Roger Bontems
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Roger André Louis Bontems (né le 20 septembre 1936 à Aydoilles, dans les Vosges et décédé à Paris le 28 novembre 1972) était un criminel français, condamné à mort et exécuté en 1972.
[modifier] Biographie
Fils d'un couple de cultivateurs, il commence sa vie en exerçant des métiers manuels où il est considéré comme un honnête ouvrier travailleur. Pendant son service militaire, il se marie, devient père de deux enfants (dont l'un décède en bas âge). Suite à un accident de mobylette qui lui vaut d'être réformé, il s'installe dans le Doubs comme plombier.
Il devient alcoolique, et un soir d'ivresse, il vole une voiture. Il y prend goût, arrestations et procès s'enchaînent et le 9 juin 1960, le tribunal correctionnel de Saint-Dié le condamne à un an de prison ferme, pour vol de voiture. Trois autres condamnations pour divers méfaits suivront en 1961, 1962 et 1963.
Un jour, Bontems agresse M Grégoire, un chauffeur de taxi, et le blesse grièvement. Il est condamné le 27 janvier 1965 à vingt ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de Meurthe-et-Moselle, puis il est incarcéré à la maison centrale de Clairvaux (Aube).
En novembre 1970, il fait la connaissance d'un nouveau compagnon de cellule, nouvellement transféré à Clairvaux, un assassin dangereux du nom de Claude Buffet, de 3 ans son aîné. Buffet décide rapidement de s'évader de la centrale, et entraîne Bontems dans son projet.
Le matin du 21 septembre 1971, à l'heure du petit déjeuner, Buffet et Bontems se plaignent de douleurs abdominales. Ils sont envoyés à l'infirmerie accompagnés par quatre gardiens. A peine y sont-ils arrivés que Buffet repousse un gardien qui dans sa chute en entraîne deux autres, et s'enferme dans l'infirmerie avec Bontems et trois otages : le gardien Guy Girardot, l'infirmière Nicole Comte et un détenu-infirmier. Tous trois sont tenus sous la menace de couteaux que Buffet et Bontems ont tirés de leur poche. Bontems a un opinel acheté à la cantine, un canif sans virole bloquante. Buffet, lui, a acheté par le biais d'un réseau de détenus une arme étrange, avec une lame longue de 20 centimètres, effilée comme un rasoir. Toute la journée, la France suit l'événement via la télévision. Aux premières heures du 22 septembre, la police donne l'assaut et neutralise les deux mutinés. Ils découvrent les corps des deux otages : leurs gorges ont été tranchées.
Jugés devant les assises de l'Aube du 26 au 29 juin 1972, Roger Bontems et Claude Buffet sont tous deux condamnés à mort, avec exécution prévue dans l'enceinte de la prison de la Santé à Paris.
L'instruction et le procès avaient démontré que Bontems n'avait tué aucun des otages, mais le fait que les deux criminels ont été jugés ensemble et la complicité active de Bontems au double assassinat lui fit encourir la même peine que Buffet. En novembre 1972, ses avocats, Robert Badinter et Philippe Lemaire, vont plaider devant le Président de la République, Georges Pompidou, la cause de leur client, en même temps que les défenseurs de Claude Buffet. Les avocats avaient grand espoir : Georges Pompidou n'avait jamais laissé exécuter un condamné à mort depuis son arrivée au Palais de l'Elysée en 1969. Mais le 27 novembre au soir, les quatre avocats reçoivent un coup de téléphone leur annonçant que l'exécution aura lieu le lendemain matin, vers 5 heures.
Le 28 novembre 1972, vers 4 heures 30, Buffet et Bontems sont réveillés et conduits au greffe pour l'ultime toilette. D'après Marcel Chevalier, alors aide-bourreau et futur exécuteur en chef, Bontems ne montre aucun signe de révolte, si ce n'est une légère insulte au procureur et l'envie de jeter son verre de rhum au visage du bourreau. A 5 heures 13, Roger Bontems est guillotiné par le bourreau André Obrecht ; sept minutes plus tard, c'est le tour de Claude Buffet.
Cette exécution fut la dernière qui eut lieu à Paris. Après Buffet et Bontems, quatre condamnés furent guillotinés en France. Cette exécution marque le début du combat de Robert Badinter contre la peine de mort, n'acceptant pas que la justice puisse exécuter une personne qui n'ait jamais tué. Il raconte le procès de Claude Buffet et Roger Bontems dans un livre, L'Exécution.