New Immissions/Updates:
boundless - educate - edutalab - empatico - es-ebooks - es16 - fr16 - fsfiles - hesperian - solidaria - wikipediaforschools
- wikipediaforschoolses - wikipediaforschoolsfr - wikipediaforschoolspt - worldmap -

See also: Liber Liber - Libro Parlato - Liber Musica  - Manuzio -  Liber Liber ISO Files - Alphabetical Order - Multivolume ZIP Complete Archive - PDF Files - OGG Music Files -

PROJECT GUTENBERG HTML: Volume I - Volume II - Volume III - Volume IV - Volume V - Volume VI - Volume VII - Volume VIII - Volume IX

Ascolta ""Volevo solo fare un audiolibro"" su Spreaker.
CLASSICISTRANIERI HOME PAGE - YOUTUBE CHANNEL
Privacy Policy Cookie Policy Terms and Conditions
Octave Mirbeau - Wikipédia

Octave Mirbeau

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Octave Mirbeau
Octave Mirbeau

Octave Mirbeau (16 février 1848, Trévières, Calvados - 16 février 1917, Paris) est un écrivain français, qui a connu une célébrité européenne et de grands succès populaires, tout en étant également apprécié et reconnu par les avant-gardes littéraires et artistiques, ce qui n'est pas commun. Journaliste influent et fort bien payé, critique d'art doté d'un goût très sûr, pamphlétaire redouté, il a été aussi un romancier novateur et un dramaturge, à la fois classique et moderne, qui a triomphé sur toutes les grandes scènes du monde.

s:Accueil

Wikisource propose un ou plusieurs textes de ou sur Octave Mirbeau.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Les débuts

[modifier] Jeunesse

Petit-fils de notaires normands, fils d'un médecin de Rémalard, dans le Perche, le jeune Octave Mirbeau fait des études médiocres au collège des jésuites de Vannes, d'où il est chassé dans des conditions plus que suspectes, qu'il évoquera dans son roman Sébastien Roch. Après de médiocres études de droit, qu'il n'achève pas, et le traumatisme de la guerre de 1870, qu'il subit dans l'armée de la Loire et qui lui inspirera plusieurs contes et des chapitres de Le Calvaire et de Sébastien Roch, il "monte" à Paris et fait ses débuts journalistiques au service des bonapartistes, dans le quotidien de l'Appel au Peuple, L'Ordre de Paris, dirigé par un client et voisin de son père, Henri Dugué de la Fauconnerie, dont il devient le secrétaire particulier (épisode dont il se souviendra dans son roman inachevé, publié après sa mort, Un gentilhomme).

[modifier] Entrée en journalisme

Pendant une douzaine d'années, le jeune Mirbeau prostitue sa plume : d'abord, dans L'Ordre de Paris bonapartiste, jusqu'en 1877, puis dans L'Ariégeois, au service du baron de Saint-Paul, député de l'Ariège, en 1877-1878, dans Le Gaulois, devenu monarchiste sous la direction d'Arthur Meyer (1880-1882), et enfin dans Les Grimaces attrape-tout, anti-opportunistes et, hélas ! antisémites (mais il fait son auto-critique dès janvier 1885) : il en est le rédacteur en chef pour le compte du banquier Edmond Joubert, de Paribas (1883), et il entend y faire grimacer les puissants, démasquer leurs turpitudes et dévoiler les scandales de la pseudo-République, où, selon lui, une bande de "joyeux escarpes" crochètent impunément les caisses de l'État. Paul Hervieu, qui collabore aux Grimaces sous le pseudonyme de Liris, devient son ami et son confident.

Au début des années 1880, Octave Mirbeau produit également une dizaine de volumes, publiés sous pseudonyme, qui lui permettent, non seulement de gagner convenablement sa vie, mais aussi et surtout de faire ses gammes et ses preuves.

[modifier] Le grand tournant

En 1884, pour se remettre et se purger d'une passion dévastatrice pour une dame de petite vertu, Judith, Mirbeau fait retraite pendant sept mois à Audierne. C'est le grand tournant de 1884-1885 : de retour dans la presse parisienne, il commence tardivement à voler de ses propres ailes et entame sa rédemption par le verbe (ce n'est évidemment pas un hasard si la suite projetée du Calvaire devait s'intituler La Rédemption).

Dès lors il met sa plume au service de ses valeurs éthiques et esthétiques et engage ses grands combats politiques, artistiques et littéraires. C'est à la fin de 1884 que commence sa longue amitié pour les deux "grands dieux de [son] cœur", Claude Monet et Auguste Rodin.

[modifier] La consécration

[modifier] Entrée en littérature

Mirbeau poursuit désormais une double carrière de journaliste et d'écrivain. Journaliste et critique d'art influent, redouté et de mieux en mieux rémunéré, il collabore, sucessivement ou parallèlement, à La France, au Gaulois, au Matin, au Gil Blas, au Figaro, à L'Écho de Paris, puis, pendant dix ans, au Journal, où il touche 350 francs par article (environ 1 100 euros). En même temps il entame sous son nom une carrière de conteur (Lettres de ma chaumière, 1885) et de romancier : Le Calvaire (1886), qui lui vaut un succès de scandale, à cause du démystificateur chapitre II sur la débâcle de l'armée de la Loire pendant la guerre de 1870, qui fait hurler les nationalistes ; puis L'Abbé Jules, 1888, et Sébastien Roch, 1890, qui sont vivement appréciés des connaisseurs et de l'avant-garde, mais qui sont négligés par une critique tardigrade et conformiste, qui est effrayée par leurs audaces.

