Querelle des Investitures
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La querelle des Investitures est le nom donné au long conflit qui opposa la papauté et le Saint Empire romain germanique entre 1075 et 1122. Elle tire son nom de l'investiture des évêques.
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[modifier] Les origines de la querelle
Au Moyen Âge, l’investiture est un acte par lequel une personne met une autre en possession d'une chose. Au XIe siècle, les souverains pensent que le fait de confier à un évêque ou à un curé des biens matériels leur permettait de choisir l'officiant et de lui accorder les investitures spirituelles.
Depuis les Ottoniens, l'Empire avait le contrôle total sur l'élection des papes et sur la nomination des évêques dans l’Empire. Pour asseoir leur pouvoir, les empereurs allemands avaient dévolus à ces derniers des pouvoirs régaliens. Les évêques présentaient l'avantage de ne pas avoir d'héritier. Les empereurs pouvaient donc donner les investitures temporelles et spirituelles à des hommes fidèles à leur personne et à leur pouvoir. Cette investiture était symbolisée par la remise de l'anneau et de la crosse par l'empereur à l'évêque entrant en charge. Au XIe siècle, cette politique se heurte à la réforme grégorienne qui pense que les problèmes dont souffre le clergé à cette époque sont dus à la mainmise des laïcs sur celui-ci. Le pape Grégoire VII, élu en 1073 publie en 1075 un décret interdisant aux laïcs de choisir et d'investir les évêques. Mais surtout dans qui un texte célèbre, les dictatus papae, il affirme qu'il est, par le Christ, le seul à avoir un pouvoir universel, supérieur à celui des souverains, qu'il peut déposer, et qu'il est le seul maître de l'Église. Les rois y voient une atteinte à leur pouvoir et refusent de publier les dictatus papae dans leurs États.
[modifier] Le conflit entre les papes et les empereurs allemands
L'empereur Henri IV qui est soutenu par le clergé allemand, continue à pourvoir les évêchés vacants et fait déposer le pape par un synode d'évêques allemands et italiens. Le pape réplique en l'excommuniant et en déliant ses sujets de leur serment de fidélité. Devant la révolte d'une noblesse trop heureuse de pouvoir contester le pouvoir impérial, Henri IV recule. Il chevauche à la rencontre de Grégoire VII. Il le retrouve à Canossa au Nord de l'Italie. Il attend trois jours en habit de pénitent que le pape daigne le recevoir et s'agenouille devant lui pour implorer son pardon. Le pape, en tant que chef d'une religion basée sur le pardon, n'a d'autre choix que de lever l'excommunication. Henri IV reprend la lutte, ce qui provoque une nouvelle excommunication en 1080 et la confirmation de l'élection d'un nouvel empereur, Rodolphe de Souabe, élu en 1077 par la noblesse allemande révoltée.
Henri IV réunit alors un synode qui dépose le pape et élit un antipape, Clément III, qui ne parvient pas à s'imposer en dehors de l'Empire romain germanique. En 1084, Henri IV entre dans Rome et se fait couronner par Clément III. Le troupes des Normands de Sicile qui soutiennent Grégoire VII entre dans Rome et pillent la ville. Grégoire VII meurt le 25 mai 1085 à Salerne. Henri IV n'est cependant pas au bout de ses difficultés. Il s'oppose à Urbain II, le successeur de Grégoire VII. Entre 1093 et 1097, son fils Conrad, qui s'est révolté, lui interdit tout retour en Allemagne. Sa femme Praxède, puis son second fils, le futur Henri V, l'abandonnent. Il meurt en 1106, étant toujours excommunié il ne recevra une inhumation religieuse qu'en 1111. Malgré la résistance opiniâtre d'Henri IV, la réforme grégorienne a fait des progrès en Allemagne.
[modifier] Le compromis
Henri V s'était appuyé sur les partisans de la réforme grégorienne pour affermir son pouvoir face à son père, mais dès qu'il est solidement implanté, il s'oppose au pouvoir pontifical. Il est excommunié et comme son père réplique en faisant élire un antipape, en 1118. Le nouveau pape Calixte II entame de négociations avec l'empereur. Un accord est trouvé en 1122 après levée de l'excommunication. Il est connu sous le nom de Concordat de Worms. L'empereur accepte la libre élection des évêques. En cas de conflit lors de cette désignation, il peut arbitrer en faveur du candidat le plus digne. Il donne ensuite l'investiture temporelle sous la forme d'un sceptre pour les biens fonciers et les fonctions régaliennes de l'évêque. Cet accord met fin à la querelle des investitures mais, dans les faits, est difficilement applicable.
La papauté à réussi, pour un temps, à soustraire les clergés nationaux au pouvoir des souverains. Elle renforce ainsi son prestige. Mais elle n'a pas réussi à imposer son dominium mundi, c'est-à-dire sa prétention à dominer le monde. En séparant le temporel du spirituel, elle permet la laïcisation progressive du pouvoir impérial, pouvoir qu'elle contribue grandement à affaiblir.
[modifier] Sources
- Jean Chélini, Histoire religieuse de l'Occident médiéval, Hachette, 1991.
- Michel Balard, Jean-Philippe Genêt, Michel Rouche, Des Barbares à la Renaissance, Hachette, 1973
- Divers articles de l'Encyclopaedia Universalis, DVD, 2007.
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