de guerre exécutés par les allemands, et aussi des civils dont les villages et villes sont anéantis.
- en Yougoslavie
- déportation de dizaines de milliers de Serbes, Juifs et Roms dans les camps de la mort (notamment à Jasenovac) par les fascistes croates (les Ustasha). Ceux-ci sont responsables du massacre global de plus de 300 000 personnes, ainsi que de multiples conversions forcées au catholicisme.
Il faut encore mentionner l'exécution sommaire de civils et de soldats alliés en uniforme (en particulier certains paras parachutés par le SOE afin d'encadrer les maquis ainsi que de certains pilotes, dont Martin Bormann autorisa et encouragea le lynchâge en 1944).
- Sur le théâtre d'opération du Pacifique
- Article détaillé : Crimes de guerre japonais.
La décision prise en août 1937 par Hirohito d'approuver une directive de son état-major supprimant l'application des Traités internationaux sur la protection des prisonniers de guerre entraîna la mort de plusieurs millions de civils en Chine. Étendue à compter de 1941 aux autres pays conquis, cette mesure causa la mort d'une quantité phénoménale de civils et de prisonniers alliés détenus dans des conditions atroces (témoignage de Roger Cyr des Royal rifles [1].
Parmi les crimes de l'armée shôwa, les plus notables sont les suivants :
- rapt à des fins sexuelles de plus de 200 000 « femmes de réconfort », surtout des coréennes par les soldats japonais
- en Chine
- Massacre de Nankin au cours duquel les troupes japonaises pillent la ville pourtant évacuée par les troupes chinoises et massacrent entre 150 000 et 300 000 civils après avoir commis diverses exactions dont des viols en série
- Opération « tue tout, vole tout, brûle tout » (sankô sakusen) mise en branle en mai 1942 dans le nord de la Chine et ayant entraîné la mort d'environ 2,7 millions de civils. [2]
- Massacre d'environ 250 000 civils du Zhejiang et du Jiangxi, d'avril à août 1942, en représailles au Raid de Doolittle sur le sol japonais le 18 avril.
- expérimentation d'armes bactériologiques sur des milliers de prisonniers chinois, coréens et russes par l'unité 731
- à Singapour, massacre de 25 000 à 50 000 civils lors de « l'épuration » (Daikenshô, Sook Ching) menée du 18 février au 4 mars 1942
- en Malaisie
- exécution de 161 prisonniers alliés (australiens, britanniques et indiens) à Parit Sulong en janvier 1942
- en Birmanie
- massacre d'environ 600 civils en juin 1945 à Kalagon.
- aux Philippines, le Tribunal de Tokyo identifia 72 massacres d'envergure dont :
- à Laha
- exécution de 55 prisonniers australiens et 30 prisonniers néerlandais le 9 février 1943
- à Bangka
- massacre de 65 infirmières australiennes le 14 février 1942
- à Andaman
- massacre de 2 000 à 3 000 civils à Port Blair du 23 mars 1942 à août 1945, dont 800 le 14 août 1945.
Armes chimiques et bactériologiques
En Europe, les gaz de combat ne furent pas utilisés dans les combats entre belligérants, mais seulement contre les civils déportés, dans les camps d'extermination nazis. Des réserves importantes de gaz tabun et sarin furent retrouvées en Allemagne en 1945, suffisantes pour tuer des millions de personnes. Elles furent immergées dans des caissons de béton sous la Manche. On s'inquiète de leur état de conservation aujourd'hui.
En Asie toutefois, les travaux des historiens Yoshiaki Yoshimi et Seiya Matsuno[15], démontrent que Hirohito permettait dès juillet 1937 l'utilisation systématique de gaz toxiques contre l'armée chinoise et les populations civiles. Par peur des représailles et afin de s'assurer que ces armes ne soient jamais employées contre des intérêts occidentaux, chaque utilisation faisait l'objet d'une directive spécifique approuvée par l'empereur et transmise par le chef d'état-major de l'armée, le prince Kan'in (le général Sugiyama à compter de 1940). Dès 1939, les armes chimiques furent employées en URSS et en Mongolie puis aux Philippines en 1942. À ces armes chimiques, s'ajoutent les armes bactériologiques employées à maintes reprises contre des civils en Chine et contre l'armée soviétique lors de la bataille de Halhin Gol.
