Canche (fleuve)
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Longueur | 88 km |
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Débit moyen | 15.1 m3.s-1 mesurés à Étaples (embouchure) |
Surface du bassin | 1 274 km2 |
Régime | pluvial océanique |
Se jette dans | la Manche |
Bassin collecteur | |
Pays | France |
Cours d'eau - hydrologie |
La Canche ( Kantia, venant de kant signifiant rocher ) est un fleuve côtier français du Pas-de-Calais, long de 88 kilomètres[1]. Bien que la longueur de son cours soit modeste, la Canche bénéficie de l'apport de nombreux affluents et d'un débit élevé. Sa vallée a été le témoignage, depuis le Moyen âge, de la mise en valeur, par les hommes, d'un milieu humide. Son estuaire, typiquement picard avec son poulier et son musoir, a été transformé, après avoir échappé à l'artificialisation, en milieu protégé, recélant une flore et une faune variées.
Sommaire |
[modifier] Géographie
La Canche prend sa source à Gouy-en-Ternois, passe à Frévent, Hesdin, Montreuil-sur-Mer. Après un cours remarquablement rectiligne et d'une pente moyenne de 1.5 ‰, à peu près parallèle à celui de l'Authie et au cours supérieur de la Somme, le fleuve se jette dans la Manche entre Étaples et Le Touquet-Paris-Plage[2]. Sa vallée, formant un plaine alluviale de 1 à 2 kilomètres de large, à peine encaissée au pied des longs glacis qui forment son bassin, offre un paysage humide et verdoyant : eaux calmes, marais, prés, petits bois. Dans sa partie aval, la faiblesse de la pente conduit à la formation de vastes méandres.
Son SAGE, en cours d'élaboration, concerne 203 communes, couvre 1 274 km² et a nécessité la constitution d'un syndicat mixte[3].
[modifier] Hydrologie
Comme les autres fleuves de la région, la Canche suit un synclinal tout au long de son cours : le synclinal de la Canche, orienté Sud-est / Nord-ouest, dont la dissymétrie est responsable de celle de son bassin versant. Le flanc Sud du bassin, court et en pente rapide, n'est parcouru que par de rares vallons de 3 à 4 kilomètres souvent élémentaires (un seul cours d'eau sans affluent)[4]. En revanche, le flanc Nord, en pente douce mais irrégulière, est largement développé surtout dans sa partie amont et porte de longs affluents qui drainent la majeure partie du haut Boulonnais et du haut Artois ( Ternoise, Planquette, Course )[5].
Dans le cadre d'un régime pluvial océanique, la Canche bénéficie d'un débit relativement élevé pour un cours d'eau de cette longueur: 12 m³/s à Brimeux, quelques kilomètres en amont de Montreuil-sur-Mer [6], environ 15 m³/s à l'estuaire[4]. Le débit présente un régularité assez remarquable, les étiages de fin d'été étant très peu marqués.
[modifier] Principaux affluents
- Rive droite
- la Ternoise (43 km) à Hesdin
- la Planquette (12 km) à Contes
- la Créquoise (15 km) à Beaurainville
- le Bras de Brosne (11 km) à Marles-sur-Canche
- la Course (24 km) à Montreuil-sur-Mer
- la Dordogne (10 km) à Bréxent-Énocq
- l'Huitrepin (8 km) à Tubersent
- Rive gauche
[modifier] Histoire: l'aménagement d'un milieu humide
La vallée de la Canche constitue une zone humide occupée depuis longtemps par les hommes qui l'ont exploitée en raison de son caractère productif mais qui l'ont également stigmatisée comme espace malsain, ce qui a amené sa destruction partielle et son artificialisation au nom de l'hygiène.
Dès le XIIe siècle, les principales activités des communautés villageoises occupant cet espace sont représentées par l'élevage, la pêche, le fauchage et la culture des roseaux[8]. L'extraction de la tourbe dans les marais de la partie aval du fleuve est attestée au XVIe siècle; la tourbe étant à la fois le principal moyen de chauffage et un engrais très recherché[8]. Les plantations d'aulnes se développent également à la même époque, contribuant au maintien des sols, tout en fournissant du bois de coupe. Rapidement, la sylviculture est associée au drainage, puis est adoptée, au XVIIIe, pour l'enclosure des parcelles destinée à séparer le bétail des cultures et à délimiter des propriétés (la plantation de haies et le creusement de fossés contribuant à un renforcement du phénomène)[8]. Le territoire, jusqu'alors exploité de manière collective dans le cadre des communautés villageoises, se morcèle. Le XVIIIe siècle voit émerger également une nouvelle perception des zones humides considérées comme lieux insalubres, foyers d'épidémies. Les autorités administratives encouragent les actions en faveur d'un assèchement des marais tourbeux par des travaux de drainage et de nouvelles plantations d'arbres, la réduction des zones humides permet l'essor des terres labourées et du maraîchage pour faire face à l'augmentation démographique[8]. Au cours du XIXe siècle, les progrès techniques (remplacement des moulins à eau par des moulins à vapeur), l'amélioration de la pratique du drainage contribuent à la multiplication des assèchements (dans la partie de la vallée en aval d'Hesdin)[8]. Il faut attendre le dernier quart du XXe siècle pour voir les autorités prendre conscience de l'importance des zones humides et chercher à préserver les marais après avoir contribué à leur disparition (classement de l'estuaire de la Canche, acquis dès 1976 par le Conservatoire du littoral, en réserve naturelle nationale depuis 1987[9]).
