Duel (grammaire)
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Le duel (du latin duo "deux") est une sous-catégorie grammaticale du nombre. Le duel signale que les éléments en question vont par deux en employant des formes verbales ou nominales propres. C'est aussi le cas des deux catégories de nombre supplémentaires le triel et le pauquel.
Il s'oppose au singulier et au pluriel imprécis paucal, le collectif et quelques autres cas plus ou moins courants (triel, quadriel, partitif, ou même absence de nombre).
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[modifier] Grammaire du duel
L'expression du duel suit les mêmes règles que celles qui régissent les autres expressions du nombre dans la langue concernée: affixation, alternances vocaliques ou/et consonnantiques, spécification par un pronom ou un adjectif numéral, etc.
[modifier] Évolution de l'usage du duel
L'usage du duel était courant dans beaucoup de langues anciennes: grec, sanskrit (mais seulement de façon sporadique) arabe classique). Il l'est encore dans de nombreuses langues actuelles (russe, slovène, lituanien, arabe littéraire ou médian). Il est très répandu encore aujourd'hui dans de nombreuses familles linguistiques extrae-européennes. Les plus grandes langues sémitiques le connaissent, par exemple, l'hébreu (seulement pour les choses qui vont par deux comme les yeux et les oreilles) et l'arabe.
Mais il est devenu assez marginal dans les grandes langues de culture, comme le russe ou l'arabe littéraire (alors qu'il reste vivace dans certaines variantes dialectales, notamment bédouines). Dans les langues indo-européennes, le paradigme du duel même a fini par être remplacé par des formes de pluriel. Il est arrivé aussi que des formes primitives du duel prissent en charge aussi la fonction du pluriel. En grec ancien et en gotique, le duel s'était maintenu.
Sinon le duel persiste aujourd'hui surtout dans des langues marginales (au sens où elles se limitent à une aire géographique restreinte et ont un nombre assez faible de locuteurs), telles que le Slovène et le lituanien. On le trouve notamment dans les langues celtiques britonniques (gallois, breton, cornique) et il existait aussi dans certaines langues gaéliques anciennes comme le vieil irlandais. En gaélique écossais moderne, les formes duelles sont toujours employée après le numéral dà («deux»).
Dans les langues où le duel existe, non seulement les noms, mais encore les verbes possèdent à côté des formes de singulier et de pluriel le plus souvent des formes propres pour le duel. C'est ainsi que dans les langues germaniques il était courant, même si sa complexité lui a fait prendre de moins en moins d'importance. Les plus grandes langues slaves possédaient elles aussi le duel, mais elles l'ont perdu depuis, avec l'exception du slovène, du macédonien et du sorabe.
[modifier] Sémantique du duel
Dans les langues les plus importantes qui le possèdent, on l'utilise surtout pour ce qui va naturellement par deux; en somme pour les parties du corps qui se présentent en double comme les bras et les jambes et pour les vêtements correspondants comme par exemple les chaussures, on s'en sert aussi pour les couples. Si au contraire le nombre d'objets ou de personnes est de deux seulement par hasard, c'est en partie le pluriel normal qui est utilisé.
Deux vieilles formes de duel, qui remplissent aujourd'hui la fonction du pluriel, sont les formes eß pour « vous (simple) » et enk pour « vous (de politesse) » en bavarois, et également enker pour « vous (complément) », au sens de « vous deux ». Le souabe décline zwei (deux) d'après le sexe : zwoa (nettement masculin, indéterminé ou mixte), zwee (féminin pour les deux), zwua (neutre pour les deux); également dans le dialecte de Salzkammergut : zwi Mãna, zwa Waiba, zween sind a Paarl.
On trouve en allemand des mots singuliers mais avec une signification duelle, donc des mots qui supposent un duel, mais non dont la signification n'est pas égale à « deux », par exemple, l'adjectif numéral « deux » et « paire ».
Dans les langues celtiques actuelles, le duel subsiste comme une sorte d'écho dans les mots spéciaux désignant les parties du corps qui vont par deux, sauf après 2 (par exemple après les autres adjectifs numéraux) on trouvait le singulier. Dans l'ancien irlandais, c'était encore plus marqué, jusqu'à la flexion à l'intérieur des noms.
Dans les langues nord-iroquoises, le duel existe en tant que forme vivante.
[modifier] Exemples de duel
[modifier] En arabe
- hisan : (un) cheval
- hisan-an : deux chevaux
- ahsinah : des chevaux
[modifier] En allemand
- beide Männer: les deux hommes
[modifier] En anglais
- both of us: toi et moi
[modifier] En latin
- ambo : les deux
[modifier] En tchèque
Il existe un pronom Oba : « nous deux », « eux deux », « ces deux choses » qui se décline. Et, vestige du duel indo-européen, dva, « deux » se décline également alors que les nombres cardinaux supérieurs à « deux » sont invariables :
cas \ genre | masculin | féminin | neutre |
---|---|---|---|
nominatif, accusatif | oba ; dva | obě ; dvě | obě ; dvě |
génétif, locatif | obou ; dvou | obou ; dvou | obou ; dvou |
datif, instrumental | oběma ; dvěma | oběma ; dvěma | oběma ; dvěma |
La déclinaison des substantifs qui vont par paire est également influencée par ce duel archaïque surtout dans les expressions figées :
- remettre une lettre « en mains propres » se dit « do vlastních rukou » (voir locatif duel dans le tableau ci-dessus) alors qu'on attendrait « do vlastních rukách » (voir déclinaisons standard dans l'article sur le tchèque).
- « aux pieds » de quelqu'un se dit « u nohou » (raison identique)
- « œil » se décline également différemment au pluriel selon qu'il s'agit d'une « paire d'yeux » ou des « œils ».
[modifier] Voir aussi
[modifier] Liens internes
[modifier] Bibliographie
- Karl Brugmann: Kurze vergleichende Grammatik der indo-germanischen Sprache, 1904
- A. Cuny: La catégorie du duel dans les langues indo-européennes et chamito-sémitiques, Paris, 1930.