Gorgobina
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Gorgobina : Capitale des Boïens « assignés à résidence » par Jules César en -58 sur demande des Éduens à l'Ouest de leur pagus. Toute notre connaissance de l'existence de ces lieux nous vient du livre VII de l'ouvrage : Commentaires sur la Guerre des Gaules de César. La dénomination a varié en fonction des innombrables copistes et des traductions françaises de cette œuvre.
Ainsi, Gorgobina fut dénommée : Gergobina, Gergoviam, Gergovia Boïorum, Gortona, etc.
Napoléon III (au cours du XIXe siècle) fut le promoteur de la découverte des Celtes de la Gaule et ses équipes d'archéologues, se basant sur l'ouvrage de César, ont fait un travail immense de recherche sur tout le territoire de la France de l'époque ; ils ont ainsi réussi la mise au jour de la presque totalité des oppida cités par cet auteur, à l'exception de Gorgobina.
Toute l'organisation du ministère de la Culture et des méthodes de base de l'archéologie sont issues de cette recherche. (Voir P. Mérimée)
Jacques Gabriel Bulliot (1817-1902) et son neveu Joseph Déchelette (1862-1914) ont participé et continué l'œuvre entreprise (voir Bibracte), mais aucun des deux, ni leurs multiples successeurs ne réussirent à localiser la « ville perdue des Boïens ».
La localisation du pagus boïen ne présente pratiquement plus aucun mystère aujourdhui (en raison des progrès réalisés sur la connaissance des autres pagus des peuples environnants) : les Éduens, Bituriges et Arvernes ; aussi la découverte de Gorgobina est proche.
Á l'époque de la Guerre des Gaules, le pays des Boïens recouvre un espace triangulaire de terres situé entre Sancerre au nord, Bourbon-l'Archambault (département de l'Allier) au sud-ouest et Diou au sud-est (l'aval de l'Allier).
- Gorgobina ; durant les premières années ne fut qu'un « camps de réfugiés » essentiellement composé de femmes (mères), d'enfants et quelques vieillards.
Ainsi il serait étonnant que ce soit un oppidum fortifié.
D'autre part, c'est le seul nouvel oppidum (entre -58 et -52) à qui César donne un nom (certainement à valeur topographique stratégique) (en effet il ne l'a pas appelé Noviodunum Boïen comme tous les autres) .
- Nous pouvons affirmer que tous les adolescents boïens réfugiés en -58 ont (devenus adultes en -52) participés à la défense de Alésia, ce fait confirme l'opinion de Venceslas Kruta concernant le courage de ce peuple.
[modifier] Petite chronologie historique
- 58 av. J.-C. : arrivée des Boïens sur le site (entre 20 et 22 000 personnes au maximum) essentiellement des femmes, des enfants et quelques vieillards (en raison de la sanglante défaite et surtout de la valeur économique que représentaient les esclaves hommes et jeunes femmes vierges pour Jules César).
L'esclavage était une ressource essentielle (main-d'œuvre) pour Rome et explique l'expansion de son empire. - Installation et prise en main de ce nouvel espace par les nobles boïennes sous la tutelle de leurs puissants voisins, les Éduens.
- 52 av. J.-C. : seconde campagne de César en Gaule qui commence sous casus belli fallacieux et part harceler Gergovie afin de provoquer Vercingétorix, qui désirant faire basculer les Éduens dans son camp vient « occuper » Gorgobina capitale et cœur du pagus des Boïens, clients des Éduens.
- Cette manœuvre plaçait César en très mauvaise situation politique, c'est pourquoi ayant rapidement rejoint son lieutenant Labiénus à Agedincum Sens (capitale des Sénons) il y rassemble toutes ses forces puis commence sa campagne en direction du territoire des Boïens en assiégeant Vellaunodunum (Ville des Sénons selon César) (identifiée, suivant les auteurs, avec Château-Landon, Beaune-la-Rolande et Montargis).
Un accord ayant été conclu, l'armée romaine poursuit rapidement son chemin en direction de Cenabum (Ville des Carnutes) qui disposait d'un pont pour franchir la Loire. César pille et brûle la ville, fait don du butin aux soldats, passe la Loire et arrive dans le pays des Bituriges (alliés de Vercingétorix) ou il assiège Noviodunum (la « nouvelle ville ») ce qui oblige Vercingétorix à quitter le territoire boïen pour porter assistance à ses alliés. Deux pages du De Bello Gallico décrivent les péripéties de ce siège et la victoire de César par un nouvel accord (de soumission), aussi le proconsul décide d'en finir en se dirigeant vers la capitale des Bituriges Avaricum Bourges (Cher).
- Conclusions : le pagus des Boïens est bien situé sur la rive ouest de la Loire, il est limitrophe des pagi des Éduens et des Bituriges et sa capitale Gorgobina doit être recherchée le long du bas Allier.
- Le siège d'Avaricum par l'armée romaine fut une longue épreuve pour tous ces mercenaires car ils furent soumis au harcèlement continu de la cavalerie gauloise commandée par Vercingétorix, la pluie et le froid, puis la faim, car la tactique de terre brûlée (ordonnée par le chef gaulois) commence à porter ses fruits. (il est indispensable à ce propos de relire les 15 pages du texte de César consacrées à cet épisode car celui-ci laisse échapper sa rancœur envers les Éduens qui ne l'aident pas).
