Histoire de Bos taurus
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Les bovins actuels domestiqués en Europe (vaches, zébus) appartiennent à l'espèce Bos taurus.
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[modifier] Origine
Cette espèce est issue en droite ligne de Bos primigenius, l'Aurochs. Cette espèce, probablement née en Asie, a peuplé de nombreuses contrées. De cet éclatement géographique, des différences sont apparues, donnant une diversité génétique très importante.
La classification actuelle ne reconnait que Bos taurus, issu de Bos primigenius. Cependant, l'existance antérieure de noms de sous-espèces, permet de retracer un historique de la population bovine européenne.
Rapidement, les fouilles archéologiques ont permis de distinguer deux populations :
- Bos primigenius: il correspondait aux descriptions des derniers aurochs vivant au XVIIIème siècle. C'est un animal de grande taille, près de 2 mètres, portant des cornes de grande taille. Il aurait colonisé la grande plaine qui va des Pyrénées aux steppes russes, en passant par l'Aquitaine, le Bassin parisien, la plaine germano-polonaise et la steppe belarusse.
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- Bos brachyceros : sa taille est plus réduite et ses cornes sont courtes et épaisses.
[modifier] Bos primigenius
L'Aurochs est attesté en Europe depuis le début du Pléistocène moyen. Son lien à l'homme a existé dès leur rencontre. Il était un gibier de choix et les peintures nombreuses attestent de ce lien. Selon Thomas, la variété de couleur et de forme de corne permet de dire que des variations génétiques existaient dans une population dont l'aire de répartition couvrait des milliers de kilomètres. Par ailleurs, la sélection naturelle a adapté ces individus à leur milieu. De plus, l'époque du peuplement de l'Europe coïncide avec des changements climatiques majeurs.
Il serait à l'origine des races européennes de grande taille: races du littoral de la mer du Nord et races du rameau blond et rouge.
[modifier] Bos brachyceros
Bien qu'il ne soit pas une espèce à part entière dans la classification, de nombreux auteurs font référence à lui.
Il semble ici, qu'il faille distinguer un peuplement ancien qui a donné des races domestiquées sur place et un peuplement ultérieur avec des bovins qui ont migré avec les peuples qui les avaient domestiqués.
- Peuplement naturel préhistorique:
Il est cité en Suisse comme ancêtre de la race Hérens. Il est décrit comme un bœuf des marais. Il aurait ainsi fortement contribué à la création du rameau pie rouge des montagnes.
Des races à cornes courtes, voire sans cornes et de petite taille sont originaires de Scandinavie, une région de tourbières et de terres acides.
De même, le rameau celtique présente ces caractères.
Outre leur taille réduite et leurs cornes courtes, on peut signaler leur caratère difficile, agressif ou combattant. Cet état de fait a été mis en exergue sur les races Hérens (combats de reines) et camargue (tauromachie). Lors de leur domestication, les individus capturés étaient, involontairement ou non croisés avec les animaux restés sauvages. - Peuplement artificiel dans l'Antiquité: On parle aussi de Bos brachyceros dans les pays bordant la Méditerranée. Il s'agit de l'espèce domestiquée au Néolithique en Asie occidentale et disséminée par les Grecs, donnant le rameau brun à robe brune en Europe. En Asie occidentale et en Afrique du nord, il a donné le rameau brun à robe fauve. Les animaux issu de cette domestication ont accompagné la migration de leurs éleveurs. Pour tracter les chariots, la sélection n'a conservé que les individus dociles. C'est la raison pour laquelle on ne signale plus de races agressives. La brune est même louée pour sa docilité.
Pour les Espagnols, le rameau ibérique résulterait du métissage de Bos primigenius européen et de Bos brachyceros africain.
[modifier] En Gaule
Selon Durand et Leveau, il existait un élevage bovin celte en Gaule. Les premières fouilles ont montré que l'arrivée des Romains correspond à une augmentation de la taille des restes de bétail consommé trouvés dans des dépotoirs. Cette taille rediminue ensuite à la fin de l'Empire romain. Des races plus performantes auraient pu être introduites d'Italie.
