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Musique industrielle

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La Musique industrielle, ou Indus, est une hybridation de la musique expérimentale avec la musique électronique. Elle est également une pépinière de sous-genres extrêmement variés, mêlant bruitisme, imagerie extrême, échantillonnages et collages sonores, instruments rock ou électroniques.

Sommaire

[modifier] Les historiens du mouvement et sa reconnaissance actuelle

Emmanuel Grynszpan a écrit une excellente et très documentée histoire de ce mouvement : la Musique industrielle : malaise dans la culture. Il reprend les idées fondatrices du mouvement et les compare aux autres styles musicaux d'avant-garde avec cette perspective du « malaise dans notre culture ». On lira aussi, avec profit, la Pré-histoire de la musique industrielle de Brian Duguid (en Anglais) qui replace la scène industrielle par rapport à l'histoire des mouvements artistiques. (Les deux textes sont assez proches).

Hormis une multitude de fanzines plus ou moins obscurs aux tirages très limités il n'existe rien de tangible qui atteste de la scène industrielle. Cette scène serait passée probablement inaperçue s'il n'y avait pas eu le travail d'arpenteurs infatigables du journal puis du magazine RE/SEARCH, magazine qui s'est toujours intéressé aux cultures underground, souterraines. On doit à Andrea Juno et Vale d'avoir recueilli, avant que le mouvement ne disparaisse complètement au profit de la scène post-industrielle, les témoignages et interviews des principaux protagonistes et organisateurs de ce qui allait devenir un mouvement.

Quant à cet article, après une présentation des théories qui dirigent ce mouvement il tentera de dégager, de dégrossir les grands thèmes issus de la scène post-industrielle car, au-delà, d'un simple mouvement musical, la scène post-industrielle s'est emparée de ce média pour renouveler l'idée de culture industrielle insufflée par ses prédécesseurs.

À ce propos Emmanuel Grynszpan pose très bien le problème en rappelant, à la fin de son étude, qu'il n'existe aucune politique publique sérieuse de conservation des œuvres liées à ce mouvement dont l'importance n'est plus à démontrer et constitue « le chaînon manquant menant aux musiques électroniques actuelles (ambient, electronica, trip hop, techno, etc.) » (E. Grynszpan).

Chaînon d'autant plus intéressant qu'il ne se réfère ni à la musique savante (celle de l'IRCAM par exemple) ni à la musique populaire (le folklore) mais s'identifie à la tradition populaire de masse (référence aux médias de masse donc à la culture de masse).

[modifier] Fondements et influences premières

Genre particulièrement multiforme, la musique industrielle (ou indus) puise ses racines dans les travaux et les réflexions des futuristes italiens du début du XXe siècle et les expérimentations sonores de John Cage ou des français, Pierre Schaeffer, Pierre Henry, Pierre Boulez, dans les années 1950 et après. Ces influences se sont cristallisées dans les années 1970 en réaction à l'inanité de la musique de l'époque, dominée par le star-system et la mercantilisation de la musique.

Apès une phase d'élaboration dominée par une forte imprégnation idéologique, la musique des fondateurs a subi de nombreuses influences pour accoucher d'une descendance extrêmement variée de genres et de sous-genres musicaux. Du rock à la techno en passant par le folk, le hip-hop, la progression d'éléments bruitistes dans la musique pop même la plus commerciale, on peut dire que la musique industrielle est en réalité LE genre séminal qui a changé la face de la musique, après le rock n'roll en son temps.

A l'origine du mouvement, le punk et les années 70

La musique industrielle est née à une époque charnière de notre histoire. La musique industrielle a toujours utilisé les médias de masse pour diffuser ses idées et ses œuvres. De plus, le mouvement, s'est toujours identifié au populaire plutôt que le contraire. Bref, la musique industrielle utilise les moyens de diffusion massifs pour contrer ce dernier mais avec une diffusion souvent plus que confidentielle (entre 500 et 1 000 exemplaires en moyenne). Ce n'est là que l'une de ses très nombreuses contradictions que E. Grynszpan justifie par le coût élevé de production pour les artistes ainsi que la volonté des acteurs du mouvement de rester confidentiels (« Keep it underground ! »).

