Yanomami
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Les tribus des Yanomamis sont des tribus ethniques de chasseurs-cueilleurs Amérindiens qui vivent de façon encore quasiment préhistorique traditionnelle totalement autonome, coupés de la plupart des influences d'autres civilisations et de toute influence de la civilisation occidentale en particulier dans la forêt tropicale humide d'Amazonie en Amérique du Sud (Brésil, Vénézuéla).
[modifier] Leur vie et leur culture
[modifier] Lieu de vie géographique
Les Yanomamis sont parmi les plus nombreux habitants des forêts tropicales profondes d’Amérique du Sud avec environ 27.000 individus répartis en 188 villages et maisons collectives (chiffre 2003) de part et d'autre de l'Orénoque. Vus d'avion, leurs villages affectent la forme d'un immense abat-jour posé sur le sol. Cet auvent collectif, doté d'une place centrale , se nomme le "shabono", ce qui correspond simultanément au pourrissement des bois de charpente, à l'épuisement des jardins - où ils cultivent la banane plantain, le maïs, le manioc, la canne à sucre, la papaye, le tabac et certaines plantes magiques - et aussi à l'appauvrissement des zones de chasse, qui s'étendent sur un rayon de 10 km environ autour de la grande maison. Leur territoire est situé au cœur de la forêt tropicale humide couvrant les monts qui bordent la frontière entre le Brésil et le Venezuela sur près de 240.000 km².
[modifier] Histoire
Il n'est pas possible de dire avec certitude depuis combien de temps ils occupent ce territoire mais il est probable qu'ils y sont depuis les débuts du peuplement de l'Amérique du Sud, vieux peut-être de cinquante mille ans. On les a aussi nommés Sanima, Shiriana ou Waika, .
[modifier] Habitat
Chaque communauté Yanomami vit dans une très grande maison collective (shabano) fabriquée en bois et couverte de palme d'arbre qui peut abriter jusqu'à 400 personnes, bien qu'ils soient en général moins nombreux. Cette maison a la forme d'un grand anneau dont le centre, où ont lieu les danses et les cérémonies, est à ciel ouvert, construites dans des clairières de la forêt tropicale.
Chaque famille conjugale possède dans la partie couverte, périphérique, son propre foyer autour duquel ses membres dorment dans des hamacs.
Après quelques années, quand la charpente commence à pourir, que le gibier commence à manquer sur le territoire et que les jardins s'épuisent ou sont envahis par les mauvaises herbes, le village déménage.
[modifier] Alimentation
Les Yanomamis se nourrissent du produit de leur chasse, de leur pêche, de leur cueillette (pécari, boas, anacondas, singes hurleurs ou tapirs etc. sur une zone d'environ 10 km autour de leur maison, et aussi des plantes cultivées dans de jardins implantés dans des zones défrichées de la forêt : banane plantain, maïs, manioc, cacahuètes, canne à sucre, tabac et plantes psychotropes magiques etc ... 60 espèces environ poussent dans les jardins dont une vingtaine utilisées dans l'alimentation, le reste servant à l'artisanat, à la pharmacopée de leur guérisseurs, sorciers shamans ou à la fabrication d'objets utiles et rituels.) Les sols amazoniens n'étant pas très fertiles et vite appauvris, et les zones de chasses s'appauvrissant également, les communautés se déplacent tous les deux ou trois ans. Le gibier est prélevé dans la foret uniquement par les chasseurs à l'arc pour se nourrir avec respect et remerciements reconnaissants bienveillants à "l'esprit de la forêt". Le résultat de le chasse est toujours échangé entre les voisins et les familles, celui qui a tué ne consomme pas le résultat de sa chasse mais reçoit sa part d'une autre chasseur.
[modifier] Langage
Les Yanomamis possèdent un vocabulaire très riche d’environ 4.000 mots. Ils savent nommer à peu près 400 animaux et plus de 300 plantes. Ceux qui, il n'y a pas si longtemps, disaient que les Indiens Yanomamis étaient des ignares et des brutes, pouvaient-ils se vanter d'en connaître autant ?
[modifier] Spiritualité
Les communautés Yanomamis croient en l'esprit de la foret qui leur donne tout ce dont ils ont besoin pour vivre et avec laquelle ils essaient de vivre en meilleur harmonie et osmose possible, en ne prélevant que le minimum vital pour ne pas lui nuire et la préserver du mieux possible. Les Yanomamis ont des guérisseurs, sorciers shamans pour leur permettre de se soigner et de communiquer avec "l'esprit de la foret" par l'intermédiaire des plantes psychotropes magiques
[modifier] Influence destructrice des chercheurs d'or et aide internationale humaniste
Durant les années 1970 et années 1980 les Yanomamis ont considérablement souffert de l'invasion des chercheurs d'or sur leurs territoires. Les orpailleurs les tuaient, détruisaient leurs villages et leur apportaient des maladies contre lesquelles ils n'ont pas d'immunité naturelle. En 20 ans, 20% d'entre eux sont morts.
