Cité de Carcassonne
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La Cité de Carcassonne (en occitan languedocien Ciutat de Carcassona) est un ensemble architectural médiéval qui se trouve dans la ville française de Carcassonne dans le département de l'Aude. Elle est située sur la rive droite de l'Aude, au sud-est de la ville actuelle. Constituée depuis la période gallo-romaine, la cité est une ville fortifiée qui comporte un château (le château comtal) et une basilique (la basilique Saint-Nazaire).
Elle est classée au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1997.
Sommaire |
[modifier] 2 500 ans d'histoire
L'histoire de la cité peut se lire sur les différents bâtiments qui la composent.
[modifier] Des Gallo-romains aux Wisigoths
Dès le VIe siècle av. J.-C., le site connaît l'implantation d'un village gaulois, puis le développement d'une ville romaine. Des restes d'un oppidum fortifié, oppidum Carcaso[1], ont été mis au jour par des fouilles archéologiques. Ce lieu est déjà un important carrefour commercial comme le prouve les restes de céramiques de style campanien et d'amphores. Au IIIe siècle, la ville subit des attaques diverses qui la retranchent derrière une première série de remparts gallo-romains. En 333 avant J.-C., des textes d'un pèlerin mentionne le castellum de Carcassonne. Ces remparts sont encore visibles dans certaines parties de l'enceinte et servent de sous-bassement aux actuelles murailles. Le rôle de cette muraille est un rôle protecteur des attaques extérieures. En 453, la cité fortifiée devient une ville frontière au nord du royaume wisigoth.
Cette implantation très rapide des hommes s'explique par l'avantage stratégique que constitue son emplacement géographique. La cité de Carcassonne est située entre la Montagne noire et les Pyrénées sur l'axe de communication allant de la mer Méditerranée à l'Océan Atlantique. En 507, les wisigoths sont chassés d'Aquitaine mais conservent la Septimanie. En 508, Clovis lance en vain une attaque contre les Wisigoths pour prendre la cité de Carcassonne. En 585, la cité est de nouveau attaquée et les francs en prennent le contrôle. Mais, les wisigtohs la récupèrent dans la foulée. De 725 à 759, la cité est aux mains des musulmans et elle est reprise par les Francs grâce à Pépin le Bref. C'est cette époque qui inspira aux auteurs de l'histoire la légende de Dame Carcas citée plus loin.
[modifier] L'époque féodale
Le début de la féodalité marque l'expansion de la ville et de ses fortifications. C'est aussi la période des comtes de Carcassonne. Le premier comte mis en place par les Carolingiens est bellon puis Oliba II. Ils sont censés dirigés la région tout en étant dépendant du royaume carolingien. En 1082, la famille Trencavel prend le pouvoir et englobe la cité dans une vaste principauté allant de Carcassonne à Nîmes. Bernard Aton Trencavel, vicomte d'Albi, de Nîmes et de Béziers fait prospérer la ville. C'est durant cette période qu'une nouvelle religion s'installe : le catharisme. Le vicomte de Trencavel permet en 1096 le début de la construction de la basilique Saint-Nazaire dont les matériaux sont bénis par le pape Urbain II. En 1107, les carcassonnais refusent la domination de Bernard Aton et font appel au comte de Barcelone pour le chasser. Mais, avec l'aide du comte de Toulouse, Bernard Aton reprend le contrôle de la cité. En 1120, de nouveau, les carcassonnais se révoltent mais il rétablit l'ordre quelqueq années plus tard. En 1130, il ordonne le début de la construction du chateau comtal et la réparation des remparts gallo-romains. Dès lors, la cité de Carcassonne est entourée de sa première fortification complète.
La cité est riche et constituée de deux bourgs contenant environ 3 000 à 4 000 personnes[2]. Le bourg le plus au nord est le bourg Saint-Vincent et le bourg Saint-Michel est celui qui se situe au sud de la porte Narbonnaise.
Mais, la ville subit la conquête territoriale des rois capétiens par la Croisade des Albigeois que le pape Innocent III ordonne devant la montée du catharisme. La cité est alors assiégée en 1209 par les croisés. Raimond Roger Trencavel se rend très rapidement en échange de la vie sauve de ses habitants. Les bourgs autour de la cité étaient aux mains des croisés. Le comte meurt de dysenterie dans la prison même de son château le 10 novembre 1209. Les terres sont données à Simon de Montfort, chef de l'armée cathare. Ce dernier meurt lors de la bataille de Muret et son fils récupère la cité mais est incapable de la gérer. En 1224, Raimond II Trencavel récupère la cité. Une deuxième croisade est lancée par Louis VIII en 1226 et Raimond Trencavel doit fuir. La cité de Carcassone est alors annexée au royaume de France et une période de terreur s'installe à l'intérieur de la ville. La chasse aux cathares entraîne la multiplication des bûchers et des dénonciations sauvages.