Les années 1970 sont une charnière importante de notre histoire. Musicalement le rock commence à s'essouffler. Le punk marque cette rupture avec un rock vieillissant et annonce les futurs conflits sociaux tout en prônant une position cynique. Le punk propose une musique agressive, hargneuse à souhait, chargée d'énergie qui doit se consumer très rapidement (morceaux courts, saturés de sons à la limite du bruit, critique pseudo-radicale). Il faut signifier une urgence, une rupture à la fois réelle et infantile qui doit réveiller, tirer de la torpeur dans le but d'alerter mais le no future du punk empêche toute affirmation positive, toute construction d'une réflexion et se limite à une contestation sociale sans fondement précis et auto-destructrice. C'est dans ce contexte que se préparent les activismes qui se veulent plus pensés et maîtrisés de la musique industrielle.

[modifier] Le mouvement "industriel" proprement dit

La musique industrielle des débuts se distingue surtout par ses auteurs, la recherche artistique au travers de performances extrêmes, une attitude et un message hautement provocateur. La plupart des fondateurs de l'industriel ne sont pas spécialement musiciens, mais plutôt des intellectuels et des artistes performers, cherchant à secouer par un discours engagé un carcan social ou politique.

[modifier] Caractéristiques

Selon Jon Savage la scène industrielle se distingue à travers quelques points communs. Il faut rappeler qu'il n'y a pas de leader patenté ni de mentor étant donné que les artistes ou les groupes travaillent sur des thèmes proches d'où l'idée de culture  :

  • Organisation autonome : Choix de créer ses propres réseaux de fabrication et de diffusion. Inutile de passer par des compagnies de disques officielles.
  • Accès à l'information : « Guerre de l'information » signifie que la lutte pour le contrôle n'est plus physique (conquérir un pays) mais liée à la communication. Quelles sont les techniques de dissémination et de propagande de l'information ?
  • Utilisations de sons synthétisés et de l'anti-musique : Recherche musicale poussée afin de recréer l'ambiance sonore de notre monde actuel par l'utilisation de sons synthétisés et non musicaux.
  • Utilisations d'éléments extra-musicaux : Intégration d'éléments littéraires, philosophiques, spirituels, sexuels, de vidéos lors des concerts, dans les disques, livrets accompagnant les disques.
  • Tactiques de chocs: Utilisations d'éléments oppressifs lors de concerts (infra basses, arcs électriques, verre pilés, murs sonores) afin de montrer le conditionnement des personnes et leur capacité à supporter de telles attaques.
    Cabaret Voltaire, Throbbing Gristle, SPK provoquaient volontairement les spectateurs dans ce sens.

On pourrait ajouter à cela :

  • L'art de la transgression

Il est impossible de parler de la scène industrielle sans revenir sur cette idée sous-jacente qui a traversé le mouvement. Affirmer qu'un mot est utilisé afin d'en contrôler son contenu n'est pas suffisant. «Pornographie» appartient à cette catégorie par exemple. Et chacun s'accorde à en respecter les règles à la fois implicites et explicites par le contrôle plus ou moins strict qu'il en donne.

Cependant suggérer d'aller au-delà des tabous donc de transgresser une règle, une loi peut être catastrophique s'il n'y a pas, au départ, une bonne compréhension de lois humaines fondamentales. Tout le problème de la transgression serait de s'autoriser à faire tout et n'importe quoi au titre de la transgression.

Au contraire, une idée ou un concept qui voudrait exprimer une transgression ne peut l'être que si la personne incorpore en elle-même une certaine discipline, une certaine rigueur qui lui permettra d'aller au-delà sans atteindre les lois humaines fondamentales. Cela peut paraître paradoxal que d'affirmer cela et pourtant le lieu même où rigueur et éthique s'expriment le mieux c'est l'art.

  • Transposer le champ de recherche vers un autre média

Le principal apport de la musique industrielle et de la scène post-industrielle aura été de déplacer le champ des recherches d'un support vers un autre en utilisant un média de masse et populaire. En ce sens la scène industrielle a totalement réussi son pari afin de faire véhiculer des idées d'une manière non conventionnelle et créer des approches musicales différentes. Il n'est pas rare d'entendre dans un groupe techno actuel ce référent incontournable : utiliser le média musical pour transmettre des idées conventionnelles ou non. Ce qui pose en retour et d'une manière plus profonde la question du livre et de la transmission supposée du savoir qu'il contient. Est-il possible d'obtenir le même raport intime à la culture avec un média différent du papier et de l'écriture ?

