Témoins de Jéhovah et transfusion sanguine
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Le refus des transfusions sanguines est actuellement l'un des plus grands sujets de controverse concernant les Témoins de Jéhovah. Si les techniques ne faisant pas appel à la transfusion de sang sont de plus en plus fiables et courantes, il reste néanmoins encore de nombreuses situations où une transfusion est la seule solution thérapeutique. Il est intéressant de noter que si la société Watchtower interdit les transfusions de sang total et certaines fractions de celui-ci comme le plasma, les plaquettes ou les leucocytes, elle laisse à la conscience de ses adeptes la décision d’en accepter d’autres, comme l’albumine, les immunoglobulines ou les préparations pour hémophiles incluant le facteur VIII, dont la production nécessite des milliers de dons de sang. Divers sites de la Toile accusent les Témoins de Jéhovah de s'être engagés par écrit devant le secrétaire de la Commission Européenne des Droits de l'Homme à ne plus exclure les membres qui accepteraient les transfusions sanguines, ceci dans le but d'obtenir le statut de religion qui leur aurait autrement été refusé, et ensuite d'avoir envoyé une lettre pour les Témoins bulgares stipulant le contraire.
Sommaire |
[modifier] Partie doctrinale
[modifier] Doctrine des Témoins de Jéhovah
Les Témoins de Jéhovah fondent leur point de vue sur l'utilisation du sang sur les versets de la Bible suivants :
- Lévitique 17:13, 14 :
« Quant à tout homme d’entre les fils d’Israël ou à tout résident étranger qui réside comme étranger au milieu de vous, qui prend à la chasse une bête sauvage ou un oiseau qui se mange, celui-là devra alors en verser le sang et le couvrir de poussière. Car l’âme de toute sorte de chair est son sang par l’âme [qui est] en lui. Voilà pourquoi j’ai dit aux fils d’Israël : “ Vous ne devez manger le sang d’aucune sorte de chair, car l’âme de toute sorte de chair est son sang. Quiconque le mangera sera retranché. »
- Actes d'Apôtres 15:22-29 :
« Car l’esprit saint et nous-mêmes avons jugé bon de ne pas vous ajouter d’autre fardeau, si ce n’est ces choses-ci qui sont nécessaires : 29 vous abstenir des choses qui ont été sacrifiées aux idoles, et du sang, et de ce qui est étouffé, et de la fornication. »
- Actes d'Apôtres 21:25 :
« Quant aux croyants d’entre les nations, nous avons pris notre décision et nous [l’]avons envoyée : ils doivent se garder de ce qui est sacrifié aux idoles ainsi que du sang, et de ce qui est étouffé, et de la fornication. »
Suivant leur compréhension de ces principes bibliques, ils refusent non seulement la consommation d'aliments contenant du sang humain ou animal, mais encore toute utilisation thérapeutique de sang allogénique total, de plasma, de concentrés globulaires, plaquettaires, leucocytaires. Ils s'opposent également à la collecte anticipée de leur sang pour une utilisation différée. En revanche, suite à des directives de leur mouvement sur ces points, nombre de Témoins de Jéhovah acceptent la transfusion de sang autologue au cours de procédures telles que l'hémodilution ou la récupération per- ou postopératoire du sang. La décision concernant l'utilisation de certains produits de fractionnement du plasma (albumine, immunoglobulines, antithrombine, facteurs de coagulation...) reste à la conscience de chacun individuellement.
[modifier] Critiques
Les opposants des Témoins de Jéhovah émettent plusieurs critiques à cette interprétation des écritures :
- Les transfusions sanguines n'existaient pas du temps des apôtres, ils ont donc prononcé cette interdiction d'un point de vue alimentaire : Il ne fallait pas manger de sang.
- Se faire transfuser du sang n'équivaut pas à manger du sang. Pendant longtemps, les revues jéhovistes ont tenté d'affirmer que médicalement c'était la même chose ; elles ont abandonné ce point de vue, néanmoins l'interdit demeure.
- Cette mesure était une règle de vie de la communauté chrétienne permettant d' apaiser les tensions entre juifs chrétiens et nouveaux convertis païens : Les apôtres proposaient à ces derniers de suivre les lois réservées aux "craignant Dieu" dans le judaïsme de l'époque. Par fornication, il fallait donc entendre certaines relations sexuelles autorisées chez les païens, mais considérées comme adultères par les juifs ; quant au sang, il s'agissait d'une certaine façon de cuisiner en usant de sang. Rien à voir avec les transfusions.
