Substance
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Communément, la substance est :
- ce qui est produit par un organisme ;
- l'essentiel du contenu de quelque chose (la « substantifique moëlle » (F. Rabelais) ;
- ce que l'on consomme.
D'un point de vue philosophique ou métaphysique, la substance est la réalité permanente qui sert de substrat aux attributs changeants. La substance est ce qui existe en soi, en dessous des accidents, sans changements. Elle s'oppose aux accidents variables, qui n'existent pas en eux-mêmes, mais seulement dans la substance et par la substance. Le terme vient du latin substare, se tenir debout ; de substantia, ce qui est dessous, le support.
Gaston Bachelard a placé ce concept parmi les notions élémentaires dont il faut dépasser les attraits pour le rendre conforme à l'esprit scientifique : « En réalité, il n'y a pas de phénomènes simples ; le phénomène est un tissu de relations. Il n'y a pas de nature simple, de substance simple : la substance est une contexture d'attributs. » [1]
La substance est une notion employée dans le christianisme au sujet de l'Eucharistie. On note une différence entre l'Église catholique, qui parle de transsubstantiation, et d'autres Églises, qui parlent plutôt de consubstantiation.
Dans le cadre du christianisme, Dans le cadre traditionnel des Veda, la substance a été retenue comme la première des sept catégories dans la théorie des catégories élaborée par les systèmes Nyâya et Vaiseshika ; cette dernière étant une philosophie atomique de la nature. De son côté, le bouddhisme substituant l'idée d'une évolution à celle d'un être stable rejette le concept de substance. Pour lui, le monde repose sur des "dharmas", des facteurs rendant les existences transitoires possibles sous forme de phénomènes.
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[modifier] Sens premier
La substance est conçue comme existant par soi, car, dans le cas contraire, elle serait attribut d'un autre être et substance seulement dans un sens relatif.
Cela pose la question de savoir quels sont les êtres qui sont sans le secours d'aucun autre, qui sont donc substance en un sens premier et absolu. Dieu seul est cette substance indépendante, selon Descartes et Spinoza par exemple.
[modifier] L'homme comme substance
De là découlent plusieurs manières de concevoir l'homme :
- l'homme est substance à l'égard de la nature, mais non en comparaison de Dieu ;
- l'homme n'est pas une substance, mais un mode de la substance divine ou de la nature.
Dans le premier cas, l'homme peut être tenu pour un être libre, un empire dans un empire bien qu'il subsiste avec l'aide de Dieu ; en revanche, dans le second cas, l'homme en tant que modification d'une substance totale est déterminé par les lois de celle-ci (qu'il s'agisse d'un dieu immanent ou de la nature).
[modifier] Substances et connaissance
La nature nous présente ordinairement des formes identifiables : une feuille, une toile d'araignée, un œuf. Mais, on rencontre aussi des éléments moins familiers : de la résine, de la cendre, de l'argile, ainsi que les diverses matières que le corps produit. Privées de forme propre, ces matières nous échappent matériellement ainsi que d'une certaine façon conceptuellement. Il s'agit de substances.
Considérons ainsi un œuf, si naturellement beau et prometteur ; s'il vient à nous glisser des doigts, l'œuf éclaté perd sa cohésion naturelle. Ceci était un futur volatile, maintenant on est en présence de deux substances inattendues ; substances bien différentes et qui s'interpénètrent sans se mêler, en contournant les fragments de la coquille : qu'est-ce ? Qu'est devenu ce volatile si volatil ?
Scientifiquement, on parle donc naturellement de substance dans un contexte d'ignorance.
Le premier rôle du chimiste - assisté parfois du physicien - est de repousser l'ignorance en procédant à l'identification, ou caractérisation, de toute substance de quelque origine. Ses méthodes et outils permettent de repousser ou de contourner les limites des sens et de l'expérience commune : il procède à une analyse. Dans un second temps, ses connaissances lui permettront de procéder à des synthèses, même de substances non naturelles qu'il nommera produits artificiels ou de synthèse.
La chimie fait donc généralement appel au terme substance quand aucune autre caractéristique ne peut utilement désigner ou définir le corps en question. À commencer donc dans le temps précédant les opérations d'analyse, par exemple, différentes substances sont apportées dans les centres anti-poison, qu'il s'agisse de poudres, de solutions, etc.
Si l'analyse, l'identification, sont fructueuses, le chimiste a recourt à un terme représentatif de la connaissance de la matière : ceci est du fer, ceci est un métal, un cristal, un polymère... Mais, si l'analyse révèle un mélange, il est encore contraint d'utiliser le terme substance : le radium est un élément radioactif, mais un minerai de radium est une substance radioactive, ou encore le lait est une substance alimentaire d'origine animale, etc. L'œuf lui apparaît ainsi constitué de deux corps - un organique et un minéral - (l'albumine du blanc et le calcaire de la coquille) et d'une substance complexe (le jaune), dont l'inventaire est confié au biochimiste...
[modifier] Voir aussi
La substance en philosophie et sociologie
- La substance selon Aristote.
- La substance, telle que définie dans l'Éthique de Spinoza.
- Substance illicite (ou Drogue).
- La substance sociale, reconnaissance de tous les individus d'une société.
- Gaston Bachelard, sur l'interprétation par l'homme de la nature de certaines substances, et autres états de la matière tels que le feu.
- Concepts métaphysiques
- Liste des concepts de la philosophie
La substance dans la religion chrétienne
- Transsubstantiation | Consubstantiation
- Ecclesia de Eucharistia (17 avril 2003)
- Importance du fondement et de la métaphysique dans l'encyclique Fides et ratio 14 septembre 1998.
[modifier] Bibliographie
- [1] Gaston Bachelard, Le nouvel esprit scientifique, Paris, PUF, 1934, p. 152