Mohandas Karamchand Gandhi
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Mohandas Karamchand Gandhi (en Gujarâtî: મોહનદાસ કરમચંદ ગાંધી; romanisé: mohandās karamcaṃd gāndhī, API: /moːhənd̪aːs kərəmtʃənd̪ gaːnd̪ʱiː/) (Porbandar, Goujerat, 2 octobre 1869 - Delhi, 30 janvier 1948) était un grand dirigeant politique et spirituel de l'Inde, et du mouvement d'indépendance indien. Il a été un pionnier et un théoricien du Satyagraha— la résistance à la tyrannie au travers de la désobéissance civile de masse, le tout fondé sur l'ahimsa (totale non-violence), qui a mené l'Inde à l'indépendance, et inspiré de nombreux mouvements de liberté et de droit civique autour du monde.
Gandhi est communément connu et appelé en Inde et dans le monde comme Mahatma Gandhi (du Sanskrit, Mahatma: grande âme) et comme Bapu (Père dans beaucoup de langues de l'Inde). Gandhi déclarait se sentir indigne du nom Mahatma dans son autobiographie.
Avocat ayant fait ses études en Angleterre, Gandhi employa pour la première fois ses idées de désobéissance civile pacifique dans la lutte de la communauté indienne pour ses droits civils en Afrique du sud.
À son retour en Inde, Gandhi organisa les fermiers et les travailleurs pauvres pour protester contre les taxes écrasantes et la discrimination étendue et porta en avant sur la scène nationale la lutte contre les lois oppressantes créées par les britanniques. Devenu le dirigeant du Congrès national indien, Gandhi mena une campagne nationale pour l'aide aux pauvres, pour la libération des femmes indiennes, pour la fraternité entre les communautés de différentes religions ou ethnies, pour une fin de l'intouchabilité et de la discrimination des castes, et pour l'autosuffisance économique de la nation, mais surtout pour le Swaraj — l'indépendance de l'Inde de toute domination étrangère. Gandhi mena les Indiens lors de la célèbre opposition à la taxe sur le sel que fut la marche du sel de 400 km en 1930, c'est aussi lui qui lança son appel du Quit India aux britanniques en 1942. Il fut emprisonné de nombreuses années en Afrique du Sud et en Inde pour son activisme.Il passa en tout, 6 ans de sa vie en prison.
Toute sa vie, Gandhi resta un partisan de la non-violence et de la vérité même dans les situations les plus extrêmes. Gandhi était un adepte de la philosophie indienne et vivait simplement, organisant un ashram qui était autosuffisant. Il faisait ses propres vêtements — le traditionnel dhoti indien et le châle, cousu avec un charkha (rouet) — et était végétarien.
Il utilisait de rigoureux jeûnes — s'abstenant de nourriture et d'eau pour de longues périodes — pour s'auto-purifier mais aussi comme moyen de protestation. La vie et l'enseignement de Gandhi inspirèrent Martin Luther King, Steve Biko et Aung San Suu Kyi pour respectivement le mouvement des droits civiques américains et les luttes pour la liberté en Afrique du sud et au Myanmar. Ses critiques envers beaucoup d'aspects de la modernité occidentale (tel que la technologie et l'industrialisation) lui valurent aussi la réputation de critique du développement dont les idées ont influencé beaucoup de penseurs politiques.
Gandhi a été reconnu comme le Père de la Nation en Inde et son anniversaire le 2 octobre est commémoré comme le 'Gandhi Jayanti et est un jour férié indien.
Sommaire
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[modifier] Biographie
[modifier] Jeunesse en Inde
Mohandas Karamchand Gandhi est né dans la caste des Banias (varna Vaisya), celle des affaires à Porbandar, au Gujarat, en Inde, en 1869. Son père est Karamchand Gandhi, le premier ministre de la principauté de Porbandar, et sa mère est Putlibai, la quatrième femme de Karamchand, une hindou de l'ordre Pranami Vaishnava. Les deux premières femmes de Karamchand lui donnèrent chacune une fille et moururent pour des raisons inconnues (on pense lors de l'accouchement). Sa troisième femme étant handicapée lui donna l'autorisation de se remarier. Grandissant avec une mère pieuse et entouré de l'influence du jaïnisme bien enraciné au Gujarat, Gandhi appris très jeune les principes du végétarisme, du jeûne pour la purification, de ne pas blesser les êtres vivants et de la tolérance entre membres de diverses croyances.
En mai 1883, à l'âge de 13 ans, Gandhi est marié par ses parents à Kasturba Makhanji (aussi épelé "Kasturbai" ou connue comme "Ba"), qui a le même âge. Ils auront quatre fils : Harilal Gandhi, né en 1888; Manilal Gandhi, né en 1892; Ramdas Gandhi, né en 1897 et Devdas Gandhi, né en 1900. Gandhi est un étudiant médiocre lors de sa jeunesse à Porbandar et ensuite à Rajkot. Il passe tout juste l'examen d'entrée à l'université de Samaldas située à Bhavanaga au Gujarat.
Il est aussi malheureux à l'université car sa famille veut qu'il devienne avocat. Il profite de l'opportunité d'aller étudier en Angleterre, qu'il voyait comme "la terre des philosophes et des poètes, le centre même de la civilisation".
À l'âge de 18 ans le 4 septembre 1888, Gandhi entre à l'University College de Londres pour devenir avocat. Pendant cette période à Londres, la capitale impériale, il reste influencé par la promesse faite à sa mère en présence d'un moine Jaïn Becharji juste avant son départ d'Inde de suivre les préceptes hindous d'abstinence de viande, d'alcool et d'intimité. Bien que Gandhi expérimenta les coutumes anglaises (en prenant des leçons de danse par exemple), il ne put jamais manger le ragoût de mouton aux choux de son hôtesse. Celle-ci lui donna l'adresse des quelques restaurants végétariens londoniens. Au lieu de tenir simplement la promesse faite à sa mère, il va aller au delà en lisant et en embrassant intellectuellement le végétarisme. Il rejoint la Vegetarian Society, est élu dans son comité exécutif et fonde une antenne locale. Gandhi déclara plus tard que cela lui donna une expérience importante de l'organisation des institutions.
Certains des végétariens qu'il rencontre sont membres de la société Théosophique qui avait été fondée en 1875 pour renforcer la fraternité universelle et dévouée à l'étude des littératures bouddhiste et brahmanique. Ils encouragent Gandhi à lire le Bhagavad-Gîtâ. N'ayant pas montré un intérêt particulier pour la religion auparavant, il lit alors des ouvrages à propos de l'Hindouisme, du Christianisme, du Bouddhisme, de l'Islam et d'autres religions.
Il revient en Inde après avoir été admis au barreau d'Angleterre et du pays de Galles mais a un succès limité à établir une pratique légale à Bombay, échouant ensuite à obtenir un travail à temps partiel comme professeur au lycée. Il finit par retourner à Rajkot où il vit modestement à recueillir des demandes pour des plaideurs mais il doit fermer aussi cette affaire après avoir eu des problèmes avec un officier britannique. Dans son autobiographie, il décrit cet incident comme une tentative avortée de lobbying de la part de son frère aîné. C'est dans cet ambiance qu'il accepte en 1893 un contrat d'un an dans une société indienne pour un poste dans la province du Natal en Afrique du sud.
