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Baruch Spinoza

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Baruch Spinoza
Philosophe Occidental
Époque moderne
Portrait de 1665 tiré de la Herzog-August-Bibliothek
Portrait de 1665 tiré de la Herzog-August-Bibliothek
Naissance : 24 novembre 1632
(Amsterdam)
Décès : 21 février 1677
(La Haye)
École/tradition : Rationalisme, Panthéisme, Eudémonisme
Principaux intérêts : Ontologie, Éthique, Politique
Idées remarquables : Monisme, Assimilation de Dieu à la Nature, Déterminisme, Égalité de l'Étendue et de la Pensée
Influencé par : Maïmonide, Giordano Bruno, Machiavel, Descartes, Hobbes
A influencé : Diderot, Schelling, Hegel, Marx, Schopenhauer, Nietzsche, Bergson, Michel Henry, Deleuze, Negri

Baruch Spinoza (Bento d'Espinoza) (24 novembre 1632, Amsterdam, Pays-Bas - 21 février 1677, La Haye) est un philosophe qui eut une influence considérable sur ses contemporains et nombre de penseurs postérieurs. Issu d'une famille marrane(Portugais émigrés), il fut un héritier critique du cartésianisme et s'éloigna de toute pratique religieuse, mais non de toute réflexion théologique grâce à ses nombreux contacts interreligieux. Après sa mort, le spinozisme, condamné en tant que doctrine athée, eut une influence durable. Deleuze l'appelait le « Prince des philosophes », tandis que Nietzsche s'inspira explicitement de son refus de la téléologie. Les psychanalystes le tiennent pour le philosophe ayant le plus ouvert la voie à Freud. Il était, pour Lacan, sans doute le plus grand.

Sommaire

[modifier] Biographie

Il naît à Amsterdam, dans le quartier juif, en 1632, dans une famille marrane (Juifs Portugais émigrés). De 1639 à 1650, Spinoza fréquente la nouvelle école juive où il apprend l'hébreu. Vers 1645-1646, il commente le Talmud pour la fin de son cycle d'études. Dans les années 1646-1650, il travaille avec son père, tout en préparant, peut-être, le rabbinat.

À partir de 1652, il suit les cours d'une école latine, fréquente des chrétiens et apprend le latin. En 1656, il est dénoncé par des fanatiques ; l'un d'eux tente de le poignarder. Spinoza garde toute sa vie le manteau déchiré par l'attaque, sorte de memento mori.

Le 27 juillet 1656, Spinoza est excommunié par le Conseil des rabbins pour hérésies (par un herem). Peu de temps après, il est l'objet du chammata, qui consiste en une impossibilité d'annulation de l'excommunication.

De 1656 à 1660, il apprend le métier de polisseur de verres et lentilles, qu'il vendra pour assurer sa subsistance. De 1660 à 1663, il se constitue un cercle d'amis et publie ses premiers textes. De 1663 à 1670, il réside à Voorburg, où il reçoit de nombreuses visites.

À la suite de la parution du Traité Théologico-Politique, en 1670, il est contraint de quitter la ville. Il s'installe alors à La Haye, et y vit pauvre et solitaire.

Il est contemporain de l'Inquisition et de ses œuvres dans la Péninsule Ibérique depuis 1478 où elle est accueillie par les Rois catholiques et va s'acharner sur les Juifs, et des guerres civiles qui ravagent l'Europe de toutes parts, du fait des dissenssions politico-religieuses : les dites guerres de religion. Il en concevra une théorie politique qui est une théorie de la liberté, afin de surmonter le problème de l'intolérance et des persécutions des idées et opinions diverses. Il est également contemporain de Sabbataï Tsevi.

À la suite des désordres politiques des années 1672-1673, il a de plus en plus d'ennemis, dans le peuple comme en haut lieu. En 1676, Leibniz lui rend visite, mais le niera par la suite. Spinoza est toujours plus solitaire, et sa santé est mauvaise.

Suite à un malaise, il meurt le 21 février 1677.