- Par rapport à Lévitique 17:13,14. C'est la vie qui est sacrée (l'âme) et qui appartient à Dieu, le sang en lui-même n'est sacré que parce qu'il porte la vie. Les Témoins de Jéhovah se tromperaient dès lors de cible : On n'a pas le droit de prendre la vie d'un animal ou d'un humain sans la permission de Dieu, qui est le seul propriétaire de la vie ; pour démontrer le respect de cette règle, on rend la vie de l'animal tué à Dieu, en versant le sang. Or, dans le cadre d'une transfusion sanguine, le sang n'a pas été obtenu par un meurtre ou un abattage, le donneur restant bien heureusement en vie, dès lors dans ce cadre, le sang perd toute valeur sacrée.
- La liste des produits tirés du sang, autorisés par les dirigeants du mouvement ou "laissés à la conscience du chrétien", pour utiliser le langage Témoin de Jéhovah, a varié considérablement au fil des ans ; on ne sait toujours pas comment à partir des textes cités ci-dessus, les témoins de Jéhovah en arrivent à la liste des produits et techniques faisant appel au sang, autorisés ou interdits, reproduite ci-dessus.
[modifier] Partie juridique
[modifier] Refus de la transfusion sanguine et consentement éclairé
En France, le droit a évolué ces dernières années à propos de la relation médecin-patient :
- En particulier, la loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé (dite « loi Kouchner »[1] établi clairement le respect de la volonté du patient : « Le médecin doit respecter la volonté de la personne après l'avoir informée des conséquences de ses choix. Si la volonté de la personne de refuser ou d'interrompre un traitement met sa vie en danger, le médecin doit tout mettre en œuvre pour la convaincre d'accepter les soins indispensables. Aucun acte médical ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne et ce consentement peut être retiré à tout moment. » (Article L. 1111-4 du Code de la santé publique.)
- Cependant, la jurisprudence reste constante pour ce qui est d'autoriser le médecin à tranfuser un patient contre son gré, si le pronostic vital le justifie. Dans son ordonnance du 16 août 2002[2], le Conseil d'État a considéré que « le droit pour le patient majeur de donner, lorsqu'il se trouve en état de l'exprimer, son consentement à un traitement médical revêt le caractère d'une liberté fondamentale », mais que les médecins ne portent pas une atteinte grave et manifestement illégale à celle-ci « lorsqu'après avoir tout mis en œuvre pour convaincre un patient d'accepter les soins indispensables, ils accomplissent, dans le but de tenter de le sauver, un acte indispensable à sa survie et proportionné à son état ».
- Quant au Comité consultatif national d'éthique, il a conclu dans un avis relatif au refus de traitement et à l'autonomie de la personne (9 juin 2005)[3] que « le refus de traitement clairement exprimé par une personne majeure ayant encore le gouvernement d'elle-même ne peut être que respecté, même s'il doit aboutir à la mort » (recommandation n° 11), sauf dans les situations d'urgence vitale où il est impossible de recueillir le consentement éclairé du patient ou lorsque la vie d'un tiers est en jeu (enfant à naître, santé publique…).
- Dans le cas des mineurs, le médecin doit prendre les décisions qu'il juge nécessaires à la santé de l'enfant, même contre l'avis des parents : « Le consentement du mineur ou du majeur sous tutelle doit être systématiquement recherché s'il est apte à exprimer sa volonté et à participer à la décision. Dans le cas où le refus d'un traitement par la personne titulaire de l'autorité parentale ou par le tuteur risque d'entraîner des conséquences graves pour la santé du mineur ou du majeur sous tutelle, le médecin délivre les soins indispensables. » (Article L. 1111-4 du Code de la santé publique.)
Le médecin se trouve donc devant un problème de conscience : doit-il respecter le choix thérapeutique du patient quitte à le laisser mourir (autonomie du patient) ; ou bien passer outre sa volonté pour lui sauver la vie (paternalisme médical). Le droit français lui laisse la responsabilité de choisir. En effet, un médecin qui effectue un acte médical indispensable à la survie du patient, malgré son refus exprimé, reste dans son droit selon la jurisprudence ; et aucun praticien qui a respecté un refus obstiné d'un patient après avoir tout mis en œuvre pour le convaincre d'accepter la thérapeutique préconisée et l'avoir averti des conséquences vitales de son choix n'a été condamné pour « non-assistance à personne en danger ».
