Bûcher
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Le bûcher est une forme de peine de mort qui consiste à brûler un condamné, attaché à un pieu fiché en terre, avec du bois parfois complété de divers combustibles (paille, foin, cadavres de porcs ou de chats, poix).
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[modifier] Présentation
Sous l'Ancien Régime en France, il existait une multitude de modalités d'application de la peine capitale, selon le crime et la condition du condamné : la décapitation à l'épée était réservée aux nobles, la pendaison, le bûcher, la roue, pour les roturiers, l'écartèlement aux régicides. L'ancêtre de la guillotine est le gibet, existant bien avant sa mise en œuvre pendant la Révolution française.
En ce qui concerne le bûcher, deux écoles existent :
- soit le bois en fagots est disposé autour du pieu, le condamné entrant alors dans le bûcher, qui est refermé derrière lui
- soit le bois est entassé sur une certaine hauteur, et le condamné attaché au-dessus.
En règle générale, le bourreau disposait une pile de bois autour des pieds et mollets du condamné, complétée par des fagots de paille. Le (la) condamné(e) était nu(e), - les vêtements coûtant cher étaient récupérés par le bourreau - mais il arrivait aussi qu'il soit revêtu d'une chemise enduite de soufre, qui accélérait l'asphyxie.
Dans le cas d'exécutions collectives, le bûcher était de taille importante et la mort le résultat du manque d'oxygène et de l'inhalation du monoxyde de carbone avant même que le feu ne s'attaque au corps des victimes. Lorsque le bûcher était de taille plus modeste, le condamné agonisait avant de mourir par arrêt cardiaque ou hémorragie.
En cas de raffinement dans la cruauté, la peau du condamné brûlait progressivement : d'abord les mollets, les cuisses et les mains, le torse et les avant-bras, la poitrine, le visage, puis survenait la mort. Dans certains cas, en échange d'une bourse remise par la famille, le bourreau étranglait la victime à l'aide d'une corde, ou lui perçait le cœur avec un des crocs destinés à piquer le feu. Il arrivait également que le condamné soit pendu avant que son corps soit brûlé.
[modifier] Histoire
Le bûcher a beaucoup été utilisé tout au long de l'Histoire :
- dans l'Antiquité, comme bûcher funéraire
- sous l'Empire romain pour le martyr des premiers chrétiens. Certaines hagiographies montrent que des tentatives échouèrent et que les condamnés durent avoir la tête tranchée.
- sous l'empire byzantin, le bûcher était réservé aux zoroastriens récalcitrants car ces derniers rendait un culte au feu
- dans les civilisations pré-colombiennes d'Amérique du Sud comme sacrifice
- En 1184, le Synode de Vérone institutionalisa l'usage du bûcher pour punir l'hérésie. Cette pratique fut réaffirmée par le Synode de Toulouse en 1224 et par nombre d'autorités ecclésiastiques jusqu'au XVII° siècle. L'Église considérant l'inhumation du corps entier comme condition à la résurrection, la crémation infligeait une double peine, temporelle et spirituelle.
- au Moyen Âge, contre les Albigeois ou par l'Inquisition, qui brûlait hérétiques et sorcières, Juifs et homosexuels. Tomás de Torquemada (1420 - 1498) reste une figure emblématique de l'Inquisition espagnole.
- en Inde, où les épouses avaient obligation de se jeter dans le bûcher funéraire de leur mari
- il fut également utilisé pendant les Guerres de religion à l'encontre des réformés
- de nos jours, des procès en sorcellerie ont toujours cours dans certains pays africains. Des exécutions au bûcher ont notamment eu lieu en 2000 en Inde et au Kenya.
[modifier] Les condamnés
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Parmi les condamnés les plus célèbres, l'Histoire a retenu les noms de :
- Jacques de Molay, Grand Maître de l'ordre des Templiers, brûlé vif le 18 mars 1314 sur l'île de la Cité à Paris
- Jan Hus, réformateur tchèque, brûlé à Constance (Allemagne) le 6 juillet 1415
- Jeanne d'Arc, le 30 mai 1431. Le journal d'un bourgeois de Paris rapporte que lors de son exécution, elle fut présentée nue après avoir été attachée, afin « que tous voient que c'était elle et qu'elle était bien femme ».
