Bertolt Brecht
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Bertolt Brecht (né Eugen Berthold Friedrich Brecht), est un poète, metteur en scène et dramaturge allemand né le 10 février 1898 à Augsbourg (en Bavière), décédé à Berlin le 14 août 1956.
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[modifier] Biographie
Fils d'une famille bourgeoise, Bertolt Brecht commence à écrire très tôt (son premier texte est publié en 1914) et entame des études de philosophie puis de médecine à Augsbourg. En 1918, après la Première Guerre mondiale où il fut infirmier, il écrit sa première pièce, Baal. Suivent en 1919 et 1921 les pièces Tambours dans la nuit (Spartacus) et Dans la jungle des villes. Ces trois œuvres montrent son côté anarchiste.
En 1924, il rejoint le Deutsches Theater de Reinhardt à Berlin, avec l'actrice Hélène Weigel, qui monte ses pièces. La même année, Elisabeth Hauptmann devient sa maîtresse et son « nègre ». Ses pièces apportent la polémique jusqu'en 1928 où il crée L'opéra de quat'sous (musique de Kurt Weill), un des plus grands succès théâtraux de la république de Weimar.
Il épouse Hélène et devient marxiste. La montée du nazisme le force à s'exiler de l'Allemagne en 1933, où son œuvre est interdite et brûlée. Il parcourt l'Europe (Danemark, Finlande, puis Russie), avant de s'installer aux États-Unis d'Amérique, en Californie, qu'il doit également quitter en 1947 à cause de ses idées marxistes. Durant cette période, il écrit une grande partie de son œuvre dont La vie de Galilée, Mère Courage et ses enfants, La Résistible Ascension d'Arturo Ui, Le Cercle de craie caucasien et Petit organon pour le théâtre où il exprime sa théorie du théâtre épique et de la distanciation.
Chassé des Etats-Unis en raison du maccarthysme ambiant, il se rend alors en Suisse. En 1949, il s'installe définitivement à Berlin-est où il dirige le Berliner Ensemble par lequel il exprime ses prises de position socialistes. Il fonde aussi le « Théâtre épique », de mouvance marxiste. Il a des difficultés avec le régime de RDA, mais quand le 17 juin 1953 les ouvriers de RDA se révoltent en masse pour protester contre la médiocrité de leur niveau de vie, la majoration massive des objectifs de travail et le mauvais fonctionnement des infrastructures, il fait savoir le jour même, dans une lettre à Walter Ulbricht, qu'il appuie les mesures du gouvernement et approuve l'intervention des troupes soviétiques. Devenu une figure quasi-officielle du régime de la RDA, il obtient le prix Staline international pour la paix en 1955 et meurt à Berlin, un an plus tard d'un infarctus.
[modifier] Style
Brecht voulait rompre avec l'illusion théâtrale et pousser le spectateur à la réflexion. Ses pièces sont donc ouvertement didactiques : par l'usage de panneaux avec des maximes, des apartés en direction du public pour commenter la pièce, des intermèdes chantés, etc. il force le spectateur à avoir un regard critique. Ce processus, qu'il baptise « distanciation » (Verfremdungseffekt) a beaucoup influencé certains metteurs en scène français.
[modifier] Œuvres par ordre chronologique
- Les Sermons domestiques
- Baal, 1918
- La Noce chez les Petits Bourgeois, 1919
- Tambours dans la nuit (Trommeln in der Nacht), 1920
- Dans la jungle des villes (Im Dickicht der Städte), 1922
- Homme pour homme (Mann ist Mann), 1925
- L'Opéra de quat'sous (Die Dreigroschenoper), 1928
- L’Importance d’être d’accord (Das Badener Lehrstücke von Einverständnis), 1929
- Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny (Das Badener Lehrstücke von Einverständnis), 1929
- Sainte Jeanne des Abattoirs (Die heilige Johanna der Schlachthöfe), 1930
- Celui qui dit oui, celui qui dit non (Der Jasager, Der Neinsager)1930
- La Décision (Die Massnahme)1930
- L'Exception et la règle (Die Ausnahme und die Regel), 1930
- La Mère (Die Mutter), 1931
- Kuhle Wampe (film), 1932
- Têtes rondes et têtes pointues (Die Rundköpfe und die Spitzköpfe), 1933
- Les Fusils de la mère Carrar (Gewehre der Frau Carrar), 1937
- Mère Courage et ses enfants (Mutter Courage und ihre Kinder), 1938
- Grand-peur et misère du IIIe Reich (Furcht und Elend des Dritten Reiches), 1938
- La vie de Galilée (Leben des Galilei), 1938
- La Bonne âme du Sichuan (Der gute Mensch von Sezuan), 1938
- Le Procès de Lucullus (Das Verhör des Lucullus), 1939
- Maître Puntila et son valet Matti (Herr Puntila und sein Knecht Matti), 1941
- La Résistible Ascension d'Arturo Ui (Der aufhaltsame Aufstieg des Arturo Ui), 1941
- Les visions de Simone Machard (Die Gesichte des Simone Machard), 1942
- Schweik dans la Seconde Guerre mondiale (Schweyk im zweiten Weltkrieg) 1943
- Le Cercle de craie caucasien (Der kaukasische Kreidekreis), 1945
- Antigone, 1947
- Les Jours de la Commune (Die Tage der Commune), 1949
- Petit Organon pour le théâtre, 1948
- La Dialectique au théâtre, 1951
- Turandot, ou le congrès des blanchisseurs (Turandot oder der Kongress der Weisswäscher), 1954
[modifier] Citations
« Il faut chasser la bêtise parce qu'elle rend bête ceux qui la rencontrent. » - Extrait des Histoires de Monsieur Keuner
« L'avenir de l'humanité n'a d'intérêt que vu d'en bas. » - Extrait de la revue Europe
« Je ne sais pas ce qu'est un homme, je ne connais que son prix. » - Extrait de la Chanson du marchand
« Le théâtre peut beaucoup là où du moins il y a suffisamment de vie. »
« L'homme est bon, mais le veau est meilleur. »
« Puisque le peuple vote contre le Gouvernement, il faut dissoudre le peuple. » (variante : « Si le peuple pense mal, changeons le peuple ! »)
« Il y a pire que braquer une banque : en fonder une ! »
« Celui qui ne sait pas est un ignorant, mais celui qui sait et qui ne fait rien est un criminel. »
« Il est toujours fécond, le ventre qui enfanta la bête immonde. »
« Nous vous en prions instamment, ne trouvez pas naturel ce qui se produit sans cesse. Que rien ne soit dit naturel afin que rien ne passe pour immuable. »
« La provocation est une façon de remettre la réalité sur ses pieds. »
[modifier] Voir aussi
[modifier] Notes
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