En ce qui concerne "le paternalisme médical" et "le consentement éclairé", une controverse récente déclenchée aux États-Unis par la publication d'un article dans la revue The Journal of Church and State[4], par une avocate dont la mère Témoin de Jéhovah est décédée d'anémie sévère en 2004 suite à un refus des transfusions sanguines, prétend que le mouvement pourrait être tenu responsable juridiquement des informations médicales "imprécises voire malhonnêtes" qu'il donne à ses fidèles. En effet, il ne faudrait pas remplacer un "paternalisme" médical, par un "paternalisme" religieux : l'"autonomie du patient" ne doit pas être entravée non plus, par un mouvement prétendant parler au nom de Dieu, menaçant le contrevenant d'excommunication et donc de destruction éternelle par Dieu, et fournissant des données médicales incomplètes ou erronées, c'est dans ce sens qu'un article publié en Décembre 2006 dans la revue Paediatric Child Health par Juliet Guichon et Ian Mitchell, dirige sa réflexion en analysant les 3 dernières affaires judiciaires impliquant des mineurs Témoins de Jéhovah au Canada [5]
[modifier] Partie médicale
[modifier] Un coût élevé en vie humaine
Depuis 1945, date de la première mention de l'interdiction des transfusions sanguines, jusqu'à nos jours, de nombreux Témoins de Jéhovah se sont retrouvés confrontés à une situation médicale où les transfusions sanguines sont la seule solution thérapeutique possible.
Rien qu'en France, en 1999, un médecin rapportait dans le journal Le Monde, que les dirigeants Témoins de Jéhovah reconnaissaient auprès de la communauté médicale, 15 cas de Témoins de Jéhovah n'ayant pas d'alternative aux transfusions sanguines, par an. [2]. Si l'on se base sur ce chiffre et qu'on l'étend au monde entier ; en considérant artificiellement que les conditions médicales sont les mêmes partout dans le monde ; on arriverait donc en 1999, à un chiffre de 750 Témoins de Jéhovah ayant un besoin vital de transfusions sanguines par an, en se basant sur les chiffres même de leurs dirigeants.
De plus, une étude clinique réalisée aux Etats-Unis de janvier 1988 à décembre 1999 ; lors de laquelle a été examiné le risque de décès au cours de l'accouchement des femmes Témoins de Jéhovah ; a révélé que le taux de mortalité de ces mères était presque 44 fois supérieur à celui de la population Américaine en générale et ceci malgré le recours à des « Cell-Saver » (dispositifs qui collectent et réutilisent le sang du patient). [6]
[modifier] Alternatives à la transfusion sanguine
[modifier] Substituts sanguins
Si les techniques permettant de remplacer dans certaines occasions le sang ; tels les expanseurs volémiques (non transporteurs d'oxygène) ; sont de plus en plus couramment utilisées, il n'existe actuellement aucun véritable substitut sanguin ayant obtenu une autorisation de mise sur le marché. Indispensable pour une médecine "sans sang", le substitut sanguin fait l'objet de recherches constantes, en espérant pouvoir remplacer un jour la transfusion sanguine qui présente des risques bien connus (contamination microbienne au sens large, incluant virus et prions, compatibilité). La possibilité de transfusion dépend en outre étroitement des dons du sang, qui, dans certains cas (groupes sanguins rares par exemple), ont du mal à répondre aux besoins.
Depuis les années 90, l'indication des transfusions sanguines est devenue beaucoup plus rigoureuse et les techniques d'économie se sont développées (autotransfusion, récupération du sang sur le champ opératoire...). Cependant, le vieillissement de la population avec la multiplication des problèmes de santé, l'utilisation de plus en plus fréquente de techniques chirurgicales longues, consommatrices en sang, les situations de crises (accidents, guerres...), ne permettent pas de postuler une décroissance suffisante en besoins de sang, rendant plus évident un besoin en substituts sanguins.
Des raisons de gains financiers sont également prises en compte dans le développement de produits de substitution moins coûteux que le sang (aux USA, par exemple, les deux premières unités de sang transfusées ne sont pas remboursées).