Aujourd'hui le terme d'indus est passé dans le langage courant et tout le monde reconnaît le travail de défrichement que ces groupes ont réalisé en préparant ni plus ni moins le terrain à la scène techno et à toute une scène musicale qui n'existait pas auparavant. Mouvement souterrain et confidentiel, nul-le ne le niera, mais à l'influence plus que certaine.


[modifier] La scène Industrielle : une musique ? une culture ?

Peut-on dire que la scène industrielle soit un genre musical ? Existe-t-il un genre propre, reconnaissable entre tous, qui donnerait une identité à la musique industrielle ? Doit-on y inclure l'utilisation d'instruments non conventionnels, la création d'ambiances oppressantes ou brumeuses à partir d'enregistrements naturels, bruts ou synthétisés ?

Il est assez difficile de définir un genre pour la musique industrielle, les principaux groupes se sont évertués à traverser les grands genres musicaux classiques : de l'anti-musique au rock en passant par des orchestrations symphoniques ou plus électroniques et acoustiques. Laibach, SPK et Test Dept sont de bons exemples de cette transversalité musicale. La raison en est simple, il ne s'agit pas de s'identifier à un genre musical mais d'utiliser tel ou tel genre musical afin d'exprimer, de transmettre une idée précise impossible à diffuser autrement.

C'est certainement l'apport le plus intéressant et intéressé de la scène post-industrielle, ne pas être identifiable à une étiquette mais utiliser et se servir des étiquettes existantes pour diffuser une idée ou un concept. Dès lors le terme de « culture » est beaucoup plus proche de la scène industrielle que du terme « musique » qui ne renvoie à rien en soi. Mais c'est aussi une évolution par rapport au titre bien senti de l'ouvrage culte, voir plus haut, Manuel de la culture industrielle, même si ce terme de « culture » n'était pas exactement pris dans le même sens que celui vu ici.

De quelle culture s'agit-il alors ? La scène post-industrielle a gardé les grandes thématiques de ses prédécesseurs et, en cela, nous restons dans une culture populaire mais pas au sens commercial du terme ni au sens politique mais au sens de ce qui fait folklore dans notre société moderne. Aujourd'hui notre folklore passe du « service secret » à « la théorie de l'information », des « mondes utopiques » à la « conquête de l'espace », « de l'utilisation des drogues » à « la fascination du merveilleux », de « l'oppression médiatico-étatique » à « la liberté la plus absolue », « de l'occultisme » à « la surabondance du savoir », des «genres sexuels » à la « question de l'identité humaine ».

En fin de compte la scène post-industrielle témoigne de cela et de rien d'autre. Tout comme l'affirmait le groupe SPK dans un de ses manifestes. « Une société qui est capable de créer l'inconscient est aussi capable de le contrôler par le biais des « us et coutumes » que la société fabrique et c'est le seul moyen qu'elle a trouvé pour se perpétuer... » (traduction personnelle)

Pour en donner une forme effective il faudrait modifier les signes du zodiaque comme l'avait préconisé J. G. Ballard avec son Horoscope 2000. Le folklore de notre société n'a plus rien à voir avec les signes du cancer, du lion, du sagittaire. Voici énumérés les nouveaux signes zodiacaux selon l'auteur (sans leurs explications)  :

Le signe de la caméra, de l'ordinateur, du clonage, de l'ADN, des paraboles (ou radio-télescopes, antennes paraboliques), du sex shop, de la psychanalyse, de la seringue hypodermique, du vibromasseur, de l'astronaute.

[modifier] Réception et influence de la scène Industrielle

Plus de trente années après sa création (aux milieux des années 1970) cette étiquette et les groupes ou les artistes qui y sont rattachés inquiètent encore. Ce n'est que depuis quelques années que l'on commence à «avoir moins peur» de ce mouvement qui n'en est pas un sans doute lié au succès grandissant et mérité des groupes phares tels que Einstürzende Neubauten, Laibach ou de l'artiste Genesis P-Orridge (Throbbing Gristle, Psychic TV, Thee Majesty) ainsi qu'au relatif succès des musiques post-industrielles basés sur la musique électronique.

