Howard Hughes
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Howard Robard Hughes (24 septembre 1905, 2 avril 1976) fut l'un des hommes les plus riches et les plus puissants des États-Unis. Il fut tour à tour pilote hors pair, homme d'affaires, producteur cinématographique, misanthrope, grand séducteur, excentrique, reclus.
Ce fut un homme d’affaires dont l’audace a été remarquée dans le monde entier, créateur d’un empire révolutionnaire pour l’époque ; il a joué un rôle déterminant, non seulement dans les domaines de l’aviation et du cinéma, mais aussi dans les affaires commerciales et politiques.
De nombreux livres et même des films ont participé à la création de sa légende.
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[modifier] Biographie
Il est né « officiellement » le 24 décembre 1905 à Houston au Texas (il serait né le 24 septembre, son choix de faire de la veille de Noël son anniversaire participerait de la légende) et mort « officiellement » le 5 avril 1976. À onze ans, il invente une bicyclette à moteur, un système d’interphone et un appareil de radio sans fil à la faveur duquel il communique avec les navires de passage. En 1921, sa mère ultra-possessive meurt, et à dix-huit ans, il hérite de la fortune familiale, fondée sur la fabrication d'outils de forage pétrolier.
[modifier] L'homme de cinéma, le séducteur et le fou d'aviation
Vers 1930 il vient s'installer à Hollywood et dévoile deux des trois passions de sa vie en déclarant : « Je veux être le plus grand aviateur du monde, le plus grand producteur de cinéma du monde, l’homme le plus riche du monde… » ; sa quatrième passion sont les femmes. Très vite il s'illustre dans la production de films, avec quelques grands succès (Les Anges de l’Enfer (Hells Angels) (1930), Scarface (1932), The Outlaw (1943)… , et par sa collection de conquêtes féminines. Il séduit les plus belles femmes de la planète, parmi elles : Cyd Charisse, Joan Crawford, Bette Davis, Billie Doves, Olivia de Havilland, Joan Fontaine, Ava Gardner, Jean Harlow, Rita Hayworth, Katharine Hepburn, Janet Leigh, Terry Moore, Jean Peters (épouse de 1957 à 1971), Jane Russell, Elizabeth Taylor, Faith Domergue, Gene Tierney et Lana Turner.
Il fut très mal accepté par les grands patrons de studio qui venaient de prendre le contrôle du cinéma au cours des années précédentes. Au début des années trente, avant l'ascension de Darryl F. Zanuck, tous les dirigeants des grands studios sont juifs, accusent Hughes d'antisémitisme et vont lui créer des difficultés. Autant ils pouvaient accepter les folies personnelles et économiques des Anges de l'enfer, autant il était inacceptable que Hughes débauche Howard Hawks de First National Pictures, qui vient d'être rachetée par la Warner. Les grands patrons firent bloc dans le procès entre Hawks et First National qui se solda finalement à l'amiable avec la promesse du retour de Hawks après le tournage de Scarface.
Très important producteur de films à Hollywood -- il finira par acheter RKO en 1948-- et play-boy adulé, il est aussi pilote et constructeur d'avions, battant sans cesse de nouveaux records de vitesse ou d'endurance et construisant des appareils militaires toujours plus performants, il essaie lui-même les prototypes de la Hugues Aircraft. De 1929 à sa mort, il va totaliser pas moins de quatorze blessures graves à la tête, traumatisant gravement son squelette et son système nerveux. Après la Seconde Guerre mondiale, il frôla la mort lors d'un terrible accident d'avion.
Le 10 juillet 1938, il achève un tour du monde à bord de son Lockheed Lodestar « Spirit of J&B » dans le temps record, pour l'époque, de 91 heures et 14 minutes. Lors de ce tour du monde il traverse par surprise l'Allemagne nazie malgré l'interdiction d'Adolf Hitler, à son retour à New York, il est accueilli en héros. Puis, il achète la compagnie aérienne TWA, et se lance dans l’espionnage et les affaires avec la CIA à laquelle il vendra pour sept milliards de dollars de missiles et de gadgets électroniques sophistiqués. Truman dira de lui : « Howard est la cheville ouvrière humaine de la défense aérienne de l’Amérique ».
