Pyramide à faces lisses

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Que ce soit les premières pyramides d'Égypte, les pyramides aztèques (Caral) et mayas (Chichén Itzá) ou bien encore les pyramides des Canaries, toutes sont composées de gradins superposés dont la taille se réduit avec la hauteur et qui forment des pentes en « marches d'escalier ».

Les Égyptiens de l'Antiquité sont allés plus loin dans le processus et ont construit des pyramides à faces « lisses », dont les grandes pyramides de Gizeh sont les plus grandioses représentantes^[1].

On considère les pyramides à faces lisses comme une évolution marquante aussi bien technique que physique. En effet, les blocs servant à la construction de ces pyramides, doivent être travaillés et découpés suivant une inclinaison angulaire particulière.

Sommaire 1 Matériaux 2 Architecture 3 Notes 4 Bibliographie

[modifier] Matériaux

Les pyramides à degrés, sont pour la plupart réalisées en granit. Or, le granit est une matière dure, difficile à tailler, composée de feldspath, de mica, et de quartz ; cette pierre est très cassante et les mâcles de clivage peuvent prendre une orientation déterminée et non voulue par le tailleur de pierres, donc on ne peut que prendre des blocs rectangulaires que l'on peut seulement "poncer ". C'est le cas pour Teotihuacán.

Le parement des pyramides à faces lisses sont réalisés en calcaire. Le calcaire (composé uniquement de carbonate de calcium) est une matière « douce » qui est facile à travailler car le tailleur de pierre impulse un angle de découpe et le calcaire se casse rigoureusement suivant le plan de l'angle de cette découpe.

Certaines théories, comme celle du géophysicien Joseph Davidovits, avancent que les pyramides, surtout en Égypte, auraient été réalisées, non par des blocs bruts de calcaire, mais que le calcaire aurait été réduit en poudre et reconstitué avec de l'eau, en reformant des blocs avec des moules, comme l'on fait pour un ciment (Théorie sur la construction des pyramides égyptiennes à base de pierres moulées). De ce fait, la construction auraient alors été plus rapide. Ces théories, très critiquées par les égyptologues, sont remises en cause par l'archéologie.

[modifier] Architecture

Il existe différentes formes de pyramides à faces lisses qui comportent toutes la caractéristique d'avoir un revêtement ou parement leur donnant cet aspect géométrique presque parfait. La plupart diffère de par l'angle choisi pour les édifier.

Ainsi on citera les pyramides de Gizeh comme l'exemple le plus parfait du genre dont la pyramide de Khéops reste l'exemple le plus significatif, mais on peut également citer les exemples de Daschour où deux pyramides à faces lisses furent édifiées par son père Snéfrou. L'une d'elles porte le qualificatif de pyramide rhomboïdale car elle comporte à mi-hauteur de la construction un changement d'angle lui donnant l'aspect d'un monument à double pente. Cette modification intervenue au cours du chantier fut probablement due au choix de l'angle initial qui aurait alors porté le monument à une hauteur trop importante pour achever la construction, ou encore qu'à ce stade du chantier le monument présentait déjà des signes d'affaissement le rendant de fait inutilisable.

Dans le domaine architectural, les pyramides à faces lisses sont effectivement très difficiles à réaliser car la répartition du poids des "blocs" de pierre est telle que les dimensions de ces blocs doivent être pensées et conçues dès le départ de façon extrêmement précise. Il ne doit pas y avoir d'erreur dans la conception, ni dans les calculs, ni dans l'étude achitecturale, sinon la pyramide s'écroule en cours de construction. En effet, il faut calculer les angles, les orientations, la répartition des charges, la masse des "blocs", leur disposition dans la pyramide en construction, à partir de l'angle initial de la pente des faces de la pyramide.

Pour compliquer le tout, il fallait pour les égyptiens que la pyramide à faces lisses obéisse aussi aux angles astronomiques liés aux positions d'étoiles dans le ciel (exemple : l'étoile Sirius "vue" de la pyramide de Khéops ou bien encore la Constellation d'Orion) ainsi qu'à l'orientation solaire est-ouest déterminant dans l'architecture funéraire de cet époque.

