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Guerres de religion (France) - Wikipédia

Guerres de religion (France)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

En France, on appelle guerres de religion une série de huit conflits, qui ont ravagé le royaume de France dans la seconde moitié du XVIe siècle et où s’opposèrent catholiques et protestants.

Le développement de l'humanisme à la Renaissance, d'une pensée à la fois critique et individualiste, provoque la naissance d’un courant de Réforme qui a remis en cause les principes traditionnels de la religion chrétienne enseignée par l’Église de Rome. Au catholicisme traditionnel s’oppose ainsi le protestantisme, opposition qui débouche sur une terrible guerre civile.

Les premières persécutions contre les protestants commencent dans les années 1520[1], et la discorde débute dans les années 1540 et 1550 autour des destructions iconoclastes commises par les protestants sur les objets du rituel romain considérés comme sacrés par les catholiques ; reliques, Saint-Sacrement et statues de dévotion. À la fin du règne d'Henri II, le conflit se politise et à la mort du roi en 1559, les partis religieux s'organisent pour mettre à point leur réseau militaire. Les guerres de religion commencent en 1562 et se poursuivent entrecoupées de périodes de paix jusqu'en 1599, avec la mise en place de l'Édit de Nantes. Les guerres de religion trouvent un prolongement aux XVIIe (siège de La Rochelle, révocation de l'Édit de Nantes) et XVIIIe siècles (guerre des Camisards), jusqu’à l’arrêt des persécutions sous Louis XVI (Édit de tolérance en 1788).

Ces troubles religieux sont particulièrement difficiles à étudier du fait de leur complexité. Aux différends religieux se superposent des affrontements politiques, des luttes sociales, des divergences culturelles et enfin un contexte européen tendu. C’est une période qui constitue un déclin pour la France.

Sommaire

[modifier] Les causes du conflit

[modifier] L'affaiblissement du pouvoir royal

La famille royale
La famille royale

Ces troubles coïncident avec un affaiblissement de l’autorité royale. Les rois François Ier et Henri II n'avaient permis aucune contestation de leur pouvoir. Lorsque ce dernier meurt accidentellement le 10 juillet 1559, les rois François II et Charles IX sont trop jeunes pour pouvoir imposer leur autorité. Ils ne peuvent pas empêcher les Français de s'entredéchirer. Entre les deux camps belligérants, la reine mère Catherine de Médicis et son chancelier Michel de l'Hospital essaient en vain de maintenir la continuité de l'État par la mise en place de la tolérance religieuse.

L'insubordination des Français trouve son modèle dans le comportement des princes et des grands seigneurs qui se permettent de prendre les armes sans permission royale. La féodalité du pays apparaît nettement avec l'indépendance croissante des princes et des partis qui augmentent dangereusement le réseau de leurs clientèles. La réunion des États généraux, effectuée par trois fois durant les guerres de religion est le témoin de cet affaiblissement de l'autorité royale. Le roi a besoin de l'appui de ses sujets pour pouvoir prendre des décisions qui seront respectées. À cette occasion, le pouvoir royal est remis en cause par des hommes de lois lettrés qui imaginent une plus grande subordination du roi à l'égard de ces assemblées.

[modifier] La dispute du pouvoir et de la faveur royale

Les rois étant trop jeunes pour régner, différents camps politiques tentent de s’imposer pour contrôler le pouvoir royal. Ce sont trois grands clans familiaux qui vont ainsi s'opposer :