[modifier] L'époque royale
Louis IX ordonne la construction de la deuxième fortification pour éviter les guerres avec de long siège. Il cherche à se défendre de Raimond Trencavel réfugié en Aragon et prêt à reprendre ses terres, mais aussi se protéger d'une possible attaque du royaume aragonais. De plus, ces constructions permettent de marquer les esprits de la population et gagner leur confiance. La cité fait partie du système de défense de la frontière entre la France et l'Aragon détenu par les rois espagnols. Les premières constructions concernent le château comtal adossé à la muraille ouest. Il est entouré de murailles et de tours à l'intérieur même de la cité pour assurer la protection des représentants du roi. Ensuite, une deuxième fortification est commencée sur environ un kilomètre et demi avec quatorze tours. Cette enceinte est efflanquée dune barbacane qui contrôle les abords de l'Aude.
En 1240, supporté par quelques seigneurs, Raimond Trencavel tente de récupérer la cité. Mais, il est obligée de lever le siège et de prendre la fuite à l'arrivée des renforts du roi. En 1247, il renonce devant le roi Louis IX à ses droits sur la cité. Dès lors, cette place forte ne fut plus attaquée et résista à la guerre de Cent Ans. Des travaux juste après cette dernière attaque sont entre pris pour réparer les enceintes, aplanir les lices, ajouter des étages au château et construire la tour de la justice. D'autres travaux sous le règne de Philippe III, dit le Hardi, furent organisées : constructions de la porte narbonnaise, de la tour du Trésau, de la porte Saint-Nazaire et toute la partie de l'enceinte environnante, réparation de certaines tours gallo-romaines et de la barbacane du château comtal.
[modifier] L'abandon de la cité
En 1258, le traité de Corbeil fixe la frontière au niveau de Carcassonne. Louis IX renonce à sa suzeraineté sur la Catalogne et le Roussillon et le roi d'Aragon renonce sur les terres du Languedoc. La cité joue un rôle majeur dans le dispositif de défense de la frontière. Il sert d'arrière garde dissuasive aux différents postes avancés que sont les châteaux de Peyrepertuse, Aguilar, de Quéribus et de Termes. Au XIIIe siècle, la cité de Carcassonne est l'une des place forte les mieux pourvues de France. À cette époque, de l'autre côté de l'Aude, une nouvelle ville dite ville basse se construit sous forme de bastide. La cité n'est jamais attaquée ni inquiétée et les troupes sont peu à peu réduite. En 1418, les hommes des garnisons occupent en général un second métier.
En 1659, la cité de Carcassonne perd sa position stratégique militaire par la signature du Traité des Pyrénées qui fixe la frontière entre la France et l'Espagne à son emplacement actuel et rattache le Roussillon à la France. La cité est aussi abandonnée des habitants et ce n'est plus qu'un quartier pauvre de tisserands. La ville basse prospère grâce à l'industrie drapière. Devenue arsenal, entrepôt d'armes et de vivres sous l'Ancien Régime puis sous la Révolution, elle fut rayée de la liste des places de guerre entre 1804 et 1820 et abandonnée, puis reclassée en seconde catégorie. L'armée est alors prête à céder la cité aux démolisseurs et récupérateurs de pierres.
[modifier] La restauration de la cité
[modifier] Le sauvetage de la cité
L'abandon de la cité de Carcassonne provoqua sa déterioration. À la fin du XIXe siècle, on recensera 112 maisons qui ont envahi les lices. Les tours se délabrent et la plupart sont converties en garages, hangars et autres bâtiments de stockage.
En 1850, la cité est sauvée de la destruction totale par Jean-Pierre Cros-Mayrevieille, notable, historien et habitant au pied de la cité. Il s'émut de la destruction de la barbacane dont les pierres étaient pillées par les entrepreneurs locaux. C'est à lui que l'on doit les premières véritable fouilles dans la cathédralle de la cité et la découverte de la chapelle de l'évèque Radulphe. L'écrivain Prosper Mérimée, inspecteur général des Monuments historiques, se prit également d'amour pour cette cité en déperdition. L'architecte Eugène Viollet-le-Duc, qui avait commencé la restauration de l'église Saint-Nazaire, fut chargé d'étudier la restauration de la cité.