La réception de la musique industrielle en France a toujours été douloureuse. Seuls quelques initiés ont suivi ce mouvement qui s'est plus largement répandu dans les pays de l'est et du nord de l'Europe. On peut relever en filigrane dans cette attitude très réservée de la scène culturelle française à l'égard de la musique industrielle la dichotomie qu'elle n'arrive pas à dépasser entre culture au sens noble du terme et culture populaire. Les adeptes de ce courant pensent que les nouveaux manifestes littéraire, poétique et philosophique se situent au cœur de la scène industrielle tandis que la culture française attend toujours de pied ferme ses nouveaux concepteurs (poétique, littéraire, philosophique) dans le domaine de l'écrit, alors qu'ils ont changé de média depuis longtemps.

[modifier] L'obsession du contrôle et de l'occulte

Les protagonistes de la musique industrielle n'ont eu cesse d'explorer nos cauchemars et nos rêves. Tout ce qui a constitué notre monde post-moderne a été passé au crible par les groupes ou les artistes se rattachant de près ou de loin à la musique industrielle (savoir, connaissance, organisations politiques, religieuses, sociétés savantes, sociétés secrètes, services secrets, organisations militaires et para-militaires, commerce, activisme politique que ce soit de gauche ou de droite, utilisations, manipulations de symboles, sexualité, pornographie, sexualité déviante, transsexualisme, violences, scarifications rituelles ou non, activités criminelles, psychopathes, techniques de contrôle).

Genesis P-Orridge explique que l'origine du mot «industriel», se réfère à l'industrie de la musique, à l'industrialisation de notre monde mais aussi à ce qui opère sur nous, ce qui nous contrôle. Le «blues» est né de l'esclavagisme. Mais personne ne se pose la question de savoir ce qui produit cet esclavage donc le «blues». Il suffit de se poser la question et de relire le mot «industriel» pour en comprendre son origine. Il suffit de suivre le regard du chanteur de «blues» non pas vers la profondeur de ce qu'il ressent mais vers cette maison « Victorienne » qui contrôle sa vie. (d'après une interview de Genesis P-Orridge in Industrial culture handbook).

La théorie du contrôle n'est pas un moyen ni une fin mais c'est renvoyer de manière abrupte ce que notre société est devenue : une société paranoïaque. L'évolution de l'artiste Chris Watson (ex-Cabaret Voltaire, ex-Hafler Trio) est a méditer. Ce dernier, depuis quelques années, n'enregistre plus que des paysages sonores, des éléments naturels sans aucune autre intervention que la qualité de l'enregistrement. Il rejoint toute une scène encore confidentielle qui s'intéresse aux phénomènes sonores naturels non organisés et qui tente d'en exprimer expérimentalement l'essence.

Voici une réponse inattendue à l'idée de contrôle et nous questionne en retour. Certes quand je prends ma voiture pour aller d'un endroit à l'autre je contrôle certaines choses à titre individuel et d'autres personnes en contrôlent d'autres du fait de la vie en société mais si je me porte vers les abords de la ville, je m'aperçois que je ne contrôle pas le paysage sonore généré par ses milliers de voitures qui roulent toutes en même temps. Toutes expriment un contrôle, pris individuellement, et socialement mais dont la généralité, l'universalité m'échappe totalement...

La scène post-industrielle sera aussi influencée par quelques personnages mythiques plus ou moins occultes et plus ou moins dangereux : Aleister Crowley (sorte de mage occulte moderne), Austin Osman Spare (sorte de chamane), le tueur en série Charles Manson.

Genesis P-Orridge fut contraint de quitter l'Angleterre pour les États-Unis, accusé de satanisme et de tentative de manipulation à travers son Temple of Psychic Youth. Un des groupes dérivés de Psychic TV, Coil sera aussi accusé de satanisme. Genesis P-Orridge a finit par se tourner vers une sensibilité plus alchimique et moins occulte. Avec sa femme ils se considèrent comme une entité hermaphrodite et tentent d'aller au-delà des genres sexués. Current 93, très influencé par les travaux d'Aleister Crowley dans ses premiers albums, quittera cette voie assez rapidement. Que dire de cette influence ? C'est tout le problème vu dans le paragraphe précédant concernant l'art de la transgression et celui évoqué ci-dessus. Cette mauvaise influence a au moins servi a faire la part des choses. Bref à vouloir trop démontrer et démonter le système du contrôle certains groupes ou artistes se laissèrent contrôler par des pensées pas toujours très avouables.