C'est au cours de cette période qu'il entame sa vie de couple avec Alice Regnault, une ancienne théâtreuse, qu'il épouse en catimini à Londres, le 25 mai 1887, après deux ans et demi de "collage". Mais Mirbeau ne se fait aucune illusion sur ses chances de jouir du bonheur conjugal, comme en témoigne une nouvelle au titre amèrement ironique, publiée au lendemain de son mariage : "Vers le bonheur". "L'abîme" qui, selon lui, sépare à tout jamais les deux sexes, les condamne irrémédiablement à de douloureux malentendus, à l'incompréhension et à la solitude . Cette expérience lui permettra de mieux comprendre la nature des relations entre Balzac et Mme Hanska dans La Mort de Balzac (1907), où il ne cherche pas à établir une impossible "vérité" historique et qui lui sert avant tout d'exutoire pour exhaler son amertume et ses frustrations.

[modifier] Crise

Pendant les sept années qui suivent, Mirbeau traverse une interminable crise morale, où le sentiment de son impuissance, sa remise en cause des formes littéraires et son pessimisme existentiel sont aggravés par une douloureuse crise conjugale qui perdure – et dont témoigne Mémoire pour un avocat (1894). C'est au cours de cette période difficile qu'il s'engage dans le combat anarchiste, qu'il découvre Vincent Van Gogh et Paul Gauguin, qu'il publie Dans le ciel en feuilleton et qu'il rédige sa première grande pièce, Les Mauvais bergers, qui sera créée en décembre 1897 par Sarah Bernhardt et Lucien Guitry.

[modifier] Triomphe

Au tournant du siècle, Mirbeau remporte de grands succès de ventes avec Le Jardin des supplices (juin 1899) et Le Journal d'une femme de chambre (juillet 1900), et il triomphe au théâtre avec Les affaires sont les affaires (1903), puis avec Le Foyer (1908), deux comédies de mœurs au vitriol qu'il parvient, non sans mal, à faire représenter à la Comédie-Française, au terme de deux longues batailles. La 628-E8 connaît également un succès de scandale en novembre 1907. Ses œuvres sont traduites en de nombreuses langues et sa réputation et son audience ne font que croître dans toute l'Europe, tout particulièrement en Russie, où paraissent deux éditions de ses œuvres complètes entre 1908 et 1912.

Personnalité de premier plan, craint autant qu'admiré, à la fois marginal par ses orientations et au cœur du système culturel dominant qu'il contribue à dynamiter de l'intérieur, il est reconnu par ses pairs comme un maître : ainsi Léon Tolstoï voit-il en lui "le plus grand écrivain français contemporain, et celui qui représente le mieux le génie séculaire de la France" ; Stéphane Mallarmé écrit-il qu'il "sauvegarde certainement l'honneur de la presse en faisant que toujours y ait été parlé, ne fût-ce qu'une fois, par lui, avec quel feu, de chaque œuvre d'exception" ; Georges Rodenbach voit-il en lui "Le Don Juan de l'Idéal" et Remy de Gourmont "le chef des Justes par qui sera sauvée la presse maudite", cependant qu'Émile Zola salue, chez l'auteur du Journal d'une femme de chambre, "Le justicier qui a donné son cœur aux misérables et aux souffrants de ce monde".

[modifier] Demeures

Après avoir habité Les Damps, dans l'Eure, de 1889 à 1892, puis Carrières-sous-Poissy (Seine-et-Oise), Mirbeau, devenu riche, s'est installé à Paris, et s'est partagé un temps entre son luxueux appartement de l'avenue du Bois, où il s'est installé en novembre 1901, et le "château" de Cormeilles-en-Vexin, acheté en 1904 par sa femme Alice. En 1909, il s'est fait construire une maison à Triel-sur-Seine, où il passe ses dernières années.

Dans toutes ses demeures, il a cultivé passionnément son jardin, rivalisant avec Monet, a reçu abondamment ses nombreux amis, notamment Paul Hervieu, son ancien complice des Grimaces, les peintres Claude Monet et Camille Pissarro, et le sculpteur Auguste Rodin, et il a collectionné amoureusement les œuvres d'art des artistes novateurs qu'il a contribué à promouvoir.

[modifier] Crépuscule

Les dernières années de la vie d'Octave Mirbeau sont désolantes : presque constamment malade, à partir de 1908, il est désormais incapable d'écrire : c'est son jeune ami et successeur Léon Werth qui doit achever Dingo, qui paraît en 1913. La terrifiante boucherie de la Première Guerre mondiale achève de désespérer un homme qui, malgré un pessimisme confinant souvent au nihilisme, n'a pourtant jamais cessé de parier sur la raison de l'homme et de miser sur l'amitié franco-allemande pour garantir la paix en Europe (voir notamment La 628-E8, 1907).