L'influence des témoins de Jehovah, groupe religieux réticent à toute tranfusion, a pesé selon eux, dans le développement de ces substituts.
Depuis 1995, une expérimentation à laquelle participent de nombreux Témoins de Jéhovah, prend de l'ampleur principalement aux États-Unis d'Amérique ; quelques 106 centres médicaux dans le monde (plus de 100 aux seuls USA) mettent en place des programmes "sans sang" (bloodless) (comprendre sans sang allogénique).
[modifier] Avantages et risques de la médecine sans transfusion de sang allogénique
Programme américain "bloodless surgery" (chirurgie sans sang allogénique) mis en place en collaboration avec les Témoins de Jéhovah américains.
Avantages avancés par les Témoins de Jéhovah:
- Evite les risques liés à la transfusion (réactions, contaminations, infections, erreur humaine, ...)
- Adaptation aux convictions et sensibilités personnelles du patient, (principalement les Témoins de Jéhovah)
- Rétablissement post opératoire plus rapide, hospitalisation plus courte,
- Approvisionnement aisé, cout réduit,
- Portabilité (services d'urgences ambulants)
- Compatibilité totale (services trauma, champs de bataille)
- Conservation (1 à 3 ans à température ambiante au lieu de 42 jours frigorifié pour le sang)
- Capacité de transport d'oxygène immédiat (24 heures pour le sang)
Inconvénients relevés par leurs opposants:
- Il n'y a pas d'alternative à la transfusion sanguine dans plusieurs cas[7],
- Les substituts sanguins "vrais" sont encore en phase clinique (phase de tests sur les humains) et n'ont donc pas encore fait la preuve de le leur efficacité [8],
- Allergies possibles aux substituts [9],
- Procédures différentes, équipements particuliers,
- Coûts parfois très élevés de certaines méthodes de substitution de la transfusion sanguine, qui ne sont pas pris en charge par leur organisation [10].
- Contrairement à ce que disent les Témoins de Jéhovah, les globules rouges commencent à transporter l'oxygène immédiatement, suite à une transfusion sanguine [11].
Néanmoins, même les services qui développent ce genre de programme, n'écartent pas la possibilité de transfuser en cas de necessité.
[modifier] Analyse du DVD diffusé par les Témoins de Jéhovah sur les alternatives à la transfusion sanguine
En France, l’Académie nationale de médecine et la Haute autorité de santé ont été saisies par le rapporteur de la commission parlementaire sur les sectes de 2006, d’une demande d’analyse scientifique des méthodes alternatives à la transfusion sanguine, telles qu’elles sont présentées dans un DVD diffusé par les Témoins de Jéhovah auprès des médecins hospitaliers. Le rapport parlementaire dévoile les résultats de cette annalyse aux pages 65 à 68 et 129,130 [12] :
« Saisies par votre rapporteur d’une demande d’analyse scientifique de ces méthodes alternatives, telles qu’elles sont présentées dans un DVD diffusé par les Témoins de Jéhovah auprès des médecins hospitaliers, l’Académie nationale de médecine et la Haute autorité de santé dénoncent l’une « des banalités, des approximations, et surtout des oublis tout à fait nuisibles à la sécurité transfusionnelle » et l’autre le fait « qu’il n’y a pas de présentation critique ni de l’ensemble des études disponibles ni des séries de cas auxquelles se réfèrent les experts interrogés dans le DVD, comme l’exigeraient les principes de la médecine fondée sur les preuves » (3). Dans une lettre adressée à M. Jean-Pierre Brard, qui l’avait saisi de ce sujet, l’Ordre national des médecins qualifie ces méthodes de « pseudo-scientifiques car uniquement orientées vers leur finalité, sans validation ni développement de raisonnement critique ». Par ailleurs, outre le fait que lesdites méthodes alternatives – dont la mise en oeuvre suppose qu’elles ont été planifiées longtemps à l’avance – sont inutilisables en cas d’urgence et que « la sécurité sanitaire des produits sanguins a atteint un niveau de sécurité très élevé » (1), il ne peut plus être nié que « l’usage de la transfusion sanguine telle qu’elle se pratique aujourd’hui est la seule méthode qui ait fait la preuve de son efficacité et de son innocuité » et que « dans différentes circonstances de la pathologie […] elle est un acte thérapeutique vital pour de nombreuses personnes » (2). Dans cette dernière hypothèse, le refus de la transfusion sanguine devient non plus un choix thérapeutique mais un choix assumé face à la mort. »