[modifier] Après guerre
Cependant après la guerre, son mental et son physique commencent à s'effondrer, et il passe petit à petit la barrière de la folie et de l'irresponsabilité. Une vague histoire de relations sentimentales - peut-être au sujet de Ava Gardner - conduisit un jour le chanteur Frank Sinatra à émettre publiquement et à plusieurs reprises des menaces de mort contre Howard Hughes. Hughes ne porta pas plainte, mais qu'il s'agisse ou non d'une coïncidence, c'est vers cette époque qu'il commença à vivre de façon inhabituelle.
Se méfiant de plus en plus des microbes et de la Mafia, il commença à voir des espions et des traîtres partout et à se cloîtrer dans son bunker de Beverly Hills. Ses entreprises périclitaient. Vers 1966, il sort de sa tanière, et diversifie son empire en rachetant des stations de télévision, une série de casinos à Las Vegas, mais surtout en se construisant un empire immobilier à partir de Las Vegas.
Il commença par établir ses quartiers d'hôtel en hôtel, et après quelque temps, trouvant le Desert Inn de Las Vegas à son goût, il acheta purement et simplement l'établissement quand les propriétaires voulurent l'expulser et s'y établit pour y vivre. Cependant la folie regagne du terrain et de 1968 à sa mort, il reste de nouveau cloîtré dans une chambre à Las Vegas, sous la garde vigilante d'infirmiers mormons, vivant comme un reclus (ou du moins prétexta de le faire, car bien qu'il soit censé ne pas quitter sa suite confortable, plusieurs personnes mentionnèrent l'avoir vu ailleurs à de nombreuses époques, sans que jamais sa présence ait été annoncée). Il était entouré de mormons, qu'il estimait de toute confiance, et dirigea la totalité de ses affaires par télex et par téléphone, phénomène sans précédent dans l'histoire et qui excita bien des imaginations.
Sa misanthropie ne l'empécha pas de continuer à entretenir des contacts avec la CIA. Au début des années 1970, il participe au Projet Jennifer consistant à récupérer un sous-marin nucléaire lanceur d'engins coulé dans l'Océan Pacifique en 1968. Sous couvert de prospection minière, il affrète un bateau, le Glomar Explorer officiellement destiné à prospecter les nodules polymétalliques. En réalité, le bâtiment doit hisser le sous-marin échoué à 5 000 mètres de profondeur. L'opération ne rencontra qu'un succès partiel.
[modifier] Influence politique
Le pouvoir politique du milliardaire était tel qu'on le disait l'homme le plus puissant du monde, dictant ses volontés à des hommes comme John F. Kennedy, Lindon Johnson ou Richard Nixon. Les légendes le décrivent comme un pur démon, au cœur des intrigues autour du clan Kennedy et de la vie politique américaine, mais aussi de la Mafia et de la pègre. Il a passé les huit dernières années de sa vie à comploter et à acheter les hommes les plus influents.
C'est d'ailleurs à cause d'Howard Hughes qu'aurait eu lieu le Watergate. En effet, lors de la course à la présidence de 1968, Hughes voulut, comme à son habitude, se rapprocher des candidats. Il fit donc un don de 50 000 dollars au candidat républicain Richard Nixon ainsi qu'au démocrate Hubert Humphrey. Humphrey déclara cette somme au fisc, ce que ne fit pas Nixon pour l'ajouter à une caisse noire. Cinq années plus tard, Nixon déjà président et candidat pour un nouveau mandat eut peur que les démocrates révèlent ce dessous de table non déclaré, il organisa donc le cambriolage du bâtiment démocrate (Water Gate) pour savoir si les démocrates avaient des dossiers à ce sujet ; l'affaire fut révélée et le poussa à démissionner.
Lorsqu'on annonça à Hughes l'affaire, il fut étonné, ne se rappelant même plus avoir donné à Nixon une somme qui était dérisoire à ses yeux.
[modifier] Fin de vie
Les huit dernières années de la vie privée de Hughes furent remarquables ; alité toute la journée en regardant des films, vivant nu, drogué à la morphine puis à la codéine, il ne coupait jamais ni sa barbe, ni ses cheveux, ni ses ongles, et ses nervis le fournissaient en filles. Howard Hughes ne faisait confiance qu'aux mormons, qui profitèrent grassement de ses largesses.