[modifier] Œuvre

[modifier] Ses engagements

[modifier] Combats politiques

Sur le plan politique, Mirbeau s'est rallié officiellement à l'anarchisme en 1890. Mais, bien avant cette date, il était déjà radicalement libertaire, farouchement individualiste, irréductiblement pacifiste, résolument anticlérical et antimilitariste. Il s'est battu avec constance contre toutes les forces d'oppression, d'exploitation et d'aliénation : la famille, l'école, l'Église catholique et les croyances religieuses, l'armée et le bellicisme, la presse vénale et anesthésiante, le capitalisme industriel et financier, les conquêtes coloniales, qui transforment des continents entiers en jardins des supplices, et le système politique bourgeois, qui se prétend abusivement républicain, alors qu'il ne fait qu'assurer la main-mise d'une minorité sur tout le pays, avec la bénédiction des électeurs moutonniers, "plus bêtes que les bêtes" : aussi appelle-t-il ses lecteurs à faire "la grève des électeurs" (son article, paru dans Le Figaro le 28 novembre 1888, est diffusé à des centaines de milliers d'exemplaires à travers l'Europe ; il est accessible en plusieurs langues sur Internet).

Pamphlétaire efficace et d'autant plus redouté, Mirbeau met en œuvre une ironie démystificatrice et un humour noir dérangeant. Il recourt volontiers à l'interview imaginaire des puissants de ce monde, afin de mieux dévoiler leurs turpitudes. Une anthologie de ses articles a paru sous le titre de Combats politiques.

[modifier] Combats éthiques

Ardent dreyfusard, il s'engage avec passion dans le grand combat pour les valeurs cardinales du dreyfusisme, la Vérité et la Justice (1898-1899) : il rédige le texte de la pétition des intellectuels, qui paraît le 16 janvier 1898 ; il collabore à L'Aurore d'août 1898 à juin 1899 ; il participe à de multiples réunions publiques à Paris et en province, au risque, parfois, de se faire tabasser par les nationalistes et antisémites, comme à Toulouse et à Rouen ; et, le 8 août 1898, il paye de sa poche la grosse amende de 7 525 francs, avec les frais du procès, à laquelle a été condamné Émile Zola pour son J'accuse, paru le 13 janvier.

Octave Mirbeau incarne l'intellectuel à qui rien de ce qui est humain n'est étranger. Conscient de sa responsabilité de journaliste écouté et d'écrivain prestigieux, il mène avant tout un combat éthique et, s'il s'engage dans les affaires de la cité, c'est en toute indépendance à l'égard des partis, et tout simplement parce qu'il ne peut supporter l'idée d'être complice, par son silence comme tant d'autres par leur passivité, de tous les crimes qui se perpètrent à travers le monde. Son devoir est avant tout d'être lucide et de nous forcer à voir ce que, aveugles volontaires, nous préférons généralement éviter de regarder en face, histoire de préserver notre confort moral.

[modifier] Combats esthétiques

Parallèlement, en tant que critique d'art influent et doté d'une espèce de prescience, il pourfend l'art académique et pompier, tourne en ridicule le système des Salons et bataille pour les grands artistes novateurs, longtemps moqués et méconnus : il est le chantre attitré d'Auguste Rodin, de Claude Monet et de Camille Pissarro, l'admirateur de Paul Cézanne et d'Auguste Renoir, le défenseur d'Eugène Carrière, de Paul Gauguin — qui, grâce à ses articles élogieux, peut payer son voyage à Tahiti —, de Félix Vallotton, d'Édouard Vuillard et de Pierre Bonnard, le découvreur de Maxime Maufra, de Constantin Meunier, de Vincent Van Gogh, de Camille Claudel, d'Aristide Maillol et de Maurice Utrillo. Ses articles sur l'art ont été recueillis dans ses Combats esthétiques en 1993.

[modifier] Combats littéraires

Il mène aussi le bon combat pour des écrivains également novateurs : il lance notamment Maurice Maeterlinck en 1890 et Marguerite Audoux en 1910 ; il défend Remy de Gourmont, Marcel Schwob, Léon Bloy, Jules Renard ; il vient en aide à Alfred Jarry et à Paul Léautaud ; il admire inconditionnellement Léon Tolstoï et Dostoïevski, qui lui ont révélé les limites de l'art latin, fait de clarté et de mesure ; il prend la défense d'Oscar Wilde condamné au hard labour ; et il contribue à la réception en France de Knut Hamsun et d'Ibsen.

Nommé membre de l'Académie Goncourt par la volonté testamentaire d'Edmond de Goncourt, Mirbeau fait entendre sa voix et se bat avec ferveur, à partir de 1903, pour de jeunes écrivains originaux qu'il contribue à promouvoir, même s'ils n'obtiennent pas le prix Goncourt : Paul Léautaud, Charles-Louis Philippe, Émile Guillaumin, Valery Larbaud, Marguerite Audoux, Neel Doff, Charles Vildrac et Léon Werth. Ses chroniques sur la littérature et le journalisme ont été recueillies en 2006 dans ses Combats littéraires.

[modifier] Mirbeau romancier

[modifier] De la négritude au roman autobiographique

Mirbeau s'est d'abord avancé masqué et a publié sous pseudonyme, pour plusieurs commanditaires, une dizaine de romans écrits comme nègre (cinq d'entre eux sont accessibles sur Internet, sur le site des éditions du Boucher, notamment L'Écuyère, 1882, La Maréchale et La Belle Madame Le Vassart, 1884). Il y fait brillamment ses gammes, varie les modèles dont il s'inspire et inscrit ses récits dans le cadre de romans-tragédies, où le fatum prend la forme du déterminisme psychologique et socio-culturel.

Il fait, dans le genre romanesque, des débuts officiels fracassants, sous son propre nom, avec un roman qui obtient un succès de scandale, Le Calvaire (1886), où il se libère par l'écriture des traumatismes de sa destructrice passion pour Judith, rebaptisée Juliette, en même temps que, dans le chapitre II, il dresse un tableau impitoyable de l'armée française pendant la guerre de 1870, qu'il a vécue dans l'armée de la Loire.

