Bataille de Mogadiscio

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Vue sur Mogadiscio en 1993

La bataille de Mogadiscio est une bataille qui s'est déroulée le 3 et le 4 Octobre 1993 entre les forces spéciales américaines, composées de la Delta Force, des Rangers et d'un détachement de l'armée de l'air, le 160th SOAR, et la milice d'un chef de guerre somalien, le général Mohamed Farrah Aidid.

[modifier] Origine de la bataille

Le 26 Janvier 1991, le dictateur somalien Mohamed Siad Barre est destitué et est contraint à l'exil. Ali Mahdi lui succède, mais le général Aidid veut sa part du butin. La Somalie sombre dans la guerre civile. La famine fait son apparition du fait du manque de moyens et d'aides financières, d'une sècheresse prolongée, et de la volonté des chefs de guerre de priver de nourriture les clans rivaux .

Le 3 Décembre 1992, les Nations unies lancent l'opération Restore Hope, sous le contrôle des États-Unis. Cette opération a pour but la reconstruction d'infrastructures, l'apport de denrées alimentaires et la réconciliation politique. Pour cela, 25000 Marines débarquent. Les combats diminuent en intensité et la reconstruction progresse. En Janvier 1993, Bill Clinton, devenu président des États-Unis, remarque que la réconciliation politique n'avance pas, et pire, que les affrontements reprennent. Le 4 Mai 1993, les États-Unis ne prennent plus part à l'opération Restore Hope et 2 000 soldats sont laissés sur place, sous le contrôle de l'ONU.

A partir du départ des Marines, la situation va se dégrader. Le 5 Juin 1993, 24 soldats pakistanais sont massacrés lors de l'inspection d'une maison appartenant à Aidid. Le 12 Juillet 1993, des hélicoptères onusiens outrepassent les ordres, attaquent et détruisent des immeubles, causant la mort de nombreux somaliens. En réponse, 4 journalistes occidentaux observant la scène, sont battus à mort.

Le 8 Août 1993, les États-Unis envoient en Somalie le 75eme bataillon de Rangers, la Delta Force et le 160th SOAR pour éliminer ou capturer Mohamed Farrah Aidid, capture pour laquelle une récompense a été fixée à 25 000 dollars. Cette opération dépasse le cadre de l'opération Restore Hope, et, est nommée Opération Gothic Serpent.

[modifier] Opération Gothic Serpent

Au matin du 3 Octobre 1993, les soldats américains ont déja lancé 6 opérations contre le général Aidid ou contre ses lieutenants. Elles se sont déroulées sans histoire, ne faisant qu'un blessé léger.

Le matin du 3 Octobre, un agent somalien agissant pour les États-Unis informe le commandement américain du lieu de réunion et de rencontre de deux lieutenants de Aidid. Elle a lieu le jour-même, dans le marché de Bakara, un lieu où règnent en maître les miliciens somaliens. Le commandement américain, dirigé par le général William Garrison juge ces informations crédibles et met sur pied une opération visant à capturer les deux hommes.

La Delta Force doit infiltrer le bâtiment de la réunion et capturer tous les hommes présents sur place, dont Omar Salad et Mohamed Hassan Awale, les deux lieutenants d'Aidid. Ils sont héliportés par le 160th SOAR. Les Rangers sont également héliportés par le 160th SOAR et doivent sécuriser la zone autour du bâtiment. Une autre section de Rangers fournit l'escorte terrestre, chargée de récupérer les prisonniers somaliens, les Delta Force et les Rangers. Le commandement, malgré la dangerosité du quartier, ne prévoit pas une grosse résistance mais que la durée de l'opération ne durera que 30 minutes.

En début d'après-midi, le raid débute. Malheureusement, les miliciens n'entendent pas observer les soldats américains enlever leurs chefs. Informés du décollage des appareils américains, ils se préparent en établissant des barrages, ce qui retarde le convoi américain au sol.

Un Ranger américain, Todd Blackburn, chargé avec sa section de protéger le bâtiment-cible, tombe d'un hélicoptère et est pris en charge par les médecins de son unité, qui décident de le transporter aux Humvees qui composent le convoi terrestre. De même, un camion du convoi, touché par une roquette est été détruit et a provoqué de nombreux blessés. Todd Blackburn est finalement évacué de la zone et rapatrié vers l'aéroport pour subir des soins. Dans le convoi qui le ramène à la base, un Ranger américain aperçoit un milicien qui le tient en joue. Ils se tirent dessus en même temps, ils se tuent tous les deux. Le soldat Dominik Pilla est le premier soldat américain de la force des Rangers à mourir en opération en Somalie.

