Tribologie
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Le mot tribologie, construit à partir des racines grecques tribein (frotter) et logos (discours, étude), a été proposé en 1968 par G. Salomon pour désigner la science qui étudie les phénomènes susceptibles de se produire entre deux systèmes matériels en contact, immobiles ou animés de mouvements relatifs. Il recouvre, entre autres, tous les domaines du frottement, de l’usure et de la lubrification.
[modifier] Quelques aspects de la tribologie
Peu de gens réalisent à quel point les manifestations du frottement sont intégrées à nos comportements quotidiens. Dans un monde qui ne connaîtrait ni frottement ni adhérence, nos gestes les plus simples deviendraient pour la plupart inopérants : tenir un crayon, lacer ses chaussures, serrer une vis, appuyer une échelle au mur ou tout simplement marcher. Nous n'aurions ni bicyclettes, ni automobiles, ni trains, du moins sous la forme qui nous est familière…
La tribologie est fort peu connue du grand public, délaissée par les médias et quasi absente des programmes d'enseignement. Elle est pourtant bien plus qu'une affaire de spécialistes et l'on aurait grand tort de la réduire à ses seuls aspects scientifiques et techniques, en négligeant ses aspects économiques, politiques et sociaux qui seront dans les années à venir d'autant plus importants que l'énergie et les matières premières deviendront plus chères.
- À masse roulante égale, pour vaincre les frottements, le transport routier consomme environ 5 fois plus d'énergie que le transport ferroviaire.
- L'usure des revêtements routiers varie comme la quatrième puissance de la charge à l'essieu. Ainsi, compte tenu de la répartition des masses, un camion de 13 tonnes à deux essieux dégrade autant les routes que 100 000 automobiles. Le calcul des revêtements autoroutiers tient compte presque uniquement des poids lourds, les automobiles intervenant très peu ou pas du tout. Au Canada, conscient de ce fait, le gouvernement a récemment modifié la répartition du produit des taxes sur les carburants en considèrant que « le gasole est utilisé par les véhicules lourds responsables de la majeure partie de l'usure des routes ».
- Les composants des machines et des équipements sont beaucoup plus souvent détruits par l'endommagement de leur surface que par la dislocation de leur volume. D'un côté, c'est heureux, car la rupture brutale d'une pièce peut provoquer de graves accidents. D'un autre, la maîtrise de l'usure est une arme économique redoutable : en limitant volontairement la durée de vie de certains produits, on oblige les consommateurs à s'adresser plus souvent au service après-vente ou à remplacer prématurément leurs biens. Ainsi, les entreprises, les administrations et les particuliers dépensent moins en investissement et davantage en fonctionnement, ce qui engendre inévitablement d'énormes gaspillages.
[modifier] À propos des recherches bibliographiques dans le domaine de la tribologie
La recherche fondamentale en tribologie est longue, coûteuse tant sur le plan matériel que sur le plan humain, et les lieux où l'on pourrait aujourd'hui l'entreprendre sont devenus rarissimes. Voici une quinzaine d'années, deux laboratoires étaient particulièrement actifs au niveau mondial, l'un à Cambridge et l'autre à Moscou. Ils ont apparemment sombré corps et biens, si l'on en juge par le tarissement brutal de leurs publications : le premier, après la mise à mal de la reherche publique en Grande-Bretagne, le second, à la suite du naufrage de l'Union soviétique. Dans ce domaine comme dans d'autres, l'investissement à long terme dans la connaissance est incompatible avec l'exigence « moderne » d'une rentabilité immédiate.
De nombreux organismes ou entreprises sont amenés à faire de la recherche appliquée à propos de tel ou tel produit, élément de machine ou processus de fabrication. Jusqu’à la fin des années 1980, les résultats étaient publiés dans des revues de haut niveau comme celles qu’éditaient SKF (roulements à billes, à rouleaux et autres produits), Brown-Boveri (construction de gros matériel électrique, de locomotives, de centrales hydrauliques, thermiques, nucléaires,…), le Centre technique des industries mécaniques (CETIM), etc.
Quand ces périodiques n'ont pas purement et simplement disparu, ils ne contiennent plus que des informations banales et de la publicité plus ou moins déguisée. D'autres revues techniques plus générales se nourrissaient de ces publications et en faisaient connaître la substance au public ; leurs sources d’informations se sont taries et leur contenu s’est terriblement appauvri.
C'est l'une des raisons pour lesquelles la bibliographie du wikilivre pourra sembler relativement ancienne. Par ailleurs, on n'y trouvera presque rien sur certains sujets comme les propriétés tribologiques des céramiques et des composites, matériaux très utilisés dans les domaines « sensibles » de l'industrie aéronautique et de l'armement. Pourtant, les publications ne manquent pas (elles permettent de « mesurer » l'activité des chercheurs) mais le lecteur le moins attentif aura tôt fait de remarquer qu'elles contiennent souvent des informations très suspectes. L'explication est simple : faute d'un financement public suffisant, les recherches sont de plus en plus fréquemment effectuées dans le cadre de contrats passés avec des sociétés privées qui n'ont évidemment pas la moindre vocation philanthropique. Quand, partant des mêmes bases, deux chercheurs publient des conclusions radicalement différentes, voire contradictoires, on peut en déduire que l'un au moins a été contraint, on l'espère à son corps défendant, de rédiger un document biaisé. Mais comment distinguer le bon grain de l'ivraie ? Plus que jamais, il faut recouper ses informations et dans le doute, laisser un blanc…
L'Histoire montre que les sociétés humaines n'ont progressé que pendant les périodes où les connaissances étaient mises en commun, mutualisées, où chacun pouvait s'enrichir du savoir des autres. En France, le siècle des Lumières et les Trente glorieuses, sur des modes différents, en sont d'excellents exemples. Aujourd'hui, le passage du savoir dans les circuits commerciaux devient la règle. Contrairement aux apparences, les professeurs de technologie ont de plus en plus de mal à mettre leurs connaissances à jour et le contenu de leur enseignement s'appauvrit par rapport à l'« état de l'art ». Une recherche sur l'internet à partir du mot « tribologie » fournit presque exclusivement des liens vers des organismes privés ou publics proposant des formations payantes…
Ces considérations ne sont évidemment pas spécifiques à la tribologie mais elles prennent ici une importance toute particulière.
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