Tahar Sfar
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Tahar Sfar (الطاهر صفر), né en 1903 à Mahdia et mort le 9 août 1942, est un homme politique tunisien.
Il effectue de brillantes études secondaires au collège Sadiki puis au lycée Carnot de Tunis. Après son baccalauréat, il est sollicité pour diriger et réformer les études de l'école al-Arfania de Tunis. Il rejoint Paris en octobre 1925 pour des études de droit, de lettres et de science politique. Il se retrouve avec des camarades de Sadiki, tel Habib Bourguiba, Mahmoud Materi, Bahri Guiga et Sadok Boussoffara. Sfar participe, avant de rentrer en Tunisie à la fin de ses études, à la création de l'Association des étudiants musulmans du Maghreb. Il rentre à Tunis en 1928 pour exercer le métier d'avocat parallèlement à de nombreuses activités : cours d'économie politique à la Khaldounia et articles dans des journaux en arabe et en français, tel La Voix du Tunisien et L'Action tunisienne. Il milite pour l'indépendance de la Tunisie, au sein du Destour puis participe à la création du Néo-Destour à Ksar Hellal, une ville du Sahel tunisien, avec ses camarades d'études dont Bourguiba, Materi et Guiga. Le nouveau parti se veut moderniste dans sa démarche, ses méthodes et son organisation et, en même temps, éducateur et mobilisateur des masses populaires pour une meilleure prise de conscience de la nécessité de libérer le pays du colonialisme. Sfar est un grand ami de Bourguiba avec qui il aime discuter et philosopher, la philosophie étant sa passion. Il a une grande admiration pour le mahatma Gandhi et, comme lui, préconise la lutte non-violente. Les militants du Néo-Destour le désignent souvent comme le philosophe du parti.
En janvier 1935, Sfar est éloigné et assigné à résidence à Zarzis, dans le Sud tunisien, en même temps que Guiga et Salah Ben Youssef. Ces responsables du Néo-Destour rejoignent ainsi leurs camarades éloignés depuis septembre 1934. Tahar Sfar profite de son isolement pour se plonger dans des études diverses (juridiques et littéraires) et pour rédiger une sorte de journal qui est publié en 1960, après sa mort, sous le titre de Journal d'un exilé avec une préface du père André Demeerseman, directeur de la revue Ibla à Tunis.Demeerseman avait assisté à quelques cours donnés par Tahar Sfar sur l'économie politique à la Khaldounia au début des années 1930.
Après l'arrivée du nouveau résident général de France en Tunisie, Armand Guillon, il est libéré en 1936 en même temps que tous les membres du bureau politique du Néo-Destour. Le dialogue de Guillon avec les nationalistes tunisiens pour des réformes s'avère éphémère. Sfar se retrouve en prison après la grave crise d'avril 1938, bien qu'il fait partie de ce qu'on appelle à l'époque les modérés du parti. Il sort de prison vers la fin 1939 avec une santé déficiente et décédera le 9 août 1942. Il a le temps, avant de mourir, de publier dans la revue féministe francophone Leïla un article dénonçant avec vigueur le régime d'Adolf Hitler et explicite le danger qu'il représente pour l'humanité.
Tout en militant pour la libération de son pays, Tahar Sfar, par la plume, milite également pour une réelle coopération entre l'Orient et l'Occident : « La paix dans l'avenir, le progrès de l'humanité tout entière dépendent de cette union, de cette étroite collaboration entre l'Orient et l'Occident, qui au lieu de se tourner le dos, de s'ignorer, doivent au contraire, se soutenir, se prêter mutuellement appui et coopérer en vue du relèvement du sort de l'humanité » écrit-il dans les années 1930.
Son fils Rachid Sfar occupera de hautes fonctions dans le gouvernement tunisien : il sera nommé premier ministre par le président Bourguiba en juillet 1986 pour sortir la Tunisie d'une grave crise financière.
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