Antoine Héroët
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Antoine Héroët, né vers 1492, et mort vers 1567, était un poète et un clerc français.
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[modifier] Biographie
[modifier] Une date de naissance incertaine
Antoine Héroët serait né en 1492, selon Frédéric Godefroy[1]. Cette date sera reprise par tous les biographes ultérieurs, mais on ignore encore sur quel document Frédric Godefroy se fondait. En fait il faut avouer que nous ne savons pas exactement la date de sa naissance. Cependant des comparaisons avec ses amis et contemporains font de 1492 une date vraisemblable.
[modifier] La famille d'Antoine Héroët
Antoine Héroët était le fils d'un trésorier du roi, Jean Hérouet et de Marie Malingre. Son père a fait construire dans le Marais un hôtel qui existe encore, reconnaissable à son élégante tourelle qui domine le carrefour de la rue des Francs-Bourgeois et la rue Vieille-du-Temple.
D'où venait Jean Hérouet ? Il existe un hameau de ce nom dans le canton d'Octeville, à 4 km au sud-ouest du centre de Cherbourg. Le 7 mai 1532, Jacques Hérouet, sergent héréditaire de la sergenterie Hérouet relevant de la vicomté d'Avranches, fait déclaration de foi et hommage pour ce fief. Faut-il voir dans cette petite seigneurie normande l'origine de la famille ? Il reste aventureux de l'affirmer, mais les Hérouet semblent avoir régulièrement des rapports particuliers avec cette province. En 1499, un Jehan Herouet est greffier civil de l'échiquier de Normandie, ou greffier civil en chef au Parlement de Rouen. S'agit-il du trésorier parisien ? Jean Hérouet sera souvent chargé de missions lointaines, même en Italie. Or le poste est important car en avril 1499 l'échiquier de Normandie, qui était une cour médiévale intermittente, devient le parlement de Rouen. Il peut avoir été chargé de contribuer à l'organisation de la nouvelle institution.
Par la suite, en 1502, Jean Hérouet est trésorier à Milan. Mais il se livre à des malversations qui semblent briser sa carrière car s'il échappe à la potence, il ne fait plus parler de lui dans l'entourage royal. Il est encore vivant en 1508. En janvier, à Blois, Louis XII, institue à la requête de Jean Herouet, seigneur de Carrières-sous-Bois, deux foires annuelles audit lieu, l'une le jour de la Saint-Vincent, l'autre le lendemain de la Saint-Pierre en juin, et un marché le lundi de chaque semaine. Jean Hérouet était devenu seigneur de Carrières grâce à sa femme qui possédait ce fief dans sa famille.
La mère d'Antoine, Marie Malingre appartenait, elle à une famille de robe parisienne déjà bien installée. Le 30 octobre 1465, Nicolas Malingre avait reçu des lettres d'anoblissement de Louis XI. Nicolas Malingre est huissier de la chambre des comptes et père de Jean et Marie. Cette Marie, tante de la mère d'Antoine Hérouet, épousa Hector Hyon, seigneur de Carrières. Ce fief finit par appartenir à Jean Hérouet. Le 14 novembre 1470, Jean Malingre est reçu conseiller au parlement. Il épousa Blanche Rolland, qui appartenait aussi à une famille de robe. Les Rolland seront des cousins très présents après d'Antoine Hérouet. Marie aurait été le premier enfant. C'est elle qui épouse Jean Hérouet, dont elle a Nicolas, Georges, Antoine, Louise, Marie, Jean. Le 15 septembre 1515, Marie Malingre est veuve et se remarie avec Jean Ballue, dit le jeune, neveu du cardinal La Balue, seigneur de Villepreux, de Gouaix, d'Ermet, de Cervolle et de la Motte-Bonot. En 1520 il est Maître d'hôtel de la reine de Navarre et écuyer tranchant du dauphin. Ils auront deux fils Louis et Claude, et une fille, Antoinette. Cette alliance rapproche de nouveau la famille de la cour ; Antoine Hérouet en profitera toute sa vie.
[modifier] La jeunesse
Antoine Hérouet dut vivre ses premières années dans l'hôtel Hérouet, pour peu qu'il n'ait pas été mis trop loin en nourrice et ensuite dans quelque autre maison comme cela se pratiquait à l'époque.
