Tragédie
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La tragédie est une œuvre théâtrale lyrique dont l'origine remonte au théâtre grec antique. On l'oppose à la comédie.
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[modifier] Définition et étymologie du mot
La tragédie apparaît à Athènes dès le 6ème siècle avt J.C, en même temps que la comédie. Elle est représentée dans le cadre des fêtes de Dionysos (fin janvier et fin mars) et donc originellement confinée aux rites religieux. Les archontes (gouverneurs de la cité) organisaient annuellement un concours entre trois dramaturges, chacun présentant trois tragédies et un drame satyrique. Le meilleur d'entre eux était ensuite récompensé, et ses œuvres conservées ; très peu de tragédies non récompensées nous sont parvenues. La fonction sociale de ces représentations était importante car les citoyens les plus riches supportaient les frais du spectacle alors que les moins fortunés recevaient une indemnité pour y assister.
L'étymologie du terme aurait un lien avec le bouc, selon Aristote dans sa Poétique. Cela soulève toutefois de nombreux problèmes. Le nom, en grec, est τραγῳδία / tragôidía, que le philosophe grec analyse comme un composé de τράγος / trágos, « bouc » et ᾠδή / ôidế, « chant ». Or :
- Aristote prétend que le bouc rappelle les satyres du cortège dionysiaque qui précédait les séries de représentations. Les satyres ne sont cependant jamais associés au bouc et le cortège dionysiaque est bien plus évocateur du drame satyrique que de la tragédie ;
- si le bouc est bien un animal proche de Dionysos (il dévore les pousses de vigne et on peut le sacrifier pour le dieu), il n'y a pas de sacrifice d'un bouc lors des représentations, ou alors les sources manquent pour le prouver. On pourrait croire que c'était là la récompense offerte au dramaturge vainqueur, mais on ne trouve que deux témoignages directs d'un tel trophée.
On peut alors penser que le bouc dont il est question est à comprendre de manière figurée : la tragédie serait le chant de la victime expiatoire tragique qui portera les angoisses des spectateurs pour les purifier. En ce sens, on peut y voir, a posteriori, une forme du bouc émissaire hébraïque.
[modifier] Composition d'une tragédie
Des personnages de rang noble sont impuissants face aux forces supérieures (Dieux le plus souvent) qui les manipulent. L'enchaînement des événements et le dénouement nécessairement dramatique relèvent d'une fatalité implacable, qui peut sembler injuste, inique et bien au-delà de l'endurance humaine.
La tragédie touche donc le public par la pitié et l'horreur (dans le cas d'Œdipe, personnage incestueux et parricide) qu'elle fait naître. Cela en fait un genre à genre édifiant. Aristote attribue à la tragédie une fonction de catharsis, grâce à laquelle l'âme du spectateur serait purifiée de ses passions excessives.
[modifier] Principaux auteurs
La littérature grecque a trois grands auteurs de tragédie : Eschyle, Sophocle et Euripide. Le théâtre romain ne semble pas avoir assez apprécié la tragédie pour que se développe une littérature tragique importante. Sénèque, cependant, a adapté en latin des tragédies grecques comme Phèdre ou Médée.
En France, à l'époque classique, les deux dramaturges les plus importants sont Jean Racine et Pierre Corneille. Quand sa pièce, Bérénice, a été critiquée parce qu'elle ne contenait pas de dénouement fatal, Racine a répondu en contestant le traitement conventionnel de la tragédie. Corneille pratiquait aussi une tragédie à dénouement non fatal ou tragi-comédie, genre apprécié auparavant mais sorti des mœurs du public depuis. À la même époque, Jean-Baptiste Lully met au point avec Quinault une forme de spectacle hybride, la tragédie en musique ou tragédie lyrique. La tragédie classique française se devait de respecter la règle des trois unités.
Le dramaturge tragique le plus célèbre de langue anglaise est William Shakespeare, à l'époque élisabéthaine. La tragédie a évolué selon les époques et les courants littéraires.
Dans la littérature plus récente, la définition de la tragédie est devenue moins précise. On peut citer comme œuvres marquantes Maison de poupée (1879) du Norvégien Henrik Ibsen, Les Mauvais bergers, tragédie prolétarienne du Français Octave Mirbeau (1897), ou encore, de l'Américain Arthur Miller, Les Sorcières de Salem et Mort d'un commis voyageur...
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[modifier] Articles connexes
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