Viols de guerre
Toutes les troupes bélligérantes de la Grande Guerre avaient commis ou laissé commettre de nombreux viols de guerre (Stéphane Audoin-Rouzeau et Annette Becker, 14-18. Retrouver la guerre, 2000). Le phénomène ne se reproduisit pas autant en 1939-1945. Au contraire des Japonais, l'armée allemande interdisit strictement le viol, puni automatiquement de mort ; il semble avoir été jugé par la Wehrmacht comme induisant un grave risque de dérèglement et d'indiscipline. En revanche, plusieurs milliers viols perpétrés pendant la campagne d'Italie par les Tabors marocains ont été reconnus et indemnisés par la France après 1945. L'Armée Rouge, surtout, fut explicitement encouragée, en représailles aux exactions massives du Reich en URSS, à terroriser les populations allemandes par le viol et les pillages à grande échelle : selon l'historien Ian Kershaw, près de deux millions d'Allemandes de l'est envahi, soit près d'une sur cinq, ont subi en &945 les violences systématiques des soldats soviétiques. En Yougoslavie théoriquement alliée, Milovan Djilas dut se plaindre en personne à Staline de milliers de viols, le dictateur soviétique lui répondant cyniquement que l'Armée Rouge avait assez enduré pour ne pas devoir s'attarder à ce genre de récriminations (Milovan Djilas, Conversations avec Staline, 1964)
Cannibalisme
Plusieurs rapports écrits et témoignages colligés par la Section australienne des Crimes de guerre du Tribunal de Tokyo et analysés par l'enquêteur William Webb (le futur juge en chef du Tribunal), démontrent que les soldats japonais commirent des actes de cannibalisme à l'encontre des prisonniers alliés. Dans bien des cas, ces actes étaient motivés par la famine mais selon l'historien Yuki Tanaka, "le cannibalisme était souvent une activité systématique menée par des escouades entières et sous le commandement d'officiers."[16]
Selon le témoignage de nombreux prisonniers comme le soldat indien Hatam Ali, les victimes étaient parfois dépecées vivantes. Les plus hauts gradés connus ayant pratiqué le cannibalisme sont le lieutenant-général Yoshio Tachibana, qui avec 11 membres de son personnel, a été jugé pour avoir fait décapiter et mangé un aviateur américain en août 1944 à Chichi Jima et le vice-amiral Mori pour avoir mangé un prisonnier lors d'une réception tenue en février 1945[17].
Les bombardements alliés
Certains considèrent que les bombardements alliés, dont ceux commis à Dresde, Berlin, Tōkyō et surtout les bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki constituent des crimes de guerre. D'autres font remarquer que ces bombardements avaient pour but de saper le moral et la volonté de combattre des puissances de l'Axe et ainsi de hâter la fin de la guerre. En particulier, le haut commandement japonais aurait été prêt à sacrifier plusieurs millions de soldats. Enfin la libération des milliers d'atolls occupés par les japonais était très coûteuse en vies. Il faut préciser que le Japon, vaste archipel assez éloigné des côtes, n'avait jamais connu un débarquement ennemi ni une occupation étrangère en plus de 2.500 ans d'histoire. Si la controverse sur la nécessité de lâcher ou non les bombes atomiques ne trouvera sans doute jamais de fin, c'est un fait que la guerre prit fin moins de dix jours plus tard, et que les décideurs et les opinions publiques s'en réjouirent sans percevoir à l'époque la spécificité du bombardement atomiques par rapport aux innombrables destructions de villes auxquelles la guerre avait déjà habitué. En Allemagne 600 000 personnes, essentiellement des civils, sont tuées lors des bombardements stratégiques alliés. (Opération Gomorrah sur Hambourg, bombardements sur Berlin et Dresde) effectués par les Alliés.
Consulter notamment les articles : Europe sous domination nazie, Amnésie sélective de guerre et Troubles comportementaux de guerre.
Déportation de minorités soviétiques par Staline
Dès avant-guerre, Staline consédère les minorités frontalières comme suspectes par définition, et en prévision du conflit qui approche, ordonne pendant les Grandes Purges de 1937-1938 la déportation préventive de centaines de milliers de Polonais, de Finnois, de Lettons, mais aussi, à la frontière asiatique, de nombreux Chinois et de 170 000 Coréens qui se retrouvent en Asie centrale. Lors du Pacte germano-soviétique, l'URSS brise toute résistance à la soviétisation forcée en déportant de 1939 à 1941 plus de 300 000 Polonais nouvellement annexés, ainsi que de nombreux Moldaves, Baltes, etc.