On s'est interrogé sur ses études parce qu'il fut humaniste. Mais il dut étudier tout simplement à Paris, comme le dit son biographe Colletet, et certainement d'abord le droit ce qui était la culture de base dans une famille de robe. Pour cela il fallait être bilingue, toute la profession travaillant encore souvent en latin. Lorsque Antoine étudie, on est trente ou quarante ans avant l'ordonnance de Villers-Cotterêts. Il semble bien avoir été promis à une carrière judiciaire, et le 2 avril 1527, un Antoine Hérouet est auditeur au Châtelet. S'agit-il bien de lui ? Comme on ne lui connaît pas d'homonyme à Paris, c'est très vraisemblable. Il aura d'ailleurs par la suite d'autres titres appartenant à la carrière judiciaire.
Mais Antoine s'est-il limité à des études de droit ? Il pouvait avoir un esprit curieux, et en fils de famille aisé, il a pu étudier à sa guise. Selon J. Hutton, Jean Salmon Macrin et Hérouet se connaissaient déjà en 1515 et peut-être même avant. Antoine a-t-il étudié le grec avec Salmon Macrin sous l'égide d'Aléandre et peut-être de Lefebvre d'Etaples ? La question est posée et mériterait d'être approfondie pour peu que l'on trouve des témoignages. Mais Hérouet a visiblement un intérêt pour Platon et c'est à l'époque une des caractéristiques les plus neuves de la Renaissance intellectuelle. Il a forcément connu le cercle des humanistes du début du XVIe siècle. Selon André-Jean Festugière, Héroët s'est servi de Platon mais aussi de textes italiens non traduits, donc il savait l'italien .
Le vrai problème c'est de savoir s'il lisait le grec, ou pouvait au moins avoir un accès suffisant au texte original de Platon. Il indique dans le titre de son Androgyne qu'il utilise Marcile Ficin. Là encore il serait bon d'en savoir plus…
En 1524, Antoine Héroët reçoit de Marguerite de Navarre, sœur de François Ier, une pension de 200 livres. La somme est importante et permet de vivre confortablement. Visiblement, la position de son beau-père, qui est Maître d'hôtel de la reine de Navarre lui a servi. Mais si la sœur du roi s'intéresse à lui, c'est à cause de ses qualités personnelles. Peut-on savoir à quel titre il est appelé à la cour de la reine de Navarre ? Hérouet semble apprécié pour ses qualités humaines. On fait appel à lui dans des arbitrages. Faut-il voir là le juge sortir sous l'humaniste ? En 1538, dans l'acte qui le nomme abbé de Cercanceaux, il est qualifié de Maître des requêtes ordinaire du roi et de la reine de Navarre. Faut-il voir dans cette charge judiciaire, qu'il n'exerçait peut-être pas, le prétexte de sa pension ?
En fait il intéresse vraisemblablement la reine de Navarre pour d'autres raisons. Hérouet devait connaître le milieu des humanistes, artistes et poètes qui forment la cour de Marguerite. C'est une cour savante, mais sérieuse aussi. Cette cour, qui a été l'un des creusets de la Renaissance française est bien connue. Son poète le plus célèbre est Clément Marot.
Hérouet doit plaire, car en 1529 il devient "pensionnaire extraordinaire" de Marguerite de Navarre et de Louise de Savoie, jusqu'en 1539. Il vit de manière autonome puisqu'on a retrouvé un bail qu'il a signé le 25 juillet 1532. Antoine Héroët, seigneur de La Maison-Neuve, loue une maison rue de la Bretonnerie . Il se définit sans aucune référence professionnelle. La seigneurie de Maison-Neuve est un petit arrière fief de Carrières-sous-Bois, un revenu donné par sa famille.