[modifier] Mouvements de droit civil en Afrique du sud (1893 - 1915)
À ce point de sa vie, Gandhi est un individu doux, timide et politiquement indifférent. Il avait lu son premier journal à 18 ans et était sujet au trac lorsqu'il devait parler au tribunal. L'Afrique du Sud le change de manière spectaculaire quand il doit faire face à la discrimination qui est faite envers les noirs et les indiens dans ce pays. Un jour à la cour, dans la ville de Durban, le magistrat lui demande d'enlever son turban. Gandhi refuse et est expulsé hors du tribunal. Dans un autre incident, il se fait jeter hors d'un train à Pietermaritzburg, après avoir refusé de passer du wagon de première classe à celui de troisième alors qu'il posséde un ticket valide de première classe. Plus tard, voyageant en diligence, il est battu par un conducteur parce qu'il refuse de voyager sur le marchepied pour faire de la place à un passager européen. Il a beaucoup d'autres difficultés lors de ce voyage, comme de voir son admission rejetée dans de nombreux hôtels à cause de sa couleur de peau.
Ces incidents ont été décrits par plusieurs biographes comme un tournant de sa vie et ils lui servirent ensuite de catalyseur pour son activisme. C'est en étant témoin direct du racisme, des préjudices et de l'injustice contre les Indiens d'Afrique du Sud que Gandhi commence à réfléchir au statut de son peuple et à sa propre place dans la société.
À la fin de son contrat, Gandhi se prépare à rentrer en Inde. Cependant, lors d'une fête d'adieu en son honneur, il apprend que l'assemblée du Natal préparait une loi pour interdire le droit de vote aux indiens. Ses hôtes lui demandent de rester pour les aider car ils n'avaient pas les compétences pour s'opposer à ce projet de loi. Il fait circuler plusieurs pétitions contre la loi adressées au gouvernement du Natal et au gouvernement britannique . Bien qu'inefficace à empêcher le vote de cette loi, cette campagne permet d'attirer l'attention sur les difficultés des indiens en Afrique du Sud. Convaincu de rester par ses partisans, il fonde alors le Natal Indian Congress en 1894, prenant lui même le poste de secrétaire. Cette organisation transforme la communauté indienne en une force politique homogène, publiant des preuves de la ségrégation britannique en Afrique du Sud.
Gandhi revient brièvement en Inde en 1896 pour ramener sa femme et ses enfants vivre avec lui en Afrique du Sud. À son retour en janvier 1897, il est attaqué par une foule de sud-africains blancs qui essaye de le lyncher. [1] Une première indication des valeurs qui donneront forme à ses futures campagnes est son refus de porter plainte contre des membres de cette foule, en précisant que c'était un des ses principes de ne pas résoudre des problèmes personnels devant une cour de justice.
Au début de la guerre des Boers, Gandhi déclare que les indiens doivent soutenir l'effort de guerre s'ils veulent légitimer leur demande de citoyenneté. Il organise un corps d'ambulanciers volontaires de 300 indiens libres et de 800 indiens sous contrat de travail temporaire appelé le Indian Ambulance Corps, une des rares unités médicales qui secourait les sud-africains noirs. Gandhi lui même est porteur de civière à la bataille de Spion Kop, et est décoré. Malgré tout, à la fin de la guerre, la situation des indiens ne s'améliore pas, et continue même à se détériorer. En 1906, le gouvernement du Transvaal vote une nouvelle loi demandant l'enregistrement de toute la population indienne.
Lors d'une rencontre de protestation à Johannesburg le 11 septembre 1906, Gandhi adopte pour la première fois sa méthodologie du satyagraha (dévotion à la vérité), ou protestation non violente, en appelant ses compagnons indiens à défier la nouvelle loi et à subir les punitions qui en résulteraient au lieu de résister par la violence.
Ce plan est adopté, ce qui mena à une lutte de sept ans dans laquelle des milliers d'indiens sont emprisonnés (incluant Gandhi lui même en de nombreuses occasions), fouettés ou même abattus pour avoir fait grève, refusés de s'enregistrer, brûlés leur carte d'enregistrement ou avoir résistés de manière non violente. Bien que le gouvernement sud africain réprime les manifestants indiens avec succès, l'opinion publique réagit violemment aux méthodes extrêmement dures employées sur de paisibles manifestants indiens. Finalement le général Jan Christiaan Smuts est forcé de négocier un compromis avec Gandhi.
En mai 1915, Gandhi fonde un Âshram dans la banlieue d'Ahmedabad en Inde et l'appelle Satyagrah Ashram (aussi connu comme l'Ashram de Sabarmati). Là logent 25 hommes et femmes qui font vœux de vérité, de célibat, d'ahimsa, de pauvreté, et de servir le peuple indien.
[modifier] Combat pour l'indépendance de l'Inde (1916-1945)
(Article principal : Mouvement pour l'indépendance indienne)
Comme il l'avait fait en Afrique du Sud, Gandhi demande aux indiens de s'engager dans l'armée pour aider les britanniques dans la première guerre mondiale. Son raisonnement, rejeté par beaucoup, était là aussi que si l'on désirait la citoyenneté, la liberté et la paix dans l'empire, il ne serait pas bon de ne pas participer à sa défense. Il fait des discours lors de réunions du congrès national indien, et il est introduit en politique par Gopal Krishna Gokhale, qui est un des dirigeants les plus respecté du parti à cette époque.
[modifier] Champaran et Kheda
(Article principal : Champaran and Kheda Satyagraha)
La première réussite majeure de Gandhi vient en 1918 avec les satyagrahas du Champaran et du Kheda (bien que pour cette dernière, il était impliqué de pair avec Sardar Vallabhbhai Patel, qui agit comme son bras droit et dirige des rebelles).
Au Champaran, un district de l'état du Bihar, il organise la résistance civique pour les dizaines de milliers de fermiers sans terres, pour les serfs et pour les petits propriétaires pauvres qui étaient forcés de cultiver l'indigo et autres produits d'exportation au lieu de cultiver la nourriture nécessaire à leur subsistance. Opprimés par les milices des grands propriétaires (britanniques pour la plupart), ils ne recevaient que de maigres compensations, les laissant dans une pauvreté extrême. Les villages avaient des conditions d'hygiène déplorables, et l'alcoolisme, la discrimination envers les intouchables et la purdah étaient très répandus. Au cours d'une terrible famine, les britanniques veulent encore augmenter l'une de leurs taxes, ce qui rend la situation désespérée.
À Kheda au Gujarat le problème est identique. Gandhi y établit un ashram, regroupant un grand nombre de partisans et de volontaires de la région. Il y mène une étude détaillée sur les villages, rendant compte des atrocités et des terribles conditions de vie. Gagnant la confiance des villageois, il dirige le nettoyage des villages, la construction d'écoles et d'hôpitaux et encourage les dirigeants locaux à condamner et éliminer les problèmes sociaux décrits plus haut.