Des forces non négligeables sont ensuite distraites du front en pleine offensive allemande de l'été 1941, afin de déporter la totalité des Allemands de la Volga et du reste de l'URSS, descendants de colons présents depuis deux siècles. Au printemps 1944, sous la fausse accusation de collaboration, quatorze peuples représentant deux millions de victimes, dont l'intégralité des Tchétchènes-Ingouches, des Tatars de Crimée, des Kalmouks, des Karatchaïs, etc. sont déportés collectivement en Sibérie et en Asie centrale. La déportation des 600 00 Tchétchènes, femmes, enfants, militants communistes et soldats décorés compris, fut accomplie en six jours par le NKVD en mars 1944, ce qui reste à ce jour la plus intense déportation de l'histoire. Les biens des peuples déportés furent cédés à des colons russes, leurs républiques autonomes souvent supprimées et leurs villes débaptisées, et en 1949, un décret du Soviet Suprême déclara que les peuples "punis" resteraient exilés à perpétuité. Ces mesures ne furent abrogés que sous Khrouchtchev puis sous Gorbatchev.
A la reprise des Pays baltes, de l'Ukraine et de la Pologne orientale (1945), de nouvelles déportations massives au Goulag frappèrent les simples suspects, les collaborateurs locaux des nazis, mais aussi les résistants nationalistes qui s'étaient battus à la fois contre les Allemands et les Soviétiques et qui refusèrent souvent de déposer les armes, enfin les populations civiles accusées à tort ou à raison de soutenir ces derniers. Selon Anne Applebaum et Jean-Jacques Marie, 6 à 10 % des populations baltes ou moldave se trouvent ainsi en déportation à la fin des années 1940. Des rafles massives de suspects ont également lieu au fur et à mesure de l'avancée de l'Armée Rouge en Europe de l'Est: ainsi disparut sans retour comme des milliers d'autres, en février 1945 à Budapest, le héros du sauvetage des Juifs Raoul Wallenberg.
Il faut leur ajouter les centaines de milliers de soldats soviétiques déportés pendant la guerre pour "défaillance" ou pour esprit critique, tel Alexandre Soljenitsyne arrêté sur le front de Pologne en février 1945 pour avoir mis en doute le génie militaire de Staline. De nombreux anciens prisonniers de guerre, débris de l'armée Vlassov, travailleurs civils volontaires ou forcés en Allemagne, furent également traités en coupables à leur retour au pays, et allèrent former la génération d'après-guerre des captifs du Goulag. Quant aux centaines de milliers de prisonniers de guerre allemands et japonais, les derniers ne furent relâchés qu'au milieu des années 1950.
Expulsion des minorités allemandes d'Europe centrale et japonaises du Pacifique
- Il y avait en Europe centrale (Prusse, Tchécoslovaquie, Pologne et pays baltes) des implantations allemandes depuis de nombreux siècles. Les Allemands des Sudètes, dont les porte-paroles avaient demandé le rattachement à l'Allemagne, avaient servi de prétexte au démantèlement de la Tchécoslovaquie, accordé par les Accords de Munich en 1938. D'autres minorités, à travers les Balkans et les Pays baltes, étaient plus dispersées, et dès 1939, Hitler avait entrepris de "rapatrier" ces Volksdeutsche sur le territoire du Grand Reich, tache confiée à Eichmann.
- Après la prise de ces territoires par l'armée soviétique, de nombreux Allemands, dont beaucoup avaient collaboré avec les nazis, furent expulsés ou fuirent ces régions pour l'Allemagne ou l'Autriche, dans des conditions souvent dramatiques.
- Plus d'un million d'Allemands de la Volga, descendants de colons appelés par les tsars au XVIIIe siècle, furent déportés en Sibérie par Staline dès l'été 1941.
En tout, 8 millions d'Allemands ont été expulsés en 1945 de l'Europe centrale et orientale, dont 2 millions des vieux territoires du Reich situés de l'est de la ligne Oder-Neisse, et cédés à la Pologne.
