Union sacrée
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L'Union sacrée est un mouvement de rapprochement politique qui a soudé les Français de toutes tendances (politiques et religieuses) dans l'épreuve de la Première Guerre mondiale.
Le 1er août 1914, le président de la République française, Raymond Poincaré, déclare la guerre à l’Allemagne dans son Appel à la Nation française. Trois jours plus tard, le 4 août 1914, la volonté présidentielle d’« union » est rapportée aux deux chambres par le président du Conseil René Viviani : « Dans la guerre qui s'engage, la France […] sera héroïquement défendue par tous ses fils, dont rien ne brisera devant l'ennemi l'union sacrée » ; face à la menace ennemie, la France cherche donc à éviter tout dispersement dans des conflits fratricides.
Même si le gouvernement s'attend à quelques réticences de la part des socialistes — qui menacent le pays de grève générale — mais également de la part des catholiques — humiliés depuis la séparation de l'Église et l'État —, les Français s'unissent dès la déclaration de guerre.
Suite à l’assassinat du pacifiste Jean Jaurès en 1914 par le nationaliste Raoul Villain, les socialistes, par le biais du secrétaire général de la CGT, décident de se joindre à l’Union sacrée.
Le carnet B, liste de pacifistes à arrêter en cas de conflit, n'est plus d'aucune utilité, car la mobilisation est une grande réussite : on dénombre à peine 1,5 % de défections. Le souvenir de la guerre de 1870 joue sans doute fortement dans le rassemblement, grâce à une propagande anti-allemande et à l'espoir de récupérer l'Alsace-Lorraine. S'y ajoutent des éléments conjoncturels, comme la rupture de la neutralité belge par les Allemands et la menace qui pèse sur l'intégrité du territoire national.
- Article détaillé : L'Union sacrée et les socialistes.
L'Union sacrée, qui touche toute la société, se dégrade progressivement : la Révolution russe, l'usure des combats et les privations favorisent la résurgence des clans politiques — en septembre 1917, les socialistes refusent de participer au gouvernement. Après coup, les socialistes réalisèrent que l'Union Sacrée ne défendait pas les intérêts de la masse des travailleurs, mais bien les intérêts des capitalistes européens. Le nationalisme et le revanchisme avaient réussi à écarter les socialistes de l'objectif de rassembler sous la même bannière tous les travailleurs du monde : l'Internationale, dont un des buts devait éviter que les peuples se battent les uns contre les autres sous prétexte de défendre "leur pays" ou "leur nation".