Le pic de la crise vient quand il est arrêté par la police pour "trouble à l'ordre public", et il lui est demandé de quitter la province. Des centaines de milliers de personnes manifestent autour de la prison, des commissariats et des palais de justice demandant sa libération, ce que la justice accorde à contre cœur. Gandhi mène des grèves et des manifestations contre les grands propriétaires qui, sous la direction du gouvernement britannique, signent un accord donnant plus de compensations et plus de contrôle sur la production aux fermiers pauvres, ainsi qu'une annulation de la taxe jusqu'à la fin de la famine.
C'est à partir de cette époque que Gandhi est baptisé par le peuple Bapu (père) et Mahatma (Grande âme). Au Kheda, Patel représenta les fermiers et obtenu la même victoire.
La célébrité de Gandhi s'étend alors à l'Inde entière.
[modifier] Non-coopération
En 1919 au Penjab, le massacre d'Amritsar de civils par les troupes britanniques cause un traumatisme dans toute la nation et accroit la colère publique et les actes de violence. Gandhi critique à la fois les actions du Royaume-Uni et les représailles violentes des indiens. Il écrit une résolution où il présente ses condoléances aux victimes civiles britanniques et condamne les émeutes, qui est accepté malgré un début d'opposition du parti, après que Gandhi expose sa position lors d’un discours émouvant où il met en avant son principe que toute violence est maléfique et ne peut pas être justifiée.[2] Mais c’est après ces massacres que Gandhi se concentre sur l'indépendance, ce qui devient la Swaraj, c'est à dire une indépendance complète, aussi bien individuelle, spirituelle que politique. Gandhi devient le dirigeant exécutif pour le Parti du Congrès en décembre 1921. Sous sa direction, le congrès est réorganisé avec une nouvelle constitution, mentionnant le but de la Swaraj. L'adhésion au parti est ouverte à tout ceux qui sont prêts à payer une participation symbolique. Une hiérarchie de comité est établie pour améliorer la discipline, transformant le parti qui était élitiste en une organisation de dimension et de représentativité nationale.
Gandhi étend son principe de non-violence au mouvement Swadeshi et sa politique de boycott aux marchandises étrangères, spécialement les produits anglais. Lié à cette politique, il demande que le khadi (vêtement fait maison) soit porté par tous les indiens au lieu des textiles britanniques. Riches ou pauvres, hommes ou femmes, doivent filer chaque jour afin d'aider le mouvement d'indépendance. [3] Cette stratégie inculque discipline et attachement, afin d'éliminer les moins motivés ou les plus ambitieux. Et elle permet aussi d'inclure les femmes au mouvement, à une époque où ce genre d'activité n'était pas considéré comme "respectable" pour les femmes. Gandhi appelle de plus au boycott des institutions judiciaires et scolaires, de démissionner des postes gouvernementaux et de rejeter les titres et honneurs britanniques.
La "Non-coopération" bénéficie d'un grand succès, augmentant l'enthousiasme et la participation de toutes les couches de la société indienne. Au moment où le mouvement atteint son apogée, il s'arrête brusquement suite à de violents affrontements dans la ville de Chauri Chaura, dans l'Uttar Pradesh, en février 1922. Craignant que le mouvement ne tourne à la violence, et convaincu que cela ruinerait toute son œuvre, Gandhi arrête la campagne de désobéissance civile. [4]
Gandhi est arrêté le 10 mars 1922, jugé pour subversion et condamné à 6 ans de prison. Il ne fait que 2 ans et est libéré en février 1924 après une opération de l'appendicite. Sans la personnalité unificatrice de Gandhi, le parti commence à se diviser pendant qu'il est en prison. Deux factions apparaissent, une menée par Chitta Ranjan Das et Motilal Nehru favorise la participation du parti aux organes législatifs, l'autre mené par Chakravarti Râjagopâlâchâri et Sardar Vallabhbhai Patel s'y oppose. De plus la coopération entre hindous et musulmans, qui avait été forte pendant la campagne de non-violence commence à s'étioler. Gandhi essaye bien d'atténuer ces différences à travers divers moyens, incluant un jeûne de trois semaines en automne 1924, mais avec un succès limité. [5]
[modifier] Le Swaraj et la marche du sel (Satyagraha)
(Article principal : la marche du sel)
Gandhi reste en dehors de toute agitation durant la plus grande partie des années 1920, préférant résoudre les différents entre le parti Swaraj et le Indian National Congress, et multipliant les initiatives contre la ségrégation des intouchables, l'alcoolisme, l'ignorance et la pauvreté. Il retourne sur le devant de la scène en 1928. L'année précédente le gouvernement britannique a nommé une nouvelle commission pour la réforme de la constitution qui ne comptait pas un seul indien dans ses rangs. Le résultat est un boycott de la commission par tous les partis indiens. Gandhi appuie une résolution du congrès de Calcutta en décembre 1928 appelant le gouvernement britannique à donner à l'Inde le statut de protectorat où alors à faire face à une nouvelle campagne de non-violence pour une indépendance complète.
Gandhi atténue les opinions de plus jeunes comme Subhash Chandra Bose et Jawaharlal Nehru, qui veulent demander l'indépendance immédiate, mais il doit donner un délais d'un an aux britanniques au lieu de deux comme il l'envisageait en compensation. [6] Comme les britanniques ne répondent pas, le 31 décembre 1929 le drapeau indien est déployé à Lahore. Le 26 janvier 1930 est célébré par le parti du Congrès et par presque toutes les organisations indiennes comme jour de l'indépendance. Tenant sa parole, Gandhi lance en mars 1930 une nouvelle satyagraha contre la taxe sur le sel, souligné par la célèbre marche du sel depuis Ahmedabad vers Dandi du 12 mars au 6 avril 1930. Longue de 400km, des milliers d'indiens se joignent à la marche vers la mer afin de faire son propre sel. Cette campagne est l'une des plus réussie. Elle eut malheureusement pour résultat un emprisonnement de plus de 60 000 personnes.
Le gouvernement, représenté par Lord Edward Irwin, décide de négocier avec Gandhi. Le Gandhi-Irwin Pact est signé en mars 1931. Le gouvernement britannique accepte de libérer tous les prisonniers politiques contre une suspension du mouvement de désobéissance civile. De plus, Gandhi est invité à une table ronde à Londres comme seul représentant du parti du Congrès. Cette conférence est décevante pour Gandhi et les nationalistes car elle se concentre sur les princes et les minorités indiennes plutôt que sur un transfert de pouvoirs.
De plus le successeur de Lord Irwing, Lord Willingdon, commence une nouvelle campagne de répression contre les nationalistes. Gandhi est à nouveau arrêté, et le gouvernement essaye de détruire son influence en l'isolant complètement de ses partisans.