Un phénomène comparable s'est produit en Asie: 13 millions de Japonais durent quitter la Corée, la Chine et les îles du Pacifique conquises au XIXe siècle par l'empire du Soleil-Levant. Cet afflux important de réfugiés sur un archipel nippon en ruines accrut dans l'immédiat les défis de la reconstruction. Mais la résolution à terme du problème démentit la propagande d'avant-guerre, qui jugeait le Japon "surpeuplé" et qui n'avait vu de solution que dans l'expansion territoriale.
Les dégats culturels
La Shoah est aussi une catastrophe culturelle irréparable. Le yiddishland d'Europe centrale et orientale est pratiquement anéanti, et l'on estime que les trois quarts des locuteurs du yiddish ont disparu pendant la guerre. Si la France n'a perdu « que » le quart de sa population juive, et que le monde israélite français en tant que tel continue d'exister, en revanche, les brillantes communautés juives d'Amsterdam, Berlin, Vienne, Budapest ou Vilnius ont été éradiquées sans retour, à plus de 90 %. Les nazis ont aussi cherché à effacer toute trace du passé juif multiséculaire en spoliant leurs victimes de tous leurs biens et œuvres d'art (aryanisation), en détruisant les synagogues, en brûlant des livres de prières, en retournant les cimetières.
Dans les pays occupés, les nazis ont volé d'innombrables œuvres d'art, collections juives en tête. Ce pillage artistique est orchestré particulièrement par Hermann Göring et Alfred Rosenberg. Selon l'historien Marc Mazower[18], les agents de Rosenberg, rien qu’en Europe occidentale, ont pillé pour 674 trains de marchandises, meubles et objets saisis dans les appartements des Juifs déportés. Les Allemands ont aussi emmené de nombreuses archives privées et publiques de toute sorte, dont beaucoup ont été perdues, ou récupérées par les Russes qui les dissimulèrent pendant un demi-siècle[19]. Si une partie des trésors volés est découverte par les Anglo-Saxons à la chute du Reich et rendue aux propriétaires légitimes, l'URSS puis la Russie ont toujours refusé de restituer certains chefs-d'œuvres figurant dans le butin de l'Armée Rouge en 1945, ainsi le célèbre « trésor de Priam ». Les nazis ont aussi ça et là détruit des toiles représentatives de ce qu'ils qualifiaient d'« art dégénéré ». Par exemple, ils ont organisé au jardin des Tuileries, le 27 mai 1943, un autodafé de 500 œuvres de Picasso, Léger, Klee et Ernst.
Nombre de vieilles villes japonaises, surtout faites de bois et de papier, ont flambé sous les bombardements. Des villes telle Kyoto ont toutefois été épargnées par les bombardiers américains en raison de leur patrimoine prestigieux. En Europe, l'abbaye du Mont-Cassin, berceau du monachisme bénédictin au VIe siècle, a servi de champ de bataille en 1944.
L'historien Jörg Friedrich[20] a établi la liste des dégâts patrimoniaux subi par les villes allemandes : ainsi, ont été radicalement dévastées des villes telles Berlin, Hambourg, Cologne, Dresde, Nuremberg, Breslau, ou encore bon nombre de villes moyennes au passé très prestigieux telles Potsdam, Fribourg, Ulm, Wurzburg, ou Bayreuth. Les 28 villes de la Ruhr ont aussi été durement bombardées et inondées. En sus de divers cathédrales, palais et centres historiques, ont par exemple flambé les maisons natales de Goethe, de Kleist, de Martin Luther ou des frères Grimm.
Jörg Friedrich établit aussi que quelque 40 % des archives allemandes totales ont été perdues, ainsi que quelque 8 millions d'ouvrages des bibliothèques publiques, dont des milliers de thèses irremplaçables, des incunables et des manuscrits précieux. À titre d'exemple, la bibliothèque nationale bavaroise de Munich a perdu 500 000 volumes, celle d'Hambourg 650 000, celle de l'Unversité de Münster 360 000. Selon l'historien, « on n'avait jamais brûlé autant de livres de l'histoire de l'Humanité ». Toutefois, la majorité des ouvrages, documents et œuvres d'art amovibles, dissimulés dans des mines, des bunkers ou des fermes, ont été préservées.