[modifier] Le poète
On ignore quand Hérouet commence à faire des vers. Il semble avoir publié ses poésies avec beaucoup de retard, avec peut-être un certain détachement. Contrairement à l'usage, il ne fait précéder ses publications d'aucun panégyrique, qui auraient pu nous renseigner sur lui. C'est par la voie détournée de la musicologie que l'on apprend qu'il a déjà écrit en 1533. À cette date, Clément Jannequin compose une partition pour le poème "Ayez pitié du grand mal que j'endure". On sait enfin qu'en 1535 Clément Marot écrit de Ferrare où il est réfugié, accusé de protestantisme, le Blason du beau tétin auquel Hérouet répond comme beaucoup d'autres poètes par le Blason de l'œil. Il doit avoir écrit beaucoup plus car la même année, l'auteur anonyme du Panégyrique des demoiselles compare Antoine Héroët à Horace. En fait, pour mériter cet éloge, il doit avoir déjà écrit son célèbre Androgyne, qui est le principal apport d'Hérouet à l'histoire littéraire française. Cette œuvre qui utilise la traduction de Marsile Ficin est le premier monument de la littérature platonique. L'année suivante, en 1536, Antoine Héroët présente au roi et offre à Marguerite de Navarre sa traduction de l'Androgyne de Platon . François Ier avait insisté pour connaître enfin ce poème. Hérouet avoue être mécontent de ses vers et pour cela « les tenir longuement en silence ». Dès lors, c'est la gloire, en 1537, Salmon Macrin, dédie à Antoine Héroët une hymne latine , puis Fripelippes invoque Antoine Héroët dans la querelle de Marot contre Sagon. Et enfin, la même année, Antoine de Saix cite avec éloge Antoine Héroët pour son Androgyne. 1538 est alors certainement un tournant dans la carrière de cet homme de robe, courtisan humaniste et poète. Le roi donne le bénéfice de l'abbaye de Cercanceaux, vacant par la mort de son abbé, Jean de Moles, à Antoine Hérouet. Marguerite de Navarre a du appuyer cette faveur qui donna désormais à son maître des requêtes d'importants revenus. D'ailleurs, dès l'année suivante, en 1539, Antoine Héroët cesse de figurer sur les comptes de Louise de Savoie et de Marguerite de Navarre. Vraisemblablement le revenu de l'abbaye de Cercanceaux donné par le roi remplace la pension de la mère et de la sœur du roi…
[modifier] Le clerc
On apprend alors par la bulle de nomination pontificale du 23 août 1538 que notre poète cumule les bénéfices ecclésiastiques. Il est curé de Saint-Germain de Villepreux dont son beau-père Jean de La Balue est seigneur, et curé de Sainte-Geneviève de Lindry (Yonne) mais ce second bénéfice lui est contesté. Il est aussi prieur commendataire de Nesles-la-Gilberte, près de Rozay-en-Brie. Il a le droit de conserver ces trois bénéfices.
Cet acte important nous apprend donc une dimension nouvelle du personnage. Il est très engagé dans les fonctions ecclésiastiques. Et il en aura d'autres. On en connaît deux de plus. En 1544, on le retrouve chapelain de la chapelle Saint-Louis fondée en l'église Saint-Denis de Coulommiers, et il donne bail à Nicolas Alleaume pour 3 ans sur des revenus de Rozay-en-Brie pour faire dire la messe. Enfin, en 1552, il devient 22e prieur commendataire de Saint-Éloi de Longjumeau.
Contrairement à beaucoup de ses contemporains, il semble prendre au sérieux ses fonctions de bénéficier. On vient de voir, que ne venant pas à Coulommiers, il paye un desservant pour la chapelle dont il a la charge.
Mais c'est surtout à Cercanceaux qu'il joue un rôle. D'abord, il réside dans son abbaye. On sait par son testament qu'il y a des meubles, et qu'il aime tant cette abbaye qu'il voudrait y être enterré. Il y possède un troupeau de vaches qu'il laisse à sa cousine. Il aimerait aussi que son neveu soit abbé après lui. Il laisse au moins deux actes chez les notaires de Château-Landon, preuve de ses passages, même alors qu'il est évêque de Digne. En 1630 lorsque paraît l'Histoire du Gâtinais, Dom Morin ne cite qu'Antoine Hérouet parmi les anciens abbés de Cercanceaux. Il a fait des réparations et les a marquées de son blason : « […] a succédé à Monsieur l'évêque de Digne Anthoine Hérouet, iceluy a fait quelques réparations en ladite abbaye, & l'on voit ses armes en plusieurs lieux, qui sont deux lyons & une bande cannellée ou ondée ». Les travaux n'étaient pas finis ou pas encore payés à sa mort, car le bailli de Nemours saisit la succession d'Heroët, pour payer les travaux dans l'abbaye. Mais pour les moines de 1630, c'est le seul abbé qui ait laissé un souvenir, et c'est un souvenir positif.
Les quinze ans qui séparent la nomination d'abbé de Cercanceaux de celle d'évêque de Digne montrent la fin de la carrière littéraire d'Antoine Hérouet. Pourtant les éloges n'ont jamais été aussi nombreux.
