Grégoire XI
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Pierre Roger de Beaufort (château de Maumont, diocèse de Limoges, France (aujourd’hui commune de Rosiers-d’Égletons, département de la Corrèze) 1329 ou 1331 – Rome, 27 mars 1378) fut le 201e pape du 30 décembre 1370 à sa mort sous le nom de Grégoire XI[1].
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[modifier] Sa vie
Neveu du pape Clément VI, qui place sur sa tête de nombreux bénéfices et finalement le promeut diacre et cardinal en 1348, à seulement dix-huit (ou dix-neuf) ans. En tant que cardinal, il s’occupe activement de l’université de Pérouse, en Italie, où il devient docteur en droit canonique et théologien, fort habile d’après ses pairs. « Là, il gagna l’estime de tous par son humilité et sa grande pureté de cœur » (CE).
À la mort d’Urbain V, les cardinaux l’élisent pape, à l’unanimité, à Avignon, en décembre, 1370. Il choisit le nom de Grégoire XI, et s’ordonne lui-même prêtre, le 4 janvier 1371, afin d’être couronné pape le jour suivant.
Dès son accession, il tente de réconcilier les rois de France et d’Angleterre, mais échouera dans cette mission. Il réussit cependant à pacifier la Castille, l’Aragon, la Navarre, la Sicile et Naples. Il déploie également beaucoup d’efforts pour réunir les églises grecque et romaine, pour entreprendre une nouvelle croisade, et pour réformer le clergé.
Il doit néanmoins accorder rapidement toute son attention aux affaires turbulentes de l’Italie. En effet, le duc Bernabo Visconti de Milan, ennemi invétéré de la papauté, s’est emparé, en 1371, de Reggio et d’autres places que détenaient les vassaux du Saint-Siège en Italie. Quand Grégoire XI s’aperçoit que tous les moyens diplomatiques ont échoué, il place Bernarbo sous l’interdiction. Mais Bernabo contraint les légats qui lui ont apporté la bulle d’excommunication à manger le parchemin sur lequel son excommunication était écrite, et les abreuve d’injures et d’insultes.
Grégoire XI lui déclare alors la guerre en 1372. Au début, Bernabo remporte quelques succès, mais quand Grégoire XI obtient l’appui de l’empereur, de la reine de Naples et du roi de Hongrie, puis prend à son service (contre 10 000 ducats sonnants et trébuchants) le condottiere anglais John Hawkwood, Bernabo penche pour la paix. En subornant certains des conseillers papaux, il obtient même une trêve favorable le 6 juin 1374.
Les choses auraient pu s’arrêter là, mais comme ses prédécesseurs d’Avignon, Grégoire XI commet l’erreur fatale de nommer des Français comme légats et gouverneurs des provinces ecclésiastiques d’Italie. Or les Français ne sont pas familiers des affaires italiennes et les Italiens les détestent.
Les Florentins voient ainsi échapper des charges ecclésiastiques qui sont traditionnellement leurs (et de plus fort lucratives). Craignant qu’un renforcement de la puissance papale dans la péninsule n’altère leur propre influence en Italie centrale, ils s’allient avec Bernabo, en juillet 1375. Bernabo et les Florentins tentent de faire éclater des insurrections dans le territoire pontifical, spécialement chez ceux (et ils sont nombreux) qui sont exaspérés par l’attitude des légats du Pape en Italie. Ils réussissent si bien qu’en peu de temps le Pape est dépossédé de la totalité de son patrimoine.
Fortement irrité par les démarches séditieuses des Florentins, Grégoire XI leur impose alors une punition extrêmement sévère : il place Florence sous interdit, excommuniant tous ses habitants, y compris femmes et enfants. De plus, pour faire bonne mesure, il les proscrit, eux et leurs possessions. La perte financière des Florentins est inestimable. Ils demandent à Catherine de Sienne d’intervenir pour eux auprès de Grégoire XI, mais, dans le même temps, ils sabotent tous ses efforts en reprenant les hostilités contre le pape.
Au milieu de ces graves troubles Grégoire XI, exauçant les prières pressantes de Catherine, décide de replacer le siège pontifical à Rome. En dépit des protestations du roi de France et de la majorité des cardinaux, il quitte Avignon le 13 septembre 1376 et embarque à Marseille le 2 octobre pour l’Italie. Il parvient à Corneto, via Gênes, le 6 décembre. Il y reste jusqu’à ce que les arrangements nécessaires aient été pris à Rome au sujet de son gouvernement et de sa future installation. Le 13 janvier 1377, il quitte Corneto, débarque à Ostie le jour suivant et remonte le Tibre vers le monastère San Paolo, d’où il effectue son entrée solennelle dans Rome le 17 janvier 1377.
Mais son retour vers Rome n’a pas mis un terme aux hostilités. Le terrible massacre de Césène, commandité par le cardinal Robert de Genève (qui deviendra l’antipape Clément VII), révolte encore plus les Italiens contre la papauté. Les émeutes romaines quasi-continues induisent Grégoire XI à se retirer sur Anagui vers la fin du mois de mai 1377.
S’étant peu à peu remis de ses émotions, il revient à Rome le 7 novembre 1377. Gravement malade, se sentant menacé dans son palais même, il finit cependant par prendre Rome en aversion et seule la mort l’empêche de retourner à Avignon. Il meurt en effet à Rome le mois suivant, alors que des négociations en vue d’un processus de paix débutaient à Sarzano.
Grégoire XI fut le dernier pape de nationalité française. Il était instruit et pieux, mais avait cependant une certaine tendance au népotisme (CE).
Après sa mort commencera le Grand Schisme d'Occident (1378-1417).
[modifier] Son œuvre apostolique
- 1371 : sur ordre de Grégoire XI, les inquisiteurs condamnent les propositions de Pierre de Bonageta et Jean de Lalone sur la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie.
- 1372 : constitution de Grégoire XI contre des propositions fatalistes Albert d’Alberstadt (ou d’Halberstadt) en Allemagne.
- 1372 : Grégoire XI excommunie le mouvement des Turlupins (sobriquet qu’on appliqua à l’époque aux adeptes du Libre-Esprit). Jeanne Daubenton, membre très active des Turlupins est brûlée vive, à Paris, en place de grève. Les Turlupins étaient les héritiers des Adamistes qui prêchaient un dénuement complet, associé à une totale nudité.
- 1374 : il agrée l’ordre espagnol des ermites de Saint Jérôme.
- 1377 : le 22 mai, il publie cinq bulles condamnant les erreurs de Wyclif.
[modifier] À la même époque
- 1369 : le corps de Thomas d’Aquin est transféré dans l’église des Jacobins à Toulouse.
- 1370 : année probable de la naissance de Jan Hus (à Husinec, en Bohême). Ce grand réformateur religieux tchèque mourra brûlé vif en 1415.
[modifier] Notes
- ↑ Le nom de Grégoire XI aurait été porté avant lui en 1276 par un pape éphémère mort le lendemain de son élection, mais son nom n’a jamais été retenu par les listes officielles. Voir l’article Grégoire XI (pape éphémère).
[modifier] Sources
- CE : CATHOLIC ENCYCLOPEDIA http://www.newadvent.org/cathen/06799a.htm
- Chronologie de Paris : http://encyclopedie.snyke.com/articles/chronologie_de_paris.html
- France-spiritualité : http://www.france-spiritualites.com/PChronologieChristianisme1301-1400.htm
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