- Gilles de Rais (vers 1404 - 26 octobre 1440) : accusé de sorcellerie, de sodomie, de viols, d'actes de barbarie et de meurtres principalement sur de jeunes garçons. Comdamné au bûcher après pendaison
- Jérôme Savonarole, moine dominicain et prédicateur , brûlé à Florence le 23 mai 1498 sur décision du tribunal d'Inquisition
Autres :
- Jean Béthisac, en 1389
[modifier] Sorcières
Historiens et chercheurs estiment aujourd'hui le nombre de victimes de la chasse aux sorcières se situe entre 50 et 100 000 sur les deux siècles où les tribunaux de l'Inquisition que ceux de la Réforme les conduisent au bûcher. Un chiffre élevé en proportion de la population européenne de l'époque. Et ce sont, pour 80% de ces victimes, des femmes. Les 20% restants étaient des hommes : pauvres hères et vagabonds, « gens du voyage », juifs ou homosexuels.
Furent condamnées au bûcher pour sorcellerie :
- Françoise Secrétain en 1598, jugée par Henry Boguet
- Urbain Grandier supplicié à Loudun en 1634
- Catherine Deshayes, dite La Voisin, brûlée à Paris, place de Grève en 1680. Elle était avorteuse, pratiquait des messes noires et fut mêlée à l'affaire des poisons.
Une loi anglaise de 1677 condamnait au bûcher les météorologues, taxés de sorcellerie. Elle ne fut abrogée qu'en 1959. Dans ce même pays, le châtiment de Hanged, drawn and quartered était appliqué en cas de haute trahison aux hommes uniquement, les femmes subissant le bûcher.
[modifier] Homosexuels
Selon le Lévitique (20, 13) les deux hommes coupables de sodomie devaient être punis de mort, et brûlés comme les autres criminels.
- Le 6 août 390, l'empereur romain Théodose Ier proclame un édit condamnant au bûcher les sodomites.
- En 1120, le Concile de Naplouse institue la peine de mort sur le bûcher pour les sodomites.
- Les hérétiques, comme les Cathares ou les bogomiles, sont accusés du crime de sodomie.
- En 1215, le IVe concile du Latran impose aux seigneurs de poursuivre les sodomites sur leurs terres, sous peine d'excommunication.
- En 1259, Bologne punit les sodomites du bûcher ou de l'exil définitif.
- En 1372, à Reims, un prostitué travesti nommé Rémon est puni du bûcher.
- Le chevalier de Hohenberg et son valet sont brûlés sous les remparts de Zurich en 1482
- En 1554, le poète et humaniste Marc-Antoine Muret, inculpé mais en fuite en Italie, est condamné au bûcher pour sodomie par le Parlement et brûlé en effigie.
[modifier] Juifs
À l'origine, la pointe aval de l'Île de la Cité à Paris se terminait par trois îles :
- l'île aux Juifs
- l'île aux Treilles
- l'îlot de la Gourdaine.
Elles furent réunies à l'île de la Cité par Henri IV pendant la construction du Pont Neuf. L'Île aux Juifs tenait son nom des nombreuses exécutions de Juifs organisées à cet endroit durant le Moyen-Âge. C'est à ce même endroit que fut brûlé Jacques de Molay en 1314. Ailleurs, les exécutions ont concerné :
- Salomon Molkho, marrane qui se reconvertit au Judaïsme, se proclama Messie, et périt par le feu pour apostasie
- Les juifs subissent des persécutions pendant la Peste noire, malgré la protection du pape Clément VI. Accusés d'empoisonner les puits, 900 d'entre eux sont brûlés vivants à Strasbourg le 14 février 1349.