[modifier] Philosophie

[modifier] Théorie de la connaissance

La philosophie spéculative de Spinoza tente d'être entièrement déductive. Elle est écrite more geometrico c'est-à-dire en suivant l'ordre « géometrique » : axiomes et postulats, puis définitions, et enfin démonstrations. Elle est développée selon des enchaînements logiques rigoureusement déduits à partir de définitions, sur le modèle des mathématiques. Or, ce choix n’est pas arbitraire : il est le résultat d’une véritable réflexion sur l’essence de la connaissance. Il faut donc commencer par exposer l’idée de la connaissance en général dans sa philosophie, idée dont nous trouvons des éléments avant tout dans le Tractatus de intellectus amendatione (souvent traduit par Traité de la réforme de l’entendement ; retraduit par Bernard Pautrat sous le titre plus littéral de Traité de l'amendement de l'intellect).

[modifier] Les degrés dans la connaissance

À trois reprises dans son œuvre, Spinoza élabore une typologie des modes de connaissance :

Les trois présentations sont différentes : elles ne contiennent pas toujours les mêmes modes de connaissance, et pas toujours dans le même ordre. Mais derrière ces différences, il se présente certaines constantes.

[modifier] Dans le Traité de la réforme de l'entendement

Dans le Traité de la réforme de l'entendement, Spinoza distingue plusieurs espèces de perception :

« À y regarder de près, tous nos modes de perception peuvent se ramener à quatre :
I. Il y a une perception que nous acquérons par ouï-dire, ou au moyen de quelque signe que chacun appelle comme il lui plaît.
II. Il y a une perception que nous acquérons à l'aide d'une certaine expérience vague, c'est-à-dire d'une expérience qui n'est point déterminée par l'entendement, et qu'on appelle de ce nom que parce qu'on a éprouvé que tel fait se passe d'ordinaire ainsi, que nous n'avons à lui opposer aucun fait contradictoire, et qu'il demeure, pour cette raison, solidement établi dans notre esprit.
III. Il y a une perception dans laquelle nous concluons une chose d'une autre chose, mais non d'une manière adéquate. C'est ce qui arrive lorsque nous recueillons une cause dans un certain effet, ou bien lorsque nous tirons une conclusion de quelque fait général constamment accompagné d'une certaine propriété.
IV. Enfin il y a une perception qui nous fait saisir la chose par la seule vertu de son essence, ou bien par la connaissance que nous avons de sa cause immédiate. »

En comparant certaines formes de perceptions, on peut se faire une idée plus précise de ce qu'est le quatrième mode de perception.

La perception par ouï-dire (I) est la forme la plus incertaine de perception : par exemple, nous considérons quotidiennement que nous connaissons notre date de naissance, même si nous n'étions pas là pour vérifier.

La simple expérience (II), telle qu’elle se présente à nous, se présente d’une manière hasardeuse et involontaire. Cette expérience ne nous donne pas de connaissance vraie : elle nous donne des éléments particuliers dans le temps et l’espace, éléments qui s’impriment dans la conscience et s’y maintiennent uniquement lorsqu’ils n’ont pas été contredits par d’autres expériences. Sinon, nous sommes dans le doute. Ces expériences ne peuvent nous offrir aucune certitude. Elle est nommée par Spinoza experientia vaga. C’est une simple énumération de cas, énumération qui n’a rien de rationnel, car elle n'est ni un principe (IV), ni déductible d'un principe (III); elle ne peut par conséquent être tenue sérieusement pour vraie.

Ces deux premiers modes de perception ont en commun d'être irrationnels, quoiqu'utiles pour la conduite des affaires quotidiennes de la vie. La marque de leur irrationalité est l'incertitude où ils nous plongent, si on les suit. Il faut donc, autant que possible, qu'ils ne jouent pas un rôle déterminant dans la construction de la connaissance. C'est pourquoi aussi, l'Éthique regroupera ces deux premiers modes de perception en un seul « genre de connaissance » qu'il nommera « opinion » ou « imagination ».