Les relations avec les milieux occultistes entretenues par certains artistes post-industriels ont toutefois eu un apport concret en tremes musicaux, dans la mesure où ils se sont intéressés au caractère ritualiste de certaines musiques, ainsi qu'à leurs potentialités en tant que support de concentration dans une pratique occulte. Un certain nombre de groupes, dont le plus connu est sans doute Coil, revendiquent une authentique dimension magique dans leur musique (souvent des pratiques de magie du Chaos). D'autres, tels que Ah Cama-Sotz, ne s'intéressent a priori qu'à la dimension musicale. Pourtant si l'on explore pragmatiquement la musique industrielle, on ne peut que constater, que la dimention musicale n'est que la conséquence de la démarche magique. Des artistes qui ne s'intéressent qu'à la dimention musicale, ne font pas de la musique industrielle.

[modifier] Trois groupes fondateurs : Throbbing Gristle, Cabaret Voltaire & SPK

Incontestablement ces trois groupes marqueront l'histoire, très courte, de la musique industrielle et de son label éponyme Industrial Records :

  • Throbbing Gristle : Groupe anglais formé en 1976, bras médiatique du groupe de performers COUM Transmissions, fondateur du mythique label Industrial Records en vue de distribuer leurs enregistrements, Throbbing Gristle se distingue par des performances particulièrement extrêmes aussi bien sur le plan musical (utilisation d'infra-basses) que visuel (projection d'images insoutenables, de pornographie, d'uniformes nazis) qui font leur renommée. Throbbing Gristle éclate en 1981; par la suite, ses anciens membres fondent d'autres projets industriels séminaux tels que Coil, Psychic TV ou Chris & Cosey.
  • Cabaret Voltaire : Également d'origine anglaise, apparu en 1974 dans une mouvance post-punk, ce groupe s'est intéressé au détournement de sons et de discours, au travail sur bandes magnétiques, dans une approche dadaïste de collage sonore. Par la suite, le groupe a évolué vers une musique électronique plus dansante, moins expérimentale et pour beaucoup, moins intéressante. Les projets solo de Stephen Malinder ou de Richard H. Kirk renoueront et renouvelleront la critique sociale et médiatique entamée à partir de Cabaret Voltaire.
  • SPK : Projet de Graeme Revell, fondé en Australie en 1978, migré en Europe par la suite, SPK est normalement l'acronyme de Socialists Patients Kollective (groupe de malades mentaux inspirés par les terroristes Baader et Meinof). La très forte influence psychanalytique du groupe vient de Graeme Revell qui a travaillé dans un asile pour malades mentaux. Mais par dérision, le sens choisi par SPK sera "Surgical Penis Klinik". SPK incorpore une musique bruitiste et violente, des sons électroniques et des rythmiques métalliques très déroutantes produisant une saturation d'informations à la fois physique et psychique s'identifiant au chaos que produit une société saturée par l'information. SPK s'essaiera à une musique électronique plus dansante mais les textes très provocateurs l'empêcheront d'avoir du succès. Par la suite le groupe marquera une dernière étape majeure avec l'album Zamia Lehmani, véritable tournant mystique et spirituel. Aujourd'hui Graeme Revell est un compositeur de musiques de film reconnu.

Une compilation nommée "The Industrial Records Story 1976-1981", sortie sur Illuminated Record en 1984 réunit les artistes majeures du label (co-fondé par Chris Carter, Cosey CC Newby, Peter Christopherson et Genesis P. Orridge): Throbbing Gristle, Monte Cazazza, Leather Nun, Rental'Leer, Surgical Penis Klinik (SPK), Cabaret Voltaire, Elizabeth Welch, Clock DVA, Dorothy et William Burroughs. Le slogan du label "Industrial music for industrial people" sera d'ailleurs suggéré par Monte Cazazza.