[modifier] Régicides
- Robert François Damiens, auteur d'une tentative d'assassinat sur la personne de Louis XV, roi de France, fut condamné au bûcher après écartellement.
[modifier] Martyrs Chrétiens
À Rome, selon certains auteurs, des chrétiens furent exécutés par le feu selon une méthode particulière : le corps était entièrement enduit de poix et de résine à laquelle on mettait le feu. Selon leur hagiographie, certaines saintes ont réchappé au supplice du feu :
- Sainte Agnès fut condamnée à être brûlée sur la place publique comme sorcière. Mais le feu épargna la jeune fille et détruisit ses bourreaux. Finalement, Agnès fut égorgée.
- Sainte Olive subit le même sort : elle fut condamnée à mourir sur le bûcher. Toutefois, les flammes refusant de la toucher, ses bourreaux se résolurent finalement à la décapiter.
- Sainte Eugénie aurait subi le même martyr en 257 : l'épreuve du bûcher ayant échoué, on lui trancha la tête.
[modifier] Martyrs Protestants
- Henri Voes et Jean Van Eschen furent les premiers martyrs protestants, brûlés le 1er juillet 1523 à Bruxelles.
- Anne du Bourg, calviniste, condamné en 1559 comme hérétique à être pendu en place de Grève, puis son corps brûlé.
- 1762 : Jean Calas, calviniste, accusé à tort d'avoir assassiné son fils, roué vif place Saint-Georges à Toulouse puis brûlé vif.
[modifier] Révoltés
Le bûcher servit au cours de l'Histoire comme châtiment de certains mouvements de révolte. A titre d'exemple, la réforme de la gabelle et la création des greniers à sel provoquèrent une insurrection des Bordelais en 1548. La populace massacra le représentant du roi. Henri II fit sauvagement réprimer cette révolte qui n'avait pourtant duré qu'un jour. Les plus compromis des factieux furent ainsi décapités ou brûlés vifs.
[modifier] Bûcher funéraire
Le bûcher funéraire est, quant à lui, un amas de bois sur lequel on met, dans certaines cultures, les cadavres pour leur crémation.
[modifier] Inde
- La satî est le nom du sacrifice des veuves qui, en Inde, se jettent dans le bûcher crématoire de leur époux.
- Le jauhâr était une coutume indienne de mort volontaire sur le bûcher funéraire des femmes de guerriers râjputs afin d'éviter la capture par les musulmans à l'occasion de la défaite des villes ou des forts.
[modifier] Mythologie
- Le phénix, selon la légende, transforme son nid en bûcher puis s'immole. Après trois jours, un nouveau phénix apparaît d'entre les cendres.
- Polyxène, princesse troyenne, fut immolée par les Grecs (notamment Néoptolème) sur le tombeau d'Achille
- Achille fait édifier un bûcher pour son ami défunt Patrocle
- Apprenant l'infidélité de sa femme Alcmène, Amphitryon la condamne au bûcher, mais Zeus la sauva en éteignant les flammes par une averse soudaine
- Après la mort de Baldr, les Ases, pour ses funérailles, brûlent son corps sur son vaisseau.
[modifier] Destruction d'objets
- Un Autodafé consistait à l'origine à brûler des livres considérés comme païens, blasphématoires ou immoraux
- Le Bûcher des vanités consistait à déposer ses objets considérés comme luxueux sur un bûcher, notamment les bijoux, pour expier ses péchés (orgueuil, avarice, envie)
[modifier] Voir aussi
- Article d'homonymie Bucher : le Rapport de 1990 sur les rectifications orthographiques (voir § I.3.3) préconise d'écrire bûcher sans accent circonflexe
- Méthodes d'exécution
- Croisade des Albigeois
- Inquisition médiévale
[modifier] Galerie
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Autodafé : destruction des livres par le feu |
Thomas Cranmer brûlé vif |
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Phénix se consummant sur son bûcher |
Anne du Bourg, pendu puis brûlé |
William Tyndale, humaniste anglais, étranglé puis brûlé |
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Exécution de Jan Hus |