Johann Joachim Winckelmann
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Johann Joachim Winckelmann (1717 - 1768) peut être considéré comme le fondateur de l'histoire de l'art et l'un des fondateurs de l'archéologie en tant que disciplines modernes.
Né à Stendal dans l'est de l'Allemagne, de milieu modeste (son père est cordonnier), il devient l'expert mondial en architecture de l'Antiquité et le principal théoricien du mouvement néoclassique. Sa carrière commence de manière tout à fait modeste. Il passe plusieurs années comme précepteur auprès d'enfants de familles nobles. Puis, en 1748, il se fait engager comme bibliothécaire d'un comte allemand. Grâce à ce dernier, les portes de la fabuleuse collection d'art du duc de Saxe lui sont ouvertes.
Il publie alors en 1755 son ouvrage Réflexions sur l'imitation des œuvres grecques dans la sculpture et la peinture qui aura un retentissement international. Il n'a désormais qu'une passion : se rendre à Rome pour étudier les œuvres d'art de l'Antiquité in situ. Il se convertit au catholicisme et réussit à se faire inviter à travailler sur la collection des œuvres d'Antiquité à la cour pontificale. Au cours des années suivantes, il publie de nombreux ouvrages qui marquent les théories esthétiques de l'époque. Adversaire acharné du baroque et du rococo, il est convaincu que le « beau idéal » constitue une réalité objective qui peut être découverte en fréquentant les grandes œuvres de l'Antiquité, surtout grecques. Sa connaissance intime et prodigieuse des œuvres, acquise notamment lorsqu'il travaillait au Vatican et lors des fouilles de Pompéi, est mise au service de ce qu'il considère comme sa mission : former le goût de l'élite intellectuelle de l'Occident. La formule qu'il trouve pour caractériser l'essence de l'art grec, « calme serein et grandeur tranquille », va inspirer des générations d'artistes et d'architectes après lui comme Benjamin West et Jacques-Louis David.
Se basant sur les travaux du Comte de Caylus en qui il reconnut une influence importance, il contribua à faire de l'archéologie une science plutôt qu'un passe-temps de riche collectionneur. Son œuvre principale est l'Histoire de l'Art et de l'Antiquité (1764).
Alors qu'il faisait étape à Trieste lors d'un dernier séjour en Italie, le 8 juin 1768, Winckelmann fut assassiné dans son lit d'hôtel par un voisin de chambre d'hôtel (Francesco Arcangeli, sans doute un beau garçon) à qui il avait montré des médailles antiques que l'impératrice Marie-Thérèse lui avait offertes[1]. Il fut enterré dans la cathédrale de Trieste.
[modifier] Sexualité
Winckelmann ne maîtrisa jamais l'italien totalement. Il vivait simplement, et son ascétiscime et sa solitude furent accrues par son homosexualité. Il tomba amoureux à 45 ans d'un jeune aristocrate allemand, Friedrich von Berg, et écrivit pour lui Abhandlung von der Fähigkeit der Empfindung des Schönen (1763). « Comme il est évident que la beauté de l'homme doive être conçue en une seule idée générale, j'ai remarqué que ceux qui ne sont amateurs de beauté que chez les femmes, et qui ne sont pas ou peu émus par la beauté des hommes, ont rarement un instinct impartial, vital ou inné de la beauté en art, » écrit-il dans un essai. « Pour de telles personnes, la beauté de l'art grec semblera toujours faire défaut, parce que sa beauté suprême est plus masculine que féminine. » Winckelman ne pensait pas que des femmes puissent être facinées par des sculptures représentant des jeunes hommes nus. Dans sa théorie de l'art, Winckelman rejeta la nature sensuelle de l'art, manifestation des passions de l'âme, pour idéaliser les formes esthétiques antiques, la grâce, le beau, la liberté... : il invente ainsi le « Beau » antique, où quelque chose de sublime et d'inatteignable se mêlent à la mystique pour révéler le monde perdu d'avant le monothéisme et de l'angoisse sexuelle.
Mais comme dans sa propre vie sexuelle, il dût cacher cependant ses espoirs et déceptions sous une façade de respectabilité et d'application.
[modifier] Bibliographie
- Pensées sur l'imitation des oeuvres grecques en peinture et en sculpture, traduit de l'allemand par Laure Cahen-Maurel, éditions Allia, Paris, 2005.
- Réflexions sur l'imitation des œuvres grecques dans la sculpture et la peinture
(1755)
- Remarques sur l'architecture des Anciens (1762)
- Monuments inédits de l'Antiquité expliqués et illustrés (1762)
- Histoire de l'Art dans l'Antiquité (1764)
[modifier] Notes et références
- ↑ Ce fait divers constitue le sujet du livre de Dominique Fernandez, Signor Giovanni, Éditions Balland, 2002, ISBN : 2715814038
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