  • les Montmorency : il s'agit d'une des familles les plus anciennes et les plus puissantes de France. La raison en est l'extraordinaire fortune du connétable Anne de Montmorency qui exerçait une influence très importante sur le roi Henri II. Dans cette famille, s'illustrent François de Montmorency et les frères Châtillon (le cardinal de Châtillon, François d'Andelot, Gaspard de Coligny). Partagés entre catholiques et protestants, les Montmorency s'unissent contre l'influence croissante des Guise, leurs rivaux. Leur concurrence dans la course au pouvoir, font des guerres de religion une guerre privée entre ces deux familles. Celle de Montmorency est la grande perdante du conflit (ses membres sont morts au combat, assassinés, embastillés et exilés). Elle connaît cependant une renaissance au côté d'Henri IV avec Montmorency-Damville.
  • les Guise : ce sont les meneurs du parti catholique. Cousins du duc de Lorraine, ils connaissent leur ascension politique grâce à Claude de Lorraine et François de Lorraine, les deux premiers ducs de Guise et aussi grâce à Marie Stuart qui devient reine de France de 1559 à 1560. Dans cette famille s'illustrent également le cardinal de Lorraine, Henri de Guise et Charles de Mayenne. Très souvent mis à l'écart par la reine-mère, à cause de leur intransigeance les Guise reviennent triomphalement sur le devant scène par leur popularité. Ils sont les grands gagnants des guerres de religion. En 1588, ils parviennent à chasser le roi Henri III de la capitale et à le destituer l'année suivante. Malgré leur défaite et leur soumission à Henri IV, leur puissance est assez importante pour obliger le roi à les ménager.
  • les Bourbon : descendant de Saint Louis en ligne directe, ce sont des princes de la maison de France. C'est une famille dont certains membres sont les meneurs du parti protestant parmi lesquels Louis de Condé et son fils Henri de Condé et Antoine de Bourbon et son fils Henri IV. C'est une famille divisée qui a du mal à se trouver un chef véritable. Face à ses cousins et à son oncle le cardinal de Bourbon, Henri IV parvient péniblement à s'imposer. La mort du dernier des Valois l'amène à prendre la couronne de France.

[modifier] L'ingérence des pays voisins

Les guerres de religion ont également pour cause l'ingérence des pays voisins qui entretiennent en France le feu des troubles pour mieux l'affaiblir. Quand la France perd la bataille de Saint-Quentin en 1557 et signe le traité du Cateau-Cambrésis, elle voit l'affaiblissement de son leadership au profit du roi d'Espagne qui vient de la vaincre. Toutefois, malgré son recul dans la seconde moitié du XVIe siècle, la France reste une très grande puissance en Europe par sa démographie, sa richesse et son prestige. Pour abaisser cette puissance, l'Espagne et l'Angleterre ne cessent d'y entretenir les troubles. La reine d'Angleterre Élisabeth Ire intervient en soutenant les protestants et le roi d'Espagne en soutenant le clan des Guise, partisan du catholicisme intransigeant. Pendant les guerres de religion, la France est ainsi divisée par deux factions soutenues financièrement et militairement par des pays étrangers. Durant les années 1580, la France semble même devenir un terrain de combat où s'affrontent l'Espagne et l'Angleterre par partis interposés.

Les voisins de la France ont également des ambitions territoriales. L'Angleterre entend récupérer la ville de Calais dont elle n'a pas accepté la perte en 1558. L'Espagne espère recouvrer la partie septentrionale de la Navarre. La Savoie, alliée à l'Espagne entend récupérer les places italiennes occupées par la France depuis les guerres d'Italie.

Les guerres de religion sont en France très dépendantes du contexte européen. Cela est particulièrement le cas à l'égard des Pays-Bas espagnols où les troubles politico-religieux sévissent depuis la date de 1566. La guerre aux Pays-Bas espagnols répercute automatiquement sur les conflits français et vice versa.

Le roi de France fait également appel à des armées étrangères pour l'aider à rétablir son autorité. Il fait venir ainsi des Suisses ainsi que des troupes italiennes envoyées par le pape. Les reîtres et les lansquenets allemands sont largement utilisés dans le conflit par les deux partis. Les Espagnols utilisent des troupes de nationalité flamande.

Chronologie des chefs d'État de France, des Pays-Bas, d'Espagne et d'Angleterre

[modifier] Les prémices du conflit

Les premiers problèmes religieux apparaissent sous le règne de François Ier (1515-1547). Malgré son ouverture d'esprit, le roi considère la doctrine protestante comme néfaste à son autorité. Il s'y oppose catégoriquement quand apparaissent les premières agressions, à savoir les destructions iconoclastes qui touchent aux images saintes (sculptures, reliques). À partir de l'affaire des Placards, le roi se met à persécuter les protestants en faisant paraître des édits les condamnant.