Mais la caractéristique étonnante des pyramides à faces lisses ou rhomboïdales, c'est qu'en réalité les faces ne sont pas lisses ; en effet, il existe un phénomène d'apothème (mesure physique d'angle et de distance, montrant la concavité d'une surface).

Dans les pyramides à faces "lisses", le phénomène est beaucoup plus saisissant que pour la pyramide rhomboïdale de Daschour et l'on peut le voir avec les jeux d'ombre et de lumière, suivant la journée, alors que l'on croit voir des faces lisses.

Ces pyramides à faces "lisses" sont les seules à avoir cette singularité optique de façon aussi manifeste.

Le phénomène d'apothème s'est produit au cours du temps, en raison des variations climatiques (température et humidité), causant du coup des cassures à l'intérieur des pyramides et ainsi, les blocs travaillaient. Cela signifie que les pyramides ont donc eu tendance à "s'effondrer" sur elles-mêmes, produisant ce phénomène. Les répartitions de charges et de masses sont, effectivement, constamment dans un équilibre instable.

On a eu la commodité de nommer ces pyramides, pyramides à faces lisses par opposition aux pyramides à degrés ou à escaliers ou même aux pyramides rhomboïdales.

En effet, dans l'ouvrage de Guy Gandon^[2] , il est précisé la progression architecturale des pyramides, entre la III^e et la IV^e dynastie (soit donc, durant l'Ancien Empire, entre -2650 et -2515 ) :

• La pyramide de Djéser (-2680) à Saqqarah est une pyramide à degrés ou à escalier. Celle de Houni à Meïdoum était initialement une pyramide à degrés qui sera transformée en pyramide à faces lisses par son successeur. La pyramide devient rhomboïdale déjà munie d'un revêtement lisse puis prend la forme de pyramide à faces lisses avec le pharaon Snéfrou (-2620) à Daschour.

• Les pyramides à faces lisses sont réalisées, à Gizeh, par Khéops (-2590), puis Khéphren (-2558) et Mykérinos (-2533) mais également à Abou Rawash pour Djédefrê successeur de Khéops, puis à Abousir pour les pharaons de la V^e dynastie à Daschour ainsi que dans le Fayoum pour les pharaons du Moyen Empire.

• L'ultime stade d'évolution des pyramides à faces lisses est à rechercher en Nubie et au Soudan où les pharaons de Napata puis de Méroé édifièrent des monuments dont l'angle beaucoup plus raide leur donne un aspect plus "aigu" et deviendra d'ailleurs une caractéristique de cette civilisation de l'antique Soudan.

Cette sorte de pyramide s'est étendue en Europe. On citera la Pyramide de Cestius à Rome dont la pente raide rappelle davantage les pyramides méroïtiques qu'égyptiennes ; d'autres exemples sont connus comme "la pyramide de Couhard" à Autun en France.

Il existe également une pyramide à face lisse au nord de Nice, appelée pyramide de Falicon. L'ouvrage écrit par Henri Broch^[3], énonce clairement que les pyramides à faces lisses sont le dernier stade de l'évolution de l'architecture des pyramides.

[modifier] Notes

[modifier] Bibliographie

• À la découverte des Pyramides d'Égypte, Joyce Tyldesley, Édition du Rocher.
• Les bâtisseurs de Pyramides, Robert M. Schoch, Édition du Rocher.
• Les Pyramides, l'enquête, Éric Guerrier, Édition Cheminement.
• La Chambre de Chéops, Gilles Dormion, Collection Études d'Égyptologie.
• La mystérieuse pyramide de Falicon, Henri Broch, 1976.
• Ils ont bâti les Pyramides et La nouvelle histoire des pyramides, Joseph Davidovits, Édition Jean-Cyrille Godefroy.
• Khéops : Trois clés pour une énigme, Guy Gandon, 2006.