« C’est pourquoi, la commission d’enquête constatant le retard de près de deux ans mis pour clarifier une situation qui perturbe certains membres du personnel hospitalier, a saisi l’Académie nationale de médecine et la Haute autorité de santé d’une demande d’analyse dudit DVD. Dans sa réponse en date du 8 décembre 2006, le professeur Jacques-Louis Binet, secrétaire perpétuel de l’Académie nationale de médecine (3), dénonce l’absence de caractère scientifique du DVD et notamment l’oubli par ce dernier de l’indication thérapeutique de l’érythropoïétine (4). Il ajoute qu’à l’heure actuelle les méthodes alternatives à la transfusion sanguine reconnues sont « des stratégies d’épargne des hématies ou des plaquettes » et qu’il n’existe pas pour le moment d’autres méthodes car « la production ex-vivo de cellules sanguines en est à l’état de recherche et la découverte de substituts reste décevante ». De même, par lettre du 11 décembre 2006, M. François Romaneix, directeur de la Haute autorité de santé (5) précise que « seules les conséquences en terme d’épargne transfusionnelle sont présentées sans décrire et discuter les limites, voire les risques, les indications et les contradictions de chacune d’elles » et il critique quelques points médicaux saillants présentés dans le DVD : seuil d’hémoglobinémie, seuil transfusionnel,utilisation précoce de l’érythropoïétine… »
[modifier] Controverse autour de l’enfant
[modifier] Situation actuelle
Les Témoins de Jéhovah doivent refuser toute transfusion sanguine pour obéir à un commandement divin, tel que leur en donne leur compréhension de la Bible. Chaque Témoin de Jéhovah baptisé possède une carte qu’il renouvèle chaque année pour demander aux médecins de ne pas lui administrer de transfusion sanguine en cas d’accident ou d’opération chirurgicale.
La règle est la même pour les enfants mineurs qui doivent eux-aussi s’abstenir de sang. Les parents qui suivent les recommandations de la société Watchtower, doivent refuser toute transfusion sanguine, même en cas de danger mortel pour leur enfant. Il est évident qu’ils ne désirent pas la mort de celui-ci, mais comme ils sont convaincus que la Bible défend l’absorption de sang, ils doivent choisir la douloureuse option qui consiste à refuser la transfusion sanguine, qu’elles qu’en soient les conséquences. S’ils désobéissent à ce commandement, ils croient se priver de la vie éternelle; alors que s'ils refusent ce traitement, ils sont persuadés de retrouver leur enfant dans le paradis qu’ils pensent voir instauré très prochainement. Des enfants baptisés ou non, vont aussi émettre cette volonté, s’ils sont un jour confrontés à ce terrible cas de conscience. Ils vont suivre la consigne biblique mise en avant par les Témoins de Jéhovah, même si leur vie est en jeu, car ils sont persuadés qu’ils ressusciteront très bientôt.
Les techniques ne faisant pas appel à la transfusion de sang sont de plus en plus fiables et courantes, néanmoins il reste encore de nombreuses situations où la transfusion sanguine demeure la seule solution thérapeutique, notamment en cas d'accident. Dans de nombreux pays, la justice intervient dans les cas litigieux et ordonne que l’autorité parentale soit suspendue afin que la transfusion soit administrée. En France, dans le cas des mineurs, le médecin doit prendre les décisions qu'il juge nécessaires à la santé de l'enfant, même contre l'avis des parents (cf.supra partie juridique). Cependant, certains pays ont une législation qui ne protège pas aussi bien l’enfant mineur et malheureusement aujourd’hui, des enfants meurent encore dans le monde, pour avoir refusé cette technique médicale.