John Keegan relève que les destructions allemandes ont causé la fin du centre Renaissance de Rotterdam (détruit en mai 1940), de toute la vieille ville de Varsovie, de la City de Londres, de Tsarkoie Selo près de Leningrad. Le centre médiéval de Caen et de Rouen a été ravagé par les bombardements américains et les combats de rue, Vienne et Budapest endommagées lors de leur conquête par les Russes. Cependant, relève-t-il, des joyaux tels Oxford et Cambridge n'ont jamais été bombardées, ni Athènes ou Venise. Paris a peu souffert dans son patrimoine, et les Allemands ont fait sauter tous les ponts de Florence en août 1944, sauf le Ponte Vecchio, le plus ancien et le plus prestigieux.
Après la guerre, beaucoup de centres-villes et de monuments ont du être reconstruits à l'identique. Quelques-uns sont restés en l'état à titre de mémorial, telle l'église du souvenir sur la Küdamm de Berlin. Des impacts de balles se voient encore sur certaines façades de monuments parisiens, ainsi à l'École Militaire, à l'École des Mines ou sur le Palais de Justice. D'autres cités ravagées ont été après-guerre le laboratoire de l'urbanisme moderne, ainsi la reconstruction du Havre confiée à l'architecte Auguste Perret.
Postérité de la Seconde guerre mondiale
- Article détaillé : Postérité de la Seconde guerre mondiale.
La fin du conflit planétaire ne signifie pas partout le retour à la paix. Des guerillas à la fois antisoviétiques et antiallemandes continuent à se battre aux confins de l'Ukraine et des Pays baltes jusqu'en 1946, voire jusqu'à la fin des années 1940. La Grèce dès décembre 1944, la Chine en 1945 sombrent dans la guerre civile jusqu'en 1949, tandis que de longues guerres d'indépendance commencent immédiatement en Palestine, en Indonésie, en Indochine. Le massacre de Sétif, survenu le jour même de la capitulation allemande (8 mai 1945), annonce la future guerre d'Algérie (1954).
Après la Seconde Guerre mondiale se sont dessinés les rapports de forces qui ont caractérisé la guerre froide, mais aussi un grand nombre de situations géopolitiques actuelles.
Le travail de reconstitution historique de cette période est toujours en cours, et sujet à de nombreuses controverses, propres à exacerber les sensibilités nationales : la collaboration française sous Vichy en est un exemple. Les affrontements violents entre collaborateurs et résistants en France, en Italie ou en Yougoslavie ont causé des traumatismes durables, et le conflit meurtrier en ex-Yougoslavie (1991-1995) a vu ressurgir explicitement bien des vieilles rancunes.
Par ailleurs, l'holocauste anti-juif en particulier a donné lieu à un important programme de dédommagements de guerre. Toutefois, les Alliés n'ont pas souhaité répéter l'erreur des dédommagements trop lourds exigés à l'Allemagne après la première guerre mondiale, ce qui a permis au pays de connaître un « miracle économique », et d'intégrer la Communauté économique du charbon et de l'acier (CECA), prélude à la Communauté européenne. Le plan Marshall a permis aux économies européennes de se reconstruire.
Bilan
- Article détaillé : Bilan de la Seconde Guerre mondiale.
Œuvres liées
Radiophonie
La radio fut pendant toute la guerre une arme de propagande fondamentale. Sous l'occupation nazie, des millions d'Européens écoutèrent chaque jour en cachette la BBC, dont les émissions en toutes les langues entretenaient l'espoir. Winston Churchill galvanisa le Parlement, la nation britannique et les peuples occupés à coup de discours radiodiffusés, et Charles de Gaulle, surnommé le "général Micro" par la propagande vichyste, ne fut longtemps qu'une voix pour beaucoup de Français.
La radio de Londres accueillit les célèbres chroniques de Jean Oberlé, de Maurice Schumann et de Pierre Dac dans le cadre des émissions "Honneur et Patrie" et "Les Français parlent aux Français". L'audience énorme acquise par leur ennemi, le redoutable orateur ultra-collaborationniste Philippe Henriot, obligea la Résistance à exécuter ce dernier (27 juin 1944).
Sont également passées à la postérité les émissions antinazies de Thomas Mann, qui joutait avec Goebbels par-delà l'Atlantique, ou les chroniques de Georges Orwell en Grande-Bretagne. Avides de nouvelles impartiales, beaucoup de francophones appréciaient aussi la radio suisse, et notamment les éditoriaux réputés de René Payot.