À la fin de sa vie, à 70 ans, il n'était plus qu'un vieillard grabataire. Il avait perdu dix centimètres en taille et ne pesait plus que quarante kilos, souffrant d’insuffisance rénale, de malnutrition, et atteint d’une syphilis tertiaire qui lui avait endommagé irrémédiablement le cerveau. Cependant sa mort ne serait pas naturelle mais provoquée par une injection surdosée de codéine.
La mort de Hughes fut annoncée le 5 avril 1976, mais en fait il serait mort le 2 avril. La photo prise sur son lit de mort révèle un homme méconnaissable, qui n'a plus rien du séducteur de jadis. Hughes semblait avoir renoncé définitivement au souci des apparences comme il avait renoncé à toute vie sociale.
Interrogés à ce sujet, quelques autres milliardaires firent des commentaires variés, dont : « Il était peut-être le plus riche de nous tous, mais il n'était plus l'un des nôtres » et « J'ai l'impression qu'il était devenu à certains égards L'homme le plus pauvre du monde », manifestant que Hughes ne voyait plus que son personnel de service, n'ayant pas un pair à qui se confier.
On ne put l'identifier que par ses empreintes digitales, complétées de témoignages sur l'honneur de son personnel. Mais qu'avait donc fait Hughes, homme de culture et d'une extrême intelligence, pendant tout ce temps passé entre ses quatre murs ? Nous n'avons pas à ce jour de réponse, et « rien » ne semble pas une réponse très plausible concernant un homme qui dans tout le début de sa vie s'était au contraire montré hyperactif.
La compagnie qu'il a fondée continua après sa mort et développa le fameux hélicoptère de combat Apache.
Il fut un condensé du XXe siècle américain — aviation, cinéma, pouvoir, argent —, et a même participé, indirectement, à la conquête de la Lune avec ses compagnies qui ont fabriqué la première navette spatiale. Il fut au centre du siècle, personnage maudit, complètement paranoïaque. Son utopie, était de créer une sorte d'univers parfaitement contrôlé autour de lui, un contrôle politique et social absolu.
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[modifier] Howard Hughes et l'aviation
Il a créé un groupe d'entreprises qui ont construit des avions, des hélicoptères, des missiles et des satellites — mais aussi des systèmes radar et des équipements militaires et de télécommunication. Il fut le propriétaire d'une des Big Four (les quatre principales compagnies aériennes américaines), TWA. Il avait appris à piloter à quatorze ans.
Il a hérité de l'entreprise de machines-outils de son père en 1923 qui devint connue sous le nom de Toolco. Au début des années trente, il fonde Hughes Aircraft Company en tant que filiale de Toolco. Son premier projet fut le H-1 racer qu'il pilota et avec lequel il battit plusieurs records de vitesse vers 1935. C'était un appareil dont les lignes épurées et le train d'atterrissage rétractable favorisaient la stabilité et la vitesse.
En 1939, il devint le principal actionnaire de TWA (alors Transcontinental & Western Air, Inc.). Le projet et le financement du Boeing Stratoliner et du Lockheed L-1049 Constellation qu'il acheta pour TWA. Lorsque le Constellation fut prêt pour son vol de test en 1944, Hughes fit peindre l'avion sous les couleurs rouges de TWA et vola, non-stop, à travers les États-Unis en battant le record de 7 heures qu'il détenait depuis 1937. Bien que les vols réguliers n'étaient pas directs, le Constellation marqua une étape cruciale dans le service aérien qui permettait d'aller d'un océan à l'autre, réduisant la traversée des États-Unis d'environ 8 heures.
Le plus fameux avion de Hughes était un hydravion surdimensionné surnommé Spruce Goose (goose signifie oie en anglais). L'idée d'une flotte de tels avions avait été initiée, en 1942, par le constructeur de navires Henry J. Kaiser dont les Liberty ships étaient devenus la cible des sous-marins allemands. Franklin D. Roosevelt, intéressé par le projet demanda à Donald Douglas de construire ces bateaux volants, mais Douglas considérait ce projet irréalisable. Mais Kaiser insista et persuada Hughes de devenir son associé. Kaiser qui était capable de construire très rapidement des navires pensait qu'un tel avion pouvait être construit en dix mois (soit bien plus vite que le temps normal pour un avion classique). Les deux obtinrent 18 millions de dollars du Reconstruction Finance Corporation pour construire un prototype. Mais après un an, Kaiser perdit son intérêt pour le projet et s'en retira. Hughes poursuivit seul. Terminé en 1947, le H-4 Hercules ne vola qu'une seule fois, le 2 novembre. Il grimpa à 70 pieds (21 mètres) et fut en l'air environ une minute, en parcourant un mille (1 600 mètres) à la vitesse maximale de 80 mph (129 km/h). Le Spruce Goose est le deuxième plus grand avion jamais construit, d'une longueur de 67 mètres, d'une envergure de 98 mètres et d'une hauteur de 24 mètres. Il transportait 52 996 litres de carburant. Seul l'Antonov-225 le surclasse par sa taille et la quantité de fret qu'il peut transporter.