Les Yanomamis ont la réputation d'être farouches et violents. Il y a une trentaine d'années, les premiers voyageurs (qui les appelaient aussi Samina, Shiriana ou Waika) en faisaient un portrait terrifiant. Le cannibalisme et l'usage du curare n'arrangeaient rien. La peur réciproque des Blancs et des Indiens, fondée sur des malentendus, des fantasmes ordinnaires où chacun s'accuse des pires crimes, a souvent été à l'origine des violences. Il n'est pas indifférent de savoir que le nom Yanomami, par lequel ils se désignent eux-mêmes, veut dire être humain, alors que le nom nabe, par lequel ils désignent les non-Yanomamis, signifie tout à la fois étranger et ennemi.
Après une très importante et longue campagne de communication et tournée mondiale d'un de leur grand chef Chaman Davi Kopenawa, qui avait appris le portugais du Brésil pour demander de l'aide amicale aux hommes blancs amis, et de pression d'associations humanistes internationales, leur territoire fut enfin cadastré en 1992, le 'Parc Yanomami' créé et les orpailleurs expulsés.
Mais le Brésil refuse toujours de leur reconnaître la propriété de leurs territoires, malgré le droit international dont ce pays est signataire. Dans la classe dirigeante brésilienne, nombreux sont ceux qui voudraient réduire le territoire Yanomami et l'ouvrir aux chercheurs d'or et à la colonisation. L'armée veut aussi maintenir sa présence dans la région et projette de construire de nouveaux camps militaires.
[modifier] Ethnologie et mode de vie
En 1965, la photographe anthropologue et humaniste engagée suisse alémanique Barbara Brändli a vécu un long séjour parmi eux et a profondement étudié leur culture et leur mode de vie. Elle a rapporté de superbes photos et films ainsi qu'un témoignage poignant sur ce peuple qui pourrait bien être parmi les derniers peuples sauvages non occidentalisés de la planète, ayant su garder un parfait équilibre de vie harmonieux et équilibré entre la nature et eux-mêmes.
Elle expose les résultats de ses recherches partout dans le monde et entre autres à la Fondation Cartier de Paris du 14 mai au 22 octobre 2003 pour faire connaitre la civilisation Yanomami à l'humanité.
Essayerait-on, pour des raisons économiques ou politiques, faute de pouvoir les maîtriser, d'enfermer définitivement les sauvages dans leur sauvagerie? Horticulteurs, chasseurs, collecteurs et pêcheurs, ils ont été, pendant 2 siècles, en expansion démographique. A part les années d'épidémie ou de sécheresse, ce mouvement assez régulier n'a pu s'accomplir que grâce au support agricole : les plantes cultivées représentent 80 pour 100 en poids de leur régime alimentaire. Il est donc faux de présenter les Yanomamis comme des guerriers nomades qui s'adonnent à la magie, à la drogue et au tabac !
Cependant il est vrai que ce sont de grands amateurs de farniente, et que 2 à 3 heures de travail quotidien suffisent à leur subsistance. Cela donne quelques loisirs, et ils s'y entendent pour les occuper ! Cette oisiveté, loin d'être une paresse, laisse aux Indiens le temps de la convivialité, du dialogue et du rêve. Les Indiens Yanomamis (pour combien de temps encore?) donnent l'impression d'être de bons vivants. Chahuteurs, tour à tour graves et enjoués, soupe au lait, quelquefois tendres, quelquefois menteurs et vindicatifs, souvent nonchalants, ils semblent s'amuser au jeu de la vie.
Les Yanomamis ont les leaders mais pas de chef. Les dissensions internes sont fréquentes et les guerres continuelles : s'ils sont tranquilles aujourd'hui, c'est qu'ils en ont payé le prix hier.
[modifier] Danse de l'alliance des enfants de la lune
Brandissant leurs armes, ces guerriers invités dans un village qu'ils ont combattu pendant des années exécutent une danse de paix. Ils entendent ainsi s'unir avec les ennemis d'hier pour lutter contre ceux de demain. Un groupe de chamans décida de délester la lune qu'ils savaient gorgée de sang. La flèche d'un chaman toucha l'astre qui se mit à saigner. Les gouttes de sang retombèrent sur les têtes des Yanomamis, pénétrèrent dans leur corps et les rendirent forts. C'est pourquoi, les Yanomamis se prétendent les "fils de la lune".
[modifier] Language gestuel. Grimpeurs aux pieds nus virtuoses du silence
Les Yanomamis ignorent l'écriture mais leur vocabulaire est d'une richesse que l'on commence seulement à découvrir. Ils emploient surtout le "language gestuel" pour décrire un évènement survenu à la chasse ou pour imiter le comportement des animaux : en fôrêt, il s'agit de se comprendre entre soi sans effaroucher le gibier. Leurs proies sont des cochons sauvages, des gros serpents, boas et anacondas, des singes hurleurs et des tapirs riches en graisse. Comme petites prises, il y a les toucans, les perroquets les aras dont les plumes et le duvet leur servent de parure. Ils mangent aussi des insectes, des batraciens et des fruits.
