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Olivier Todd

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Olivier Todd est un écrivain et journaliste français né en 1929 à l'hôpital américain de Neuilly-sur-Seine, de père austro-hongrois et de mère britannique.

Sommaire

[modifier] Biographie

Abandonné avant même sa naissance par son père, un architecte austro-judéo-hongrois du nom d’Oblat, il n'est élevé que par sa mère, une Britannique immigrée en France dans les années 1920. Elle-même enfant “”naturel” de Dorothy Todd, la rédactrice en chef de Vogue des années 1920, elle ne réussit pas à rejoindre le Royaume-Uni en 1940 et doit vivre de cours privés sous l’occupation.

Exprimant de vives sympathies communistes, elle vit à la Libération en concubinage avec le poète d’origine roumaine Claude Sernet, adhérent du PCF et membre actif du Conseil national des écrivains. Dans ce milieu intellectuel et communiste, Olivier Todd connaît donc une socialisation politique familiale qui lui offre une vision manichéenne du monde entre « les bons, rouges et roses » et les « affreux, blancs et fascistes »[1] mais aussi trotskistes. Élève au lycée Henri-IV puis au lycée Debussy de Saint-Germain-en-Laye, c'est en préparant son second baccalauréat qu’il se lie d’amitié avec le fils de l’écrivain Paul Nizan. Sous la tutelle de Sartre depuis la mort de son père, ce dernier lui présente sa sœur, Anne-Marie, qu’il épouse après son succès au baccalauréat.

Il passe alors une année à Londres chez sa grand-mère maternelle qui lui fait obtenir son entrée au Corpus Christi College de Cambridge. Athée, ne partageant pas le mélange d’anglicanisme et de science chrétienne de cette dernière, il se définit alors comme un progressiste proche du PCF mais ne pouvant y adhérer en raison des accusations de traîtrise dont le Parti accable son défunt beau-père. De 1948 à 1951, il suit des études de philosophie qui lui font découvrir la tradition empirique anglo-saxonne (Ludwig Wittgenstein, Alfred Julius Ayer, George Edward Moore). Il en sort imperméable à la philosophie sartrienne, à la métaphysique et à la logorrhée des penseurs français qui jouent plus d’un souffle poétique que d’une exigence de clarté.

Ainsi, si de retour à Paris, il amorce sa collaboration aux Temps Modernes – parallèlement à diverses revues littéraires britanniques –, il ne se pose pas comme un disciple de Sartre. Il souhaite avant tout passer l’agrégation d’anglais. Or, s’il obtient à la Sorbonne sa licence et son DES, il échoue par deux fois (1953 et 1954) au concours. Il doit alors se soumettre à ses obligations militaires, d’abord au sein du service de presse de l’armée, ensuite au Maroc. Il en tire son premier livre, Une demi campagne (Julliard, 1956), qui s’en prend aux travers de l’armée française. Préfacé par Sartre, ce livre obtient un certain écho grâce aux Temps Modernes qui en publient un extrait sous le titre Les Paumés (repris dans l’édition en 10-18 de 1973).

À partir de 1956, il enseigne au lycée international du SHAPE à Saint-Germain-en-Laye tout en y occupant des responsabilités locales au sein du PSU. Ancien adhérent à la Nouvelle Gauche venu à la politique par anticolonialisme, son orientation progressive vers le journalisme l’oblige toutefois à s’en détacher progressivement. En effet, s’il a mis un pied dans le journalisme en assurant des piges pour le supplément littéraire du Times, ce n'est qu’après l’échec critique de son deuxième roman, La Traversée de la Manche (Julliard, 1960), qu’il se tourne vers ce métier. Il se rapproche alors de Jean-François Revel qui partage son ouverture au monde et aux méthodes anglo-saxonnes. Or, ce dernier, qui est directeur de la rubrique littéraire de France Observateur, l’invite à y publier des piges. Il y couvre la littérature anglo-saxonne puis la télévision sous la forme d’une chronique signée Pierre Maillard.