[modifier] Point de vue des opposants
Les opposants du mouvement dénoncent les pressions exercées, d’après eux, par la littérature des Témoins de Jéhovah et par les responsables des congrégations, qui incitent les parents à entraîner leurs enfants pour affronter cette situation dramatique, en défendant fermement leur refus de la transfusion. Ainsi le Ministère du Royaume de novembre 90 donne aux parents les consignes suivantes : « assurez-vous que le document médical personnel de tous les membres de votre famille est entièrement rempli », « Veillez ensuite à ce que tous les membres de votre famille aient CONSTAMMENT ces documents avec eux » et « Révisez ces questions en famille et répétez ce que vous direz et ferez, surtout en cas d’urgence ». [13] Le Ministère du Royaume de la semaine du 19 au 25 Décembre 2005, encourage quant à lui, les parents à faire des « séances d’exercices avec leurs enfants au sujet des commandement bibliques relatifs au sang », pour leur apprendre à « exprimer leurs croyances de façon convaincante. »[14]
Enfin, des opposants du mouvement accusent l’organisation des Témoins de Jéhovah d’entretenir le « culte du martyr » dans ses publications. A cet égard, certains d'entre eux signalent le Réveillez-vous ! du 22 mai 1994, dont la couverture est un montage constitué du portrait d’une vingtaine d’enfants, ayant pour titre : « Jeunes qui ont mis Dieu en premier lieu » [15], dans lequel on peut lire à la page 2 :
« Dans les temps anciens, des milliers de jeunes gens sont morts pour avoir accordé à Dieu la priorité. Aujourd’hui encore, des jeunes montrent la même détermination, à ceci près qu’ils le font dans des hôpitaux et des salles de tribunal, et qu’il est question de transfusions sanguines. »
Dans cette publication, l’organisation des Témoins de Jéhovah met l’accent sur de tels actes de loyauté, en faisant l’apologie de la fermeté de certains enfants qui ont déclaré « préférer mourir plutôt que de ne pas tenir la promesse faite à Jéhovah », quand ils ont été confrontés à ce problème :
- Réveillez-vous ! du 22 mai 1994, p. 10-11 :
« Je leur ai répété: ‘Je ne veux ni sang ni produits sanguins d’aucune sorte. S’il le faut, je préfère mourir plutôt que de ne pas tenir la promesse que j’ai faite à Jéhovah Dieu de faire sa volonté.’(…)Le 22 septembre 1993, à 6 h 30, après une longue et pénible nuit, Lenae s’est endormie dans la mort, dans les bras de sa mère. La dignité et le calme de ces dernières heures sont restés dans l’esprit de ceux qui étaient présents . »
- Réveillez-vous ! du 22 mai 1994, p. 14 :
« Lisa a dit clairement et très catégoriquement à cette cour que si l’on tente de lui transfuser du sang, elle s’opposera de toutes ses forces à cette transfusion. Elle a dit, et je la crois, qu’elle hurlera, se débattra, arrachera la perfusion de son bras et essaiera de détruire la poche de sang au-dessus de son lit. Je refuse d’émettre une ordonnance qui soumettrait cette enfant à ce calvaire.”(…) Lisa et ses parents ont quitté l’hôpital le jour même. La fillette a effectivement combattu sa maladie avec dignité et dans la sérénité. Elle s’est éteinte paisiblement chez elle, dans les bras de son père et de sa mère. Par sa détermination, elle a imité les nombreux autres jeunes Témoins de Jéhovah qui ont accordé à Dieu la priorité. Comme eux, elle en sera récompensée, conformément à cette promesse de Jésus: "Celui qui perd son âme à cause de moi la trouvera ". »
Les opposants du mouvements considèrent que des enfants, ayant pour unique référence la doctrine des Témoins de Jéhovah, n’ont pas la maturité nécessaire pour prendre une décision aussi grave. De plus, ils se demandent si on peut-être certain que les enfants qui meurent à cause de la doctrine des Témoins de Jéhovah sur le sang, seraient restés dans le mouvement s’ils avaient vécu, alors qu’il est connu que nombre d’entre eux le quittent un jour [16].