La connaissance rationnelle (III) a de tout autres procédures : loin d’isoler les phénomènes, elle les relie dans un enchaînement cohérent, selon l'ordre déductif. C'est ce que Descartes appelait des « chaînes de raisons » (Cf. Discours de la méthode, II) ou encore déduction. Mais pour ainsi dire, à quoi accrocher le premier maillon de la chaîne des raisons ? Si on le laisse flottant, c'est la porte ouverte à la régression à l'infini, que Spinoza refuse, comme Aristote dans La Métaphysique (« Il faut bien s'arrêter quelque part ! »). Si on l'attache à un autre maillon de la chaîne déjà construite, on forme une boucle logique (petitio principii), autrement dit, une contradiction. Dès lors, pour que la connaissance formée par la chaîne des raisons soit vraie (et plus seulement cohérente), il faut la faire dépendre d'une idée vraie donnée, qui en formera le principe.

Le troisième mode de perception est une façon de conserver et transmettre la vérité du point de départ (principe), mais pas de la produire. Voilà qui nous amène à la nécessité du quatrième mode.

Il s'agit d'une connaissance intuitive (IV). Comme le dit Spinoza lui-même : « habemus ideam veram » (« nous avons une idée vraie », Traité de la réforme de l'entendement, §33). Cette idée vraie est celle de Dieu, qui est en soi et peut être conçu par soi (définition de la substance en Éthique, I, 3). C'est là le point de départ absolu nécessaire à toute connaissance adéquate, la vérité originaire, qui est « norme d'elle-même et du faux » (Éthique, II, 43).

Après le Traité de la réforme de l'entendement, les degrés de la connaissance, devenus les « genres de connaissance » passeront du nombre de 4 à celui de 3.

Gilles Deleuze, dans ses cours sur Spinoza, utilise trois exemples qui illustrent les trois genres de connaissance présents dans l'Éthique, chacun correspondant à un genre de vie à part entière :

  • La connaissance du premier genre est empirique : je barbotte dans l'eau, mon corps subit les vagues et l'eau.
  • La connaissance du second genre est empirique et rationnelle : je sais nager, au sens où je sais composer mes rapports avec les rapports de la vague, avec l'élément eau.
  • Le troisième genre est purement rationnel : je connais les essences dont dépendent les rapports, je sais ce que sont l'eau, l'onde, la vague, le principe d'Archimède, leurs causes, etc.

Gilles Deleuze précise par ailleurs que les mathématiques sont la formalisation du second genre.

[modifier] Dans le Court Traité

Court Traité, livre II, chapitre 1.

[modifier] Dans l'Éthique

Éthique, partie II, proposition 40, scolie 2.

[modifier] La vérité

La vérité de cette connaissance n’est pas pour Spinoza un élément extérieur, ou une concordance avec les choses, selon une définition classique ; la vérité est la marque d’elle-même, elle est par elle-même claire et évidente : la vérité s’éclaire elle-même et éclaire l’erreur.

« [...] d'où il suit encore évidemment qu'il suffit pour reconnaître la certitude de la vérité, d'avoir l'idée vraie de l'objet, et qu'il n'est besoin d'aucun autre signe. »

Ce sera alors par une logique rigoureuse que nous serons conduits à la certitude de la vérité.

« Mais puisque l'homme n'a besoin d'aucun signe pour reconnaître la vérité, et qu'il lui suffit de posséder les essences objectives des choses, ou, ce qui revient au même, les idées, pour bannir le doute loin de lui, il s'ensuit que la vraie méthode ne consiste pas à rechercher le signe de la vérité, les idées une fois acquises, mais que la vraie méthode enseigne dans quel ordre nous devons chercher la vérité elle-même, ou les essences objectives des choses, ou les idées, toutes expressions synonymes. »

C’est sur la base d’un tel critère que nous pouvons découvrir la raison éternelle des choses, car, pour Spinoza, les normes de notre pensée sont identiques à celles des choses : à l’ordre subjectif de nos pensées répond l’ordre objectif de la nature. Entre les objets réels que nous pensons et nos pensées, il y a ainsi une identité de rapports.