D'autres artistes moins connus de cette scène

  • Sordide Sentimental : Ce n'est ni un groupe ni un artiste à proprement parlé mais un label de musique français devenu mythique avec la publication de groupes de la scène industrielle et du rock indépendant. Leurs publications étaient très soignées, accompagnés de textes philosophiques, poétiques et d'un emballage, collage faisant de ces publications une véritable œuvre d'art conceptuelle, objet à part entière. Le langage est une illusion composée par ses mots propres. Les théories sont des contes de fée pour satisfaire notre besoin d'information. Quelle est la part de conscience et d'inconscience dans nos actions ? Comment sélectionnons-nous et autorisons notre personnalité à être ceci et/ou cela en fonction de nos propres besoins et ceux de la société ? Telles sont les questions, singulières, qui ont traversé le travail de Jean-Pierre Turmel et de Yves von Bontee. Le label existe toujours.
  • Z'ev : Son travail s'articule autour d'une musique puissante et inégalée tentant de trouver une transversalité entre musique, langage et timbre afin de retrouver le fondement spirituel constitué par ces deux formes d'expression. Il a collaboré au mouvement industriel lors de concerts emblématiques et est considéré comme l'un des fondateurs de ce mouvement. Son influence n'en fut pas moins importante puisque deux des plus grands groupes de la scène post-industrielle s'inspirèrent de son travail : Einstürzende Neubauten et Test Dept (Voir l'interview dans le livret accompagnant une rétrospective de son œuvre « One foot in the grave ».) Aujourd'hui Z'EV continue son chemin artistique et approfondit ses recherches autour de la tradition hébraïque, la kabbale.
  • Monte Cazazza : Artiste, performer extrême et cynique trimbalant avec lui une vraie mauvaise réputation. La rumeur veut qu'il soit officiellement banni de plusieurs pays. On dit que son travail est in-montrable ou que ses performances extrêmes et violentes étaient entourées d'une fine couche artistique afin de ne pas tomber dans le sordide total. Intéressé par le phénomène de la criminalité il n'en a pas moins observé les méthodes de la CIA, étudié la manière dont les criminels accomplissaient leur destiné donc leur crimes.

Le slogan « Une musique industrielle pour une masse de gens industriels » vient de lui. Il a souvent collaboré avec Genesis P-Orridge et a sorti quelques albums. Aujourd'hui il s'occupe d'une maison de productions de films underground.

  • Mark Pauline : Cet artiste est connu pour avoir créé des spectacles de rue mêlant animaux morts mutants enchâssés dans une machinerie sophistiquée, explosions sanguines, détonations de toutes sortes, automates massifs incluant une personnalité propre et maniaque, des peintures géantes. Une sorte de théâtre de la cruauté sorti de l'enfer où chaque machine, chaque robot se combattait à mort et où la justice n'existe pas du fait de l'affirmation de ce pouvoir robotisé impersonnel. Il a, par la suite, créé le Survival Research Laboratories.
  • NON : NoN ou Boyd Rice est certainement le personnage le plus ambigu de la scène industrielle et post-industrielle. Dans ses concerts il délivrait une totalisante et tétanisante non-musique avec des murs de sons bruits qui obligeaient le spectateur/public à réagir : se soumettre ou ne pas se soumettre. Durant la période post-industrielle, le temps aidant, l'artiste s'est un peu assagi avec des musiques moins violentes quoique dures ou plus douces aux paroles liées à une philosophie nihiliste. Cependant ses inspirations pas toujours avouées très clairement, en questionnent plus d'un et, là aussi, nous sommes bien obligés de prendre position à sa place puisqu'il ne le dit pas clairement mais le suggère fortement. Proche de l'idéologie d'extrême droite, du satanisme ?
  • Maurizio Bianchi/M. B. (en Italie) : Un artiste expérimental qui puise ses inspiration dans l'aliénation mentale de l'individu dépersonnalisé par le système technocratique. Ses travaux les plus représentatifs: "Symphony for a genocide", "Endometrio" et "Carcinosi" au temps passé, et "Mind us trial", "Niddah emmhna" et "Neuro-munalp" au présent.

[modifier] Une fin ?