Cependant le chef romain rend hommage aux Boïens qui seuls ont assuré (pendant plusieurs semaines) toute la logistique (en ruinant leur pays), ce qui lui a permis de poursuivre et de réussir la prise et mise à sac de la formidable forteresse biturige.
- Cet épisode est très révélateur de la vie gauloise en effet les Éduens étaient divisés en ce qui concerne l'intervention romaine, un parti de collaborateurs (voir Diviciacos le druide) s'opposait au parti des résistants (voir Dumnorix frère de sang du précédent et chef de la cavalerie éduenne), les nobles boïens pris entre le marteau césarien et l'enclume éduenne ont donc limité les frais pour leur tout nouveau pays.
- Nous retrouvons les Boïens dans les derniers paragraphes du livre VII (au nombre de 2000 cavaliers) ayant fait partie de l'armée de secours gauloise de l'oppidum d'Alésia (Alise-Sainte-Reine) (lieu de reddition de Vercingétorix et dernières pages dictées par Jules César sur son « odyssée » en Gaule, le livre VIII est en effet de son lieutenant Hirtius).
[modifier] La recherche de Gorgobina
Les sources : les sources sont tous les documents écrits ou non (objets, résultat de fouilles archéoogiques) et moyens qui permettent en histoire de faire une découverte.
- La documentation érudite : les monographies historiques, géographiques, généalogiques, topographiques et spécialisées, sont innombrables y compris concernant l'espace boïen (principalement des érudits du XIXe siècle et début du XXe siècle) ;
- Les publications de travaux archéologiques : en nombre beaucoup plus restreints pour le secteur ; la carte archéologique de la Gaule et quelques travaux concernant quelques bâtiments historiques classés, mais rien de spécifique aux Boïens ;
- La carte archéologique des Services régionaux de l'archéologie qui fait l'inventaire de toutes les découvertes confirmées (entre autres par prospection aérienne), mais d'accès (encore) très limité (quelques pistes mais aucun oppidum important) ;
- Un seul travail systématique, mais concernant les mottes féodales : celui de Brigitte Colas (Rault) ;
- Les archives départementales : mais il faut aller sur place et consulter directement tous les innombrables documents conservés (voir archiviste) ;
- La BNF est une des sources les plus en pointe actuellement en France grâce à son service Internet Gallica ;
- Toutes les encyclopédies (à commencer par celle de Diderot et d'Alembert), les livres d'histoire régionaux et les hagiographies des saints et nobles locaux multiples ;
- Le cadastre de 1811 (dit Napoléon), les plans terriers des seigneuries et toutes les cartes (anciennes et modernes) (entre autres celles de l'IGN) ;
- Enfin, tout ce qui a été publié et concerne la vie des populations locales (journaux, revues et mémoires de tous les personnages locaux).
La recherche sur Gorgobina est rendue plus délicate du fait que l'espace boïen recouvre trois régions administratives (Centre, Auvergne et Bourgogne) ainsi que plusieurs départements.
La recherche publique (ou de centres privés) :
- Rien de spécifique pour l'espace boïen défini dans le centre de la France (contrairement au travail effectué sur les Boiens de la région de Buch) :
- Les découvertes fortuites et les études archéologiques préalables avant grands travaux (une seule étude préalable d'importance dans le secteur, celle du barrage du Veurdre (Allier), conservée au SRA (service régional d'archéologie) de Clermont-Ferrand (la DRAC) (Puy-de-Dôme), mais rien n'a été fait avant l'extension du circuit automobile de Magny-Cours (Nièvre).
À ce propos, il est nécessaire d'aborder (de façon succincte) l'organisation du système administratif mis en place pour gérer la recherche et la protection des patrimoines historiques en France.
- Les DRAC (Directions Régionales des Affaires Culturelles) sont responsables de la totalité des « biens culturels historiques » de leur territoire, c'est-à-dire « donneurs d'ordres » et « contrôleurs » de l'exécution des tâches à effectuer : prospection, inventaire, protection et entretien (sur le domaine public ou privé) ;
- Les exécutants (en archéologie) quels que soient leur statut dépendent pour le financement de leurs travaux d'un organisme unique l'INRAP (Institut national de la recherche archéologique) qui exige avant tout financement (et autorisation de prospection et sondage) le dépôt de dossiers détaillés et complets qui entrent dans des cadres avec critères bien spécifiques selon une planification étalée sur plusieurs années, fouille programmée (s) qui sont toujours repoussés à plus tard en raison des urgences que sont les inventaires préalables et les fouille de sauvetage (s) organisées en flux-tendu en raison de la multiplicité des grands travaux (publics et privés) qui ne cessent de proliférer sur le territoire de notre France (souvenez vous de la grève récente des archéologue(s)) ;
- Quelques instituts (associations para-publiques, fondations ou SAEM) existent encore à fonctionnement indépendant mais leurs missions (hyper-spécialisées et à espace limité) leur interdisent de fait toute initiative.
Aucun projet de recherche n'ayant été programmé par les trois DRAC (ou demandé par leurs auxiliaires) sur les Boïens du centre de la France ou la recherche de Gorgobina, il est peu probable que la lumière vienne de là.
Les indépendants (associations à vocation archéologique ou individus) n'ayant plus accès à la ressource (cf : la loi Carcopino de 1941) ont tous disparus dans la région (cependant les pillages et destructions de sites archéologiques (voir Archéologie) vont bon train).
Le seul espoir restant est celui de l'existence d'une personnalité ayant pris en secret le dossier en main (cf. François Mitterrand et le dossier Bibracte).
[modifier] Liens externes
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