[modifier] Métaphysique

[modifier] La substance

Dans l'Éthique, Spinoza débute son exposé déductif par la définition de la substance. La substance est conçue comme cause d'elle-même (causa sui) suivant le principe de causalité :

« J’entends par cause de soi ce dont l’essence enveloppe l’existence, ou ce dont la nature ne peut être conçue que comme existante. »

Ceci doit permettre de rendre la connaissance possible. En effet, d'une part, sans le principe de causalité, la connaissance serait impossible, et, d'autre part, sans cause première la connaissance ne serait jamais complète. Ainsi, dès le départ, Spinoza, en affirmant l'existence nécessaire d'une substance cause d'elle-même, pose que non seulement la connaissance est possible, mais en outre que cette connaissance de la nature des choses peut être absolument complète.

L'existence de cette substance est une réalité objective et nécessaire. Cette substance est unique, incréée, incorruptible, absolument simple et sans limitation. Tous les phénomènes sont des attributs ou des propriétés de cette substance, et ils n'ont qu'une existence conditionnelle qui dépend de la seule réalité vraie, être per se qu'est cette substance. Par là est congédié le dualisme cartésien.

La substance est pour Spinoza aussi bien Dieu que la nature dont Spinoza fait des synonymes : tout ce qui est, est en Dieu et ne peut subsister sans lui ; il n'existe rien en dehors de lui. Dieu est la cause immanente de tout ce qui existe : il contient ce qu'il crée et est dans tout. En tant qu'il crée, Dieu est la natura naturans, la natura naturata étant constituée de l'ensemble des phénomènes individuels. Dieu ne contient aucune différence, ni temporelle ni spatiale. Tout ce qui découle de sa nature est nécessaire, et cette nécessité est sa liberté.

[modifier] Le conatus

Le conatus est l'effort que fait chaque être pour persévérer dans son existence et affirmer sa puissance, en résistance aux autres individus qui composent la vie. La vie éthique est celle qui a pour souci d'exploiter de manière optimale les ressources de son propre être, c'est-à-dire la complexité de son corps et de son intellect. Cette vie doit donc affirmer un désir primordial de vivre, tout en sachant que ce désir qui la définit intrinsèquement se trouve modifié par la relation aux autres êtres, aux autres hommes. Le conatus modifié par les relations sociales perd de sa puissance dans la mesure où il cherche à s'accomplir selon des modèles qui ne correspondent pas à sa nature, c'est ce que Spinoza appelle l'imagination dans la proposition 17 de la seconde partie.

[modifier] Ethique

Le but fondamental de la philosophie chez Spinoza est la constitution d’une authentique éthique du bonheur et de la liberté. La métaphysique et la théorie de la connaissance ne sont que des éléments propédeutiques et subordonnés à cette entreprise.

[modifier] Philosophie de la religion

Il est parmi les premiers à s'atteler à une exégèse rationaliste de la Bible qui l'amène à formuler la distinction entre le croire et le savoir. Identifiant Dieu à la Nature, Spinoza sera panthéiste, ou plutôt, athée, selon les lectures utilisant la formule Deus sive Natura pour justifier cette lecture. Comme l'expose Althusser, ainsi que Negri et Deleuze, Spinoza oppose à la conception transcendante du divin une philosophie matérialiste de l'immanence : Dieu n'est pas extérieur au monde, mais immanent à la Nature, il est la Nature. De même, l'homme et la société ne sont pas extérieurs à la nature: il ne faut pas concevoir l'homme comme un "empire dans un empire".

[modifier] Le théologico-politique : religion et politique

Dans le Traité Théologico-Politique, œuvre majeure publiée de son vivant, il montre combien nombre d'assertions théologiques des églises et religions, sont en fait des prises de positions politiques qui n'ont rien à voir avec le texte biblique. Il reprend intégralement la lecture de la Bible, pour laquelle il propose une nouvelle méthode de lecture, littérale, qui demande à suivre ce principe que le texte ne soit expliqué que par le texte lui-même, sans lui substituer des interprétations plus ou moins "libres" . C'est-à-dire que, en cas d'incompréhension du lecteur, ou d'obscurité du texte, ou de contradiction de celui-ci, il faut aller chercher dans le reste du texte, d'autres passages susceptibles d'éclairer celui qu'on cherche à comprendre. Autrement dit : la réponse est dans le texte, et ne doit pas être cherchée dans l'imagination du lecteur. Toute interprétation est interdite. Il s'agit d'apprendre à lire le texte, en le respectant, soit l'intégralité du texte, qui contient forcément la réponse cherchée.