En 1963, sa nomination au poste d’assistant à l’Institut audiovisuel de l’ENS Saint-Cloud ne le détourne que temporairement de sa nouvelle voie car le manque de moyens matériels et la conception du fait télévisuel qui y règne lui font vite abandonner ses espoirs de carrière universitaire. Ainsi, il n’hésite pas, en dépit de la perte d’un dixième de son salaire et des avertissements de Revel sur les risques de faillite du journal, à entrer à France Observateur lorsqu’on lui en fait la proposition. Remplaçant Jean-Noël Gurgand en juin 1964, il abandonne ses fonctions universitaires et politiques.

S’il n’est pas directement associé aux négociations préalables au lancement du Nouvel Observateur, il en fait partie dès son lancement, voyant dans la caution sartrienne un gage qu’il ne s’agit pas d’« une entreprise louche ou douteuse »[2]. Gilles Martinet lui fournit d’ailleurs, comme à tous les anciens membres de France Observateur, l’argent pour en devenir actionnaire.

Éloigné des querelles internes des premiers temps car il n’est pas vraiment considéré comme un ancien de France Observateur, il s’entend vite bien avec le directeur de la rédaction. Ce dernier apprécie le caractère polyvalent et anglo-saxon de son travail mais aussi sa collaboration avec une institution aussi prestigieuse que la BBC qui a, entre autres, l’intérêt de prendre en charge le coût de déplacements à l’étranger. Ainsi, alors même qu’il est encore néophyte dans le métier, il est envoyé en 1965 couvrir pendant deux mois la guerre du Vietnam. Sinon, il partage la ligne politique suivie par Jean Daniel et fait l’objet d’une certaine considération de la part de ce dernier si on en croit la publication (fréquente) de ses articles et le tutoiement dont il lui fait l’honneur.

Il n’en est pas moins choqué par certaines pratiques en cours au journal tel que les augmentations salariales qu’on lui propose sous forme de notes de frais. Cette critique envers les méthodes de la direction transparaît en mai 1968 lorsque, avec René Backmann, il prend la tête de la contestation interne à Jean Daniel. À l’occasion d’une réunion du Comité de presse de la Sorbonne, il appelle même à mettre « fin à la dictature de Jean Daniel au Nouvel Observateur »[3]. Mais, s’il continue à contester la direction, il revient vite à des positions politiques plus modérées comme l’illustre son soutien aux lois d’Edgar Faure sur l’Université.

Parallèlement, il collabore à différentes publications britanniques et américaines (Times Literary Supplement, New Statesman, Hudson Review) ainsi qu’à diverses émissions de la B.B.C. (“Europa”, “Twenty four hours”). En novembre 1969, il quitte Le Nouvel Observateur pour intégrer l'équipe Desgraupes comme responsable du magazine d'actualités Panorama. Durant neuf mois, il y interviewe des personnalités comme Louis Vallon, Roger Garaudy ou (Jean-Paul Sartre. Mais en juin 1970, une censure politique concernant la diffusion de La bataille d'Alger le fait démissionner.

Amicalement rappelé par Claude Perdriel, il revient au Nouvel Observateur avec le titre de rédacteur en chef-adjoint et la direction de la rubrique société. En dépit des réticences que Jean Daniel exprime à l’égard de sa promotion, il prend, sans difficulté, le relais de Pierre Bénichou à tête du service Notre Epoque.

Si les premières semaines sont quelque peu conflictuelles avec Jean Daniel, il trouve assez rapidement ses marques et s’assure complètement du droit de choisir les articles de sa rubrique. Il introduit aussi l’idée de pré-sommaire dans tous les services afin d’éviter les “bulles” et les “doublons”. Avec comme adjoint Paul Boncour puis Christiane Duparc, il s’efforce de gérer les fortes têtes de son équipe (Katia D. Kaupp, Mariella Righini, Yvon Le Vaillant) et des grands reporters qui, tels Jean-Francis Held, Guy Sitbon ou Josette Alia, y collaborent plus ou moins régulièrement.