[modifier] Environnement: l'estuaire de la Canche
Ainsi, l'estuaire de la Canche a été le premier site français sur lequel intervînt foncièrement le Conservatoire du littoral en 1976[10]. Cette opération avait pour objectif de mettre en échec un projet de barrage en baie de Canche qui avait vu le jour à la fin des années 1960 et que l'on peut considérer comme la dernière tentative, entreprise par les autorités, d'artificialiser ce milieu. La construction de cet ouvrage (associée d'ailleurs à la mise en place d'un port de plaisance et d'une marina), qui intervenait en compensation d'un projet de pompage des eaux de la Canche au niveau d'Hesdin en vue d'alimenter l'agglomération lilloise, menacait de destruction le milieu estuarien et la riche faune et flore s'y développant. La forte mobilisation des habitants, d'associations, de nombreux scientifiques, permit de faire reculer les politiques pourtant tous favorables au projet[11].
Avec son poulier et son musoir[12], l'estuaire de la Canche se révèle être le plus caractéristique des estuaires picards[13]. Le milieu naturel est essentiellement représenté par des dunes littorales qui abritent une flore variée (485 espèces) et une riche faune. De nombreux oiseaux sédentaires ou migrateurs (75 espèces) nidifient en ces lieux comme l'engoulevent, l'alouette lulu, plusieurs types de fauvettes, la bécasse, la tadorne de belon qui fait des terriers de lapin son habitat et un redoutable prédateur, le faucon émerillon. Cet espace abrite des mammifères comme le chevreuil, le sanglier, le renard, le blaireau, la fouine, l'écureuil, quelques phoques veau-marin peuvent y être aperçus, mais, contrairement à la baie de Somme, l'estuaire de la Canche ne semble pas posséder de colonie de ces mammifères marins. Tritons, crapauds calamite et autres rainettes représentent les nombreux batraciens[9].
[modifier] Communes traversées
Bouret-sur-Canche, Frévent, Ligny-sur-Canche, Boubers-sur-Canche, Conchy-sur-Canche, Fillièvres, Hesdin, Beaurainville, Brimeux, Montreuil-sur-Mer, Étaples, Le Touquet-Paris-Plage.
[modifier] Notes et références
- ↑ Fiche de la Canche sur le site du SANDRE.
- ↑ Description de la vallée de la Canche, des principales caractéristiques du cours d'eau.
- ↑ Site officiel du SAGE
- ↑ 4,0 4,1 Article de Pierre-Jean Thumerelle in Guide des merveilles naturelles de la France, Sélection du Reader's Digest, 1973, p. 145.
- ↑ Carte du bassin versant de la Canche
- ↑ Données de la station hydrologique de Brimeux.
- ↑ Le Sangle ne considère pas la Grande Tringue comme un affluent direct de la Canche.
- ↑ 8,0 8,1 8,2 8,3 8,4 Excellent article d'Helga Scarwell et de Magalie Franchomme dans La revue en sciences de l'environnement: Vertigo, 1er mai 2005.
- ↑ 9,0 9,1 Voir site du Conservatoire du littoral
- ↑ Dans sa partie nord seulement, appelée les Garennes de Lornel.
- ↑ Des détails sur le site de la fédération Nord-Nature
- ↑ Le poulier (nom d'origine picarde), désigne une courte flèche littorale, barrant partiellement l'embouchure d'un fleuve, dont l'extrémité est recourbée en forme de crochet sous l'action des courants marins et s'engraissant par l'apport de sédiments. L'établissement du poulier se fait d'un seul côté de la baie; par opposition, la rive opposée, le musoir, est rongée par ces mêmes courants et l'action des vagues.
- ↑ Le terme picard ne correspond pas ici aux limites administratives.
[modifier] Liens externes
- Site de l'Agence de l'eau Bassin Artois-Picardie
- Site personnel SAGE de la Canche
- Présentation de l'Atlas des zones inondables
- Tourisme dans la vallée de la Canche
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