[modifier] Notes et références
- ↑ http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/Visu?cid=579117&indice=1&table=JORF&ligneDeb=1
- ↑ http://www.conseil-etat.fr/ce/jurispd/index_ac_ld0228.shtml
- ↑ http://www.ccne-ethique.fr/francais/avis/a_087.htm
- ↑ http://www.chez.com/tjrecherches/bloodcas.html
- ↑ Medical Emergencies in children of orthodox Jehovah's Witness families : Three Recent Legal cases, ethical issues and proposals for management in Paediatric Child Heath Vol 11 Décembre 2006. Juliet Guichon, Ian Mitchell
- ↑ Les risques élevés de mortalité à l’accouchement chez les Témoins de Jéhovah
- ↑ Charlie Hebdo n° 535 du 18 septembre 2002
- ↑ La naissance d'une nouvelle molécule
- ↑ nephrohus.org
- ↑ Courrier adressé et publié dans Charlie Hebdo du mercredi 2 octobre 2002 et Charlie Hebdo n° 535 du 18 septembre 2002
- ↑ A propos de la transfusion sanguine Un Docteur Répond aux Questions fréquemment posées par les Témoins de Jéhovah D. John Doyle MD PhD FRCPC Hôpital de Toronto et Université de Toronto
- ↑ Rapport n° 3507 commission d'enquête relative à l'influence des mouvements à caractère sectaire et aux conséquences de leurs pratiques sur la santé physique et mentale des mineurs, Georges Fenech, Philippe Vuilque, 12 décembre 2006
- ↑ cf. Ministère du Royaume 11/90 p. 3-6 :
« 7 En premier lieu, assurez-vous que le document médical personnel de tous les membres de votre famille est entièrement rempli — daté, signé et certifié par des témoins.(…)8 Veillez ensuite à ce que tous les membres de votre famille aient CONSTAMMENT ces documents avec eux. Vérifiez chaque jour que vos enfants l’ont avec eux, avant qu’ils ne partent à l’école, et même avant qu’ils ne sortent jouer. Nous devons tous veiller à emporter ces documents au travail, en vacances ou aux assemblées. Ne les oubliez jamais! (…)Que devez-vous faire de ces renseignements pour être prêt à affronter un problème médical qui mettrait votre foi à l’épreuve? D’abord: Révisez ces questions en famille et répétez ce que vous direz et ferez, surtout en cas d’urgence. »
- ↑ cf. Ministère du Royaume, semaine du 19 au 25 Décembre 2005 :
« Votre enfant est-il en mesure de prendre une décision mûre?" Partie présentée par un ancien. (...) Terminez en encourageant les parents à revoir cet article de La Tour de Garde et à organiser ensuite des discussions et des séances d'exercice avec leurs enfants au sujet du commandement biblique relatif au sang. Les enfants apprendront ainsi à exprimer leurs croyances de façon convaincante. Les chefs de famille s'assureront que ceux de leurs enfants qui sont baptisés ont tous sur eux la carte Instructions médicales, et que ceux qui ne sont pas baptisés portent tous la Carte d'identité. »
- ↑ Couverture du Réveillez-vous ! du 22 mai 1994 [1]
- ↑ Nathalie Luca, anthroplogue au CNRS déclare que " des recherches sociologiques ont montré que très peu de ces enfants devenaient eux-mêmes Témoins de Jéhovah, ce qui montre qu'ils ne sont pas totalement aliénés par le groupe " (La Croix, lundi 6 août 2001, p. 3) Ce que confirme une enquête sociologique de la SOFRES : parmi l'ensemble des foyers ayant des enfants, seuls 27% ont baptisé tous leurs enfants, et 28% certains d'entre eux (TÉMOINS DE JÉHOVAH - Rapport de synthèse, réf. MHI-MVN 98-204, octobre 1998, SOFRES.)
[modifier] Voir aussi
[modifier] Liens internes
[modifier] Liens externes
- Quand la religion fait progresser la science Transfusion et témoins de Jéhovah
- Sophie Gromb et Gérard Janvier, Transfusion et témoin de Jéhovah
- Conseil d'État français, 26 octobre 2001, arrêt n° 198546.
- Conseil d'État français, 16 août 2002, ordonnance n° 249552.
- Guiné Sabine, " Le refus de soins : entre le respect de la liberté individuelle et la non-assistance à personne en danger ", septembre 2002.
- Winckler Martin, " Quelle est la différence entre Dieu et un médecin ? ", France Inter, 10 septembre 2002.
- Compte rendu du colloque national organisé à Marseille par le GEMPPI, Les refus de soins pour causes idéologiques, 8 octobre 2005.
- Jean-François Segard, Les Témoins de Jéhovah, Kouchner et moi.