En effet, ceci repose sur le principe de la prévalence du texte sur l'imagination, mais aussi, sur l'affirmation explicite que Dieu et la parole de Dieu ne peuvent être contraires à la raison. Ce serait faire injure à Dieu que de le supposer autrement. Comme pour Maïmonide, avant lui, et Averroès (Ibn Rushd), l'accord de la raison et du message divin ne peut pas ne pas être : c'est par nature, conformément à la perfection de Dieu, qu'ils ne peuvent que nécessairement s'accorder.

Si le texte de la Bible ne peut que s'accorder avec la raison, ses obscurités et contradictions doivent se dissiper par une étude minutieuse et une lecture attentive du texte qui s'interdira de le transformer en l'interprétant, qui s'interdira donc de le réinventer selon les besoins du moment.

Spinoza, comme Hobbes avant lui, se livre à une démonstration critique des méfaits de l'utilisation de la religion, c'est-à-dire de la croyance des hommes par les pouvoirs politiques, qui ainsi mènent leurs sujets à suivre docilement leurs décisions et accomplir leurs projets, même les pires. La religion - la croyance religieuse - est ainsi le moyen le plus sûr et le plus aisé de faire faire aux hommes ce qui convient au pouvoir, quand bien même il s'agit du plus nuisible pour eux-mêmes et du plus honteux. Mais ils ne s'en aperçoivent pas, et croyant faire le bien et contribuer au salut de leur âme ils font exactement le contraire, trompés qu'ils sont par des discours politiques qui prennent la forme d'injonctions religieuses et de promesses.

Après cette théorie de l'illusion religieuse et de l'intérêt qu'a tout pouvoir à la maintenir, Spinoza complète l'analyse du théologique par une analyse du politique, expliquant les principes de l'organisation politique bonne et les rapports que doivent entretenir la religion et le politique afin de permettre la paix. Comme l'avait déjà théorisé avant lui Hobbes, dans le Léviathan, la religion doit être soumise aux lois communes, qui s'appliquent à elle comme à tous, soumise à l'État et au pouvoir politique, et ne doit s'occuper que du gouvernement des âmes et d'enseigner le bien et la morale.

Alors, il peut développer, ce qui est le but de l'ouvrage, une théorie politique de la liberté, montrant en quoi celle-ci est cadrée par les lois ; puis en quoi la liberté de pensée et d'opinion est entièrement bonne et doit être entièrement reconnue par l'État. D'abord, la reconnaissance de la liberté de croire et penser librement accordée à chacun est la condition de la fin des conflits religieux. Ensuite, cette liberté est entièrement bonne et non susceptible de nuire à l'État – si le juste partage des tâches est réalisé entre les autorités religieuse et politiques –, liberté qui peut être accordée sans restriction aucune, sauf pour ce qui relève de l'incitation à la haine et serait donc susceptible de nuire à l'État. La liberté de pensée doit être protégée par l'État, comme condition de la paix civile. La liberté accordée ne peut nuire à l'État à ces conditions.

Cela constitue une théorie de la démocratie et une invalidation de la dictature, ce pouvoir qui prétend aller au-delà de sa puissance. En effet « nul n'a le pouvoir de commander aux langues » puisque les hommes eux-mêmes ne parviennent pas à contrôler ce qu'ils disent, donc il en va de même pour le pouvoir. Si le pouvoir ne peut contrôler les langues (qui parlent hors du contrôle du sujet parlant), a fortiori ne peut-il contrôler les pensées. L’État, en effet, ne régit pas tous les domaines de la vie humaine, les lois ne pouvant être étendues à toutes les activités : « la nature humaine ne peut supporter d’être contrainte absolument » (chap V), et « vouloir tout régenter par des lois c’est rendre les hommes mauvais » (chap XX).

C'est pourquoi « personne ne peut abandonner la liberté de juger et de penser ; chacun est maître de ses pensées ». C'est un droit que chacun tient de sa nature.