En 1888, il publie L'Abbé Jules, premier roman dostoïevskien et pré-freudien de notre littérature, vivement admiré par Tolstoï, Georges Rodenbach et Théodore de Banville, où, dans le cadre percheron de son enfance, apparaissent deux personnages fascinants : l'abbé Jules et le père Pamphile. Dans un troisième roman autobiograpique, Sébastien Roch (1890), il évacue un autre traumatisme : celui de son séjour chez les jésuites de Vannes - "un enfer", écrivait-il en 1862 à son confident Alfred Bansard - et des violences sexuelles qu'il pourrait bien y avoir subies à l'instar du personnage éponyme, transgressant un tabou qui a duré encore un siècle : le viol d'adolescents par des prêtres.

[modifier] La crise du roman

Il traverse alors une grave crise existentielle et littéraire, au cours de laquelle il publie néanmoins en feuilleton un extraordinaire roman, très noir et pré-existentialiste avant la lettre, sur la souffrance de l'humaine condition et la tragédie de l'artiste, Dans le ciel, où il met en scène un peintre directement inspiré de Van Gogh, dont il vient d'acheter Les Iris et Les Tournesols.

Au lendemain de l'affaire Dreyfus, son pessimisme est renforcé, et il publie deux romans fin-de-siècle qui en témoignent. Jugés "scandaleux" par les Tartuffes et les "bien-pensants" de tout poil, ils n'en connaissent pas moins un énorme succès à travers le monde (ils sont traduits dans une trentaine de langues et sont constamment réédités dans tous les pays) : Le Jardin des supplices (1899) et Le Journal d'une femme de chambre (1900). Il y met déjà à mal le genre romanesque, en pratiquant la technique du collage, et en transgressant les codes de la vraisemblance, de la crédibilité romanesque et des hypocrites bienséances. Les 21 jours d'un neurasthénique (1901) systématise le collage et nous donne une vision grinçante des hommes et de la société, à travers le regard d'un neurasthénique qui projette son mal-être sur le monde.

[modifier] La mise à mort du roman

Octave Mirbeau achève de mettre à mort le vieux roman prétendument réaliste dans ses deux dernières œuvres narratives, La 628-E8 (1907), récit de voyage en automobile à travers la Belgique, la Hollande et l'Allemagne, et Dingo (1913), dont les héros ne sont autres que sa propre automobile (la fameuse Charron immatriculée 628-E8) et son propre chien, Dingo. Mirbeau renonce aux subterfuges des personnages romanesques et se met lui-même en scène en tant qu'écrivain, inaugurant ainsi une forme d'autofiction avant la lettre. Il renonce à toute trame romanesque et à toute composition, et obéit seulement à sa fantaisie. Enfin, sans le moindre souci de réalisme, il multiplie les caricatures, les effets de grossissement et les "hénaurmités" pour mieux nous ouvrir les yeux.

Ce faisant, par-dessus le roman codifié du XIXe siècle à prétentions réalistes, Mirbeau renoue avec la totale liberté des romanciers du passé, de Rabelais à Sterne, de Cervantès à Diderot, et il annonce ceux du XXe siècle.

[modifier] Mirbeau dramaturge

[modifier] Une tragédie prolétarienne

Au théâtre, Mirbeau a fait ses débuts avec une tragédie prolétarienne sur un sujet proche de celui de Germinal, Les Mauvais bergers, qui a été créé au théâtre de la Renaissance, le 15 décembre 1897, par deux monstres sacrés de la scène, Sarah Bernhardt et Lucien Guitry. Le pessimisme y confine au nihilisme : au dénouement, ne subsiste aucun espoir de germinations futures. Mirbeau jugera sa pièce beaucoup trop déclamatoire et songera même à l'effacer de la liste de ses œuvres.

[modifier] Deux grandes comédies

En 1903, il connaît un triomphe mondial, notamment en Allemagne et en Russie, avec une grande comédie classique de mœurs et de caractères dans la tradition de Molière, qu'il a fait représenter à la Comédie-Française au terme d'une longue bataille marquée par la suppression du comité de lecture : Les affaires sont les affaires. C'est là qu'apparaît le personnage emblématique d'Isidore Lechat : type du brasseur d'affaires moderne, produit d'un monde nouveau, ancêtre des Bernard Tapie et des Berlusconi, il fait argent de tout et étend ses tentacules sur le monde.

En 1908, après une nouvelle bataille, judiciaire et médiatique, qu'il remporte de haute lutte, il fait de nouveau représenter à la Comédie-Française une pièce à scandale, Le Foyer, où il pourfend une nouvelle fois la prétendue charité et transgresse un nouveau tabou : l'exploitation économique et sexuelle d'adolescentes dans un foyer prétendument "charitable"…

[modifier] Farces et moralités

Mirbeau a aussi fait jouer six petites pièces en un acte, extrêmement novatrices, publiées sous le titre de Farces et moralités (1904) : tout en se situant dans la continuité des moralités médiévales à intentions pédagogiques et moralisatrices, il anticipe le théâtre de Bertolt Brecht, de Marcel Aymé, d'Harold Pinter et d'Eugène Ionesco. Il y subvertit les normes sociales, il démystifie la loi et il porte la contestation au niveau du langage, qui contribue à assurer la domination de la bourgeoisie (il tourne notamment en dérision le discours des politiciens et le langage de l'amour).