Chaque camp utilisa à ses micros des ressortissants du pays ennemi pour saper le moral de ses civils et de ses soldats. Dès la Drôle de Guerre, Goebbels fit parler au micro de Radio-Stuttgart, non sans succès, le traître français Paul Ferdonnet et le Britannique William Joyce dit "Lord Haw Haw", que captèrent des millions d'auditeurs chez les Alliés, tandis qu'une Nippo-Américaine, surnommée "la Rose de Tokyo" par les GI, fut chargée par le Japon de persuader les Américains de cesser le combat dans le Pacifique. Inversement, le Ml Paulus, le vaincu de Stalingrad, parla à la radio de Moscou.
Cinq volumes de chroniques françaises de la BBC ont été éditées par Jean-Louis Crémieux-Brilhac sous le titre Les voix de la liberté. Ici Londres, La Documentation Française, 1975.
Journalisme
Nombre de grands écrivains ont été correspondants de guerre, ainsi l'Américain Ernest Hemingway qui témoigna de la libération de Paris, ou sur le front russe les romanciers Ilya Ehrenbourg et Vassili Grossman, lequel fut le premier journaliste à découvrir les ruines du camp d'extermination de Treblinka.
Etroitement censurée par les Allemands et leurs collaborateurs, et souvent compromise, la presse fut soumise à une sévère épuration en France libérée, l'historien Patrick Eveno estimant que 90 % des titres ont disparu ou changé de main.
Le Temps fut ainsi remplacé par Le Monde dès décembre 1944, L'Auto par l'Equipe, ou Paris-Soir par Le Parisien Libéré. Fondés en pleine clandestinité, de nombreux journaux de la Résistance entamaient aussi une carrière plus ou moins longue, à l'image de Libération, de Franc-Tireur ou du Dauphiné Libéré. Combat, qui s'attache Albert Camus à la Libération, perdure ainsi jusqu'en 1972, de même que Les Lettres françaises de Louis Aragon, revue littéraire qui a vu ses fondateurs Jacques Decours et Georges Politzer fusillés par l'occupant dès 1942. Défense de la France, fondé dans le sous-sol de la Sorbonne le 14 juillet 1941, engendre France-Soir en septembre 1944.
Photographie
Parmi les nombreux photographes de guerre, on peut citer Robert Capa, présent le jour J sur les plages d'Omaha Beach.
Nombre de photos aux auteurs moins connus du grand public sont entrées dans la mémoire collective, ainsi le célèbre cliché des Américains plantant la bannière étoilée au sommet d'Iwo Jima, ou celui des Soviétiques Iegorov et Kantara attachant le drapeau rouge sur le Reichstag.
Littérature
Fondées dans la clandestinité, les Éditions de Minuit entretinrent la résistance intellectuelle en France, publiant notamment Le Silence de la Mer de Vercors (1941), un appel à opposer un mutisme digne aux tentatives de séduction de l'occupant.
Des recueils collectifs tels que Le Cahier noir ou L'Honneur des Poètes (1943) répliquèrent aux écrivains collaborationnistes tels que Céline, Brasillach, Lucien Rebatet. Des auteurs célèbres tels le prix Nobel norvégien Knut Hamsun ou le philosophe italien Giovanni Gentile mirent aussi leur plume au service de la cause allemande.
Beaucoup d'écrivains choisirent de ne pas publier pendant la durée de la guerre pour ne pas devoir passer par les services d'éditeurs contrôlés par l'occupant, ainsi André Malraux ou Roger Martin du Gard. Cependant, en France, où la vie culturelle fut particulièrement animée et brillante pendant la guerre, une très large partie de la production théâtrale, littéraire ou philosophique ne fit aucune allusion au conflit en cours, bien des créateurs semblant s'accommoder plus ou moins de la main-mise allemande sur leurs éditeurs en particulier et sur la vie culturelle en général (Philippe Burrin, La France à l'heure allemande, Seuil, 1995).
De nombreux poètes écrivirent pour la Résistance, ainsi Louis Aragon composant La Rose et le Réséda pour exalter l'union de "celui qui croyait au ciel, celui qui n'y croyait pas", ou Paul Eluard composant Liberté ou chantant le martyre de Gabriel Péri. Ils furent parfois victimes de la répression, ainsi Robert Desnos en France, Kak Munj au Danemark.
