Boris Berezovsky (homme politique)
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- Pour l’article homonyme, voir Boris Berezovsky (pianiste).
Boris Abramovitch Berezovsky (en russe avec accentuation Бори́с Абра́мович Березо́вский) est un homme d'affaire et homme politique russe né en 1946. Il est l'un de ceux que l'on a appelé les "oligarques", et est devenu le premier milliardaire en Russie, en tirant profit de la libéralisation post-communiste et de ses entrées dans le cercle de Boris Eltsine.
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[modifier] Débuts en affaire
Né dans une famille juive de Moscou, Berezovsky étudie la sylviculture et les mathématiques appliqués, reçoit son doctorat en 1983, et devient Membre associé de l'Académie des sciences de Russie en 1991.
Berezovky débute dans le monde des affaires en 1989, au moment de la perestroika, en achetant et revendant des automobiles (principalement des Lada) de l'entreprise d'État AutoVAZ. Officiellement, Berezovky avait le titre d'expert en management dans cette société. En 1992, il devint le président d'une nouvelle compagnie, LogoVAZ, distributeur exclusif d'AutoVAZ. Durant la période d'anarchie du début des années 1990 en Russie, Berezovsky, comme de nombreux hommes d'affaires, a été la cible du racket de la mafia russe. Impliqué dans des guerres de gangs, il a échappé à plusieurs tentatives d'assassinat, dont une attaque à la bombe en 1994, qui décapite son chauffeur.
[modifier] Au cœur du pouvoir
Pendant la présidence de Boris Eltsine, Berezovsky est l'un des hommes d'affaires qui parvient à avoir accès au président. Il utilise son réseau politique pour acquérir des parts dans plusieurs entreprises d'État privatisées dans des secteurs-clés de l'économie, dont AutoVAZ, la compagnie aérienne Aeroflot, et des enteprises de matières premières, en ne payant qu'une fraction de leurs valeurs réelles et en se servant d'une banque pour financer ces opérations. Ces opérations sont critiquées aujourd'hui, par les analystes économiques étrangers comme par le pouvoir russe, comme un pillage systématique des biens de l'État, par sociétés-écrans interposées.
Il acquiert aussi plusieurs holdings contrôlant des médias. Il devient ainsi le principal actionnaire (à 49 %) de la chaîne de télévision ORT, la plus regardée en Russie, et propriétaire des quotidiens Novaïa Gazeta et Nezavissimaïa Gazeta. Les médias que contrôle Berezovsky assurent un soutien essentiel à Boris Eltsine lors de sa réélection en 1996. Durant ces années, Berezovsky est l'un des principaux partisans de la libéralisation politique et économique en Russie. Il fait partie du « clan Eltsine », avec la fille du président, Tatiana Diatchenko, et le chef de l'administration présidentielle, Alexandr Volochine. Berezovsky s'est vanté d'avoir fait destituer trois Premiers ministres (Sergueï Kirienko, Ievgueni Primakov, qui avait décidé de centrer son action contre les oligarques, en 1998, et Sergueï Stepachine).
Berezovsky s'implique en politique en investissant dans les médias, en finançant des candidats libéraux, en prononçant des déclarations politiques et aussi en recherchant des fonctions. Il est le numéro deux du Conseil national de sécurité en 1996-1997, puis secrétaire général de la CEI (Communauté des États indépendants) de mai 1998 à mars 1999. À chaque fois, il est limogé par Boris Eltsine. En décembre 1999, il se fait élire député de la Douma dans une circonscription de la Kabardino-Balkarie, une république du Caucase du Nord où il ne se rend guère.