Si le début est à peu près identifiable les raisons qui ont poussé a terminer le mouvement le sont moins. Genesis P-Orridge met en avant le fait que de nombreux artistes les imitaient et qu'il était temps de mettre un terme à cette imitation et de passer à autre chose. Seuls Cabaret Voltaire, NoN, Psychic TV (ex-Throbbing Gristle), SPK, Z'EV survécurent au mouvement en tant que tel mais tous prirent de nouvelles directions ou il y eut des remaniements dans les groupes.

Il faut dire que la plupart de ces groupes travaillaient sur le thème de la violence. Une violence crue, brutale voire malsaine dans certains cas. Était-il donc possible de continuer sous cet angle pendant longtemps sans que les artistes en subissent eux-mêmes les conséquences physiques, psychiques et sociales ?

Néanmoins ce qui a rassemblé ces groupes et ces artistes est une sorte d'identification, de travail sur des idées proches évoluant autour d'un même concept : dénoncer la violence et la brutalité de notre société sur plusieurs niveaux : violence sur le corps (physique, psychique), sur la société (corps social) sur les limites acceptables individuelles (déviances, criminalité) et sociales (déviance médiatique, pouvoir à tendance totalisante). La question qui reste ouverte est donc celle du terrain de l'emprise de cette violence dans le monde réel. Terrain que va investir la scène post-industrielle.

[modifier] Le début des années 80 et la scène post-industrielle

Le projet de la musique industrielle est dissout dès le début des années 1980. Une myriade de groupes vont se réclamer directement ou indirectement du court, violent et riche mouvement industriel, ou seront catalogués dans ce genre, faute de mieux, par leur utilisation non conventionnelle des instruments et de la musique. Toute une génération va s'identifier à cette thématique, dans ce monde alternatif et underground. Laibach, Einstürzende Neubauten, Test Dept, Nurse With Wound, Hafler Trio, Nocturnal Emissions, Coil, Vivenza, Etant donnés, Die Form, Zoviet France, Pacific 231, P16 D4, Asmus Tietchens, Lustmord, Cranioclast, Esplendor Geométrico, Merzbow, Art&Technique, Le Syndicat, Muslimgauze, Current 93, Les Tambours du Bronx. seront autant de groupes qui donneront une couleur bien particulière à la scène post-industrielle avec le plus souvent des œuvres inégalées pour l'ensemble de ces groupes.

Il existe tellement de groupes et sous-groupes parfois créés uniquement pour des projets spécifiques qu'il est impossible de rendre compte exactement de l'ensemble du mouvement. Néanmoins voici quelques descriptions de trois des groupes les plus importants. A noter l'existence de l'ouvrage de référence sur la scène post-industrielle Tape Delay.

Les groupes majeurs sont les allemands Einstürzende Neubauten, Test Dept, les slovènes Laibach.

[modifier] Les dérives politiques dans la scène industrielle

De par son côté extrême, ses recherches sur la manière de communiquer d'une manière différente des idées en utilisant des médias populaires et de masse, en invoquant la théorie du contrôle (tout maîtriser de la fabrication à la diffusion mais aussi montrer comment un être, une population pouvaient être contrôlés) la scène industrielle est baignée par une théorie paranoïaque qui a permis à des groupuscules réellement extrémistes et parfois dangereux de transmettre leurs idées en s'appuyant sur les bases proposées par la scène industrielle.

L'article de Brian Duguid « La face inacceptable de la liberté » (le fascisme dans la musique industrielle) donne une image assez fidèle de ce qu'il s'est produit dans la scène industrielle une fois que la porte de la théorie paranoïaque a été enfoncée. Toutefois et toute proportion gardée il faut savoir que cette problématique ne concerne que des groupes très secondaires, peu innovateurs et qui ne font que profiter de cette faille de la scène industrielle, pas toujours très bien assumée, pour faire passer leur message extrême qui n'a plus rien à voir avec les fondements premiers.

Ce mouvement a ouvert une boîte de pandore par l'utilisation et la manipulation de symboles idéologiques, politiques, religieux, sexuels et criminels. C'est certainement ce qui lui a coûté le plus cher en terme d'image auprès du public ; par le biais de cette critique, somme toute réussie, des groupes ou des personnes se réclamant réellement d'idéologies extrêmes se sont engouffrés dans ce chemin. C'est aussi le côté le plus sordide du mouvement industriel. Il n'est pas rare de voir, aujourd'hui encore, des groupes identitaires se réclamer de la musique industrielle ou encore des groupes aux pratiques extrémistes plus que douteuses.