L'exécution du magistrat Anne du Bourg qui avait vivement critiqué Henri II pour sa répression religieuse
L'exécution du magistrat Anne du Bourg qui avait vivement critiqué Henri II pour sa répression religieuse

C'est sous le règne de son fils Henri II (1547-1559), que les tensions religieuses augmentent dangereusement. Encore plus intolérant que son père, Henri II pourchasse sans faiblesse les hérétiques. Il multiplie les édits et crée les chambres ardentes pour les condamner au bûcher. Malgré cette persécution, c'est à cette époque que le protestantisme connaît un essor considérable. Sous la direction de chefs religieux talentueux (comme Calvin), le protestantisme séduit de plus en plus de gens. Les milieux urbains (artisans et bourgeois), et la noblesse sont particulièrement touchés. Leur dynamisme et leur succès entraînent chez les catholiques intransigeants, une haine irrémédiable. Chacun des deux partis est persuadé d'être le seul tenant de la vray foi. Le pays est au bord de la crise religieuse. Seule l'autorité forte du roi permet au pays de rester uni, notamment durant les guerres contre l'Espagne. La mort brutale d'Henri II en 1559 ouvre une période d'incertitude la plus complète.

En 1560, les différents partis s'opposent pour contrôler le pouvoir royal désormais placé entre les mains d'un jeune adolescent sans expérience, François II. Le jeune roi confie le gouvernement aux oncles de son épouse, le duc de Guise et le cardinal de Lorraine partisans pro-catholique de l'intolérance religieuse. Les protestants avec le prince de Condé à leur tête remettent en cause la légitimité des Guise et tentent des coups de force. Cela débouche sur le premier épisode violent des guerres de religion, le tumulte d'Amboise.

La mort brutale de François II à la fin de l'année 1560 vient momentanément calmer les esprits. La reine Catherine de Médicis qui ouvre la régence au nom du tout jeune Charles IX cherche un terrain d'entente entre les catholiques et les protestants. Avec le chancelier Michel de l'Hospital, elle multiplie les rencontres entre les partis et tente même à travers le colloque de Poissy de maintenir l'unité de la chrétienté. Mais la politique de la reine échoue à cause des antagonismes trop forts qui opposent protestants et catholiques. L'émergence d'un parti modéré à la cour induit un relâchement de la pression sur les réformés. Les protestants se sentent libre et les plus violents cherchent à s'imposer par la force. Il ne s'agit plus seulement d'iconoclasme mais d'affrontements politiques locaux. De nombreux accidents violents essaiment dans les provinces. Au final, la Catherine de Médicis ne contrôle plus la situation.

Confiants dans leur avenir, les mal sentants de la foi se sont convertis en masse au protestantisme. L'année 1561 est l'apogée du protestantisme en France. Il y a environ deux millions de protestants en France. Les catholiques sont plus que jamais irrités. Les actes de violences se multiplient dans tout le pays. L'animosité devient extrême. Chaque parti monte des armées. Quand commence l'année 1562, chacun s'attend à une année terrible. Le 17 janvier 1562, Catherine de Medicis promulgue l'édit de Janvier qui constitue une véritable révolution puisqu'il autorise la liberté de conscience et la liberté de culte pour les protestants, à la condition que ceux-ci restituent tous les lieux de culte dont ils s'étaient emparés. La tolérance civile instaurée par la reine va produire l'effet contraire à celui recherché.

[modifier] Le conflit

On peut distinguer trois phases dans le déroulement des guerres de religion :

  • l'offensive protestante de 1560 à 1572, période durant laquelle le protestantisme a le vent en poupe (dans la noblesse et en ville). L'augmentation croissante des convertis déclenchent chez les protestants un élan dynamique d'enthousiasme qui les portent à croire fermement - à tort - en la conversion du royaume entier. Après plusieurs déconvenues, le Massacre de la Saint-Barthélemy en 1572 porte un coup drastique au développement du mouvement et met un terme définitif aux illusions protestantes.
  • l'offensive des malcontents de 1572 aux années 1580, période durant laquelle les guerres de religion prennent davantage l'aspect d'un conflit politique mené par un parti de catholique modéré mécontent du renforcement du pouvoir royal. À la tête du mouvement se tient le propre frère du roi François d'Alençon et des catholiques de grande noblesse.
  • l'offensive catholique des années 1580 à 1599, période durant laquelle apparaissent les prémices de la Contre-Réforme catholique. Les catholiques cherchent à exclure les protestants du royaume. Leur intransigeance les amène à se laisser séduire par l'obscurantisme religieux et déclenche l'une des guerres de religion les plus violentes.