Ces efforts pour relancer la rubrique portent vite leurs fruits. C'est ainsi sous sa direction que le journal publie son numéro sur l’avortement (n°334 – 5 avril 1971). Mais il réussit aussi à faire la Une avec d’autres dossiers au contenu libertaire tel que “La sexualité des enfants” (n°325 – 1er février 1971), “La sexualité des Français” (n°415 – 22 octobre 1972), “Le pays où tout est permis” (n°347 – 5 juillet 1971). Il n’en donne pas moins d’écho à des dossiers plus politiques tels que “Justice à la française” (n°421 – 4 décembre 1972), “Les banlieues de la peur” (n°449 – 18 juin 1973) ou “Les trente dernières années de la terre” (n°361 – 11 octobre 1971). Toutefois, lassé de son travail de rewriter, il laisse les rênes du service à Christiane Duparc pour se consacrer à l’écriture et aux reportages. Il publie ainsi L’Année du Crabe (R. Lafont, 1972), récit dans lequel il narre ses retrouvailles avec son père.

Il continue aussi à couvrir la guerre du Vietnam avec un militantisme pro-Viet Minh non dissimulé. Il en vient même à essayer de publier des entretiens de prisonniers américains maudissant leur gouvernement et louant leurs geôliers mais Jean Daniel l’en empêche[4]. En septembre 1973, une visite en zone tenue par le GRP lui fait alors prendre conscience à quel point ce dernier est « au Sud le bras séculier et idéologique du gouvernement communiste de Hanoi ». Il en tire un article dans lequel, sans cacher ses craintes envers les projets de “réunification” et de “rééducation” de ce mouvement, il évoque « les violences » auprès des populations civiles.

Or, alors qu’il avait demandé à Serge Lafaurie de « sucrer le pittoresque et garder le politique », le rédacteur en chef fait l’inverse, soutenu en cela par Jean Daniel au nom du principe que « il-est-trop-tôt-pour-le dire »[5]. Choqué d’un tel procédé, il choisi d’en exprimer le contenu politique dans un entretien à Réalités. Tout en y estimant que l’« attitude provietnamienne découle en partie de l’antiaméricanisme dans lequel se complaît l’intelligentsia, ainsi que d’un sentiment de culpabilité des Blancs surdéveloppés vis-à-vis des pays du tiers-monde », il s’en prend à cet ensemble « de clichés à l’emporte pièce et de réactions passionnelles suscitées par la guerre du Vietnam » qui n’a jamais été mis « à l’épreuve des réalités »[6].

À L’Obs, ses propos suscitent un tollé. Si Pierre Bénichou lui reconnaît le droit de s’exprimer, De Galard et Lafaurie se réfugient dans un silence réprobateur, Michel Bosquet réclame sa dégradation et Jacques-Laurent Bost demande son licenciement. Quant à Jean Daniel, il lui propose, d’abord de se rétracter dans Réalités, ensuite de s’expliquer devant l'aréopage « de tous ceux qui comptent[7] » dans le journal. Refusant, il se voit retirer la couverture de la guerre du Vietnam au profit de Jean Lacouture. Deux ans plus tard, il exprimera ses considérations sur le conflit sous la forme d’une fiction intitulée Les Canards de Mao (Le Club français du livre, 1975).

Cet acte de censure marque le début d’une lente prise de distance tant avec l’activité éditoriale qu’avec la ligne politique du journal. À partir de 1973, il commence ainsi à collaborer à Newsweek International tout en se limitant, à L’Obs, à quelques entretiens et reportages dans les pays anglo-saxons.

Il tire aussi de cette expérience vietnamienne des conséquences, quant au communisme, qui se ressentent dans son rapport critique à l’Union de la Gauche. Amorçant un recentrage politique qui se traduit par l’affirmation plus nette de son tempérament « profondément social-démocrate[8] », il ne cache pas son intérêt pour le côté « libéral, tocquevillien, réformateur »[9] du troisième président de la Ve République. Il en vient même, en mai 1977, à publier une biographie de Valéry Giscard d'Estaing (La Marelle de Giscard, Club de livre) qui joue un « rôle capital dans les débats d’idées et les grand chocs politiques » du moment.