Les fouilles plus récentes infirmeraient cette hypothèse: il existait des bovins de taille plus grande au nord de la Gaule dès la conquête, alors qu'au sud, l'augmentation est plus tardive de deux siècles. Il s'agirait alors de l'introduction de techniques de sélection. Il était moins couteux d'acheter un esclave de bonne technicité que de faire venir un troupeau entier ou même un mâle améliorateur.
La taille modeste des animaux de l'élevage celte n'est cependant pas un élément de moindre technicité. Il permet de ne pas perdre de viande à une époque où la conservation peut être aléatoire. Avec les Romains, le marché s'élargit et la commercialisation de quantités plus importantes ne semble plus poser de problèmes. De plus, le bœuf aliment aurait gagné le statut d'animal de trait.
La diminution de la taille des animaux après la chute de l'Empire peut provenir des mêmes phénomènes inversés : arrêt de la sélection et arrivée d'animaux de plus petite taille, venus avec les peuples qui les élevaient: Rameau Grise des steppes venu des plaines d'Ukraine.
L'existance plus ancienne de bovins plus grand au nord de la Gaule pourrait aussi être liée à la proximité de la grande plaine eurasiatique où vivait Bos primigenius. Il aurait donné les Races du littoral de la mer du Nord de grande taille.
[modifier] En Afrique
[modifier] Bos africanus
Henri Lhote pense qu'une branche bovine aurait été domestiquée dans le haute vallée du Nil (Haute Égypte, Nubie) et Éthiopie). Il s'agirait d'un bœuf à bosse qui n'a rien à voir avec le zébu. Il aurait migré été introduit en Égypte antique: on le retrouve représenté sur les monuments. Il aurait aussi suivi le peuple Peul dans sa migration entamée 4 500 ou 4 000 ans avant J.-C. Les peintures rupestres de bovins permettent de suivre l'avancée de ce peuple, puisque c'est lui qui apporte la technique de représentation dans le Sahara. Arrivé en Mauritanie et au Sénégal, les traces deviennent plus difficiles à suivre : les grottes et rochers permettant la reproduction sont plus rares. Les Peuls auraient introduit l'élevage bovin en Afrique de l'ouest.
[modifier] Bos mauritanicus
Il est couramment cité par les historiens des races espagnoles comme ayant fait un apport non négligeable aux races ibériques. Il pourrait s'agir d'un métissage dans l'Antiquité de Bos brachyceros et de Bos africanus, tout comme il pourrait n'être qu'un autre nom de la branche africaine de Bos brachyceros.
[modifier] Bos indicus
Il s'agit plus concrêtement du zébu. Longtemps considéré comme une espèce distincte, la classification actuelle le rattache à Bos taurus. Il est originaire du bassin de l'Indus. Bos indicus n'est donc plus un nom d'espèce valide. Il serait resté en Asie au moment où Bos primigenius a conquis les steppes et plaines de l'Eurasie. Selon H. Lhote, il n'a fait son apparition en Afrique que bien après Bos africanus et a été introduit par les éleveurs qui en vivaient. Il pourrait être passé en Mésopotamie et être arrivé dans la corne de l'Afrique par bateau.
Autre mystère, tous les textes décrivant l'origine de la race italienne Piemontese la disent issue du croisement de Bos primigenius et d'un zébu venu du Pakistan, accompagnant un peuple en marche. La diversité des sources semble corroborer ce fait, mais il est surprenant qu'on ne trouve nulle autre trace génétique de cette espèce entre le Pakistan et le Piémont.
[modifier] Sources
- Revue de paléontologie de Genève, décembre 2005, Vol. spéc. 10, 259 à 269. Répertorie une grande variété de cornages différents sur les peintures rupestres du Paléolithique.
- Henri Lhote, L'extraordinaire aventure des Peuls. L'auteur est un spécialiste des peintures rupestres de bovins du Sahara.
- Aline Durand et Philippe Leveau, Les agricultures de la France méditerranéenne et le peuplement des campagnes à la fin de l'Antiquité et le haut Moyen-Âge. L'apport des travaux archéologiques et de sciences de l'environnement durant les 20 dernières années, 2004.
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