[modifier] Première guerre de religion (1562–1563)

La rupture est consommée le 18 mars 1562, lorsque le duc François de Guise, revenant de négociations en Alsace, affronte et tue à Wassy, dans des circonstances peu claires, 37 protestants regroupés dans une grange pour célébrer leur culte. À son retour à Paris, Guise est accueilli en héros et le peuple réclame une croisade contre les huguenots. Du côté protestant, on assiste à une prise d'arme sous la direction du prince Louis de Condé, qui s'empare de la ville d'Orléans. Prise au dépourvue par la précipitation des événements, Catherine de Médicis tente une ultime démarche pour maintenir la paix, mais le duc de Guise entreprend un véritable coup de force contre elle en surgissant en force avec ses troupes à Fontainebleau où la famille royale se trouve. Il contraint le jeune roi et sa mère à le suivre à Paris sous le prétexte de les protéger des protestants, les obligeant par ce moyen à prendre le parti des catholiques. La première guerre de religion vient d'éclater.

Ce sont les protestants qui passent les premiers à l'offensive. La lutte s'organise pour le contrôle de l'espace urbain. L'attaque protestante est fulgurante. Au bout d'un mois, les protestants parviennent à s'emparer d'un grand nombre de villes dont de très importantes comme Lyon, Orléans ou encore Rouen la deuxième ville du pays. À chaque prise, les protestants passent méthodiquement au saccage des églises, voir à leur destruction. Les pertes sont immenses mais les protestants échouent à Toulouse et à Bordeaux. Pour l'armée catholique commence la longue campagne de siège qu'il faut mettre en place pour récupérer les villes prises.

Il y a plusieurs théâtres d'opérations. Le plus important est celui qui se déploie sur la Loire et en Normandie où l'armée catholique royale tente de reprendre Rouen. La deuxième zone de combat se situe dans le Sud-Est, en particulier du côté du Languedoc, et la troisième zone de combat se déroule dans le Sud-Ouest où Blaise de Montluc mène une guerre et une répression implacable contre les protestants qu'il bat d'ailleurs à la bataille de Vergt.

L'armée protestante est essentiellement constituée de marchands et d'artisans. Elle est encadrée par des réseaux nobiliaires expérimentés et fait appel à des mercenaires allemands. Depuis, le traité d'Hampton Court, elle a le soutien non négligeable de la reine d'Angleterre. Les protestants échouent cependant à réunir leurs trois armées (sud-ouest, sud-est, vallée de la Loire).

La bataille qui a lieu à Dreux le 19 décembre 1562 tourne à l'avantage de l'armée royale. Le prince de Condé est capturé mais le camp catholique souffre également de plusieurs pertes ; le maréchal de Saint-André est tué et le connétable Anne de Montmorency fait prisonnier par les protestants.

Les deux chefs de guerres catholiques les plus importants Antoine de Bourbon et François de Guise ne tardent pas à être tués, le premier au siège de Rouen et le second au siège d'Orléans au cours d'une embuscade à Saint-Mesmin.

La perte des principaux chefs de guerre permet à Catherine de Médicis de rétablir la paix. Elle lance des négociations avec le prince de Condé qui aboutissent le 19 mars 1563 à l'édit d'Amboise. Il autorise le culte protestant dans certains lieux réservé et ouvre une période de tolérance civile. Les villes de Rouen, Orléans et Lyon reviennent aux catholiques.