Sa société Hughes Aircraft Company fut finalement rachetée par McDonnell Douglas en 1984.
[modifier] Liste des films qu'il a produits
- Swell Hogan (1926)
- Two Arabian Knights (1927)
- The Mating Call (1928)
- Les Anges de l'enfer (Hell's Angels) (1930)
- The Front Page (1931), comédie policière de Lewis Milestone
- Cock of the Air (1932)
- Sky Devils (1932)
- Scarface (1932), film policier de Howard Hawks
- Le Banni (The Outlaw) (1943) de Howard Hughes
- TheSin of Harold Diddlebock (1947)
- Mad wednesday (Oh ! Quel mercredi) (1947), comédie de Preston Sturges
- Vendetta (1950)
- The Whip Hand (1951)
- Two Tickets to Broadway (1951)
- The Las Vegas Story (1952)
- The Big Sky (La Captive aux yeux clairs) (1952), film de Howard Hawks
- Second Chance (Passion sous les tropiques) (1953), film policier de Rudolph Maté
- Louisiana Territory (1953)
- The French Line (1954)
- Son of Sinbad (1955)
- Underwater! (1955)
- The Conqueror (Le Conquérant) (1956)
- Jet Pilot (Les espions s'amusent) (1957), comédie dramatique de Josef von Sternberg
[modifier] Howard Hughes dans les œuvres de fiction
- Au cinéma :
- Les Ambitieux (The Carpetbaggers) (1964), film d'Edward Dmytryk
- Vérités et mensonges (1975) d'Orson Welles.
- Hughes and Harlow: Angels in Hell (1977) , film de Larry Buchanan
- Melvin and Howard (1980), film de Jonathan Demme
- Tucker: The Man and His Dream (1988), film de Francis Ford Coppola où Hughes est interprété par Dean Stockwell.
- The Rocketeer (1991), film de fiction le fait intervenir également.
- L'Aviateur (The Aviator) (2004), est une biographie de Howard Hughes filmée par Martin Scorsese avec Leonardo DiCaprio dans le rôle d'Howard Hughes.
- À la télévision :
- Howard Hughes se retrouve aussi symboliquement dans le personnage de Victor Newman pilier central de la célèbre série américaine Les feux de l'amour.
- Dans les bandes dessinées :
- Les aventures de Paulette de Pichard et Wolinski, Howard Hughes est représenté sous le nom de Oardiug dans la bande dessinée
- Dans la série Pin up, scénario de Yann et dessin de Philippe Berthet - éd. Dargaud - Howard Hugues est présent dans plusieurs aventures dont Blackbird (1998), Colonel Abel (1999) et Gladys (2000).
- Dans la série Arcane majeur, scénario de Jean-Pierre Pécau et dessin de Damien - éd. Delcourt - Howard Hugues est un personnage central du premier cycle.
- Dans les chansons :
- Howard Hugues, paroles d'Élisa Point, musique de Jean-Michel Jarry, chanté par Élise Point en 1996 sur son album L'Assassine.
- Dans la littérature
- Howard Hugues est un personnage récurrent des romans noirs de James Ellroy, jouant notamment un rôle important dans sa trilogie "Underworld USA"
[modifier] Voir aussi
Aviator (The aviator) de Martin Scorsese (2005)
[modifier] Bibliographie
- À Howard Hugues : Une modeste proposition (To Howard Hugues:A modest proposal, in 1974), dans Le livre d'or de Joe Haldeman - éd. Presses Pocket
- Citizen Hughes' de Michael Drosnin - éd. Presses de la Renaissance 1984 - 550 pages
- François Forestier, Howard Hughes : l'homme aux secrets. Paris : le Grand livre du mois, 2005. 459 p.-[8] p. de pl., 24 cm. ISBN 2-286-00666-0.
[modifier] Lien externe
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