C'est d’ailleurs juste après que Le Nouvel Observateur en ait assuré la promotion qu’il se décide à rejoindre Jean-François Revel à L'Express, en juin 1977. Expliquant son geste à la fois par un « besoin de changer et des divergences politiques », il se considère alors comme un social-démocrate « résolument anticommuniste » dont l’estime peut aller à « certains dirigeants du PS dignes de confiances »[10] mais pas au PCF.

Entré comme éditorialiste avec la liberté d’appeler à voter à gauche aux prochaines élections législatives, il entre au comité éditorial en août 1977 avant d’être nommé, deux mois plus tard, rédacteur en chef, chargé des projets à long terme. En septembre 1978, il devient rédacteur en chef, adjoint au nouveau directeur, son ami Jean-François Revel. À ce poste, il n’hésite pas à débaucher Jean-Francis Held en 1979 et à essayer de faire de même avec Franz-Olivier Giesbert, Claire Bretécher et François Caviglioli. Soutenant Jean-François Revel dans sa recherche de grandes signatures dans le domaine intellectuel, il suit globalement la ligne de ce dernier jusqu'à ce que, en mai 1981, une Une jugée trop partisane durant les deux tours de l'élection présidentielle, provoque leur départ.

Après avoir publié chez Grasset des romans comme La Négociation (1989) et La Sanglière (1992), il s’en détache à la fin des années 90 comme le montre son roman Corrigez-moi si je me trompe publié chez Nil éditions en 1998. Il se recentre alors sur la biographie en publiant, dans la prestigieuse collection “NRF Biographies” de Gallimard, celles d’Albert Camus (1996) et d’André Malraux (2001).

[modifier] Notes

  1. Olivier Todd, Un fils rebelle, Paris, Grasset, 1981, p. 32
  2. Olivier Todd, Un fils rebelle, Paris, Grasset, 1981, p. 205.
  3. Entretien de Jean Moreau avec François Kraus le 9 juillet 2004.
  4. Jean Daniel, L’ère des ruptures, Paris, Grasset, 1979, p. 175.
  5. Entretien d’Olivier Todd avec Cathy Pas le 13 mai 1990 in Cathy Pas, op. cit., p. 172.
  6. Olivier Todd, Un fils rebelle, Paris, Grasset, 1981, p. 237.
  7. Olivier Todd, Un fils rebelle, Paris, Grasset, 1981, p. 238.
  8. Entretien d’Olivier Todd avec Cathy Pas le 13 mai 1990 in Cathy Pas, op. cit., p. 172.
  9. Article anonyme, “Peut-on être journaliste au Nouvel Observateur et écrire un livre sur Valéry Giscard d'Estaing ?”, Journal de la Presse, n°6 – 23 mai 1977.
  10. Yves de Saint-Agnès, Olivier Todd : la passion de l’écriture, Journal de la Presse, n°31 – 5 juin 1978.

[modifier] Œuvres

[modifier] Romans

  • 1960 : La Traversée de la Manche''
  • 1976 : Les Canards de Ca Mao
  • 1977 : L'Année du crabe
  • 1986 : Un Fils rebelle
  • 1989 : La Négociation
  • 1992 : La Sanglière
  • 1998 : Corrigez-moi si je me trompe

[modifier] Biographies

  • 1977 : La Marelle de Giscard : 1926-1974
  • 1996 : Albert Camus, une vie
  • 2001 : André Malraux, une vie
  • 1984 : Jacques Brel, une vie

[modifier] Divers

  • 1969 : Des trous dans le jardin
  • 1973 : Les Paumés
  • 1979 : Portraits
  • 1982 : Un Cannibale très convenable
  • 1983 : Une Légère Gueule de bois (essai)
  • 1985 : La Balade du chômeur
  • 1975 : Cruel avril
  • 1987 : La Chute de Saïgon
  • 2005 : Carte d'identités (souvenirs)

[modifier] Voir aussi

[modifier] Lien externe

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