Pierre Bénichou
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Pierre Bénichou, né le 1er mars 1938 à Oran en Algérie, est un journaliste français.
D'origine juive séfarade[1], il grandit à Oran (dans le quartier de la Marine). Son père, professeur de philosophie, dirige le cours privé le plus coté de la ville et sa mère est la sœur de Georges Dayan. Élève au Lycée Lamoricière puis au Lycée Condorcet à Paris, il s'inscrit à la Sorbonne mais très vite, il abandonne ses études pour le journalisme. Il est également le neveu de l'écrivain Paul Bénichou.
Situé politiquement à droite, il se range parmi les partisans de l'Algérie française durant la Guerre d'Algérie. D'abord stagiaire à France-Soir (1957), il rentre comme rédacteur à Paris-Jour en 1959. Deux ans plus tard, il est engagé comme grand reporter à Jours de France. Mais dès 1963, il préfère rejoindre comme rédacteur en chef adjoint Adam, un mensuel pour homme principalement axé sur la mode. Le rachat du titre par Claude Perdriel en juin 1966 et sa transformation en Nouvel Adam lui permettent d'en prendre la rédaction en chef – les fonctions de directeur de la rédaction de Guy Sitbon étant plus fictives que réelles.
Il y assure alors une chronique de potins mondains où ses opinions de droite ne transparaissent pas. Mais ses amis (Blondin, Marvier de Paris Match, etc.) se situent très à droite et lui-même ne cache pas son rejet du gaullisme comme de l'intellectualisme de gauche. Il ne reste qu'un an à peine dans ses fonctions car Perdriel cherche à le transférer au Nouvel Observateur. L'hostilité de la rédaction de l'Obs au recasement des journalistes issus d'autres titres du groupe Perdriel retarde son arrivée. Ainsi, il doit attendre l'automne 1968 pour intégrer l'hebdomadaire avec le titre de rédacteur en chef adjoint chargé de la rubrique Notre Époque.
Il tente alors de relancer cette rubrique avec Katia D. Kaupp, Jean-Francis Held et Jacqueline Dana. Il écrit lui-même des articles, au rythme d'un peu moins d'un par mois durant les deux premières années. Mais son action s'avère décevante et, dès la rentrée 1970, c'est sans amertume qu'il laisse le service à Olivier Todd. Il n'en conserve pas moins son titre de rédacteur en chef adjoint, brillant dans le rewriting (des pages On en Parlera Demain) et dans la recherche de titres. Il effectue aussi épisodiquement des interviews ou des portraits comme celui de François Mitterrand (18 novembre 1968), très proche de son oncle. Mais s'il écrit quelques articles sur Georges Pompidou, il aborde peu la politique intérieure.
À partir de 1971, il écrit rarement plus de 3 articles par an, principalement des hommages nécrologiques et quelques articles sur des sujets de société. Il traite notamment de la prostitution masculine (novembre 1969) et du comportement sexuel des Français (octobre 1972). En novembre 1972, il publie même dans Les Temps modernes une enquête sur la prostitution et le masochisme introduite par Gilles Deleuze[2]. Il donne aussi la parole à Bernard Kouchner lors du drame du Biafra ou à Nicole Gérard sur la condition carcérale[3]. Mais comme l'illustre sa monographie d'Eddy Mitchell (PAC Éditions, 1977), sa passion est plus du côté de la chanson française que des débats intellectuels.
À la suite des départs des deux autres rédacteurs en chef adjoints (Olivier Todd en juillet 1977 et Jacques-Laurent Bost en décembre 1978), il est, en décembre 1978, promu rédacteur en chef chargé des entretiens et des documents. Assisté de Geneviève Cattan, il excelle dans l'interview indiscrète où son interlocuteur perd pied à l'exemple de Federico Fellini (28 février 1977). Beau-père de Vincent Lindon, il n'est sans doute pas étranger à la venue de Mathieu Lindon en février 1978. Et au sein de la rédaction de l'Obs, il soutient plutôt la cause de François Mitterrand dans la course à l'investiture socialiste de 1981.
Suite au départ d'Hector de Galard (1985), il passe directeur adjoint sans changer fondamentalement de fonctions. Il publie en 1988 un livre sur le cinéma (France Loisirs) avec Jean-Pierre Petrolacci. Depuis 1996, il est nommé directeur délégué mais il se met progressivement en retraite de la rédaction.
Il fait ses débuts en tant que chroniqueur à la radio aux côtés de ses amis Carlos et Jean Yanne aux Grosses Têtes. Depuis 1999, il est chroniqueur sur Europe 1 dans l'émission On va s'gêner et depuis 2002 à On a tout essayé sur France 2. De 2001 à 2003, il travaille également aux côtés de Michel Drucker dans Vivement dimanche prochain.
Bénichou est également officier de la Légion d'honneur et obtient le prix de la Fondation Mumm en 1994.
Il fait ses premiers pas de comédien en 2004 dans la pièce de théâtre Grosse chaleur écrite par Laurent Ruquier et mise en scène par Patrice Leconte.
À la radio et à la télévision, il peut montrer ses talents de comique, sa verve et sa culture étendue, particulièrement pointue en matière de tango, de chansons d'entre-deux-guerres et de l'histoire de l'Occupation. Il apprécie l'humour ambigu, parlant de ses collègues mâles au féminin pour les mettre en boîte et ayant pu répéter à loisir pendant un temps Pendant les années 1960 ? J'étais jeune fille !
[modifier] Notes
- ↑ Porté par des juifs originaires d'Afrique du Nord, c'est un nom berbère dans lequel ben est une arabisation de aït (= le fils). Il renvoie à la tribu des Aït Ishou, vers Meknès
- ↑ BÉNICHOU, Pierre, Sainte Jacquie, comédienne et bourreau, Les Temps modernes, n°316, novembre 1972
- ↑ Une prisonnière comme les autres, Le Nouvel Observateur, n°38, 28 février 1972