Ce qui a eu comme conséquence de consolider la déjà mauvaise réputation de ce mouvement, et ce le plus souvent par de médiocres journaleux ignorants et vugaires copistes du tout et n'importe quoi  :

  • Ceux, celles qui en connaissaient les raisons profondes se sont retirés petit à petit d'une diffusion plus large vers le public pour se limiter à une communauté très restreinte de diffusion.
  • D'autres groupes ont été amenés à revoir leurs politiques provocatrices obligeant à clarifier leur position
  • D'autres continuent à jouer les téméraires au risque de perdre toute crédibilité.
  • Puis on a vu revenir ce savant mélange entre occultisme et fétichisme des extrêmes jouant sur cette thématique de la manipulation des symboles et des techniques de contrôle. Au public de déterminer la réception du message et la manière dont il l'interprète, explique son degré d'implication dans telle ou telle idéologie. Bien sûr il ne s'agit plus de dénoncer mais de créer un trouble, un flou afin que l'inacceptable devienne potentiellement acceptable.
  • En conséquence cette scène ne connut le succès qu'à partir du moment où elle abandonna ce qui la nourrissait. D'une manière générale le mouvement techno abandonna certaines des théories les plus sulfureuses pour ne retenir que l'esprit de liberté régnant (les free parties et autres technivals). Bref le succès se paie par l'abandon des démonstrations les plus dérangeantes. Le seul angle d'attaque restant, pour les médias, était de s'attaquer à l'influence de la drogue lorsque ces soirées libres devenaient trop prégnantes ou populaires...

[modifier] Genres et sous-genres (l'élargissement musical de la scène Industrielle)

Le terme même de musique industrielle pose aujourd'hui un vrai problème de terminologie, tant le champ d'expérimentation s'est élargi, faisant se côtoyer des expérimentateurs acharnés ne cédant en rien à la facilité, aussi bien que des artistes beaucoup plus accessibles, constituant une branche presque mainstream de ce mouvement. Malgré tout, on peut reconnaître une parenté entre ces différentes branches, que ce soit par le recours à une symbolique forte, une politisation assumée du message, le recours au bruitisme, la recherche de l'extrême, la mise en valeur du rythme, ou encore une utilisation constante de l'électronique.

  • Electro-indus : Au cours des années 1980, le son industriel se structure et s'adoucit pour donner naissance à ce courant, une musique plus dansante qui n'hypothèque pas pour autant ses idéaux et sait préserver une démarche radicale. Front Line Assembly et Skinny Puppy en sont les groupes emblématiques.
  • Noise, power electronics et japanoise : Ces courants s'intéressent au bruit en tant que tel, cherchant à prendre à contrepied la conception esthétique commune de la musique comme agréable à l'oreille. Hautement expérimentaux, des projets d'avant-garde comme NON, Whitehouse ou Merzbow ont eu une influence dépassant les limites de ce genre.
  • Dark ambient : Ce proche parent de l'indus des la première époque et de la noise est une musique proche de l'ambient de part son absence de rythme, son recours à des nappes, des sons d'ambience d'origine naturelle. L'accent est mis sur la noirceur, l'angoisse, le sentiment de malaise pour en faire une musique très pesante. Lustmord, Sophia et Raison d'Être sont des groupes de premier plan de cette scène.
  • Death industriel : Ce genre proche parent tant du power electronics que du death metal se caractérise par une musique pesante, proche du bruitisme, aux ambiances apocalyptiques et aux thématiques similaires à celles du death metal : The Grey Wolves, Brighter Death Now, Megaptera sont des groupes majeurs du genre.
  • Power noise, techno-indus ou rhythmic noise : Ces appellations désignent une hybridation bruitiste de la techno hardcore apparue au cours des années 1990. C'est une variante purement rythmique de l'industriel, parfois très dansante, toujours puissante, représentée par des groupes tels que Noisex, Synapscape, Imminent Starvation ou Winterkälte.

[modifier] La scène française

Voir : Musique Industrielle (scène française)

[modifier] Liens externes

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