Cette stratégie est un échec, car en 1932, suite à la campagne du dirigeant dalit (intouchable) B. R. Ambedkar, le gouvernement accorde aux intouchables un statut électoral séparé selon la nouvelle constitution. En protestation, Gandhi fait un jeûne de six jours en septembre 1932, obligeant le gouvernement à adopter un accord plus équitable au travers de négociations avec le champion de cricket dalit devenu dirigeant politique Palwankar Baloo. Cela marque le début d'une nouvelle campagne de Gandhi pour améliorer la vie des intouchables, qu'il appelait Harijans, les enfants de Dieu. Le 8 mai 1933 Gandhi entame un jeûne de 21 jours pour aider le mouvement Harijan. [7] Pendant l'été 1934, trois tentatives d'assassinat ont lieu contre lui.
Quand le parti du Congrès choisit de contester les élections et d’accepter le pouvoir en échange d’un statut de fédération pour l’Inde, Gandhi décide de quitter le parti. Il n'est pas en désaccord avec cette action du parti mais il pensait que s’il démissionnait, sa popularité cesserait d'étouffer les membres du parti, qui comprenait alors aussi bien des communistes, des socialistes, des syndicalistes, des étudiants, que des conservateurs religieux ou des libéraux.
Gandhi ne veut pas non plus devenir une cible pour la propagande britannique en menant un parti qui avait temporairement accepté un accord politique avec le colonisateur.[8] Gandhi retourne à la tête du parti en 1936 avec la présidence de Nehru. Bien qu’il veuille une concentration totale sur la tâche de gagner l'indépendance et ne pas spéculer sur le futur de l'Inde, il n’empêche pas le congrès d'adopter le socialisme comme son but.
Gandhi a une confrontation avec Subhas Bose, qui est élu président en 1938. Les problèmes que Bose posait à Gandhi étaient son manque d'implication dans la démocratie et son manque de foi en la non violence. Bose gagne un deuxième mandat en dépit de l'opposition de Gandhi mais quitte le Congrès quand les dirigeants démissionnent en masse pour protester contre son abandon des réformes introduites par Gandhi.[9]
[modifier] La Seconde Guerre mondiale et la résolution Quit India
La Seconde Guerre mondiale éclate en 1939 quand l'Allemagne nazie envahit la Pologne. Initialement, Gandhi favorise l'offre d'un "appui moral non violent" à l'effort de guerre britannique, mais les autres dirigeants du congrès sont offensés par l'implication unilatérale de l'Inde dans la guerre, sans la consultation des représentants du peuple. Tous les membres du congrès démissionnent en masse.[10]
Après de longues délibérations, Gandhi déclare que l'Inde ne peut pas participer à une guerre ayant pour but la liberté démocratique, alors que cette liberté est refusée à l'Inde elle-même.
Comme la guerre progresse, Gandhi augmente ses demandes pour l'indépendance, écrivant une résolution appelant les britanniques à quitter l'Inde : Quit India. C’est pour Gandhi et le parti du Congrès la révolte la plus radicale destinée à rejeter les britanniques hors des terres indiennes.[11]
Gandhi est critiqué par certains membres du congrès et d'autres groupes politiques aussi bien pour ou contre les britanniques. Certains pensent que s'opposer au Royaume Uni au moment de cette guerre totale est immoral, d'autres trouvent que Gandhi ne va pas assez loin. Quit India devient le mouvement le plus fort dans l'histoire de la lutte pour l'indépendance, avec des arrestations et des violences à une échelle encore jamais vue.[12]
Des milliers d'indépendantistes sont tués ou blessés par la police, des centaines de milliers d'autres sont arrêtés. Gandhi et ses partisans disent clairement qu'ils ne participeront pas à l'effort de guerre à moins que l'Inde ne devienne immédiatement indépendante. Gandhi précise même que le mouvement ne s’arretera pas même si des actes de violence individuels sont commis, disant que "l'anarchie ordonnée" autour de lui était "pire que la vrai anarchie". Il appelle tous les indiens et membres du Congrès à maintenir la discipline de l'ahimsa, et Karo Ya Maro (faire ou mourir) pour la cause de la liberté ultime. Gandhi et tout le comité dirigeant du Congrès sont arrêtés à Bombay par les britanniques le 9 août 1942.
Gandhi est détenu deux ans dans le palais d'Aga Khan à Pune. C’est là qu'il subit les deux coups les plus terribles de sa vie personnelle. D'abord son conseiller de 42 ans Mahadev Desai meurt d'un arrêt cardiaque six jours après sa détention. Puis sa femme Kasturba décède après 18 mois d'emprisonnement d'une crise cardiaque suite à une pneumonie.
Gandhi est relâché le 6 mai 1944 à cause de sa santé déclinante et parce qu'il doit subir une opération. Les britanniques ne veulent pas qu'il meure en prison et soulève ainsi l'Inde entière hors de contrôle. Bien que la répression violente du mouvement par les forces britanniques ait amené un calme relatif en Inde à la fin de 1943, Quit India réussit tous ses objectifs. À la fin de la guerre, le Royaume-uni donne des indications claires annonçant que le pouvoir sera transféré au main des indiens. Gandhi demande alors d'arrêter la lutte et la direction du Congrès et environ 100 000 prisonniers politiques sont relâchés.
[modifier] La libération et la partition de l'Inde
(Article principal : la Partition des Indes)
Gandhi conseille au Congrès de rejeter les propositions offertes par le British Cabinet Mission en 1946, car il se méfie du regroupement proposé pour les états à majorité musulmane qu'il considére comme un début de partition. Cependant c’est l'une des rares fois où le congrès rejette son avis (mais pas son autorité), car Nehru et Patel savent que si le Congrès n'approuve pas le plan, le contrôle du gouvernement passerait aux mains de la ligue musulmane.
Entre 1946 et 1947, plus de 5000 personnes sont tuées dans des violences intercommunautaires. Gandhi est viscéralement opposé aux plans qui sépareraient l'Inde en deux pays différents. Beaucoup de musulmans en Inde vivaient aux côtés d'Hindous ou de Sikhs et étaient en faveur d'une Inde unie. Mais Muhammad Ali Jinnah, le dirigeant de la ligue musulmane, est très populaire dans les états du Penjab, Sindh, NWFP et l'est du Bengale.
La partition est approuvée par la direction du Congrès comme le seul moyen d'éviter une guerre civile à grande échelle entre musulmans et hindouistes. Ils savent que Gandhi rejettera catégoriquement cette partition, et il est impossible pour le Congrès d'avancer sans son accord car la popularité de Gandhi dans le parti et dans toute l'Inde est immense. Les collègues les plus proches de Gandhi ont accepté la partition comme meilleure solution et Sardar Patel entreprend de l'en convaincre. C'est un Gandhi dévasté qui donne son accord pour éviter la guerre civile.
Le jour de l'indépendance, Gandhi ne participe pas aux festivités avec le reste de l'Inde mais reste seul à Calcutta, portant le deuil de la partition et travaillant à l'arrêt des violences. Après l'indépendance, Gandhi se concentre sur l'unité entre hindouistes et musulmans. Il construit un dialogue avec les dirigeants des deux communautés, travaillant à atténuer les tensions dans le nord de l'Inde et le Bengale.