- Rapport fait au nom de la commission d'enquête relative à l'influence des mouvements à caractère sectaire et aux conséquences de leurs pratiques sur la santé physique et mentale des mineurs (Assemblée nationale française, 12 décembre 2006), I.C.4.b
- (en) Jwdivorces: 225 affaires judiciaires sur les transfusions sanguines aux USA impliquant des mineurs Témoins de Jéhovah
[modifier] Sites d'opposants aux Témoins de Jéhovah
- Bon sang mais c'est bien sur !] Les preuves théologiques et bibliques de l'invalidité de la doctrine jéhoviste sur le sang par le site de Via Veritas
- Dossier LE SANG sur le site Une lueur dans l'obscurité
- Dossier SPECIAL SANG sur le site Recherches sur les Témoins de Jéhovah
- Transfusion sanguine sur TJ-Encyclopédie
- "Aggelia" Vaccination, Transplantation, Transfusion, jamais deux sans trois.
- Nouvelle Lumière sur le Sang Les Témoins de Jéhovah, s’abstiennent-ils vraiment du sang?
- Le Sang et la Vie, la Loi et l'Amour chapitre 9 du livre "A la recherche de la liberté chrétienne" de Raymond Franz, ancien membre du Collège Central des Témoins de Jéhovah.
[modifier] Bibliographie
[modifier] Position des Témoins de Jéhovah
- Déclaration solennelle du Consistoire national des témoins de Jéhovah du 3 juillet 1997, Les Témoins de Jéhovah, la vie, le sang, Association "Les Témoins de Jéhovah", Louviers, septembre 1997.
- Comment le sang peut-il vous sauver la vie ?, Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania, Brooklyn, New York, 1993.
- Meeting the clinical challenge of care for Jehovah’s Witnesses, Transfusion Medicine Reviews, Volume 18, Issue 2, pp. 105-116 (April 2004).
[modifier] Point de vue juridique et éthique
- Sophie Gromb et Alain Garay (avocat des Témoins de Jéhovah) (sous la direction de), Consentement éclairé et transfusion sanguine : aspect juridique et éthiques, Éditions École Nationale de la Santé Publique (ENSP), Rennes, 1996.
- Comité Consultatif de Bioéthique (Belgique), Refus de transfusion sanguine par les Témoins de Jéhovah, avis n° 16, 25 mars 2002.
- Comité consultatif national d'éthique (France), Refus de traitement et autonomie de la personne, avis n° 87, 14 avril 2005.
- Conseil national de l'Ordre des médecins, Du droit au consentement au droit au refus de soins, Pr. Jean-José Bouquier, 29 et 30 janvier 2004.
- Chauvaux Didier, " Transfusion contre la volonté du patient ", Revue Française de Droit Administratif, janvier-février 2002, 146-156.
- Garay Alain, " Choix thérapeutique et transfusion sanguine ", Les Petites Affiches, 26 décembre 1994, n° 154, pp. 10-15.
- Garay Alain, " Les implications du refus parental de transfusion sanguine ", La Gazette du Palais, 1995, 2e sem., pp. 928-938.
- Michelle Macafee, « Winnipeg Jehovah's Witness teen loses fight to refuse blood transfusions », 6 février 2007
- Pansier Frédéric-Jérôme (membre de l'association Nata pour l'avancement des médecines sans transfusions, montée en partie par des Témoins de Jéhovah) , " Transfusion et Religion ", La Gazette du Palais, 1995, 1er sem., pp. 42-46.
[modifier] Point de vue médical
- Colloque, La Chirurgie sans Transfusion - Aspects chirurgicaux et anesthésiologiques Enjeux juridiques et éthiques, Éditions École Nationale de la Santé Publique (ENSP), Rennes, 1996. (Colloque organisé en par l'association parallèle des Témoins de Jéhovah AMS [3] )
- Dixon J. Lowell (ancien membre de l'équipe médicale du siège mondial des Témoins de Jéhovah) , " Blood: Whose Choice and Whose Conscience? ", New York State Journal of Medicine, 1988, 88 : 463-464.
- Dixon J. L., Smalley M. G., " Jehovah's Witnesses-The Surgical/Ethical Challenge ", The Journal of the American Medical Association (JAMA), November 27, 1981, Volume 246, n° 21, pp. 2471, 2472.
- Kitchens Craig S., " Are Transfusion Overrated? Surgical Outcome of Jehovah's Witnesses ", The American Journal of Medicine, February 1993.
- Viele M. K., Weiskopf R. B., " What can we learn about the need for transfusion from patients who refuse blood? The experience with Jehovah's Witnesses ", Transfusion 1994, 34 : 396-401.
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