En 1539 Étienne Dolet cite Antoine Héroët « excellent traducteur, […] illustrateur du haut sens de Platon ». Puis Marot invoque Antoine Héroët dans sa querelle contre Mellin de Saint-Gelais. Il le surnomme « Thony ».
En 1540, Charles de Sainte-Marthe publie Élégie du tempé de France, il cite Hérouet avec Saint-Gelais et Scève, puis montre Héroët ami de Charles Fontaine, enfin, il cite un groupe de poètes divins et très érudits, Marot, Saint-Gelais, Sève, La Maison Neuve, Chappuys, Fontaine.
1542 est un tournant dans sa carrière littéraire. Antoine Hérouet fait enfin imprimer la plus importante de ses œuvres, la parfaicte amye chez Étienne Dolet. Il signale qu'il se fait appeler Maison Neuve. Mais l'imprimeur choisit d'écrire son nom Héroet, une forme en vogue auprès de certains grammairiens de l'époque, mais qui fait fi de toute la tradition écrite. Nous avons donc une double tradition. On a toujours écrit Hérouet dans les actes conservés dans les archives. Mais la tradition imprimée a toujours été d'écrire Héroet, actuellement Héroët. Comme notre héros est surtout connu comme poète et apparaît sous cette graphie dans les bibliographies, nous devons désormais accepter Héroët. Quant à Maison Neuve, ou Maisonneuve, ce nom féodal ne semble avoir été utilisé qu'à la cour dans un cercle restreint. On l'appelle rarement ainsi…
[modifier] Le succès
La même année, Rabelais publie Pantagruel, également chez Dolet. Héroët semble cité (sous la forme de Drouet) au livre V.
En 1543, Marot affirme qu'Héroët est l'un des trois grands poètes français du moment. Pour Claude Chapuys, il a un style héroïque. Héroët est-il critiqué ? Charles Fontaine prend, dans sa Contr'amye de Court, la défense du platonisme de Héroët.
Tout semble réussir à notre poète, il devient définitivement seul seigneur de Maison-Neuve, fief qu'il partageait avec un de ses frères. Et les éloges continuent, en 1544, Marot compare Antoine Héroët à Maurice Scève .
En 1544, Antoine Héroët publie de nouveau l'Androgyne, et la parfaicte amye, dans Le Mesprit de la cour, un ouvrage collectif qui sera souvent retiré dans les années suivantes.
En 1547 publication des Opuscules d'amour par Antoine Héroët, La Borderie "et autre divins poètes" chez de Tournes à Lyon.
L'année suivante, en 1548, Thomas Sibilet fait d'Antoine Héroët un modèle de poésie. Puis en 1549, c'est à du Bellay de lui offrir un long poème à sa gloire. Mais la Roche tarpéienne reste près du Capitole. Après ce poème dithyrambique, si Du Bellay constate dans la Défense et illustration de la langue française, qu'Antoine Héroët est un modèle, il ne le loue plus, tout au contraire. Il dit qu'il faut éviter d'imiter les auteurs dans une même langue, comme « ceux qui s'estiment estre des meilleurs, quand plus ilz ressemblent un Heroet ou un Marot » (I, 8). Il ne s'en prend pas qu'aux imitateurs mais vise aussi Héroet lui même « L'autre [Héroët], outre sa ryme, qui n'est par tout bien riche, est tant denué de tous ces delices & ornementz poëtiques, qu'il merite plus le nom de phylosophe que de poëte » .
Est-ce pour se faire pardonner ses réserves, en 1550 Du Bellay dans la 2e édition de l'Olive fait d'Héroët un des trois favoris des grâces avec Carle et Saint-Gelais. La même année, Joachim Du Bellay met dans Musagnoeomachie Héroët et Marot en scène dans la troupe qui lutte contre l'ignorance : « […] Carle, Héroët, Saint Gelais / Les trois favoriz des Grâces […] ». Toujours en 1550, François Habert cite Héroët au début de sa liste des poètes de l'époque. Enfin, dernière consécration de la nouvelle génération, Ronsard vante Antoine Héroët dans la préface de ses Odes. Et les éloges ne tarissent pas.
En 1553, un autre membre de la Pléiade, Pontus de Tyard écrit « Voyez encores l'Amour / Qui Heroiquement parle / Souz Heroet ».