Ceuilleurs infatigables, les Yanomamis ont imaginé une technique astucieuse pour atteindre les fruits savoureux du palmier rasha dont le tronc, haut parfois de 30 m, est hérissé de longues épines. Ils utilisent 2 paires de perches croisées, attachées par des lianes, qu'ils propulsent vers le sommet de l'arbre en les coinçant du genou et des pieds.
[modifier] A portée de flèche, la faune des eaux et des bois
Entre le Brésil et le Venezuela, le territoire des Yanomamis s'étend sur près de 240.000 km². Couvert d'une épaisse forêt et traversé par d'innombrables cours d'eau, dont le grand fleuve Orénoque, son relief est tourmenté. Des sommets toujours ennuagés, jaillissent des cascades vertigineuses bouillonnant parfois sur 900 m. de dénivelée. Les Yanomamis se méfient de l'eau, ils préfèrent les buttes montagneuses boisées. Depuis ces dernières années, cependant, quelques groupes, sous l'influence des missions chrétiennes, se sont raprochés des fleuves. Ils troquent gibier ou curare contre des pirogues fabriquées dans des troncs d'arbre et les plus jeunes apprennent même à nager. Ils utilisent l'arc (qu'ils fabriquent eux-mêmes) aussi bien à la pêche qu'à la chasse.
[modifier] Parures végétales d'un bonheur encore naturel
Les femmes Yanomamis usent de fines baguettes dont elles se traversent le nez, la lèvre inférieure, les commissures des lèvres et qui se balancent au moindre mouvement. Souvent, elles fixent à l'extrémité de ces ornements des fleurs de lys sauvage. Elles dessinent sur leur corps, avec de l'onoto, une teinture végétale rouge, de longues lignes ondulées qui symbolisent les animaux mythologiques du monde aquatique.
Leurs prétendants (On compte 8 femmes pour 10 hommes chez les Yanomamis) sont tenus d'approvisionner leurs parents en gibier et en fruits et de porter leurs fardeaux avant de passer aux épousailles. En échange, ils reçoivent de la nourriture et du tabac roulé dans la cendre. Les Yanomamis chiquent, qu'ils fassent l'amour ou la guerre ou qu'ils chassent les lucioles pour les appliquer sur leur corps pour le rendre fluorescent dans l'obscurité.
[modifier] Paradis artificiels d'un dialogue avec les esprits
La drogue communautaire, la parika fait partie du quotidien. Au moyen d'un long roseau creux, les Yanomamis s'insufflent mutuellement dans les fosses nasales plusieurs doses de cette poudre grise. Sous le choc de cet hallucinogène puissant, le cerveau vacille et apparaissent des visions fantastiques. Ici, les maladies ont toujours une cause magique et résultent de différents sortilèges. Le sorcier s'unit à des énergies surnaturelles. Puis, à l'aide de seules mains, il tente d'extirper le mal en profondeur. Ces malipulations sont la forme extrème des attouchements qui font le bonheur des Yanomamis des 2 sexes.
[modifier] Purée de bananes aux cendres du défunt
Une ombre noire qui erre ça et là sur la terre, secoue les hamacs, renverse les arbres, menace les enfants. Cet esprit mauvais cesse ses agissements et devient amical lorsque les cendres du défunt, délayées dans une purée de bananes, sont aborbées par ses proches parents en présence de tout le village.
[modifier] La maison du Ciel et de la Terre enfin réconciliés
Le shabono est la maison collective en bois et feuilles des Yanomamis. Elle correspond à la représentation qu'ils se font de l'univers. Au centre, la grande place découverte symbolise le plus haut des cieux. A l'intérieur du shabono, toutes familles suspendent leurs hamacs confectionnés avec de minces lianes. Les enfants s'y blotissent pour dormir contre leur mère. Ce n'est qu'après le sevrage, dans leur 4ème année, qu'ils recoivent un hamac personnel. La chaleur du corps maternel est remplacée par celle du feu qui brûle toute la nuit sous le grand auvent.
[modifier] Bibliographie
- Robert Taurines ; Yanomamis Fils de la Lune ; Editions du Mont, 2006 http://www.passiondulivre.com/livre-27588-yanomamis-fils-de-la-lune.htm
- Davi Kopenawa et Bruce Albert ; Yanomami : L'esprit de la forêt ; Editions Actes Sud, 2003
- Patrick Tierney ; Au nom de la civilisation : Comment anthropologues et journalistes ont ravagé l'Amazonie ; Editions Grasset (Premier chapitre en ligne)
[modifier] Filmographie
- Yanomamis, fils de la lune - film documentaire (Resumé du film)
[modifier] Liens externes
- Album Photo
- Les amerindiens Yanomami sur le site Terra Nova
- Exposition Yanomami, l'esprit de la forêt
- Exposition international de Barbara Brändli
- Site Survival
- Appel à l'aide médicale des Yanomamis
- Article du journal l'Humanité
- Mode de vie
- Croyances Yanomamis
- Photo art corporel Yanomamis
- Site Risal (Reseau d'Information et de Solidarité avec l'Amérique Latine)
[modifier] Liens internes
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