[modifier] La guerre en Tchétchénie
Pendant la première guerre de Tchétchénie, Berezovsky joue un rôle important. Ses relations avec la mafia tchétchène à Moscou ont fréquemment été évoquées par ses adversaires, on l'a accusé de profiter de trafics d'armes et d'être impliqué dans des projets liés à cette guerre, parmi lesquels un pipeline transportant le pétrole de la mer Caspienne, qui devait traverser initialement le territoire tchétchène. Selon Ramzan Kadyrov, Premier ministre actuel de la Tchétchénie proche du pouvoir fédéral, Boris Berezovsky a contribué à lancer le commerce du kidnapping dans le nord du Caucase, alors qu'il était Conseiller national à la sécurité en 1996, en proposant à des chefs tchétchènes radicaux de se faire payer (en échange de la paix) indirectement par des rançons sur lesquelles les autorités fermeraient les yeux. Berezovsky lui-même a admis avoir été en contact avec Chamil Bassaïev, chef de la branche islamiste des indépendantistes tchétchènes, et n'a pas caché lui avoir donné plus de 2 millions de dollars, en affirmant que Bassaïev était un interlocuteur incontournable en Tchétchénie.
[modifier] La disgrâce
En 1999, Boris Berezovsky aide à propulser la carrière gouvernementale de Vladimir Poutine, ancien directeur du FSB (services secrets) méconnu du public, jusqu'au poste de Premier ministre en août, au moment du déclenchement de la Seconde guerre de Tchétchénie. Il espère pouvoir disposer auprès du nouvel homme fort de la même influence dont il usait auprès de Boris Eltsine. Celui-ci démissionne à la surprise générale le 31 décembre 1999, Vladimir Poutine est élu président de la Fédération de Russie en mai 2000.
Poutine ne tarde pas à faire ouvrir des investigations sur les affaires de Berezovsky. Celui-ci est accusé par les autorités judiciaires russes de fraude à grande échelle et de corruption politique. Après avoir démissionné de son mandat de député en juillet 2000, il s'exile à Londres en octobre 2001, où il habite en alternance avec sa propriété du cap d'Antibes, sur la Côte d'Azur. Sous la pression du gouvernement russe, il vend plusieurs de ses holdings. Début 2002, Berezovsky est dépossédé de ses parts dans la chaîne de télévision ORT, et en mai, le Kremlin prend le contrôle de son autre chaîne, TV6.
Le journaliste Paul Klebnikov du magazine Forbes à écrit plusieurs articles sur les supposées activités criminelles de Berezovsky. Un procès pour libelle diffamatoire concernant un article publié en 1996 força Forbes à rétracter les allégations contenues dans l'article. Paul Klebnikov, assassiné en 2004, a également écrit une biographie sur Boris Berezovsky.
[modifier] L'opposant exilé
De son exil londonien, Berezovsky continue à s'impliquer dans la politique russe et critique vivement le pouvoir de Vladimir Poutine. Il l'accuse notamment d'être impliqué, en tant qu'ancien chef du FSB, dans les trois explosions d'immeubles de 1999 (300 morts à Moscou et à Vologondsk) qui ont déclenché la Seconde guerre de Tchétchénie qui elle-même a permis à Poutine de devenir suffisamment populaire pour accéder à la présidence. Il dénonce également l'escalade autoritaire du régime et prétend que Poutine a pour projet d'instaurer un pouvoir dictatorial et qu'il pourrait préparer un coup d'État au terme de son dernier mandat, pour pouvoir rester en place alors que la Constitution russe prévoit qu'il doit se retirer.
En 2002, il fonde un nouveau parti politique, Russie libérale, pour s'opposer à Poutine lors des élections législatives en décembre de la même année, tout en soutenant financièrement le Parti communiste. La principale figure en Russie du nouveau parti, le député Sergueï Iouchenkov, est assassinée en avril 2003 et Berezovsky est exclu de son parti peu après. La même année, il a officiellement demandé l'asile politique au Royaume-Uni, tandis que Moscou demandait son extradition.
En janvier 2006, Berezovsky déclarait à l'AFP que « toute action violente de la part de l'opposition est aujourd'hui justifiée, y compris une prise de pouvoir par la force, sur laquelle justement je travaille ». La popularité de Berezovsky en Russie est cependant très basse, puisque la grande majorité de la population considère qu'il est à l'origine ou le principal profiteur du pillage de l'État par les oligarques dans les années 1990.
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