Puis en 1555, c'est Jacques Peletier du Mans dans son Art poétique, qui vante les qualités d'Héroët : « […] je n'ai encore vu Poésie en Français mieux dressée à mon gré, ni plus sentencieuse, ni là où il y eût moins à redire : que la Parfaite Amie d'Antoine Héroët. »
En 1555, toujours, François de Billon dans son Fort inexpugnable de l'honneur du sexe féminin, place Héroët aux côtés de Ronsard .
[modifier] La seconde carrière d'Antoine Héroët
Mais désormais les éloges deviennent moins nombreux. C'est que le poète semble ne plus écrire. Après sa première édition de 1542, il est réédité régulièrement en 1543, 1544, 1545, 1546, 1547, 1549, 1550, 1551, 1556, 1558… Mais il s'agit des mêmes œuvres. On copie ses poèmes à la main, cela se faisait encore au XVIe siècle, et beaucoup de ces manuscrits ont été conservés. Mais Antoine Héroët, lui, n'écrit plus.
Après 1542, Marguerite de Navarre est occupée par les affaires de la Navarre, et son entourage accusé de protestantisme. Elle vit loin de Paris et son influence diminue. Que devient Hérouet ? vers 1542-1544 le connétable Anne de Montmorency, alors en disgrâce, construit Écouen et s'entoure d'une cour d'humanistes. Il fait exécuter des verrières pour son château qui contiennent des huitains de Chappuys, d'Héroët et de Saint-Gelais. Ils sont aujourd'hui à Chantilly. Héroët est-il passé de la cour de Marguerite de Navarre à celle du connétable ? Il écrit ces quatrins sous son nom de cour, Maisonneuve. Le connétable de Montmorency est comme Marguerite de Navarre un esprit sérieux, voire revêche, Brantôme dit qu'on le surnommait « le grand rabroueur ». Surtout il est très catholique et cela met à mal les accusations que l'on trouve bien plus tard au sujet de l'intérêt que notre poète aurait eu pour le protestantisme. Il a pu s'intéresser un temps aux idées nouvelles. Mais à Écouen, on est plutôt orthodoxe. Des deux autres poètes de ces verrières, Saint-Gelais est aumônier du roi et Chappuys sera chanoine. Héroët lui est abbé…
On sait par les nombreux actes notariés qu'il laisse à Paris qu'il participe activement à la vie de la famille et gère parfois des sommes importantes.
En novembre 1544, Antoine Héroët agit pour le compte de Gaston Olivier dans l'achat de deux maisons rue Vieille-du-Temple, l'une où Antoine demeure l'autre où loge sa mère, Marie Malingre et le second époux de celle-ci, Jean de La Ballue. Georges Hérouet, frère d'Antoine, avait épousé Madeleine Olivier. Les Olivier appartiennent à une famille de robe bien en cour, qui profite aussi du soutien de Marguerite de Navarre. Le 18 mai 1545, l'un d'eux, François Olivier devient chancelier de France. Antoine Héroët, "était ordinairement en sa cour…" . Il trouve là un nouveau protecteur puissant. Marguerite de Navarre vit désormais sur ses terres, où elle meurt en 1549. Entre temps, le connétable de Montmorency était revenu aux affaires. Héroët avait deux protecteurs au gouvernement.
En 1551, Henri II nomme Antoine Héroët évêque de Digne . Il était qualifié « feal conseiller et aulmosnier ordinaire maistre Anthoine Herouet, abbé de Cercanceaulx ». Les conseillers du roi, et même les aumôniers sont assez nombreux, mais ce cumul est tout de même la preuve que le personnage est bien en cour. Mais à quel titre ?
Ici commence le mystère d'Antoine Héroët. Les hommes du XVIe siècle ont beaucoup écrit de mémoires, et la vie de la cour des Valois est bien connue. Mais à parcourir les index des mémoires du temps, on ne trouve rien. De même, rien non plus dans les ouvrages qui relatent la vie politique. Contrairement à ce qui a été dit plus tard, il ne laisse aucune trace dans les disputes religieuses de l'époque. Enfin, à part quelques actes notariés montrant une vie de famille normale, on ignore par le biais des archives, ce que fut sa vie publique. À Digne, il laisse également peu de traces. À part les réparations qu'il fait à Cercanceaux, on ne sait rien de ses activités.