En 1853, les travaux commencent par la partie ouest/sud-ouest de l'enceinte intérieure puis par les tours de la porte narbonnaise et l'entrée principale de la cité. Les fortifications sont ça et là consolidées mais le gros du travail s'est concentré sur la restauration des toitures des tours, sur les créneaux et sur les hourds du château comtal. Il ordonne aussi l'expropriation et la destruction des bâtiments construits le long des remparts. Eugène Viollet-le-Duc laissa de nombreux croquis et dessins de la cité et de ses modifications (cf. liens externes vers WikiSource). À sa mort en 1879, son élève Paul Boeswillwald reprit le flambeau.
[modifier] Une restauration controversée
Cette restauration fut fortement critiquée concernant les toitures : Viollet le Duc , fort de ses expériences de restauration sur les châteaux du nord de la France, choisit d'utiliser l'ardoise et de restaurer les toitures en forme de pointe. Mais pour lui cela avait une logique historique, car Simon de Monforts et les autres chevaliers qui participèrent à la croisade des Albigeois venaient tous du Nord. Si dans la région, les toitures étaient plates et faites en tuile, il n'est pas impossible que ces "nordistes", qui étaient venues combattre dans le sud en contrepartie de terre et de buttins, n'aient pas ramené avec eux leurs propes architects et techniques. C'est pour cela qu'aujourd'hui, on peut observer différents types de toitures dans la Cité de Carcassonne. Le pont-levis présent à l'entrée narbonnaise est un autre exemple d'abberation effectuée lors de la restauration. Cependant, malgré ses erreurs, Eugène Viollet-le-Duc peut être considéré comme un architecte de génie qui a offert aux visiteurs actuels cette superbe et imposante cité de Carcassonne.
En 1997, la Cité de Carcassonne est classée au patrimoine mondial par l'UNESCO et devient un site touristique important qui reçoit plus de 200 000 visiteurs au cours des quatre mois d'été.
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[modifier] L'architecture de la cité
L'art militaire a fortement influencé l'architecture de la Cité de Carcassonne. Son système de défense est exceptionnel par sa grandeur, sa complexité et sa qualité de conservation. C'est la plus grosse forteresse d'Europe. Deux enceintes de fortifications cernent la ville. Elles sont constituées de grès local sur 3 000 mètres de long et contiennent 53 tours et barbacanes.
[modifier] L'art gallo-romain
La première enceinte sur un éperon rocheux date de l'époque gallo-romaine permettant de dominer la vallée et le cours de l'Aude. Cette enceinte intérieure est visible depuis la lice. Elle est constituée de moellons réguliers et de rangées de briques. Ces briques assurent la stabilité de la construction grâce à leur flexibilité et rattrappent les éventuels affaissements. Les tours sont caractéristiques et reconnaissables dans les remparts ouest de la cité grâce à leur forme en fer à cheval. les niveaux supérieurs de ces tours sont constitués de larges ouvertures cintrées qui permettaient aux militaires de tirer des lances ou des flèches avec aisance. Un système de fenêtre basculante assurait la défense et la protection de ces larges ouvertures.
[modifier] L'art médiéval
L'époque féodale est marquée par la construction de la cathédrale à partir de 1096 puis par celle du chateau édifié au XIIe siècle. Le château comtal est constitué à l'origine de deux corps de logis puis d'une chapelle construite en 1150 qui donne un plan en U autour de la cour centrale. Durant le XIIIe siècle, les rois de France ordonnèrent la construction d'une seconde enceinte extérieure autour de la cité. Les tours sont rondes et dominent un fossé sec. L'espace entre les deux enceintes est aménagé en lices pour les manifestations en tous genres. Après 1240, le château est réhaussé d'un second étage et Saint Louis autorise la construction d'une bastide sur l'autre rive de l'Aude.
L'enceinte intérieure est modernisée sous l'action de Philippe III Le Hardi et Phillippe IV Le Bel. L'entrée narbonnaise, la Porte de Saint-Nazaire et la tour du Trésau sont construites. Ces édifices sont caractérisés par l'emploi de pierres à bossage et une hauteur impressionnante de murs.
[modifier] L'enceinte
L'enceinte de la cité est constituée de quatre portes principales orientées selon les points cardinaux :
- À l'est, la porte narbonnaise doté d'un pseudo-pont-levis datant du XIXe siècle.