Malgré la guerre indo-pakistanaise de 1947, il est troublé quand le gouvernement décide de refuser aux pakistanais les 55 crores (550 millions) de roupies prévus dans les négociations de la partition. Des dirigeants comme Sardar Patel craignent que le Pakistan n'utilise l'argent pour financer la guerre contre l'Inde.
Gandhi est aussi choqué quand des demandes sont faites de déporter tous les musulmans au Pakistan, et quand les dirigeants de chaque communauté expriment leur frustration et l’inaptitude à s'entendre entre eux.[13] Il lance sa dernière grève de la faim à Delhi, demandant que toute violence communautaire cesse définitivement et que le paiement des 55 crores de roupies soit faite au Pakistan. Gandhi craint que l'instabilité et l'insécurité au Pakistan n’augmente leur colère envers l'Inde, que la violence ne passe la frontière et qu'une guerre civile éclate en Inde à cause de nouvelles tensions. Après de longs débats passionnés avec ses collègues les plus proches, Gandhi refuse de céder, et le gouvernement doit faire volte face et payer la somme au Pakistan. Les dirigeants de chaque communauté, incluant le Rashtriya Swayamsevak Sangh et le Hindu Mahasabha lui assurent qu'ils renonceront à toute violence et demanderont la paix. Gandhi rompt alors son jeûne en buvant un jus d'orange. [14]
[modifier] Assassinat
(Voir aussi Tentatives d'assassinat contre Gandhi)
Le 30 janvier 1948, en chemin vers une réunion de prière, Gandhi est abattu à Birla House, New Delhi, par Nathuram Godse. Godse est un hindou radical et a des liens avec l'extrémiste Hindu Mahasabha, qui tient Gandhi responsable d'affaiblir l'Inde en insistant pour payer le Pakistan.[15] Godse et son complice Narayan Apte sont jugés et condamnés à mort, puis exécutés le 15 novembre 1949.
Le mémorial de Gandhi (ou Samādhi) à Rāj Ghāt à New Delhi, porte l'épitaphe (Devanagiri: हे ! राम ou, Hé Rām), qui peut être traduit par "Oh Dieu". Il est largement accepté que ce furent les derniers mots de Gandhi, bien que beaucoup le contestent. [16]
Jawaharlal Nehru s'adressa en ces termes à la nation à la radio :
-
- "Amis et camarades, la lumière a quitté nos vies, l'obscurité est partout, et je ne sais pas trop quoi vous dire et comment vous le raconter. Notre dirigeant bien aimé, Bapu comme nous l'appelions, le père de la nation, n'est plus. Peut être ai-je tort de dire cela ; néanmoins, nous ne le verrons plus comme nous l'avons vu toutes ces années, nous ne pourrons plus lui demander conseil ou consolation, et c'est un coup terrible, pas seulement pour moi, mais pour des millions et des millions dans ce pays."
C'est un disciple de Gandhi, Vinoba Bhave, qui entreprit quelques années plus tard, d'approfondir et d'étendre le processus d'émancipation non-violente du peuple indien.
[modifier] La pensée de Gandhi
[modifier] Vérité
Gandhi a dédié toute sa vie à la découverte de la vérité ou Satya. Il essaya de l'atteindre en apprenant de ses propres erreurs et en pratiquant des expériences sur lui-même. Il appela son autobiographie L'histoire de mes expériences avec la vérité.
Gandhi établissait que la plus importante bataille à remporter était vaincre ses propres démons, peurs et insécurités. Il résuma ses croyances quand il dit d'abord "Dieu est vérité". Il changea ensuite cette déclaration en "la vérité est Dieu". Ainsi Satya (la vérité) dans la philosophie de Gandhi est "Dieu".
[modifier] Non-violence
Le concept de non-violence (ahimsa) et non-résistance a une longue histoire dans la pensée religieuse indienne et a eu de nombreuses renaissances dans des contextes hindouistes, bouddhistes, jaïnistes et judéo-chrétiens. Gandhi explique cette philosophie et ce mode de vie dans son autobiographie:
- "Quand je désespère, je me souviens qu'a travers toute l'histoire les chemins de la vérité et de l'amour ont toujours triomphé. Il y a eu des tyrans et des meurtriers, et parfois ils ont semblé invincibles, mais à la fin, ils sont toujours tombés. Pensez toujours à celà."
- "Quelle différence celà fait-il aux morts, aux orphelins et aux sans-abris, que la destruction aveugle ait été amenée au nom du totalitarisme ou au nom sacré de la liberté et de la démocratie ?"
- "Œil pour œil rend le monde entier aveugle."
- "Il y a beaucoup de causes pour lesquelles je suis prêt à mourir mais aucune cause pour laquelle je suis prêt à tuer."
En appliquant ces principes, Gandhi n'hésita pas à les emmener aux extrèmes de sa logique. En 1940, quand l'invasion des îles britanniques par l'Allemagne nazie semblait imminente, Gandhi donna l'avis suivant au peuple anglais [17]
- "J'aimerai que vous déposiez les armes que vous possédez comme étant inutiles pour vous sauver, vous ou l'humanité. Vous inviterez Herr Hitler et Signor Mussolini à prendre ce qu'ils veulent des pays que vous appelez vos possessions... Si ces gentlemen choisissent d'occuper vos foyers, vous les leurs laisserez. S'ils ne vous laissent pas partir, vous vous laisserez massacrer, hommes, femmes et enfants, mais vous refuserez de leur prêter allégeance."
Néanmoins, Gandhi se rendait compte que ce niveau de non-violence requérait une foi et un courage incroyable que peu de monde possédait. Il conseillait donc que tous ne nécessitaient pas de rester non violent, surtout si celle était utilisé pour cacher la lâcheté:
- "Je crois que si il y a seulement le choix entre la violence et la couardise, je conseille la violence. [18]
- "Je répétais à chaque réunion l'avertissement qu'à moins qu'ils sentent qu'avec la non-violence ils avaient une force infiniment supérieure à celle qu'ils possédaient avant, ils ne devaient pas appliquer la non violence et et reprendre les armes" "[19]
Gandhi était pour la non-violence. Il pensait que la violence ne servait à rien et ne pouvait mener qu'à initier une chaîne continue de vengeance, et la vengeance n'était pas ce qu'il voulait comme résultats à ses combats passifs.
Gandhi puise une partie de son inspiration des écrits de Léon Tolstoï, qui, dans les années 1880 avait vécu une conversion profonde en une forme personnelle d'anarchisme chrétien, ce qui l'avait amené à concevoir un christianisme détaché du matérialisme et non-violent. Gandhi traduit « La Lettre à un Hindou » de Tolstoï, écrite en 1908 en réponse à la violence des nationalistes indiens, et tous deux correspondent jusqu'à la mort de Tolstoï en 1910. Certains pensent que sans Tolstoi, Gandhi n'aurait peut-être jamais été aussi déterminé à mener une action aussi non-violente qui fit sa gloire. Tolstoi lui-même s'était inspiré du Prophète Baha'i, Baha'U'llah, qui avait proné la non-violence totale, en somme la non-résistance. Gandhi sera également un grand admirateur de la foi Baha'ie. L'écrivain français Romain Rolland, connu pour son admiration pour la non-violence, a aussi été un ami proche de Gandhi, ils se sont notamment rencontrés en 1931. Le message de Baha'U'llah, de Tolstoi, de Gandhi, de Rolland sera repris par de nombreuses personnes comme Martin Luther King, Steve Biko, Nelson Mandela, Aang Saan Suu Kyi, Ibrahim Rugova.