Cette guerre a laissé de lourdes plaies. Les églises et les cathédrales prises par les protestants ont été extremement endommagées. À cause des violences qu'elles ont connues, des villes comme Rouen, Orléans et Lyon deviennent par la suite des foyers du catholicisme intransigeant. La fin de la guerre amène beaucoup de catholiques à se venger des protestants. Durant 1563, de nombreux procès sont intentés pour condamner les protestants qui ont pillé les églises.

Au final, la paix imposée par la reine-mère reste précaire. Les catholiques restent rancuniers à l'égard des protestants pour les destructions qu'ils ont commises. La première guerre de religion a été la plus destructrice. Quant aux protestants, ils restent persuadés et déterminés à convertir le royaume à leur religion.

Profitant de la paix, Catherine de Médicis entame en 1564 un tour de France royal, afin de montrer le jeune Charles IX à son peuple. Partout, il est accueilli triomphalement, et les manifestations de loyauté, aussi bien des catholiques que des protestants, sont générales[2].

[modifier] Deuxième guerre de religion (1567–1568)

Le massacre de la Michelade
Le massacre de la Michelade

Après avoir connu la paix pendant quatre ans, le royaume est de nouveau la proie des armes. La reprise des hostilités en 1567 s'explique par trois raisons : l'échec de l'Édit d'Amboise qui ne laisse la liberté de cultes qu’aux nobles, le contexte international tendu et la rivalité de cour entre le prince de Condé et le jeune frère du roi, Henri duc d'Anjou, à peine âgé de seize ans. L'ascension du jeune prince a rendu jaloux l'ambitieux Condé, qui quitte la cour pour manifester son mécontentement.

À l'extérieur du pays, la situation est plus grave. En 1566, une violente vague iconoclaste a déferlé sur les églises et les couvents de Flandre. Cette ample émeute populaire connue sous le nom de révolte des gueux a été très rapidement maîtrisée par les Espagnols qui gouvernent les Pays-Bas, mais la noblesse du pays en a profité pour réclamer au roi d'Espagne davantage de liberté. Bien que le calme soit revenu en 1567 et que la situation soit revenue à la normale, le roi d'Espagne Philippe II a expédié une armée pour punir ses sujets rebelles. L'armée espagnole envoyée depuis le Milanais se dirige vers les Pays-Bas en longeant la frontière française. La proximité de cette armée catholique, ainsi que l’entrevue de Bayonne, dont l’issue est restée secrète, ravivent les craintes des protestants français, mais aussi celles du roi de France qui pour se protéger d'une éventuelle attaque espagnole fait lever plusieurs bataillons suisses.

La deuxième guerre éclate précisément le 28 septembre 1567 lorsque le prince de Condé tente de s'emparer de la famille royale (Surprise de Meaux). Cette cassure dans la politique de concorde est une surprise et l'attaque du prince de Condé, en qui Catherine de Médicis avait placé ses espoirs de conciliation, est une trahison. C'est à la suite de cet événement que la régente du royaume se résout à faire usage de la violence pour le maintien de la paix. Les villes protestantes du Midi se soulèvent à nouveau. Deux armées s'affrontent à nouveau mais la bataille de Saint-Denis n’est pas décisive, en-dehors de la mort du connétable de Montmorency. Le manque de moyens financiers, de part et d’autre, conduit à la signature d'une trêve, dit la paix de Longjumeau le 22 mars 1568[3].

[modifier] Troisième guerre de Religion (1568-1570)

La paix de Longumeau est fragile car le pouvoir royal ne fait plus confiance au prince de Condé, et l’idée d’une coordination internationale des catholiques pour la répression du protestantisme s’accrédite[4] (par exemple avec l’exécution de Cocqueville). C'est en fait un calme relatif qui permet surtout aux belligérants d'organiser leurs armées. Quelques mois après le début de cette nouvelle trêve, ce sont les catholiques qui vont anticiper sur une nouvelle surprise en tentant de capturer le prince de Condé, au château de Noyers, et l’amiral de Coligny, à Tanlay, le 29 juillet 1568. Les armées protestantes sont de nouveau mises à mal et subissent de lourdes pertes à la bataille de Jarnac, le 15 mars 1569. Le prince de Condé est assassiné et l'amiral de Coligny lui succède à la tête des calvinistes. Celui-ci reprend les lambeaux de l'armée, descend dans le sud à la rencontre de nouvelles troupes et remonte sur Paris. Les troupes de Coligny menaçant la ville mènent à la signature d'une nouvelle trêve, l'édit de Saint-Germain, le 8 août 1570. Ce traité garantit 4 places de sûreté aux protestants.