- Au sud, la porte Saint-Nazaire est aménagée dans la tour du même nom. C'est un dispositif de défense complexe constitué d'un passage coudé avec une porte, une herse et des machicoulis.
- À l'ouest, la porte de l'Aude fait face au fleuve du même nom. Cette porte se prolonge par la barbacane de l'Aude en partie détruite.
- Au nord, la porte du Bourg ou de Rodez donnait sur l'ancien bourg Saint-Vincent.
[modifier] Le château comtal
Le château comtal est adossé à l'enceinte intérieur ouest à l'endroit où la pente est la plus pentues.
[modifier] La cathédrale Saint-Nazaire
La cathédrale Saint-Nazaire est une cathédrale d'origine romane datant du XIe siècle. C'est tout d'abord une simple église bénie par le pape Urbain II en 1096. Elle est agrandie entre 1269 et 1330 avec un transept et des absides surélevés, un décor de sculptures et un ensemble de vitraux qui lui confère un style gothique méridional typique de la région. La cathédrale est construite en grès à l'extérieur. Les rénovations d'Eugène Viollet-le-Duc ont largement transformé son extérieur, mais l'intérieur est le plus remarquable. On observe alors les deux styles gothiques et romans sur les vitraux, les sculptures et tous les décors de l'église. De nombreux vitraux du XIIIe siècle et du XIVe siècle sont présents sur les façades. Elles représentent des scènes de la vie du christ et des ses apôtres. En 1801, l'église est déchu de son rang de cathédrale de Carcassonne avec l'abandon de la cité et l'expansion de la ville basse.
[modifier] La légende de Dame Carcas[3]
La légende de Dame Carcas tente d'expliquer l'origine du nom de la cité de Carcassonne. L'histoire dit que l'armée de Charlemagne était aux porte de la cité aux prises des Sarrasins. Une princesse était à la tête des chevaliers de la cité après la mort de son mari. Il s'agit de la Princesse Carcas. Le siège dura 5 ans.
Mais aux débuts de la sixième année, la nourriture et l'eau se faisaient de plus en plus rares. Dame Carcas voulut faire l'inventaire de toutes les réserves qu'il restait. Les villageois lui amenèrent un porc et un sac de blé. Elle eut alors l'idée de nourrir le porc avec le sac de blé puis de le précipiter depuis la plus haute tour de la cité au pied des remparts extérieurs de la cité.
Charlemagne et ses hommes, croyant que la cité débordait encore de vivres au point de gaspiller un porc nourri au blé, leva le siège. L'armée de Charlemagne quittait alors la plaine devant la cité. Dame Carcas heureuse de sa victoire décida de faire sonner toutes les cloches de la ville. Un des hommes de Charlemagne s'écria alors "Carcas sonne !", d'où le nom de la cité.
[modifier] Quelques chiffres
- 2 500 ans d'histoire,
- 53 tours dans les remparts de la cité,
- 3 kilomètres environ de fortifications,
- 1 323 hommes nécessaires pour la défense de la cité d'après Eugène Viollet-le-Duc,
- 15% seulement de la cité est restaurée,
- 58 années de travaux de restauration,
- 330 000 entrées pour l’année 2001 au château comtal,
- 2 millions de visiteurs dans la cité par an ce qui la place au deuxième rang des sites les plus visités en France après le Mont-Saint-Michel,
- 150 habitants en 2005.
[modifier] Personnalités liées à la cité
- Joseph Poux (1873-1938), historien de la cité, écrit en 1923 l'ouvrage La Cité de Carcassonne : précis historique, archéologique et descriptif qui rassemble tout ce qu'il faut savoir sur la ville. Une stèle, dans le jardin avant l'entrée de la cité, lui rend hommage.
[modifier] Notes et références
- ↑ Itinéraires du patrimoine, La cité de Carcassonne, éditions du patrimoine, (ISBN 2-85822-233-9), page 2. Un autre oppidum situé à 2km, l'oppidum Carsac, aurait eu une influence sur celui de Carcassonne.
- ↑ Ce chiffre est une estimation tirée de La cité de Carcassonne, éditions du patrimoine, page 11, (ISBN 2-85822-233-9)
- ↑ La légende de la Dame Carcas, page 29, "Les couleurs de l'Aude", (ISBN 2-7191-0630-5)
[modifier] Voir aussi
[modifier] Bibliographie
- La Cité de Carcassonne, Jean-Pierre Panouillé
[modifier] Liens externes
- La cité de Carcassone par Viollet-le-Duc (1888, Wikisource)
- Site sur Carcassonne du ministère de la Culture
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