[modifier] Végétarianisme
Lidée du végétarisme est fortement ancrée dans les traditions hindousites et jainiste et dans sa terre natale du Gujarat la plupart des hindoux et sa famille étaient végétariens. Avant de partir étudier pour Londres, Gandhi avait promis à sa mère qu'il ne mangerai pas de viande. Il tint sa promesse et son végétarianisme (Lacto-végétarisme dans son cas) devint une partie intégrante de sa philosophie de non-violence. Il écrivit le livre "La base morale du végétarianisme" [1] et plusieurs articles sur le sujet, certains furent publiés par la "London Vegetarian Society" [2] dont Gandhi fit partie, et où il se fit de nombreux amis, tel le président Dr. Josiah Oldfield. Ayant lu et admiré les œuvres de Henry Stephens Salt, le jeune Mohandas le rencontra et correspondit longtemps avec l'activiste végétarien.
Gandhi passa beaucoup de temps à promouvoir le végétarisme pendant et après son sejour à Londres. En plus de la dimension éthique du végétarisme il considérait la dimension économique étant donné que la viande était (et est toujours) plus chère que les grains, les légumes et les fruits, et aidait ainsi les Indiens qui avaient de faibles revenus. Il nota dans son autobiographie que le végétarisme était le début de son profond engagement envers le Brahmacharya ; sans un contrôle total sur ses besoins alimentaires il n'aurait pas pu réussir le Bramacharya.
[modifier] Brahmacharya
Le Brahmacharya (pureté spirituelle et pratique) est largement associé avec le célibat et l'ascétisme. Gandhi voyait le brahmacharya comme un moyen de se rapprocher de Dieu et comme la pierre de fondation de sa réalisation personnelle.
Dans son autobiographie, il raconte sa lutte contre ses besoins sexuels et les accès de jalousie de sa femme Kasturba. Il sentait comme une obligation personnelle de rester abstinent afin qu'il puisse apprendre à aimer plutôt qu'à rechercher le plaisir. Pour Gandhi, brahmacharya signifiait "controle des sens en pensée, en mots et en actions." [20]
[modifier] Simplicité
Gandhi croyait sincèrement qu'une personne impliquée dans le service social devait mener une vie simple qui l'amenerait au Brahmacharya. Cette simplicité commença par le renoncement au style de vie occidental qu'il menait en Afrique du Sud. Il appella cela "se réduire soit même à zéro", ce qui voulait dire abandonner toute dépense superflue, mener une vie simple et laver ses propres vêtements. [21] En une occasion il renvoya les cadeaux offerts par les indigènes pour son aide à la communauté. [22]
Gandhi passait un jour de chaque semaine en silence. Il croyait que s'abstenir de parler lui amenait la paix intérieure. Ceci venait des principes hindou du mauna(Sanskrit:????) (silence) et shanti (paix). Ces jours là il communiquait avec les autres en écrivant sur un papier.
Pendant 3 ans et demi, à l'âge de 37 ans, Gandhi refusa de lire les journaux, clamant que les nouvelles tumultueuses du monde lui causaient plus de confusion que son propre trouble intérieur.
Revenant en Inde après l'Afrique du Sud, il abandonna le port de vêtements occidentaux, qu'il associait à la richesse et au succès. Il s'habilla pour être accepté par les plus pauvres en Inde, et il promut l'utilisation de vêtements tissés à la maison (khadi). Gandhi et ses partisans fabriquaient donc les vêtements qu'ils portaient et encourageaient les autres à faire de même afin d'atteindre économiquement l'économie britannique qui détenaient les filatures industrielles. Le rouet fut bientôt incorporé au drapeau du parti du congrès indien.
Gandhi porta le dhoti tout le reste de sa vie en signe de simplicité.
[modifier] Foi
Gandhi était né hindouiste et pratiqua l'hindouisme toute sa vie, qui inspira la plupart de ses principes. Comme hindouiste commun, il croyait à l'égalité de toutes les religions et refusait de se convertir à une autre foi.
C'était un théologien avide et il lut beaucoup sur toutes les grandes religions. Il dit sur sa religion:
- "L'Hindouisme tel que je le connais satisfait complètement mon âme, rempli mon être entier... Quand le doute m'assaille; quand le découragement me regarde en face, quand je ne voit plus aucune lueur d'espoir à l'horizon, je me tourne vers le Bhagavad Gita, et je trouve un vers pour me consoler; et je commence à sourire immédiatement au mileu d'un écrasant chagrin. Ma vie a été remplie de tragédies et si elles n'ont pas laissé d'effet indélébile sur moi, je le dois aux enseignement du Bhagavad Gita."
Gandhi écrivit un commentaire sur le Bhagavad Gita en Gujarati.[23]
Gandhi croyait que le cœur de toute les religions était la vérité et l'amour (compassion, non-violence et éthique de réciprocité). Il critiquait l'hypocrisie, les mauvaises pratiques et les dogmes de toutes les religions et fut un réformateur social infatigable. Ses commentaires sur les différentes religions furent:
- "Ainsi, si je ne pourrais pas accepter le christianisme comme parfait ou comme la plus grande des religions, je ne pourrais pas non plus considérer l'hindouisme comme tel. Les défauts de l'hindouisme me sont bien visibles. Si l'intouchabilité pouvait être une partie de l'hindouisme, ce serait une partie pourrie ou une excroissance. Je ne pourrais pas comprendre la "raison d'être"[24] d'une multitude de sectes ou de castes. Quel serait le sens de dire que les Vedas sont des textes sacrés inspiré par Dieu ? S'ils ont été inspiré par Dieu, pourquoi pas la Bible ou le Coran également ? Mes amis chrétiens ont été aussi entreprenants pour me convertir que mes amis musulmans. Abdullah Sheth m'a continuellement incité à étudier l'Islam, et évidemment avait toujours quelque chose à dire concernant sa beauté." [25]
- "Dès que nous perdons la base morale, nous cessons d'être religieux. Il n'y a pas de choses telle qu'une religion effaçant la moralité. L'homme donc, ne peut être menteur, cruel ou dépravé et clamer qu'il a Dieu de son côté"
- "Les paroles de Mahomet sont un trésor de sagesse, pas seulement pour les musulmans mais pour l'humanité entière."
Plus tard dans sa vie, quand on lui demandait si il était hindouiste, il répondit:
- "oui je le suis. Je suis aussi un chrétien, un musulman, un bouddhiste et un juif."
