Georges Devereux
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Georges Devereux (1908-1985) fut un psychanalyste et anthropologue américain.
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[modifier] Biographie
Devereux nait sous le nom de Gyorgy Dobo en 1908 en Transylvanie (qui fera partie de la Roumanie). Il s'avéra très tôt polyglotte.
Son frère se suicide. En 1926, Devereux commence à étudier la physique et la chimie Paris, sous la direction de Marie Curie. Il continue sa formation à lécole des langues orientales, notamment auprès de Marcel Mauss.
En 1933, Gyorgy Dobo renonce à l'identité juive et se fait baptiser, prenant le nom de Devereux -- ce nom étant toutefois tiré du mot roumain evreu signifiant hébreu, ainsi que le signale Tobie Nathan.
Il suivra une cure psychanalytique auprès de Marc Schlumberger, écourtée après un an. Il entreprend alors une deuxième analyse auprès de Robert Jokl, sera nommé membre de l'American Psychoanalytic Association ainsi que de la Société Psychanalytique de Paris.
En 1963, Claude Lévi-Strauss le nomme à l'école pratique des hautes études.
[modifier] Influence
Devereux fut pionnier de l'ethnopsychanalyse, démontrant la nécessité de combiner plusieurs approches. Il sera proche de l'école de Chicago ainsi que de l'egopsychology. il défend l'idée de l'universalité du complexe d'oedipe. Il pense que l'homme ne se construit pas qu'avec sa culture . Il a une approche transculturelle et développe le courant complémentariste (entre anthropologie et psychanalyse). Il se démarque du courant culturaliste et des approches évolutionnistes, postulant le déterminisme biologique. Selon Laplantine, Devereux est le fondateur de l'ethnopsychiatrie, car celle-ci doit être perçue comme une ethnopsychanalyse.
La seconde génération de l'École de Zurich de l'ethnopsychanalyse (Mario Erdheim, Maya Nadig et d'autres) est fortement influencée par Devereux.
- Transculturalisme
Devereux a notamment influencé Roland Jaccard qui lui a voué un livre en 1975, L'exil intérieur, schizoïdie et civilisation. Dans ce livre il cite Devereux parlant de la schizophrénie comme d'une psychose éthnique de notre civilisation. besoin de référence.
[modifier] Méthodologie
Dans De l’angoisse à la méthode (1985), Devereux suggère de reconsidérer la question des rapports entre observateur et observé dans les « sciences du comportement » (sciences humaines, zoologie,…) en s’inspirant du modèle de la cure psychanalytique. L’auteur y soutient la thèse suivante : le principe méthodologique classique qui commande au chercheur de tout mettre en œuvre pour considérer ce qu’il observe d’un point de vue strictement objectif est non seulement vain, mais surtout contreproductif. Selon Devereux, l’observateur doit se replacer au cœur du processus et considérer qu’il n’observe jamais que des réactions à ses propres observations, qu’il n’y a pas de données indépendantes de son travail d’observation. Plus précisément, les seules « données » dont dispose le chercheur sont constituées par ses propres réactions – « et c’est cela que je perçois » - aux réactions qu’il suscite. Pour Devereux, l’observateur doit penser sa relation à l’observé de la même manière que le psychanalyste aborde la relation à son patient. L’analyste ne travaille que sur les réactions de transfert dont il fait l’objet et sur ses propres réactions de contre-transfert. Ce sont là les seules données pertinentes. Il doit en être de même, assure Devereux, dans toute démarche d’enquête portant sur des humains (ou des animaux). La « subjectivité » du chercheur, au lieu d’être considérée comme une source d’erreur, doit donc être envisagée comme une ressource, la seule ressource même, dont dispose celui qui entretient le projet de comprendre une activité humaine quelconque. « Par bonheur, ce qu’on appelle les « perturbations » dues à l’existence de l’observateur, lorsqu’elles sont correctement exploitées, sont les pierres angulaires d’une science du comportement authentiquement scientifique et non – comme on le croit couramment – un fâcheux contretemps dont la meilleure façon de se débarrasser est de l’escamoter » (1980, p. 30).
[modifier] Ouvrages
Devereux est l'auteur de près de 400 textes. Parmi ceux-ci figurent :
- Psychothérapie d'un indien des plaines, Paris, Fayard, 1998 [1951]
- De l'angoisse à la méthode dans les sciences du comportement, Paris, Flammarion, 1980 [1967 pour l'édition originale en anglais], 474 p.
- Essais d'ethnopsychiatrie générale, Paris, Gallimard, 1970
- Ethnopsychanalyse complémentariste, Paris, Flammarion, 1985 [première édition 1972], 375 p.
- Femme et Mythe, Paris, Flammarion, 1982.
- Les rêves dans la tragédie grecque, Paris, Les Belles Lettres, coll. «Vérité des mythes», 2006, 522 p. Traduction de Dreams in Greek tragedy : an ethno-psycho-analytical study, Berkeley University Press, 1976.
- Cleomene le roi fou: Études d'histoire ethnopsychanalytique, Paris, Aubier, 1995.
[modifier] Références
[modifier] Articles connexes
[modifier] Liens externes
- Vie et Œuvre de Georges Devereux par Patrick Fermi
[modifier] Bibliographie
- «Es gibt eine kulturell neutrale Psychotherapie. Gespräch mit Georges Devereux» in: Hans Jürgen Heinrichs, Das Fremde verstehen. Gespräche über Alltag, Normalität und Anormalität, Francfort, Paris: Qumran 1982, pp. 15-32 (interview en allemand)
- Marie-Christine Beck, La jeunesse de Georges Devereux. Un chemin peu habituel vers la psychanalyse, Revue Internationale d'Histoire de la Psychanalyse, 1991, 4, 581-603
- Elisabeth Burgos, Georges Devereux, Mohave, Le Coq Héron, n°109, 1988, p.71-75
- Hans Peter Duerr (éd.), Die wilde Seele. Zur Ethnopsychoanalyse von Georges Devereux, Francfort: Suhrkamp 1987
- Simone Valantin-Charasson , Ariane Deluz , Contrefiliations et inspirations paradoxales : Georges Devereux (1908-1985), Revue Internationale d'Histoire de la Psychanalyse, 1991, 4, 605-617
- Françoise Michel-Jones, Georges Devereux et l'ethnologie française. Rencontre et malentendu, Nouvelle revue d'Ethnopsychiatrie, 1986, n°6, 81-94