[modifier] Postérité

Mirbeau n'a jamais été oublié et n'a jamais cessé d'être publié, mais on l'a souvent mal lu, à travers de trompeuses grilles de lecture (par exemple, on l'a embrigadé bien malgré lui parmi les naturalistes, ou on a voulu voir dans plusieurs de ses romans des œuvres érotiques). On a aussi eu fâcheusement tendance à réduire son immense production aux trois titres les plus emblématiques. Politiquement incorrect et littérairement inclassable, il a traversé, après sa mort, une longue période d'incompréhension de la part des auteurs de manuels et d'histoires littéraires ; et le faux "Testament politique" rédigé par Gustave Hervé et publié cinq jours après sa mort par sa veuve abusive, Alice Regnault, a contribué à brouiller durablement son image.

Heureusement, depuis une quinzaine d'années, on le découvre sous un jour nouveau, on le lit sans idées préconçues ni étiquettes réductrices, on publie la totalité de son œuvre, dont des pans entiers étaient méconnus ou ignorés, voire totalement insoupçonnés (ses romans écrits comme nègre, par exemple), et on commence tardivement à prendre la mesure de son tempérament d'exception, de son originalité d'écrivain et du rôle éminent qu'il a joué sur la scène politique, littéraire et artistique de la Belle Époque, ainsi que dans l'évolution des genres littéraires.

[modifier] Bibliographie

[modifier] Romans

  • Le Calvaire (1886).
  • L'Abbé Jules (1888).
  • Sébastien Roch (1890).
  • Dans le ciel (1892-1893, première édition en volume en 1989).
  • Le Jardin des supplices (1899).
  • Le Journal d'une femme de chambre (1900).
  • Les 21 jours d'un neurasthénique (1901).
  • La 628-E8 (1907).
  • Dingo (1913).
  • Un gentilhomme (1919).
  • Œuvre romanesque, Buchet/Chastel - Société Mirbeau, 3 volumes, 4000 pages, dont 800 pages d'appareil critique (2000-2001). Pierre Michel y a réalisé l'édition critique de l'ensemble des romans d'Octave Mirbeau. Cinq romans écrits comme nègre y sont reproduits en annexe : L'Écuyère, La Maréchale, La Belle Madame Le Vassart, Dans la vieille rue et La Duchesse Ghislaine. Ces quinze romans sont également accessibles en ligne sur le site Internet des éditions du Boucher, avec de nouvelles préfaces de Pierre Michel (2003-2004).

[modifier] Théâtre

[modifier] Contes

  • Lettres de ma chaumière (1885).
  • Contes de la chaumière (1894).
  • Mémoire pour un avocat (1894-2007).
  • Dans l'antichambre (Histoire d'une Minute) (1905). Illustré par Edgar Chahine. Librairie de la Collection des Dix. A. Romagnol, Editeur. Collection de l'Académie des Goncourt.
  • La Vache tachetée (1918).
  • Un homme sensible (1919).
  • La Pipe de cidre (1919).
  • Mémoires de mon ami (1920).
  • Les Souvenirs d'un pauvre diable (1921).
  • La Mort de Balzac (1989).
  • Contes cruels, 2 volumes (1990 et 2000). Recueil de 150 contes.
  • Contes drôles (1995). Recueil de 21 contes.

[modifier] Textes de critique

  • Chez l'Illustre écrivain (1919).
  • Des artistes, 2 volumes (1922-1924).
  • Gens de théâtre (1924).
  • Les Écrivains, 2 volumes (1925-1926).
  • Notes sur l'art (1989).
  • Combats esthétiques, Séguier, 2 volumes (1993).
  • Premières chroniques esthétiques (1996).
  • Chroniques musicales (2001).
  • Combats littéraires, L'Age d'Homme (2006).

[modifier] Textes politiques et sociaux

  • Combats politiques (1990).
  • Combats pour l'enfant (1990).
  • L'Affaire Dreyfus (1991).
  • Lettres de l'Inde (1991).
  • Paris déshabillé (1991).
  • Petits poèmes parisiens (1994).
  • L'Amour de la femme vénale (1994).
  • La Grève des électeurs (1995).
  • Chroniques du Diable (1995).
  • Chroniques ariégeoises (1998).

[modifier] Correspondance

  • Lettres à Alfred Bansard des Bois, 1862-1874 (1989).
  • Correspondance avec Auguste Rodin (1988), avec Claude Monet (1990), avec Camille Pissarro (1990), avec Jean-François Raffaëlli (1993), avec Jean Grave (1994).
  • Correspondance générale, 2 volumes parus, L'Âge d'Homme, (2003-2005), deux volumes à paraître.