En dépit de leur profond respect mutuel, Gandhi et Rabindranath Tagore furent impliqués dans des débats prolongés à plusieurs reprises. Ces débats illustraient les différences philosophiques entre les deux plux célèbres Indiens de ce temps. Le 15 janvier 1934, un tremblement de terre toucha Bihar et causa de nombreuses victimes et dégâts. Gandhi maintint que cela était dû au péché commis par les castes hindoues supérieures de ne pas laisser les intouchables accéder à leurs temples (Gandhi s'était consacré à améliorer les conditions de vie des intouchables, les appelant Harijans, le peuple de Krishna). Tagore s'opposa diamétralement au point de vue de Gandhi, soutenant qu'un tremblement de terre pouvait être seulement créé par des forces naturelles, pas des raisons morales, aussi répugnante que puisse être la pratique de l'intouchabilité.
[modifier] Citations
- "Soyez vous-même le changement que vous voulez voir dans le Monde ".
- "An eye for an eye will only make the whole world blind", en français : Œil pour œil rendra seulement le monde entier aveugle. Cette phrase symbolise la non-violence prônée par Gandhi.
- "First they ignore you, then they laugh at you, then they fight you, then you win". En français : D'abord ils vous ignorent, puis ils vous ridiculisent, ensuite ils vous combattent et, enfin, vous remportez la victoire.
- "Donner à des millions une connaissance de l'anglais, c'est les rendre esclaves". (Hind Swarâj, ch. 18)
- "Je suis pour un même calendrier pour le monde entier, comme je suis pour une même monnaie pour tous les peuples et pour une langue auxiliaire mondiale comme l'espéranto pour tous les peuples".
- "S'il y a bien un individu qui a pratiqué au plus haut degré et a propagé avec le plus d'efficacité la doctrine d'Ahimsa, c'est le seigneur Mahâvîra". ("Mahâvîra" est le dernier "Tîrthankara" du Jaïnisme).
- "J'aime le Christ, mais je méprise les chrétiens qui ne vivent pas conformément au Christ".
- "La civilisation, au vrai sens du terme, ne consiste pas à multiplier les besoins, mais à les limiter volontairement. C'est le seul moyen pour connaître le vrai bonheur et nous rendre plus disponible aux autres. Il faut un minimum de bien-être et de confort; mais passé cette limite, ce qui devrait nous aider devient une source de gêne. Vouloir créer un nombre illimité de besoins pour avoir ensuite à les satisfaire n'est que poursuite du vent. Ce faux idéal n'est qu'un traquenard".
- "La fin est dans les moyens comme l'arbre est dans la semence".
- "Je deviens plus convaincu que jamais que ce n'était pas par l'épée que l'Islam s'est fait sa place à l'époque. C'était la profonde simplicité, l'auto-effacement prononcé du Prophète, la scrupuleuse application des engagements, son intense dévotion envers ses amis et fidèles, ainsi que son intrépidité, son courage et sa confiance absolue en Dieu et en sa mission. C'est grâce à tout cela, et non à cause de l'épée, que tous les obstacles ont pu être surmontés".
- "Si un homme ne se suffit pas à lui-même, que la famille lui vienne en aide. Si la famille ne se suffit pas à elle-même, que le village lui vienne en aide. Si le village ne se suffit pas à lui-même, que le pays lui vienne en aide".
- "Là où le choix existe seulement entre la lâcheté et la violence, il faut se décider pour la solution violente. J'aimerais mieux que l'Inde défendît son honneur par la force des armes plutôt que de la voir assister lâchement et sans se défendre à sa propre défaite. Mais je n'en crois pas moins que la non-violence est infiniment supérieure à la violence".
- "Je considère fondamentales, naturelles et essentielles les quatre grandes divisions (...). Je suis porté à croire que la loi de l'hérédité est une loi éternelle et que toute tentative pour la transformer doit forcément conduire au désordre absolu".
- "Un soldat qui désobéit à un ordre de faire feu enfreint son serment et se rend coupable de désobéissance criminelle. Je ne puis demander à des fonctionnaires et à des soldats de désobéir, car lorsque je serai au pouvoir, j'utiliserai, selon toute probabilité, ces mêmes fonctionnaires et ces mêmes soldats. Si je leur enseignais la désobéissance, je craindrais qu'ils n'agissent de même lorsque je serai au pouvoir".
- "Vis comme si tu devais mourir demain. Apprends comme si tu devais vivre toujours".
- "Vivre tous, simplement, pour que tous puissent, simplement vivre ".
- "La prière est la clef du matin et le verrou du soir... On peut vivre plusieurs jours sans manger, mais non sans prier."
- "La foi Baha'ie est une consolation pour l'humanité".
[modifier] Le rayonnement de Gandhi dans le monde
Gandhi a eu de très nombreux admirateurs, outre ceux qui ont proné la non-violence, on peut citer la photographe Margaret Bourke-White (1905-1971), le General marshall, Albert Einstein (1879-1955) qui disait: "Les générations à venir auront peine à croire qu'un tel homme ait existé en chair et en os sur cette terre", et bien d'autres.
[modifier] Prix Nobel de la paix
Gandhi a été nominé en 1937, 1938, 1939, 1947 et 1948 au Prix Nobel de la paix, mais sans jamais l'obtenir. Le comité regrettera publiquement que le prix ne lui ait jamais été accordé. Le président du comité dira, au cours de la remise du prix au Dalaï lama en 1989, que le prix est remis en partie à la mémoire du Mahatma Gandhi[26]. Aucune spéculation n'émana du comité quant à la non remise du prix à Gandhi.
En 1937, Ole Colbjørnsen, député du parlement norvégien, propose le nom de Gandhi à la candidature. La motivation pour cette nomination est rédigée par les membres de la branche norvégienne des « Amis de l'Inde ». Un examinateur du comité, le professeur Jacob Worm-Müller, émet un avis négatif : « He is a freedom fighter and a dictator, an idealist and a nationalist. He is frequently a Christ, but then, suddenly, an ordinary politician. » (traduction libre : Il est un combattant de la liberté et un dictateur, un idéaliste et un nationaliste. Il est souvent un Christ, puis, soudain, un politicien ordinaire). Par ailleurs, plusieurs membres du mouvement pacifiste international étaient de ses critiques, lui reprochant par exemple d'avoir feint d'ignorer que son mouvement de non-violence devait nécessairement déboucher sur des actions violentes et du terrorisme, comme par exemple au cours de l'épisode où la foule de Chauri Chaura tua plusieurs policiers britanniques et mit le feu au commissariat de police. On lui reprocha aussi son manque d'universalité lorsqu'il ne défendît que les ressortissants indiens d'Afrique du Sud. Le comité Nobel prit en compte ces critiques et ne lui attribue pas le prix cette année. Les deux années suivantes, Ole Colbjørnsen repropose Gandhi, sans plus de succès.