Source: cours du professeur Denis Crouzet sur les crises et les violences religieuses dans la France du XVIe siècle

[modifier] Quatrième guerre de religion (1572–1573)

C’est à partir de cette guerre que le pouvoir monarchique absolu commence à être remis en cause :

  • par la constitution de l’Union des protestants du Midi, véritable gouvernement parallèle, qui lève des impôts (sur les catholiques et les protestants), possède ses États (élus par les fidèles), établit un programme de négociation avec le roi et possède sa propre organisation militaire ;
  • par la publication d’ouvrages théoriques : Franco-Gallia de François Hotman et Le Réveille-matin des Français, qui contestent l’hérédité de la monarchie et la légitimité de la Régence, notamment par une femme et par une étrangère.[5].

De plus, les princes continuent à comploter, même s’ils sont déjoués :

Le maréchal de Montmorency est embastillé, avec Cossé-Brissac. Seul du clan Montmorency, Damville, gouverneur du Languedoc, se maintient, en faisant alliance avec les protestants.


[modifier] Chronologie sommaire

[modifier] Cinquième guerre de religion (1574–1576)

Cette guerre s'ouvre par l'évasion du prince de Condé, leader protestant, de la Cour où il était en résidence surveillée depuis la Saint-Barthélemy. Depuis le renforcement du pouvoir royal et la bienveillance accordé par le roi aux radicaux du parti catholique, un mouvement de fronde nait au sein même de la cour. L'opposition est en particulier menée contre les partisans du duc d'Anjou dont l'influence politique est à son summum depuis la Saint-Barthélemy. L'absence du prince parti rejoindre son royaume de Pologne entraîne de nombreuses spéculations politiques.

Une fronde connue sous le nom de complot des Malcontents est menée par le propre frère cadet du roi, François d’Alençon qui entend écarter Anjou de la succession du trône de France. Il s'est allié à la maison de Montmorency et au roi de Navarre et projette avec celui-ci de fuir la cour et déclencher la rupture. Les comploteurs ont des appuis à l'extérieur. Le prince de Condé évadé, est parti chercher refuge chez les princes protestants d'Allemagne, tandis que Montgomery prépare un débarquement en Normandie avec l'aide de ses amis anglais. Le complot échoue, la fuite des princes est éventée, les comploteurs mis en arrestation et Montgomery capturé par Matignon.

Quand Henri III rentre de France pour monter sur le trône, il pardonne aux princes révoltés mais ne parvient pas à trouver un accord avec le gouverneur de Languedoc, Damville, le frère de Montmorency dont celui-ci réclame la libération. La guerre est figée, mais s'ouvre de nouveau quelques mois plus tard par l'évasion très surprenante du frère du roi François, suivi six mois plus tard par celle du roi de Navarre. Les belligérants forment alors une coalition et ouvrent les hostilités contre le roi. Malgré la victoire le 10 octobre 1575, à Dormans, du duc de Guise que le roi a placé à la tête des troupes royales, le prince de Condé a fait venir Jean Casimir le fils du comte palatin du Rhin, qui vient menacer Paris avec son armée. Henri III doit s'incliner et le 6 mai 1576 il accorde l'édit de Beaulieu, qui donne une plus grande liberté de culte aux protestants, réhabilite la mémoire de Coligny, et surtout procure au frère du roi d'énormes avantages.

[modifier] Sixième guerre de religion (1576–1577)

  • 15761577 : La sixième guerre est la conséquence des conditions trop favorables aux princes de l’édit de Beaulieu. Elle permet au roi de reprendre quelques villes, mais, très mal soutenu par la Ligue, il abandonne faute de moyens les opérations. Elle s'achève par l'édit de Poitiers, qui restreint les conditions du culte protestant.