[modifier] Études

[modifier] Livres

  • Reginald Carr, Anarchism in France - The Case Octave Mirbeau, Manchester, 1977, 190 pages.
  • Pierre Michel et Jean-François Nivet, Octave Mirbeau, l'imprécateur au cœur fidèle, biographie, Librairie Séguier, Paris, 1990, 1020 pages.
  • Claude Herzfeld, La Figure de Méduse dans l'œuvre d'Octave Mirbeau, Librairie Nizet, Paris, 1992, 107 pages.
  • Pierre Michel (sous la direction de), Octave Mirbeau, Actes du colloque d'Angers, Presses Universitaires d'Angers, 1992, 500 pages.
  • Pierre Michel (sous la direction de) : Colloque Octave Mirbeau, Editions du Demi-Cercle, Paris, 1994, 132 pages grand format.
  • Pierre Michel, Les Combats d'Octave Mirbeau, Annales littéraires de l'Universté de Besançon, 1995, 387 pages.
  • Christopher Lloyd, Mirbeau's fictions, Durham University Press, 1996, 114 pages.
  • Pierre Michel, Lucidité, désespoir et écriture, Presses de l’université d’Angers – Société Octave Mirbeau, 2001, 87 pages.
  • Claude Herzfeld, Le Monde imaginaire d'Octave Mirbeau, Société Octave Mirbeau, Angers, 2001, 90 pages.
  • Samuel Lair, Mirbeau et le mythe de la nature, Presses Universitaires de Rennes, 2004, 361 pages.
  • Pierre Michel (sous la direction de), Un moderne : Octave Mirbeau, Eurédit, Cazaubon, 2004, 294 pages.
  • Max Coiffait, Le Perche vu par Mirbeau et réciproquement, L'Etrave, 224 pages, 2006.
  • Gérard Poulouin et Laure Himy (sous la direction de) : Octave Mirbeau, passions et anathèmes, Actes du colloque de Cerisy, Presses universitaires de Caen, à paraître en 2007.
  • Robert Ziegler, The Nothing Machine : The Fiction of Octave Mirbeau, Rodopi, Amsterdam – Kenilworth, à paraître en septembre 2007.

[modifier] Revues

  • Cahiers naturalistes, numéro spécial Octave Mirbeau, sous la direction de Pierre Michel et Jean-François Nivet, 1990, 100 pages.
  • L’Orne littéraire, numéro spécial Octave Mirbeau, sous la direction de Pierre Michel, 1992, 105 pages.
  • Europe, numéro Octave Mirbeau, sous la direction de Pierre Michel, mars 1999, 100 pages.
  • Autour de Vallès, numéro spécial Vallès - Mirbeau, journalisme et littérature, sous la direction de Marie-Françoise Melmoux-Montaubin, 2001, 317 pages.
  • Cahiers Octave Mirbeau, 1994-2007, 14 numéros parus, 5 000 pages (à commander à la Société Octave Mirbeau, 10 bis rue André Gautier, 49000 - Angers).

[modifier] Liens externes

[modifier] Œuvres d'Octave Mirbeau

[modifier] Sur Octave Mirbeau

[modifier] Citations

  • "Je n’ai pas pris mon parti de la méchanceté et de la laideur des hommes. J’enrage de les voir persister dans leurs erreurs monstrueuses et je le dis."
  • "Quand il y a quelque part un homme trop riche, il y a, par cela même, autour de lui, des gens trop pauvres."
  • "Si pauvre qu'il soit, un homme ne vit pas que de pain. Il a droit, comme les riches, à la beauté."
  • "Si infâmes que soient les canailles, ils ne le sont jamais autant que les honnêtes gens."
  • "Cette tristesse et ce comique d'être un homme. Tristesse qui fait rire, comique qui fait pleurer les âmes hautes."
  • "La charité est devenue l'exploiteuse des misères, les saltimbanques battent la grosse caisse sur la peau des victimes."
  • "Où, je vous le demande, y a-t-il de la justice là où il y a des hommes ?"
  • "Toutes les lois sont oppressives et criminelles. Elles ne protègent que les riches et les heureux. Elles sont inexorables aux pauvres gens."
  • "Les bourgeois détestent les ouvriers, les ouvriers détestent les vagabonds, les vagabonds cherchent plus vagabonds qu’eux pour avoir aussi quelqu’un à mépriser, à détester."
  • "Surtout, souviens-toi que l’homme qui sollicite tes suffrages est, de ce fait, un malhonnête homme, parce qu’en échange de la situation et de la fortune où tu le pousses, il te promet un tas de choses merveilleuses qu’il ne te donnera pas et qu’il n’est d’ailleurs pas en son pouvoir de te donner."
  • "Les moutons vont à l'abattoir. Ils ne disent rien, et ils n'espèrent rien. Mais du moins ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera et pour le bourgeois qui les mangera. Plus bête que les bêtes, plus moutonnier que les moutons, l'électeur nomme son boucher et choisit son bourgeois. Il a fait des Révolutions pour conquérir ce droit."
  • "L'injustice qui frappe un être vivant - fût-il ton ennemi - te frappe du même coup. Par elle, l'Humanité est lésée en vous deux. Tu dois en poursuivre la réparation, sans relâche, l'imposer par ta volonté, et, si on te la refuse, l'arracher par la force, au besoin."
  • "Je n’ai qu’une haine au cœur, mais elle est profonde et vivace : la haine de l’éducation religieuse (…) Est-ce que, sous prétexte de liberté, on permet aux gens de jeter du poison dans les sources ?"
  • "Si Dieu existait, comme le croit vraiment cet étrange animal d'Edison qui s’imagine l’avoir découvert dans le pôle négatif, pourquoi les hommes auraient-ils d’inutiles et inallaitables mamelles ?"
  • "On peut dire d'un soldat - le pauvre diable ! - qu'il n'est pas autre chose qu'un apprenti voleur ou un apprenti assassin."
  • "L'armée traite les jeunes gens comme du bétail ou de la chair à canon et les conditionne pour en faire des assassins ou des martyrs."
  • " Un journaliste se vend à qui le paie."
  • "Le mariage rend la femme perfide et l’homme féroce. Enfin, il n’y a pas grand chose à en dire : il rend chacun à sa nature intime."
  • "Il n’y a que les enfants qui espèrent le bonheur."
  • "Le rire n’est le plus souvent que l’impuissance à sentir la beauté."
  • "Un peintre qui n’a été qu’un peintre ne sera jamais que la moitié d’un artiste."
  • "En art, l’exactitude est la déformation et la vérité est le mensonge. Il n’y a rien d’absolument exact et rien d’absolument vrai, ou plutôt il existe autant de vérités humaines que d’individus."
  • "Il n’est pas besoin, je crois, de tout comprendre en art. Il y a des obscurités harmonieuses et sonores qui vous enveloppent d’un mystère qu’on a tort souvent de vouloir percer. Puisque nous ne comprenons pas la vie, pourquoi vouloir tout comprendre de ce qui en est la paraphrase  ?"
  • "Chaque fois que j'apprends qu'un artiste que j'aime, qu'un écrivain que j'admire viennent d'être décorés, j'éprouve un sentiment pénible, et je me dis aussitôt : Quel dommage !"
  • "Il n’y a pas de pires ignorants, de pires imbéciles, de pires réactionnaires, par conséquent de plus dangereuses bêtes que ce qu’on appelle les hommes d’esprit."
  • "A Amsterdam, j’eus le cœur défaillant, les yeux en larmes, la première fois que j’entendis ces voix divines, qui faisaient pénétrer en moi le surhumain génie de Beethoven. Rembrandt et Beethoven... les deux ferveurs de ma vie."
  • "Aujourd’hui l’action doit se réfugier dans le livre. C’est dans le livre seul que, dégagée des contingences malsaines et multiples qui l’annihilent et l’étouffent, elle peut trouver le terrain propre à la germination des idées qu’elle sème. […] Les idées demeurent et pullulent : semées, elles germent ; germées , elles fleurissent. Et l’humanité vient les cueillir, ces fleurs, pour en faire les gerbes de joie de son futur affranchissement."
  • "Tout l'effort des collectivités tend à faire disparaître de l'humanité l'homme de génie, parce qu'elles ne permettent pas qu'un homme puisse dépasser de la tête un autre homme, et qu'elles ont décidé que toute supériorité, dans n'importe quel ordre, est, sinon un crime, du moins une monstruosité, quelque chose d'absolument anti-social, un ferment d'anarchie. Honte et mort à celui dont la taille est trop haute !"
  • "Ne hais personne, pas même le méchant. Plains le, car il ne connaîtra jamais la seule jouissance qui console de vivre : faire le bien."