Après une heure d'affrontement entre miliciens et soldats américains, les miliciens abattent un hélicoptère BlackHawk. Les chefs de la milice d' Aidid avaient remarqué que les soldats américains n'abandonneraient jamais leurs soldats sur place. Ils avaient imaginé que si l'un des appareils était abattu, les autres soldats feraient tout pour récupérer l'équipage. Des consignes ont été données. Le commandement américain affirme que près de 200 roquettes ont été tirées lors de cette bataille contre leurs 19 hélicoptères.

Alors que les prisonniers sont capturés, alors que 3 des véhicules du convoi terrestre sont en route pour l'aéroport, les soldats américains, sous le feu intense de l'ennemi, se voient attribuer une nouvelle mission : récupérer l'équipage américain de l'hélicoptère abattu.

L'hélicoptère touché est celui de Cliff Wolcott. Il a reçu une roquette dans le rotor arrière et Wolcott ne peut plus contrôler son appareil. Il s'écrase quelques centaines de mètres plus loin, dans le centre-ville. Le commandement dépêche une unité de Rangers oeuvrant autour du bâtiment cible initial pour aller sécuriser la zone du crash. Ils s'y rendent tant bien que mal, sous l'escorte de Little Birds, de petits hélicoptères. Mais les combats sont trop importants. Ils établissent un périmètre de sécurité, où ils repoussent comme ils peuvent les miliciens. Ils ne peuvent toutefois pas s'approcher de l'hélicoptère. Un LittleBird accède pourtant à la zone et embarque sous le feu ennemi, un Delta Force, Daniel Busch, qui, conscient et gravement blessé, continuait à combattre. Après avoir embarqué les prisonniers dans le convoi, celui-ci essaie de se rendre sur le lieu du crash. Mais les barrages initialement établis l'empêche d'y accéder.

A ce moment-là, une roquette touche l'hélicoptère piloté par Michael Durant. Il parvient à le contrôler durant un bref instant, avant de perdre totalement le contrôle et de s'écraser loin des lieux de combats et donc, loin des soldats américains. Le commandement ordonne alors au convoi de Blackburn, qui stationne à la base, de retourner au combat pour récupérer l'équipage du deuxième hélicoptère. Le même problème se pose, les barrages empêchent le convoi d'y accéder. Alors, deux snipers américains appartenant à la Delta Force, Gary Gordon et Randall Shughart demandent la permission d'aller porter secours à cet équipage. L'ordre est donné après deux refus successifs et un hélicoptère les dépose. Encerclés par des centaines de miliciens, ils résistent, éloignant le seul membre de l'équipage encore conscient hors de l'appareil, à savoir le pilote Michael Durant. Les deux Deltas sont successivement tués. Ils recevront après la bataille la Medal Of Honor du Congrès américain, à titre posthume, honneur qui n'avait plus été accordé depuis la guerre du Vietnam. Le pilote américain Michael Durant grièvement blessé, sera capturé et retenu prisonnier durant 11 jours, avant d'être libéré. Les membres de l'équipage tués, ainsi que les Deltas américains sont déshabillés et traînés dans les rues.

Le convoi terrestre n'étant pas arrivé à accéder au lieu du premier crash, et parcourant sans fin les rues somaliennes, recevront l'ordre de retourner à l'aéroport pour décharger les soldats tués et blessés de ce convoi, ainsi que les prisonniers.

Les Rangers stationnés sur le premier crash comprennent qu'ils passeront la nuit sur place. Pendant ce temps, une équipe médicale est héliportée et accède à l'hélicoptère de Cliff Wolcott. Ils transmettent la nouvelle que les deux pilotes sont morts et restent pour s'occuper des deux passagers restants, grièvement blessés.

Le commandement américain réussit à reconstruire un convoi de sauvetage pour aller sur le lieu du premier crash, avec des soldats pakistanais et malais de la force onusienne, qui possèdent des blindés et de la 10eme division de montagne américaine.

Ce convoi atteint la zone du crash de Wolcott à 2h00 du matin, le 4 Octobre. Une deuxième partie du convoi a été envoyé sur le lieu du deuxième crash et s'aperçoit que l'équipage et les Deltas ont disparu.