[modifier] Chronologie sommaire

[modifier] Septième guerre de religion (1579–1580) ou guerre des Amoureux

  • 15791580 : Déclarée par une minorité de protestants, cette guerre fut l'une des plus courtes et des moins suivies. Elle se finit dans l'indifférence avec la prise de Cahors par Henri de Navarre et la paix de Fleix (près de Bergerac) accordant des baux de six ans aux places de sûreté protestantes. Cette guerre est aussi appelée guerre des Amoureux en raison des intrigues de galanterie qui y donnèrent lieu. En effet, le protestant Henri de Navarre (futur Henri IV) et sa femme Marguerite de Valois (la reine Margot) menèrent joyeuse vie à Nérac au milieu d'une cour composée de jeunes seigneurs frivoles, et que leurs continuelles galanteries avaient fait surnommer les Amoureux.

[modifier] Chronologie sommaire

[modifier] Huitième guerre de religion (1585–1598)

Par sa durée qui est de 13 ans, cette huitième et dernière guerre de religion est la plus importante. Elle naît et meurt avec la Sainte Ligue catholique, un groupe politico-religieux qui s'est donné le but de faire disparaître le protestantisme de France. Trois époques se dessinent :

  • 15851589 : L'alliance de la Ligue et du roi.
Henri, duc de Guise, 1588
Henri, duc de Guise, 1588

La réconciliation en 1584 du roi de France Henri III avec le roi de Navarre Henri III, dont il a fait son héritier a soulevé une grande vague de protestation catholique. Au printemps 1585, la Ligue revigorée prend le pouvoir dans beaucoup de villes locales. Elle reçoit le soutien d'une grande partie de la population et de la noblesse (la clientèle des Guise en particulier). L'ampleur du soulèvement contraint le roi de France à signer le traité de Nemours qui l'oblige à rompre avec le roi de Navarre et à lui faire la guerre ainsi qu'aux protestants. Guère motivé, le roi laisse le conflit s'enliser et n'apporte pas les moyens qu'il faut pour supporter le duc de Mayenne qui peine à battre Navarre, ce qui rend le roi impopulaire. Poussé par le duc de Joyeuse, le roi consent en 1587 à intervenir. Le reine d'Angleterre et les princes allemands apportent leur soutien aux protestants. Le roi confie à Joyeuse le soin de battre Navarre et à Guise celui de battre les secours allemands. Le premier est vaincu à la bataille de Coutras, le second est vainqueur à Auneau, ce qui renforce la popularité de la Ligue qui s'empare du pouvoir à Paris à l'occasion de la « Journée des Barricades » en 1588. Chassé de Paris et détesté par les Ligueurs, Henri III tente de maintenir son autorité en éliminant la Ligue dont il fait assassiner les chefs, le duc de Guise et son frère le cardinal de Lorraine à Blois en décembre 1588.

  • 15891594 : A la conquête de Paris

Destitué de son trône, le roi n'a plus d'autre solution que de s'allier aux protestants pour mettre fin à la puissance de la Ligue. Réconcilié avec le roi de Navarre, Henri III est assassiné en 1589 par un moine fanatique, faisant ainsi de Henri de Navarre, chef des Protestants, le roi de France sous le nom d'Henri IV. Henri IV tente d'entreprendre la reconquête de son royaume en grande partie tenu par la Ligue, qui refuse de reconnaître un roi protestant. Après la victoire d'Arques, il vient mettre le siège devant Paris qu'il fait bombarder. Contraint à la retraite à cause de la faiblesse de ses effectifs, il obtient le ralliement des personnes fidèles à la dignité royale. Après la brillante victoire d'Ivry, il tente un troisième siège sur Paris où plusieurs milliers de pauvres gens meurent de faim. L'opinion publique peine toutefois à se porter en sa faveur, du fait de l'accentuation de la pression fanatique qu'exerce sur la population une minorité extrémiste appelée les Seize. Au bout de plusieurs semaines de siège, Henri IV se voit contraint de lever le camp, à cause d'une armée de tertio espagnols envoyés par Alexandre Farnèse pour secourir Paris. Henri IV abandonne momentanément Paris. S'il parvient à prendre Chartres, ville réputée royaliste, il échoue devant Rouen dont le siège avait duré plus d'un an (1591-1592). Sur le front sud, le duc de Montmorency parvient à battre la famille de Joyeuse avec laquelle les Montmorency se disputent le Languedoc depuis le début des guerres de religion et menace désormais la ville de Toulouse aussi Catholique que Paris. En Savoie, Lesdiguières accumule des victoires qui permettent de libérer Marseille et la Provence du carcan du duc de Savoie qui s'était permis de la prendre. La conversion au catholicisme d'Henri IV en 1593 lui ouvre les portes de Paris en 1594.