[modifier] La mort en 1567
On a même longtemps ignoré la date de sa mort que l'on situait en 1568. En fait s'il semble participer à l'assemblée générale du clergé qui commence le 25 octobre 1567, son successeur à Cercanceaux, le cardinal de Bourbon, est nommé à Rome le 20 décembre, et l'acte précise qu'Héroët est mort. Pierre Larousse et Michaud écrivent qu'il est mort à Paris. Sans références. C'est possible…
[modifier] Œuvres
- 1542 La Parfaite Amie, poème d'inspiration néoplatonicienne;
[modifier] Notes
- ↑ Frédéric Godefroy, Histoire de la littérature française, XVIe siècle, 1878. Il y consacre une notice à Héroët (p. 591-592), en indiquant cette date.
[modifier] Bibliographie
L'ouvrage essentiel était jusqu'à la parution des actes du colloque de Cercanceaux chez Champion en janvier 2007 :
- Ferdinand Gohin, Antoine Héroet, œuvres poétiques, Paris 1909, réed. 1943. C'est la seule édition des œuvres à ce jour.
Si Héroët est souvent cité, il est peu connu et étudié. On note principalement les ouvrages suivants :
- Frédéric Godefroy, dans son Histoire de la littérature française, "XVIe siècle", 1878, pages 591-592, consacre une notice à Héroët. Il cite sa date de naissance, reprise ensuite par tout les autres biographes : 1492.
- Charles Sellier, s'intéresse à "La demeure d'Antoine Hérouet", Bulletin de la société de l'histoire de Paris et de l'Île-de-France, 1887, pages 98-100.
- Abel Lefranc publie un long article sur "Le platonisme de la littérature en France à l'époque de la Renaissance", dans la Revue d'histoire littéraire de la France, 1896. Il consacre plusieurs pages à Héroët dont il fait la première étude scientifique moderne.
- Deux articles de Lucien Grou, "La famille d'Antoine Héröet", Revue d'histoire littéraire de la France, VI, 1899, pages 277-282, et Grou, Lucien, "nouveaux documents sur Antoine et Louise Héröet", Bulletin d'histoire de Paris, XXVI, 1899, pages 88-94. Lucien Grou annonce un travail sur Hérouet qui ne semble avoir jamais vu le jour…
- Jules Arnoux, Un précurseur de Ronsard, Antoine Héröet. Digne, 1912.
- Valéry Larbaud, publie la "Complaincte d'une dame surprise nouvellement d'amour" dans la revue Commerce, n° 9, 1926, et l'année suivante, dans "Notes sur Antoine Héröet et Jean de Lingendes", les pages 5-77 sont consacrées à Héroet.
- Anne-Marie Schmidt, Publie le Blason de l'oeil, p. 311-312 dans les "Poètes du XVIe siècle" Bibliothèque de la Pléiade, 1953.
- E. Balmas découvre et publie "Le testament inédit d'Antoine Héröet", Mélanges d'histoire littéraire offerts à Raymond Lebègue, Paris, 1969, pages 67-74.
- Christine M. Hill, publie dans une thèse, une édition critique de La parfaicte amye, University of Exeter, 1981.
- Bernard Delvaille, publie la "Complaincte d'une dame surprinse nouvellement d'amour", dans Mille et cent ans de poésie française, collection Bouquins, 1991.
- Raphaël Valéry, "Qui était Antoine Héroët ? Biographie provisoire en attendant un colloque", Bulletin d'art et d'histoire de la Vallée du loing, 2002, n°5, pages 147-158. Cet article a été publié par l'auteur sur le site de la Société éditrice de la revue. Raphaël Valéry est aussi l'auteur de cet article de Wikipédia qui met à jour la bibliographie.
- Un colloque consacré à Antoine Héroët s'est déroulé dans son ancienne abbaye de Cercanceaux les 26 et 27 septembre 2003. Il est paru en janvier 2007 aux éditions Champion sour le titre Par élévation d'esprit, Antoine Héroët, le poète, le prélat et son temps. Cet ouvrage de 470 pages est désormais la référence pour étudier cet auteur longtemps si délaissé. Il comporte une version plus complète de cette biographie et des annexes sur les documents découverts.
[modifier] Sources
- Tout ou partie de cet article est issu du texte Qui était Antoine Hérouët ? de Raphaël Valéry publié sous licence GNU de documentation libre à cette adresse