Des témoins cherchant à analyser les causes de la guerre et de la défaite produisirent des œuvres que leur lucidité reconnue et leur finesse d'écriture rendent toujours utilisables aujourd'hui, ainsi l'historien Marc Bloch (fusillé pour Résistance par les nazis) rédigeant L'Étrange Défaite dès l'été 1940, ou le philosophe catholique Jacques Maritain, militant de la France Libre, publiant A travers le désastre à New York.
De nombreux contemporains tinrent des journaux intimes souvent de grande qualité, tels Ernst Jünger, affecté dans les forces d'occupation à Paris, le professeur résistant Jean Guéhenno en France, ou à Amsterdam la très jeune Anne Frank, victime de la Shoah.
Le traumatisme immense causé par la Déportation se reflète dès l'immédiat après-guerre dans les nombreux récits aussitôt produits par des rescapés des camps de concentration, qu'ils soient politiques (L'Espèce humaine de Robert Antelme, L'Univers concentrationnaire de David Rousset, prix Goncourt 1946) ou juifs (ainsi Primo Levi).
Après sa conclusion, la Seconde Guerre mondiale n'allait pas cesser d'être une source intarissable d'inspiration et de réflexion pour les auteurs, qu'ils aient ou non vécu les évènements. En témoignerait encore, tout récemment, le succès en librairie des Bienveillantes de Johnattan Littel (2006).
Chansons et poèmes
- Tipperary : chanson britannique
- Lili Marleen : chanson allemande avec des paroles inspirées d'un poème du soldat Hans Leip, sur une musique de Norbert Schultze.
- Le Chant des partisans : chanson française avec des paroles de Maurice Druon et Joseph Kessel sur une musique de Anna Marly.
- Le Chant des déportés (ou Chant des marais) : chant composé, en 1934 par les détenus du K.Z. de Borgermoor.
- Chant des Marines (“From the halls of Montezuma…”) : chant militaire américain
- Yankee Doodle (“Yankee Doodle keep it up, Yankee Doodle Dandy…”) : chant patriotique américain
- In the Mood : instrumental américain de Glenn Miller.
- Les Ricains par Michel Sardou : évocation postérieure à la guerre.
- Divers chants patriotiques soviétiques ont aussi marqué cette guerre, et notamment Moskva (Moscou) et Stalingrad, évoquant la résistance de ces deux villes, ainsi que Plaine Oh ma Plaine…. En outre, un chant communiste plus ancien revint alors à l'actualité, le chant russe des Partisans (« À l'appel du Grand Lénine, se levaient les partisans… [3]»). Seuls les airs sont connus, non les paroles.
- Fanny de Laninon, de Pierre Mac Orlan : une histoire d'amour (« … c’était elle ma bonne amie… »), la guerre en trois vers (« … Tonnerre de Brest est tombé, pas du bon côté, tout s'est écroulé… »), le désespoir du narrateur malgré la paix (« … J'n'ai plus rien en survivance… »).
- Barbara, de Jacques Prévert : une histoire d'amour (« … Ruisselante ravie épanouie… »), la guerre en trois vers (« … Sous cette pluie de fer de feu d'acier de sang… »), le désespoir du narrateur malgré la paix (« … Mais ce n'est plus pareil et tout est abîmé… »).
Films
- Article détaillé : Films sur la Seconde Guerre mondiale.
Notes et références
- ↑
- ↑ Yves Durand,Histoire de la Seconde Guerre mondialep.36
- ↑ Philippe Masson, Une guerre totale, 1939-45, Taillandier, 1993, p.426. Les chiffres pour l'Allemagne sont donnés au 31 mai de chaque année; Pour les USA, au 30 juin
- ↑ par exemple, Pierre Miquel, La Seconde Guerre mondiale, Fayard, 1986, p.11 ou Yves Durand, Histoire de la Seconde Guerre mondiale, Éditions complexes, 1997, p.85
- ↑ William Shirer, Le IIIe Reich.