Portail de la littérature – Accédez aux articles de Wikipédia concernant la littérature.
Portail de la France au XIXe siècle – Accédez aux articles de Wikipédia concernant la France au XIXe siècle.

Static Wikipedia (no images)

aa - ab - af - ak - als - am - an - ang - ar - arc - as - ast - av - ay - az - ba - bar - bat_smg - bcl - be - be_x_old - bg - bh - bi - bm - bn - bo - bpy - br - bs - bug - bxr - ca - cbk_zam - cdo - ce - ceb - ch - cho - chr - chy - co - cr - crh - cs - csb - cu - cv - cy - da - de - diq - dsb - dv - dz - ee - el - eml - en - eo - es - et - eu - ext - fa - ff - fi - fiu_vro - fj - fo - fr - frp - fur - fy - ga - gan - gd - gl - glk - gn - got - gu - gv - ha - hak - haw - he - hi - hif - ho - hr - hsb - ht - hu - hy - hz - ia - id - ie - ig - ii - ik - ilo - io - is - it - iu - ja - jbo - jv - ka - kaa - kab - kg - ki - kj - kk - kl - km - kn - ko - kr - ks - ksh - ku - kv - kw - ky - la - lad - lb - lbe - lg - li - lij - lmo - ln - lo - lt - lv - map_bms - mdf - mg - mh - mi - mk - ml - mn - mo - mr - mt - mus - my - myv - mzn - na - nah - nap - nds - nds_nl - ne - new - ng - nl - nn - no - nov - nrm - nv - ny - oc - om - or - os - pa - pag - pam - pap - pdc - pi - pih - pl - pms - ps - pt - qu - quality - rm - rmy - rn - ro - roa_rup - roa_tara - ru - rw - sa - sah - sc - scn - sco - sd - se - sg - sh - si - simple - sk - sl - sm - sn - so - sr - srn - ss - st - stq - su - sv - sw - szl - ta - te - tet - tg - th - ti - tk - tl - tlh - tn - to - tpi - tr - ts - tt - tum - tw - ty - udm - ug - uk - ur - uz - ve - vec - vi - vls - vo - wa - war - wo - wuu - xal - xh - yi - yo - za - zea - zh - zh_classical - zh_min_nan - zh_yue - zu -