[modifier] Notes

    [modifier] Œuvres

    s:Accueil

    Wikisource propose un ou plusieurs textes de ou sur Baruch Spinoza.

    Tractatus de intellectus emendatione : Emendare signifie corriger au sens par exemple où un professeur corrige une copie d'élève, ce faisant il lui enlève ses impuretés. De même qu’une ménagère ne réforme pas une vitre en l'essuyant, de même on ne réforme pas l’entendement. Il s’agit d’un traité sur la purification de l’intellect au sens de rendre la plus grande partie de l’esprit adéquate, et donc éternelle, ainsi que le dira plus tard la proposition 39/V de l’Éthique. note : Emendare signifie : corriger, effacer les fautes, retoucher, rectifier, réformer, redresser, amender, remédier, guérir.

    [modifier] Bibliographie

    b:Accueil

    Wikilivres propose un ouvrage abordant ce sujet : Baruch Spinoza.

    • Alain (Émile Chartier), Spinoza, Paris, Delaplane, 1901 - Reédition : Gallimard, 1972.
    • Léon Chestov : "Sur la balance de Job", Flammarion, 1971, épuisé.
    • Alquié, F., Leçons sur Spinoza, Éditions de la Table Ronde, 2003.
    • Alquié, F., Le rationalisme de Spinoza, Paris, PUF, 1981.
    • Balibar, Étienne, Spinoza et la politique, Paris, PUF, 1985.
    • Bouveresse, Renée, Spinoza et Leibniz, L'idée d'animisme universel, Paris, Vrin, 1992.
    • Boss, Gilbert, L'enseignement de Spinoza - Commentaire du "Court Traité", Grand Midi, Zurich, 1982.
    • Boss, Gilbert, La différence des philosophies - Hume et Spinoza, Grand Midi, Zurich, 1982.
    • Bove, Laurent, La stratégie du conatus, Paris, Vrin, 1996 (préface d'Antonio Negri à l'édition italienne).
    • Brunschvicq, Léon, Spinoza, Alcan, 1894.
    • Citton, Yves, L'Envers de la liberté - L'invention d'un imaginaire spinoziste dans la France des Lumières, Paris, Editions Amsterdam, coll. Caute!, 2006.
    • Delbos, Victor, Le spinozisme, Vrin, 1950.
    • Deleuze, Gilles, Spinoza et le problème de l'expression, Paris, Minuit, 1978.
    • Deleuze, Gilles, Spinoza, Philosophie pratique, Paris, Minuit, 1981.
    • Fraisse, Jean-Claude, L'Œuvre de Spinoza, Vrin, 1978.
    • Friedmann, Georges, Leibniz et Spinoza, Gallimard, 1962.
    • Gueroult, Martial, Spinoza, Aubier, Paris, 1961-1974.
    • Israel, Jonathan, Les Lumières radicales. La philosophie, Spinoza et la naissance de la modernité (1650-1750), Paris, Éditions Amsterdam, 2005.
    • Macherey, Pierre, Introduction à l'Ethique de Spinoza, PUF, Paris, 1994-1998.
    • Matheron, Alexandre, Individu et communauté chez Spinoza, Paris, Minuit, 1969.
    • Misrahi, Robert, "L'Etre et la joie, perspectives synthétiques sur le spinozisme", encre marine, 1997
    • Robert Misrahi, 100 mots sur l'Éthique de Spinoza, Paris, Les Empêcheurs de penser en rond, 2005.
    • Misrahi, Robert, Spinoza, Paris, Médicis-Entrelacs, 2005
    • Moreau, Pierre-Francois, Spinoza, l'expérience et l'éternité, Paris, PUF, 1993.
    • Nadler, Steven Spinoza, Biographie, Éditions Bayard, 2003.
    • Negri, Antonio, L'anomalie sauvage, Puissance et pouvoir chez Spinoza, trad. François Matheron, Paris, PUF, 1982 (réédition: Paris, Editions Amsterdam, janvier 2007) (préface de Gilles Deleuze).
    • Piguet, Jean-Claude, Le Dieu de Spinoza, Labor et fides, Genève, 1987.
    • Rousset, Bernard, La perspective finale dans l'Éthique et le problème de la cohérence du spinozisme, l'autonomie comme salut, Vrin, 1968.
    • Scala, André, Spinoza, Les Belles Lettres, 1998.
    • Vernière, Paul, Spinoza et la pensée française avant la révolution, PUF, 1954.
    • Zac, Sylvain, L'idée de vie dans la philosophie de Spinoza, PUF, 1963.
    • Zourabichvili, François, Spinoza. Une physique de la pensée, PUF, 2002.
    • Zourabichvili, François, Le conservatisme paradoxal de Spinoza, PUF, 2002.