  • 15941598 : La conquête de la France
Henri IV, portrait des années 1590
Henri IV, portrait des années 1590

Durablement installé dans sa capitale, Henri IV peut songer à finir la reconquête de son royaume. Il déclare officiellement la guerre à l'Espagne et entame une campagne en Bourgogne qui débouche sur l'écrasement des dernières forces armées de la Ligue à la bataille de Fontaine-Française. Mayenne vaincu, la Ligue nobiliaire cesse peu à peu d'exister. Henri IV peut faire son entrée royale dans la ville de Lyon qui contrairement à Paris, l'accueille avec beaucoup de pompe. Si Mayenne et le cardinal de Joyeuse font leur soumission au roi, il n'en va pas de même du gouverneur de Bretagne, le duc de Mercoeur qui maintient la coupe ligueuse sur la Bretagne où Philippe II fait débarquer une troupe espagnole. L'Est reconquis, Henri IV songe à protéger sa frontière nord attaquée par les Espagnols. Les affrontements à Laon rétablissent la situation en sa faveur mais la prise surprise de la ville d'Amiens par les Espagnols remet tout en question. Délaissé par les protestants qui s'estiment lésés par le roi, Henri IV tente tant bien que mal de reprendre Amiens où il déploie des moyens militaires considérables. Une armée de secours espagnols vient assiéger l'armée assiégeante, mais au bout de multiples sacrifices, la ville est reprise. En 1598, la France et l'Espagne sont à bout de force et signent la paix de Vervins. Henri IV se déplace à Nantes pour faire la paix avec Mercoeur et règle le problème protestant par l'adoption d'un édit de tolérance, l'Édit de Nantes.

[modifier] Chronologie

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

[modifier] Sources

  • Pierre Miquel. Les Guerres de religion. Paris : Librairie Arthème Fayard, 1980 (réédition). Chronologie détaillée, Index détaillé, bibliographie (27 p). 596 p
  • Arlette Jouanna (dir.), Histoire et dictionnaire des guerres de religion, 1559–1598, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1998 (ISBN 2221074254) ;

[modifier] Bibliographie

  • James Wood, The king's army : warfare, soldiers, and society during the wars of religion in France, 1562-1576, New York, Cambridge University Press, 1996.
  • Jean-Marie Constant, Les Français pendant les guerres de Religion, Hachette Littératures, 2002 (ISBN 2012353118) ;
  • Denis Crouzet :
    • Les Guerriers de Dieu. La violence au temps des troubles de religion (v. 1525–v. 1610), Champ Vallon, collection « Époques », 2005 (1re édition 1990) (ISBN 2876734303)
    • La Genèse de la Réforme française 1520-1562, SEDES, coll. « Histoire moderne » n° 109, Paris, 1999 (1re édition 1996) (ISBN 271819281X) ;

[modifier] Notes

  1. Première condamnation au bûcher pour fait de religion. Pierre Miquel. Les Guerres de religion, p 7
  2. Pierre Miquel. Les Guerres de religion. Club France Loisirs, 1980. ISBN 27274207858, p 252-259
  3. Pierre Miquel. Les Guerres de religion. Club France Loisirs, 1980. ISBN 27274207858, p 262-263
  4. Pierre Miquel. Les Guerres de religion. Club France Loisirs, 1980. ISBN 27274207858, p 265
  5. Pierre Miquel. Les Guerres de religion. Club France Loisirs, 1980. ISBN 27274207858, p 293-296

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