Static Wikipedia 2007 (no images)

aa - ab - af - ak - als - am - an - ang - ar - arc - as - ast - av - ay - az - ba - bar - bat_smg - bcl - be - be_x_old - bg - bh - bi - bm - bn - bo - bpy - br - bs - bug - bxr - ca - cbk_zam - cdo - ce - ceb - ch - cho - chr - chy - co - cr - crh - cs - csb - cu - cv - cy - da - de - diq - dsb - dv - dz - ee - el - eml - en - eo - es - et - eu - ext - fa - ff - fi - fiu_vro - fj - fo - fr - frp - fur - fy - ga - gan - gd - gl - glk - gn - got - gu - gv - ha - hak - haw - he - hi - hif - ho - hr - hsb - ht - hu - hy - hz - ia - id - ie - ig - ii - ik - ilo - io - is - it - iu - ja - jbo - jv - ka - kaa - kab - kg - ki - kj - kk - kl - km - kn - ko - kr - ks - ksh - ku - kv - kw - ky - la - lad - lb - lbe - lg - li - lij - lmo - ln - lo - lt - lv - map_bms - mdf - mg - mh - mi - mk - ml - mn - mo - mr - mt - mus - my - myv - mzn - na - nah - nap - nds - nds_nl - ne - new - ng - nl - nn - no - nov - nrm - nv - ny - oc - om - or - os - pa - pag - pam - pap - pdc - pi - pih - pl - pms - ps - pt - qu - quality - rm - rmy - rn - ro - roa_rup - roa_tara - ru - rw - sa - sah - sc - scn - sco - sd - se - sg - sh - si - simple - sk - sl - sm - sn - so - sr - srn - ss - st - stq - su - sv - sw - szl - ta - te - tet - tg - th - ti - tk - tl - tlh - tn - to - tpi - tr - ts - tt - tum - tw - ty - udm - ug - uk - ur - uz - ve - vec - vi - vls - vo - wa - war - wo - wuu - xal - xh - yi - yo - za - zea - zh - zh_classical - zh_min_nan - zh_yue - zu -

Static Wikipedia 2006 (no images)

aa - ab - af - ak - als - am - an - ang - ar - arc - as - ast - av - ay - az - ba - bar - bat_smg - bcl - be - be_x_old - bg - bh - bi - bm - bn - bo - bpy - br - bs - bug - bxr - ca - cbk_zam - cdo - ce - ceb - ch - cho - chr - chy - co - cr - crh - cs - csb - cu - cv - cy - da - de - diq - dsb - dv - dz - ee - el - eml - eo - es - et - eu - ext - fa - ff - fi - fiu_vro - fj - fo - fr - frp - fur - fy - ga - gan - gd - gl - glk - gn - got - gu - gv - ha - hak - haw - he - hi - hif - ho - hr - hsb - ht - hu - hy - hz - ia - id - ie - ig - ii - ik - ilo - io - is - it - iu - ja - jbo - jv - ka - kaa - kab - kg - ki - kj - kk - kl - km - kn - ko - kr - ks - ksh - ku - kv - kw - ky - la - lad - lb - lbe - lg - li - lij - lmo - ln - lo - lt - lv - map_bms - mdf - mg - mh - mi - mk - ml - mn - mo - mr - mt - mus - my - myv - mzn - na - nah - nap - nds - nds_nl - ne - new - ng - nl - nn - no - nov - nrm - nv - ny - oc - om - or - os - pa - pag - pam - pap - pdc - pi - pih - pl - pms - ps - pt - qu - quality - rm - rmy - rn - ro - roa_rup - roa_tara - ru - rw - sa - sah - sc - scn - sco - sd - se - sg - sh - si - simple - sk - sl - sm - sn - so - sr - srn - ss - st - stq - su - sv - sw - szl - ta - te - tet - tg - th - ti - tk - tl - tlh - tn - to - tpi - tr - ts - tt - tum - tw - ty - udm - ug - uk - ur - uz - ve - vec - vi - vls - vo - wa - war - wo - wuu - xal - xh - yi - yo - za - zea - zh - zh_classical - zh_min_nan - zh_yue - zu

Static Wikipedia February 2008 (no images)

aa - ab - af - ak - als - am - an - ang - ar - arc - as - ast - av - ay - az - ba - bar - bat_smg - bcl - be - be_x_old - bg - bh - bi - bm - bn - bo - bpy - br - bs - bug - bxr - ca - cbk_zam - cdo - ce - ceb - ch - cho - chr - chy - co - cr - crh - cs - csb - cu - cv - cy - da - de - diq - dsb - dv - dz - ee - el - eml - en - eo - es - et - eu - ext - fa - ff - fi - fiu_vro - fj - fo - fr - frp - fur - fy - ga - gan - gd - gl - glk - gn - got - gu - gv - ha - hak - haw - he - hi - hif - ho - hr - hsb - ht - hu - hy - hz - ia - id - ie - ig - ii - ik - ilo - io - is - it - iu - ja - jbo - jv - ka - kaa - kab - kg - ki - kj - kk - kl - km - kn - ko - kr - ks - ksh - ku - kv - kw - ky - la - lad - lb - lbe - lg - li - lij - lmo - ln - lo - lt - lv - map_bms - mdf - mg - mh - mi - mk - ml - mn - mo - mr - mt - mus - my - myv - mzn - na - nah - nap - nds - nds_nl - ne - new - ng - nl - nn - no - nov - nrm - nv - ny - oc - om - or - os - pa - pag - pam - pap - pdc - pi - pih - pl - pms - ps - pt - qu - quality - rm - rmy - rn - ro - roa_rup - roa_tara - ru - rw - sa - sah - sc - scn - sco - sd - se - sg - sh - si - simple - sk - sl - sm - sn - so - sr - srn - ss - st - stq - su - sv - sw - szl - ta - te - tet - tg - th - ti - tk - tl - tlh - tn - to - tpi - tr - ts - tt - tum - tw - ty - udm - ug - uk - ur - uz - ve - vec - vi - vls - vo - wa - war - wo - wuu - xal - xh - yi - yo - za - zea - zh - zh_classical - zh_min_nan - zh_yue - zu