- ↑ William Shirer, le IIIe Reich
- ↑ Yves Durand, Histoire de la Deuxième Guerre mondiale, Éditions complexes, 1997, p.121
- ↑ Yves Durand, Histoire de la Seconde Guerre mondiale, Éditions complexes, 1997, p.195
- ↑ Yves Durand, Histoire de la Seconde Guerre mondiale, Éditions complexes, 1997, p.196-199
- ↑ Yves Durand, Histoire de la Seconde Guerre mondiale, Éditions complexes, 1997, p.204-207
- ↑ Yves Durand p.208-210
- ↑ Yves Durand p.208-210
- ↑ Franck Charles, Opération Epsilon, Flammarion, 1993
- ↑ http://test01163.mutu.sivit.org/phpBB2/viewtopic.php?t=8194
- ↑ Dokugasusen kankei shiryô II, Kaisetsu, 1997.
- ↑ Tanaka, Hidden Horrors : Japanese War crimes in World War II, Westview press, 1996, p.127
- ↑ Edward Russell of Liverpool, The Knights of Bushido, a short history of Japanese War crimes, Greenhill books, 2002, p.236-238
http://www.pegc.us/archive/Articles/welch_naval_MCs.pdf
http://www.ess.uwe.ac.uk/WCC/yamashita6.htm - ↑ M. Mazower, Le continent des ténèbres, 2003.
- ↑ Sophie Coeuré, La mémoire spoliée, 2007.
- ↑ J. Friedrich, L'Incendie : l'Allemagne sous les bombes, 2005.
Voir aussi
Bibliographie
- John Keegan, La Seconde Guerre mondiale, Perrin, 1988
- Henri Michel, Histoire de la Seconde Guerre mondiale, Paris, P.U.F., 1977.
- Pierre Vallaud, La Seconde Guerre mondiale, Paris, Éd. Acropole, 2004.
- Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, 3 tomes (1954-1959).
- Liddell Hart, Histoire de la Seconde Guerre mondiale
- François Kersaudy, De Gaulle et Churchill, Ed. Tempus, (2001).
- Jean-Louis Crémieux- Brilhac, Prisonniers de la liberté - L’odyssée des 218 évadés par l’URSS, Ed. Gallimard, (2004).
- Marc Ferro, Questions sur la Seconde Guerre mondiale, Complexe, 2007.
- Jean-Jacques Marie, Les Peuples déportés de l'Union Soviétique, Complexe, 1994
- Jean-François Muracciole, La France et les Français pendant la Deuxième Guerre mondiale, Le Livre de Poche Références, 2004
- Jacques Sémelin, Sans armes face à Hitler. La Résistance civile en Europe, Payot, 2e éd., 1996
Articles connexes
- Les hommes
- Royaume-Uni : Winston Churchill | Bernard Montgomery
- États-Unis : Dwight D. Eisenhower | George Patton | Franklin D. Roosevelt | Harry S. Truman
- France : Albert Lebrun
- Allemagne nazie : Joseph Goebbels | Hermann Göring | Heinrich Himmler | Adolf Hitler | Erwin Rommel
- Japon : Shiro Ishii | Fumimaro Konoe | Shōwa (Hirohito) | Hideki Tôjô
- Italie fasciste : Benito Mussolini
- URSS : Joseph Staline
- Indochine française : Georges Catroux | Jean Decoux
- Les pays
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- Liste des camps de prisonniers de guerre du IIIe Reich
- Liste des guerres
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- Axe Rome-Berlin
- Résistance (politique)
- Noseart: Peintures de Guerre sur avions
- Autres
- Entre-deux-guerres
- Après-guerre
- Projet:Histoire militaire/Seconde Guerre mondiale
- les malgré-nous
- Histoire de la marine française en Indochine de 1939 à 1945
Liens externes
- (fr) Catégorie Seconde Guerre mondiale de l'annuaire dmoz.
- (fr) Histoire de la Seconde Guerre mondiale au jour le jour
- (fr) La Seconde Guerre mondiale, guerre du Millénaire
- Articles et dossiers sur la Seconde Guerre mondiale
- (fr) Site généraliste
- (fr) L'Armée américaine de la Seconde Guerre mondiale
- (fr) Site qui présente toute l'histoire du Débarquement et de la bataille de Normandie
- (fr) Histoire de la France pendant la Seconde Guerre mondiale
- (fr) La Seconde Guerre mondiale : De Nuremberg à Nuremberg
- (fr) La Seconde Guerre mondiale
- (fr) Histoire de la Seconde Guerre mondiale : 1939-1945
- (fr) Souvenirs de guerre d’un jeune Français, racontés par lui-même, des dizaines d’années plus tard
- (en) World War II Timelines Chronologie de la 2e guerre mondiale
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