    [modifier] Œuvres de Spinoza

    • Opera quotquot reperta sunt (Œuvres connues de Spinoza) Van Vloten et Land. La Haye, Ed. M. Nijhoff, 1882-1883.
    • Opera (4 volumes) Gebhardt. Heidelberg, Ed. C. Winter, Auftrag des Heidelberger Akademie des Wissenschaften, 1924.
    • Œuvres. Traduction Charles Appuhn, Flammarion, coll. GF, 4 volumes.
    • Œuvres de Spinoza. Traduction de R. Caillois, M. Francès et R. Misrahi. Paris, Gallimard, Coll. “La Pléiade”, 1954.
    • Œuvres complètes, sous la direction de Pierre-François Moreau, PUF, coll. Épiméthée, en cours de parution : déjà deux volumes parus : Traité théologico-politique, trad. Pierre-François Moreau et Jacqueline Lagrée ; Traité politique, trad. Charles Ramond.
    • Traité de la Réforme de l'entendement et de la meilleure voie à suivre pour parvenir à la vraie connaissance des choses. (Texte latin, traduction et notes par Alexandre Koyré). Paris, Vrin, 1984.
    • Traité de la réforme de l’entendement. Présentation et commentaires de Bruno Huisman. Préface de Bernard Rousset. Paris, Nathan, Les Intégrales de Philo, 1987.
    • Traité de la réforme de l’entendement. Préface, traduction et commentaires de André Scala. Paris, Presses Pocket, 1990.
    • Traité de la réforme de l'entendement. Introduction, texte latin, traduction et commentaire de Bernard Rousset. Paris, Vrin, 1992.
    • Traité de la réforme de l’entendement. Milan, Mille et une Nuits, 1996.
    • Traité de l'amendement de l'intellect, texte latin et traduction par Bernard Pautrat, Paris, Allia, 1999.
    • Traité de la réforme de l’entendement, texte latin et traduction par André Lécrivain), Paris, GF Flammarion, 2003.
    • Éthique (Traduction de Boulainvilliers), Paris, A. Colin, 1907.
    • Éthique (Traduction de L. Millet avec une bibliographie et un index) Paris, Bordas, 1987.
    • Éthique (traduction de A. Guérinot) Paris, Ivrea, 1993 (1re Édition 1930, Ed. d’Art Pelletan).
    • Éthique (Texte latin et traduction de Appuhn) Paris, Garnier, 1934, Vrin, 1977.
    • Éthique (Texte original et traduction nouvelle par Bernard Pautrat) Paris, Seuil, 1988.
    • Éthique. Introduction, traduction notes et commentaires de Robert Misrahi. Paris, PUF, Philosophie d’aujourd’hui, 1990. Editions de l'Eclat, 2005
    • Traité politique. Texte latin et traduction par S. Zac. Paris, Ed. Vrin, 1968.
    • Traité politique. Texte latin et traduction par P. F. Moreau, avec un index informatisé des termes. Paris, Ed. Répliques, 1979.
    • Traité politique, introduction et révision de la traduction d'Olivier Saisset par Laurent Bove, Paris, LGF, Livre de Poche, 2002.
    • Abrégé de grammaire hébraïque, traduction avec une introduction et des notes par J. et J. Askenazy. Paris, Vrin, 1968.

    [modifier] Voir aussi

    [modifier] Articles connexes

    [modifier] Liens externes

    [modifier] Œuvres en ligne

    [modifier] Articles, cours, études

    [modifier] Bibliographie

    [modifier] Glossaires

    [modifier] Annuaires


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