[modifier] Critiques
L'auteur controversé Koenraad Elst, résume dans un livre[27] les critiques formulées selon lui encore aujourd'hui contre Gandhi par une partie non négligeable de l'opinion indienne. En substance :
- Gandhi n'utilisait l'agitation non-violente que contre des gens avec qui il partageait certains principes moraux, c'est-à-dire les hindous et les britanniques libéraux. Envers les musulmans, il ne procédait pas par action non-violente mais par concessions et démissions, sans jamais négocier une contrepartie équitable. Il trompait ainsi les attentes de ses électeurs hindous et ne parvenait d'ailleurs qu'à rendre les musulmans plus arrogants. Incapable de tirer la leçon des effets en retour de la réalité politique, il persévéra dans ces concessions alors qu'elles ne causaient visiblement pas un rapprochement entre hindous et musulmans.
- Des facteurs, internes et externes, autres que l'action non-violente de Gandhi ont contribué à la libération de l'Inde. Parmi les facteurs externes, il faut mentionner les pressions anticoloniales exercées par les États-Unis et l'Union Soviétique sur la Grande-Bretagne (comme sur toutes les puissances coloniales). [28]
- La politique de non-violence de Gandhi fut parfois irresponsable, ce qui coûta la vie à un grand nombre de personnes.[29]
- "Gandhi était un dictateur qui utilisait les gens comme des cobayes pour ses 'expériences avec la vérité' [entre autres] les Hindous dans les territoires dominés par les Musulmans." [30]
[modifier] Adaptations de la vie de Gandhi
- La vie de Gandhi a fait l'objet d'une adaptation cinématographique par le réalisateur britannique Richard Attenborough.
- On trouvera dans le Grand Roman Indien de l'écrivain indien Shashi Tharoor, une œuvre qui mêle de façon très intéressante le Mahâbhârata et l'histoire de l'Inde depuis le début du siècle une description loufoque et critique de Gandhi sous le nom de Ganga Datta.
- "Gandhi", essai de Romain Rolland (1924).
[modifier] Voir aussi
[modifier] Œuvres
- Autobiographie ou mes expériences de vérité, Presses Universitaires de France, 2003. ISBN 2-130536387
- Méditations, Editions du Rocher, 2002. ISBN 2-268043274
- Tous les hommes sont frères, Gallimard, 1990. ISBN 2-070325709
- Lettres à l'ashram, Albin Michel, 1948. ISBN 2-226037039
- Résistance non-violente, Buchet Chastel, 1994. ISBN 2-702014763
[modifier] Biographies
- Jean-Marie Muller, Gandhi l'insurgé, Albin Michel, 1997. ISBN 2-226-09408-3
- Peter Rühe, Gandhi, 2002. ISBN 0714892793
- Gandhi, Romain Rolland, 1924
[modifier] Divers
Le nom de Gandhi que l'on retrouve à la tête de l'Inde dans les décennies suivantes est dû au hasard : le premier Premier ministre après l'indépendance, Nehru, avait une fille Indira qui épousa un Gandhi, sans lien de parenté avec le Mahatma. Elle succéda à son père au même poste. Plus tard, le fils d'Indira, Rajiv, lui succéda puis, suite à son assassinat, fut remplacé à la tête du parti par son épouse Sonia.
[modifier] Article connexe
[modifier] Notes et références
- ↑ Wikisource:March 1897 Memorial (Gandhi) : correspondance et articles de journaux relatant l'incident
- ↑ R. Gandhi, Patel: A Life, pp. 82
- ↑ R. Gandhi, Patel: A Life, pp. 89
- ↑ R. Gandhi, Patel: A Life, pp. 105
- ↑ R. Gandhi, Patel: A Life, pp.131
- ↑ R. Gandhi, Patel: A Life, pp. 172
- ↑ R. Gandhi, Patel: A Life, pp. 230-32
- ↑ R. Gandhi, Patel: A Life, pp. 246
- ↑ R. Gandhi, Patel: A Life, pp. 277-81
- ↑ R. Gandhi, Patel: A Life, pp. 283-86
- ↑ R. Gandhi, Patel: A Life, pp. 309
- ↑ R. Gandhi, Patel: A Life, pp. 318
- ↑ R. Gandhi, Patel: A Life, pp. 462
- ↑ R. Gandhi, Patel: A Life, pp. 464-66
- ↑ R. Gandhi, Patel: A Life, pp. 472
- ↑ Vinay Lal.‘Hey Ram’: The Politics of Gandhi’s Last Words. Humanscape 8, no. 1 (January 2001):34-38
- ↑ Mahatma Gandhi, Non-violence in peace and war, 1942-[1949], Garland Pub, 1972, ISBN 0-8240-0375-6
- ↑ Bondurant, Joan V. (1988). Conquest of Violence: The Gandhian Philosophy of Conflict. Princeton UP. ISBN 0-691-02281-X., p. 28
- ↑ Bondurant, Joan V. (1988). Conquest of Violence: The Gandhian Philosophy of Conflict. Princeton UP. ISBN 0-691-02281-X., p. 139
- ↑ The Story of My Experiments with Truth — An Autobiography, p. 176.
- ↑ The Story of My Experiments with Truth — An Autobiography, p. 177.
- ↑ The Story of My Experiments with Truth — An Autobiography, p. 183.
- ↑ Desai, Mahadev. The Gospel of Selfless Action, or, The Gita According To Gandhi. (Navajivan Publishing House: Ahmedabad: First Edition 1946). Other editions: 1948, 1951, 1956.
- ↑ En français dans le texte, NDT
- ↑ source: The Story of My Experiments with Truth: wikisource http://en.wikisource.org/wiki/An_Autobiography_or_The_Story_of_my_Experiments_with_Truth
- ↑ http://nobelprize.org/nobel_prizes/peace/articles/gandhi/index.html
- ↑ « Pourquoi j'ai tué Gandhi »; Examen et critique de la défense de Nathuram Godse, Paris, Les Belles Lettres, 2007, p. 225-6 et passim
- ↑ « Pourquoi j'ai tué Gandhi »; Examen et critique de la défense de Nathuram Godse (p. 162)
- ↑ « Pourquoi j'ai tué Gandhi »; Examen et critique de la défense de Nathuram Godse (p. 225)
- ↑ « Pourquoi j'ai tué Gandhi »; Examen et critique de la défense de Nathuram Godse (p. 226)
[modifier] Liens externes
- (en) http://www.gandhiserve.org/
- (en) http://www.gandhiservefoundation.org/
- (en) http://www.gandhi.biz/
- (fr) Site consacré à des citations de saints, théologues, poètes et philosophes, avec notamment une compilation de citations de Gandhi
- (fr) Mohandas K. Gandhi (licence GNU FDL)
- (en) Gandhi - 'Mahatma' or Flawed Genius? National Leader or Manipulative Politician?
- (fr) Les lettres du Mahatma Gandhi à Adolf Hitler par Koenraad Elst
- (fr) Citations de Gandhi
- (fr) 12 mars 1930 Gandhi entame la «marche du sel»
- (fr) Les Indiens revivent «la marche du sel» de Gandhi
- (fr) Près d'une centaine de citations du Mahatma Gandhi
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