A 5h00, une fois que le corps de Cliff Wolcott a été dégagé, les soldats américains embarquent à bord des blindés pour le Stade du Pakistan, endroit en zone franche. Des soldats américains, par manque de place, sont contraints d'y aller à pied.

A 6h30, les derniers soldats atteignent le Stade du Pakistan. La bataille de Mogadiscio se termine.

[modifier] Bilan de la bataille

18 soldats américains ont été tués :

Cpl. Jamie Smith, grièvement blessé en défendant le lieu du crash de Wolcott, il décèdera de ses blessures durant la nuit.

Master Sgt. Gary Gordon, Delta tué en défendant l'équipage de Durant.

Sfc. Randall Shughart, Delta tué en défendant l'équipage de Durant.

MSgt. Tim "Griz" Martin, Delta tué dans le premier convoi.

Sgt. Lorenzo Ruiz, tué dans le premier convoi.

CWO Cliff 'Elvis' Wolcott, pilote du premier hélicoptère crashé.

Sgt. Dominick Pilla, tué dans le convoi qui ramenait Blackburn à la base.

SSgt. Daniel Busch, Delta blessé dans le crash de Wolcott, il décèdera de ses blessures.

Sgt. James 'Casey' Joyce, tué dans le premier convoi.

Pfc. Richard 'Alphabet' Kowalewski, tué dans le premier convoi.

CWO Donovan 'Bull' Briley, co-pilote de Wolcott.

CW0 Raymond Frank, co-pilote de Durant.

SSG William Cleveland, membre de l'équipage de Durant.

SSG Thomas Field, membre de l'équipage de Durant.

SFC Earl Fillmore, premier Delta à être tué lors de la bataille.

CPL James Cavaco, tué dans le premier convoi.

PFC James Martin, tué lors du convoi de sauvetage.

SGT Cornell Houston, blessé lors du convoi de sauvetage, il meurt le 6 octobre 1993.

En outre, 2 soldats malais furent tués dans le convoi de sauvetage :

Cpl Mat Aznan Awang, Cpl Seri Pahlawan Gagah Perkasa

Entre 500 et 1000 miliciens somaliens furent tués dans ces combats.

2 jours après la bataille, un tir de mortier explosa dans l'aéroport, tuant un soldat de la Delta Force, Matt Rierson. Il est souvent inclus dans la liste des soldats tués au cours de la bataille de Mogadiscio.

Le 1^er août 1996, Mohamed Farrah Aidid fut tué au cours d'un affrontement entre clans rivaux. L'ironie du sort est que le général Garrison, commandant les forces américaines le jour de la bataille, prit sa retraite le lendemain.

Le 6 octobre 1993, au cours d'une intervention télévisée, le président Bill Clinton annonca la fin des opérations contre Aidid. Le 25 Mars 1994, la quasi-totalité des soldats américains quittèrent la Somalie. Seuls quelques centaines de marines restèrent pour assurer la retrait des forces américaines. En Mars 1995, tout le personnel américain avait quitté la Somalie.

[modifier] Jamie Smith

James E. Smith est né en 1972 aux États-Unis. Il s'était engagé dans les Rangers de l'armée américaine par fierté envers son pays et pour son père, qui avait fait la guerre du Viêtnam. Il avait obtenu le grade de Caporal.

Il fut envoyé à Mogadiscio avec son régiment avec pour objectif à plus ou moins long terme, de capturer le Général Aidid, principal responsable des troubles en Somalie. Au cours de la bataille de Mogadiscio, le 3 octobre 1993, il fut touché par un tir ennemi en portant assistance à un soldat. Son artère fémorale fut touchée. Un medivac, un hélicoptère d'évacuation sanitaire fut appellé mais en raison des combats intenses, celui-ci ne fut jamais envoyé. Le mèdecin de son unité, Kurt Schmid tenta de le sauver. Mais au cours de la nuit, après avoir perdu trop de sang, Jamie Smith décéda.

Dans le film La Chute du faucon noir, qui relate la bataille de Mogadiscio, son personnage est interprété par Charlie Hofheimer.

Anecdote : à la fin du film, le soldat Matt Eversmann, interprété par Josh Hartnett, promet de parler aux parents de Jamie Smith, suite à un accord passé peu avant son décès. En réalité, Matt Eversmann n'étant pas présent au moment des faits, c'est le mèdecin de l'unité, le soldat Kurt Schmid qui le lui avait promis. Il n'eut pas le courage d'affronter ses parents et ne se rendit chez eux que peu avant la sortie du film.